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» et l'Angleterre sont catholiques, avant cinquante ans on dira » la messe à Sainte-Sophie de Constantinople. » Oui, certainement.

Chapitre XIV De l'opinion des catholiques sur la guerre d'Orient. Cette guerre vient de Dieu, a dit Mgr de Salinis, dans son remarquable mandement; telle doit être la pensée de tous les bons catholiques. M. Eugène Veuillot le prouve de plusieurs manières. L'empereur Nicolas a renouvelé les actes les plus odieux des persécuteurs païens. Il s'agit bien des Turcs! Nous voyons là la justice de Dieu. Nous savons gré à M. Veuillot d'avoir fait ressortir ce point de vue vrai de la guerre d'Orient, il a ainsi bien mérité de l'Église.

Mais il a encouru ici, aux yeux de quelques-uns, un reproche. Parce que M. Eugène Veuillot a cité plusieurs extraits de l'Univers, qui seul a bien compris la question dès le début, quelques hommes n'ont pas craint de dire que son livre n'avait rien de neuf, et qu'il n'apprenait rien. Le lecteur jugera ce que cette critique a de fondé, et combien il est loin de la vérité, que le livre de M. Eugène Veuillot ne soit qu'un résumé de ce qui a été dit. C'est tout le contraire qui est vrai, notre résumé, nous croyons, en est la preuve. Pour nous, qui avions lu l'Univers, et bien d'autres choses sur l'Orient, cet ouvrage a été une révélation sur bien des points, et nous remercions hautement l'auteur d'avoir mis ses soins à nous donner ce magnifique travail qui lui fait autant d'honneur qu'il est utile, agréable et bien fait.

VI.

Nous allons maintenant cesser notre analyse, car le livre est si plein d'intérêt, que nous serions entraîné, par cette méthode, bien au dela des bornes d'un compte rendu. Il s'agit des choses récentes et d'abord des causes de la guerre d'Orient, qui est due à l'ambassade du prince Mentschicoff. Citons le commencement du chapitre XVIII: « Malgré les efforts des diplomates français et an>> glais, le conflit sorti de la mission du prince Mentchikoff a pris, >> aux yeux des populations chrétiennes de l'Orient, un caractère » purement religieux. Le peuple musulman lui-même est un >> peu de cet avis. On pourrait, après tout, s'éloigner davantage

» de la vérité. » C'est là notre pensée; dans les dispositions providentielles, cette guerre a pour but le triomphe et l'extension de l'Église, et lorsque je songe que l'immaculée Conception de Marie a été définie au moment où nous commencions le siége de Sébastopol, ma confiance redouble, et j'espère, parce que notre cause est juste et que nous sommes encore des croisés. On nous dira, mais l'Angleterre est protestante; qu'importe, elle va mériter là, par l'effusion du plus noble sang de ses enfants, la grâce de sa conversion. Nous soutenons les Turcs; il s'agit bien des Turcs, l'Islamisme s'en va, il est mort. L'empire ottoman pourra survivre peut-être à la crise, l'empire mahométan compte ses dernières heures.

Il y a un tableau intéressant de ce qui est fait par les catholiques en faveur de la religion, et la France y a la plus belle part. Mais ce que j'aime le mieux ce sont les détails sur nos militaires qui meurent en bons chrétiens dans les bras de nos prêtres courageux, assistés par nos sœurs de charité.

L'Angleterre a essayé de marcher sur nos traces, et d'avoir aussi ses sœurs de charité. Ici se révéle le côté faible du protestantisme, impuissant à s'élever à l'héroïsme du sentiment. En voici la preuve. Le secrétaire d'Etat du département de la guerre, M. Sidney Herbert écrit: « Je ne connais en Angleterre qu'une SEULE per>> sonne qui soit capable d'organiser et de suivre l'exécution d'un >> projet de cette nature. » Il s'agit d'envoyer des femmes soigner les malades en Crimée. Le ministre n'en connaît qu'une SEULE capable de suivre l'exécution de ce projet. En France, ce sont toutes nos sœurs; telle est la supériorité de notre religion sur l'anglicanisme. Le chapitre xxi est digne d'être lu, et il donne lieu a des réflexions graves et à des méditations sérieuses sur la vraie source du dévouement religieux.

Afin de connaître l'état moral des musulmans il est bon de lire le ch. xx. Les détails que nous avons lus et qui sont empruntés en partie à des travaux récents ont été pleinement d'accord avec ce que nous avait raconté un de nos parents ', qui a passé plusieurs années parmi les musulmans et qui, connaissant la langue, avait pu pénétrer dans la connaissance des mœurs. La femme, me disait

il, qui en France est si morale, si digne, est en Orient comme une brute. Elles ne désirent et ne connaissent que l'infâme vie du harem. Quelques femmes et quelques sœurs de charité ont pu pénétrer dans les harems et interroger celles qui y vivent; elles en sont sorties confondues et épouvantées. Que devient la femme hors de la religion chrétienne ? On peut le voir en Orient.

VII.

Nous avons hâte de nous arracher à ces pages instructives, pleines d'intérêt, et qui ouvrent à la réflexion des perspectives presque infinies, afin de mettre fin à notre compte rendu. Ajoutons un mot: le role des Turcs en tant que force dominatrice est fini. L'Europe chrétienne délibère sur les destinées de ce vieil ennemi. S'il ne meurt pas par la conquête, il mourra par la protection (p. 459).

Il y a une question que nous nous sommes adressée et qui a sans doute préoccupé plusieurs de nos lecteurs, M. Eugène Veuillot la soulève aussi: « L'empire ottoman survivra-t-il à la chute de » l'empire mahométan? De saints missionnaires et de fervents ca>> tholiques orientaux désirent ce résultat et croient possible de l'obte»nir. Mais avant tout il s'agit de savoir si les Turcs opteront pour » la déchéance du Coran ou pour la mort (p. 459). » C'est là le secret des cœurs qui ne peut-être connu que de Dieu.

Il nous semble qu'il est permis de dire que l'ouvrage de M. Eugène Veuillot est utile et riche de pensées, aussi bien que de documents, fruits d'une grande lecture et de patientes recherches. Au milieu des livres frivoles qui paraissent, nous désignons celui-ci comme bon à lire, capable d'instruire et de faire du bien. Il donnera à tous ses lecteurs des idées nouvelles sur cette question capitale et qui préoccupe à juste titre tous les esprits. Après avoir écrit un pareil ouvrage on peut-être en paix dans sa conscience, car on a fait une bonne action, il est doux pour nous de le dire. Nous sommes sans autorité auprès des lecteurs pour les engager à lire l'ouvrage dont nous parlons, mais nous disons hautement

1 M. Lauta, secrétaire de S. A. I. le prince Jérôme.

2 Revue des Deux Mondes, 15 mars 1855.

que nous l'avons lu avec avidité et nous croyons pouvoir assurer que bien d'autres en feront de même. En terminant notre travail nous ne pouvons qu'engager M. E. Veuillot de continuer à servir l'Eglise par de semblables travaux, qui lui seront comptés devant Dieu et par surcroît devant les hommes.

L'abbé J. A. BOULLAN,

Docteur en Théologie.

Critique catholique.

INEXACTITUDE DE QUELQUES CITATIONS RABBINIQUES

DANS LA

VIE DE LA SAINTE VIERGE,

D'après les méditations de la Sœur Emmerich.

Un savant Père d'un des principaux ordres religieux de Rome, ayant conçu le dessein de traduire en italien la vie de la sainte Vierge, d'après les méditations de la sœur Emmerich, rédigée en allemand par feu M. Brentano, s'adressa à M. le chevalier Drach pour s'assurer si les citations du fameux livre Zohar, qui se rencontrent dans les notes de cet ouvrage, sont exactes. Nous pensons que les renseignements qui résultent de la réponse de notre orientaliste, si versé dans la littérature rabbinique, doivent avoir leur place dans nos Annales. Nous donnerons donc quelques extraits de sa réponse; et pour la commodité de nos lecteurs nous renverrons à la traduction française du livre de M. Brentano, publiée par le libraire Bray, in-8° et in-18.

Nous donnerons d'abord les passages de ce livre qui ont trait au Zohar.

Page 37 (41 de l'édition in -18) « Il y avait encore, c'est la sœur Emmerich qui parle, un autre objet sacré dans la grotte d'Elie : c'était une partie de ce qui était proprement le très-saint mystère de l'arche d'alliance, qui était venu en la possession des Esséniens à une époque où l'arche était tombée entre les mains des ennemis. Cet objet sacré, caché dans l'arche d'alliance, n'était connu que des plus saints parmi les grands prêtres et de quelques prophètes. Je crois pourtant qu'il y a quelque chose sur ce sujet dans des livres mystérieux et peu connus, écrits par d'anciens docteurs juifs. >>

Note de M. Brentano. «En juillet 1840, environ vingt ans après cette communication, lorsqu'il était au moment de la livrer à l'impression, l'écrivain apprit d'un hébraïsant que le livre cabalistique appelé Sohar contient plusieurs choses qui s'y rapportent. »

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