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par la sainte Eucharistie, que c'est là qu'ils obtiennent les indulgences, qu'ils sont imbus et instruits de la doctrine du salut, et que Dieu exauce les prières et les vœux de ceux qui lui adressent leurs supplications.

Quant à Vous tous, Vénérables Frères et Fils chéris, pendant que cette sainte cérémonie s'accomplira, nous désirons vivement que vous ne cessiez point d'implorer avec confiance, de concert avec nous, le secours de l'apôtre Paul, pour les nécessités présentes et si graves de l'Eglise et de l'Etat, afin que son intercession auprès de Dieu dissipant la tempête de tous les maux, la sainte mère l'Eglise et la société jouissent d'une paix et d'une tranquillité complètes, et que tous les peuples et nations se réunissent dans l'unité de la foi et la connaissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, animés de la même charité, ne pensent et ne fassent que ce qui est vrai, que ce qui est pur, que ce qui est juste, que ce qui est saint, et marchent dignement, agissant en tout selon le bon plaisir de Dieu, fructifiant en toutes les bonnes œuvres, et deviennent ainsi les héritiers de la vie éternelle.

Littérature liturgique.

ÉTUDES SUR

LA VIE ET LES OUVRAGES DE SANTEUL,

ET SUR

LA COMPOSITION ET PUBLICATION DE SES HYMNES ET DE CELLES DE COFFIN DANS LES DIVERS BRÉVIAIRES DE PARIS ET DE CLUNY

SUIVIES DE LA

CRITIQUE LITTÉRAIRE DES POÉSIES ET DES HYMNES DE CES AUTEURS
Au moment de leur apparition.

7 Article 1.

LISTE DE TOUTES LES HYMNES DU BRÉVIAIRE ROMAIN AVEC LE NOM
DE LEURS AUTEURS.

Nous avons vu avec quelle complaisante sollicitude Urbain VIII avait fait corriger les hymnes du Bréviaire Romain par trois des plus renommés poëtes latins de ce siècle. Les hymnes n'étaient donc plus barbares ni composées contre les règles d'Horace et de Virgile. Et cependant, ceux qui voulaient les exclure des bréviaires ne cessèrent de les accuser de barbarie. Dans la Préface que Santeul mit à l'édition de ses hymnes, en 1689, il ne manque pas de faire ressortir cette barbarie des hymnes romaines. S'adressant au cardinal de Bouillon, abbé de Cluny, à qui il les dédie, il le représente comme « depuis longtems ennuyé et ne >> pouvant supporter d'un esprit tranquille ces hymnes que l'Er» reur et l'Ignorance avaient composées sous prétexte de piété, » grossières dans leur simplicité, et peu dignes de la majesté du

>> Tonant: »

Pertosus jam dudum haud æqua mente ferebat,
Simplicitate rudes, et majestate Tonantis

Non dignos adeo, quos Error scripserat hymnos

Prætextu pietatis, et Ignorantia vatum (t. II, p. 222).

Nous citerons plus loin cette Préface, ainsi que les paroles semblables de Mgr de Harlay. Disons maintenant quelques mots de l'origine de l'usage des hymnes dans l'Eglise.

1

! Voir le 6 art. au n° 59; cahier de novembre, tom. 1, p. 371.

44. Origine de l'usage des hymnes dans l'Eglise.

Les hymnes ou chants sacrés ont toujours fait partie du culte que l'homme rend à Dieu. Le chant étant la forme la plus douce de la voix humaine, il est naturel que l'homme s'en soit servi pour parler à son Créateur. De là les chants de Moïse, de Marie sa sœur, de Débora, de David; de là les chants de l'Église catholique. Ces chants, elle les fait remonter jusqu'à son fondateur Jésus-Christ lui-même. « Après la dernière Pâque, nous dit saint >> Mathieu, ayant récité une hymne, Jésus et ses disciples se rendi» rent sur le mont des Oliviers. On a longuement écrit pour savoir quelle était cette hymne. Le sentiment le plus probable, c'est que ce fut le psaume In exitu Israel de Egypto, que les livres rituels des Juifs ordonnaient de chanter en célébrant la Pâque judaïque. Cependant certains hérétiques prétendaient au 4° siècle avoir conservé les paroles même de l'hymne que Jésus avait chantée. Ils disaient qu'elle leur avait été transmise par une tradition secrète qui ne permettait de la communiquer qu'aux fidèles purs ou spirituels. Un évêque d'Afrique, Cérétius, l'avait en grande vénération et en écrivit à saint Augustin. L'illustre évêque lui prouva que c'était une pièce extraite des écritures apocryphes falsifiées par les Marcionites et les Manichéens. Comme ce fragment apocryphe n'a jamais été réuni nulle part que nous sachions, nous allons en recueillir ici les fragments épars dans la lettre de saint Augustin: Solvere volo, solvi volo;

Salvare volo et salvari volo;
Generari volo,

Cantare volo,

Saltate cuncti ;

Plangere volo, tundite vos omnes;

Ornare volo, ornari volo;

Lucerna sum tibi, ille qui me vides;
Janua sum tibi, quicumque me pulsas;
Qui vides quod ago, tace opera mea;

Verbo illusi cuncta, et non sum illusus in totum '.

1 Hymno dicto exierunt in montem Oliveti. Math. xxvi, 10.

2 Livre rituel des Juifs.

3 Epist. 237, ad Ceretium, édit. Migne, t. II, p. 1034.

On voit que ce sont des niaiseries inventées par quelque Vintras

de cette époque.

Enseigné par Jésus-Christ, saint Paul exhortait les fidèles « à » s'instruire, à s'édifier les uns les autres, par des psaumes, des >> hymnes et des cantiques spirituels 1. »

Les premières relations que les païens ont données des fêtes des chrétiens rappellent ces chants sacrés.

«Les chrétiens s'assemblent avant le jour, dit Pline dans sa let» tre à Trajan, pour honorer le Christ comme Dieu, par des hym-` » nes en vers 2. » Lucien fait dire aux chrétiens dont il voulait se moquer : « Quand nous avons jeûné durant dix jours, pendant » lesquels nous passons la nuit à chanter des cantiques, nous des choses en songe 3. »

» voyons

Philon, parlant des premiers chrétiens, qu'il désigne sous le nom de Thérapeutes, nous initie plus profondément encore à leurs chants sacrés. Il nous est agréable de lire ces témoignages des chants de notre berceau.

« De plus, nous dit-il, ils font à la louange de Dieu des cantiques » et des Hymnes de toute sorte de mesures, et dont à dessein la >> composition est des plus graves *. >>

Et ailleurs :

<< Lorsque le président de l'assemblée a fini et que, par un dis>> cours bien raisonné, il a satisfait à son auditoire, un applaudis»sement général s'ensuit. Cela fait, se levant de table, il chante le >> premier une Hymne à la louange de Dieu, compcsée, ou nou>> vellement par lui-même ou autrefois par quelqu'un des anciens >> poëtes, qui ont laissé de ces sortes de compositions en vers tri» mètres, des cantiques pour les processions, des hymnes propre» ment dites, des spondaïques, d'autres à chanter devant les au

1 Aux Colos. I, 16, et Ephès. v, 19.

2 Carmenque Christo quasi Deo, dicere secum invicem. Pline, liv. x, epist. 97, n. 7. Tertullien fait mention de cette lettre dans son Apologétique, c. 2, édit. Migne, t. 1, p. 273.

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3 Dial. Philopatris, Œuvr., t. ix, p. 273.

Le livre de Philon, De la vie contemplative, traduit sur l'original grec. Paris, 1709, p. 18, et dans le texte in-fol., p. 893. Opera, Parisiis, 1640.

tels, dans les stations, dans les choeurs; le tout bien compassé >> par des strophes de différentes mesures. Après lui, d'autres » chantent avec décence et par ordre. Pendant ce tems-là, tous » écoutent dans un profond silence, excepté à la fin des couplets, » où les hommes et les femmes répondent ensemble à haute voix 1.» Et ailleurs :

<< Il s'en trouve même qui sont si remplis, ou plutôt si rassasiés de » la vraie sagesse, qu'ils passent fort aisément jusqu'à six jours sans » prendre aucune nourriture, accoutumés à subsister du chant seul » des Hymnes, à peu près comme on dit que les cigales vivent de

» rosée 2. »

S'il fallait en croire les recherches d'un savant suédois, Begerus Thorlacius, les chants Sibyllins, qui nous ont été conservés, seraient eux-mêmes les restes de ces cantiques que l'on chantait dans les premières réunions des chrétiens 3.

Le premier qui ait composé des hymnes chez les Grecs paraît être Hiérothée, disciple de saint Paul, et que saint Denys l'aréopagite appelle son maître. Son ouvrage portait le titre d'Hymnes d'amour (épotixo: vet). Saint Denis nous en a conservé trois fragments dans son livre des Noms divins. Voici le premier, dont les paroles devaient bien étonner les Grecs orgueilleux :

« Nous définissons l'amour, ou divin, ou angélique, ou intellec» tuel, ou animal, ou naturel; et nous entendons par là une cer» taine puissance qui unit et conserve, qui pousse les choses supé» rieures à être la providence des choses inférieures, celles qui » sont du même ordre, à une alliance mutuelle, et qui prépare les >> choses inférieures à se tourner vers les choses supérieures *. » Au 2e siècle, saint Justin confirme cet usage des hymnes en disant à l'empereur Antonin:

1 Ibid., p, 45; ibid., p. 901.

2 Ibid., p. 21; ibid., p. 894.

Tertullien semble avoir eu sous les yeux

ce passage de Philon; voir Apolog., c. 39, édit. Migne, t. 1, p. 477.

3 Voir les deux dissertations: Libri Sibyllistarum veteris ecclesiæ crisi, quatenus monumenta christiana sunt, subjecti. 1815, et Doctrina christiana quatenus ex libris Sibyllistarum constat. 1820.

“De divinis nominibus (grec latin), traduits et commentés par Marcile Ficin, p. 125; in-12. Venise, 1538.

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