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elle doit compter sur eux plus que jamais. C'est la voix de la France qui s'élève, et qui assure à l'empereur, pour la vie et pour la mort, la fidélité du Sénat, l'attachement du peuple et le dévouement de l'armée !

» Messieurs, le monde entier le sait, la France s'était reposée sur le traité d'Amiens. Elle ne voulait pas la guerre ; elle est en paix avec l'Europe; elle serait en paix avec l'Angleterre elle-même si le cabinet britannique n'eût pas déchiré sur le champ le pacte respectable qu'il venait de signer. La nation française n'aura ici qu'un sentiment.

» Or c'est à vous, messieurs, d'être les premiers interprètes du sentiment national. Pour remplir ce devoir sacré, la commission vous propose le projet d'arrêté suivant :

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"Le Sénat conservateur, réuni au nombre de membres prescrits par l'article go de l'Acte des Constitutions de l'Empire en date du 22 frimaire an 8;

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Après avoir entendu le rapport qui lui a été fait par sa » commission spéciale, nommée dans la séance du 15 de ce » mois, sur la communication donnée au Sénat dans la même » séance par le ministre des relations extérieures au nom de >> l'empereur;

» A d'abord arrêté de supplier S. M. I. d'agréer les respec>> tueux remercîmens du Sénat pour la communication qu'elle » lui a fait donner par son ministre.

"

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>> Sur cette communication, le Sénat considérant :

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Qu'après avoir déjà triomphé de tant de manières des factions intérieures et des ennemis du dehors, l'empereur vient » de remporter encore un triomphe plus éclatant, et peut-être plus difficile, en s'élevant au dessus des ressentimens natu>> rels que devaient inspirer à son cœur tant d'attentats et >> tant de haines, et en proposant la paix en faveur de l'hu>>manité par sa lettre du 12 nivose à S. M. britannique ;

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» Arrête que la copie de cette lettre sera consignée dans ses registres comme un monument glorieux pour le prince qui » l'a écrite, et pour la nation qu'il gouverne.

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Considérant ensuite que cette proposition, faite dans le » moment où la France est dans la situation la plus redou» table, n'a obtenu des ennemis qu'une réponse qui paraît » éluder tout projet de conciliation; » Le Sénat déclare l'empereur que dans cette » guerre sur tout son zèle, comme il doit compter sur la fidélité du peuple et de l'armée. » (ADOPTÉ. )

doit

compter

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IV.

RÉUNION DE LA COURONNE D'ITALIE AU TRONE IMPÉRIAL.-investiture de M. LE SÉNATEUR BACCIOCHI DANS LA PRINCIPAUTÉ DE PIOMBINO, AVEC LE TITRE DE PRINCE FRANÇAIS.

(Voyez tome XVII, page 377, le discours que Bonaparte prononça à Lyon comme président de la république italienne. )

Audience solennelle donnée par l'empereur au viceprésident, aux membres de la Consulte et aux députés de la république italienne. Au palais des Tuileries, le 26 ventose an 13. (17 mars 1805.)

DISCOURS de M. Melzi, vice-président de la république italienne.

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Sire, vous m'avez ordonné de réunir la Consulte d'état et la députation de la république italienne, et de les inviter à prendre en considération l'objet le plus important pour ses destinées présentes et futures, la forme de son gouvernement. J'ai l'honneur, Sire, de vous présenter, dans le résultat de son travail, le vœu qu'elle a formé.

» La première considération, qui a d'abord entraîné tous les esprits, a amené l'Assemblée à la conviction qu'il était im- possible de conserver plus longtemps la forme actuelle, sous peine de rester bien en arrière dans la marche rapide des événemens qui caractérise l'époque dans laquelle nous vivons.

» La Constitution de Lyon avait tous les caractères du provisoire; ce ne fut qu'un ouvrage de circonstance, un système constitutionnellement trop faible pour répondre aux vues de durée et de conservation. L'urgente nécessité de le changer est démontrée à la réflexion comme elle est généralement sentie.

» En partant de ce point tout était simple: le système d'une monarchie constitutionnelle nous était indiqué par les progrès des lumières et par les résultats de l'expérience; le monarque, par tous les sentimens de la reconnaissance, de l'amour, de la confiance.

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Sire, dans un pays que vous avez conquis, reconquis créé, organisé, gouverné jusqu'ici, dans un pays où tout rappelle vos exploits, tout atteste votre génie, tout respire vos

bienfaits, on ne pouvait former qu'un seul voeu, et ce voeu a été exprimé.

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L'Assemblée n'a pas négligé de peser avec la plus mûre attention les vues ultérieures que votre profonde sagesse lui avait indiquées ; mais quoiqu'elles fussent éminemment importantes, et parfaitement d'accord avec nos plus chers intérêts

il

ne fut pas difficile de se convaincre que les choses n'étaient pas encore assez mûres pour atteindre à ce dernier degré d'indépendance politique. Il est dans l'ordre naturel des choses que la république italienne se ressente pendant un temps en ore de la condition de tous les états nouvellement formés; le moindre nuage qui s'élève sur l'horizon doit nécessairement provoquer ses sollicitudes et exciter ses alarmes, et dans cette situation où trouver un meilleur gage de sa tranquillité et de son bonheur, où retrouver une garantie plus solennelle de sa consolidation et de son existence? Sire, vous en êtes encore une condition nécessaire.

» Il n'appartient qu'aux conseils de votre haute sagesse d'en signaler le terme pour désarmer toute jalousie extérieure; il n'appartenait qu'à la modération la plus généreuse de consentir à retrouver ce terme précisément dans celui de nos dangers.

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L'Assemblée, pénétrée de toutes les preuves de votre intérêt, qui ont marqué les communications précédentes, s'y est livrée avec cette pleine confiance qui vous était due, et son dernier vœu et sa dernière prière vous demandent des constitutions où soient consacrés ces principes que vous avez déjà proclamés, que réclame l'éternelle raison, et sans lesquels le sort des nations serait abandonné aux passions des hommes.

>>

Daignez, Sire, accepter, daignez combler le vœu de l'Assemblée que j'ai eu l'honneur de présider! Interprète de tous les sentimens qui animent le cœur des citoyens italiens, elle vous en apporte dans ce vœu l'hommage le plus sincère : elle leur rapportera avec joie qu'en l'acceptant vous avez redoublé la force des liens qui vous lient à la conservation, à la défense, à la prospérité de la nation italienne.

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Oui, Sire, vous voulûtes que la république italienne existât, et elle a existé. Veuillez que la monarchie italienne soit heureuse, et elle le sera. »

M. Melzi fait lecture d'une délibération de la Consulte d'état du 15 mars 1805, signée, de tous ses membres, et portant entr'autres vœux et dispositions : « 1° que le moment est arrivé de donner la » dernière main aux institutions dont les bases ont été posées à » Lyon, et à cet effet de déclarer le gouvernement de la république

>> italienne monarchique héréditaire, suivant les mêmes principes » que ceux qui constituent le gouvernement de l'Empire français ; » 2° que l'empereur Napoléon, fondateur de la république italienne, » soit déclaré roi d'Italie; 3o que le trône d'Italie soit héréditaire » de mâle en mâle, dans sa descendance directe et légitime, natuvrelle ou adoptive, à l'exclusion perpétuelle des femmes, etc.; » 4° que l'empereur Napoléon soit prié de se rendre à Milan pour y >> prendre la couronne, et donner au royaume une constitution » définitive qui garantisse au peuple sa religion, l'intégrité de son » territoire, l'égalité des droits, la liberté politique et civile, l'ir>> révocabilité des ventes des propriétés nationales, etc., etc. »>

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RÉPONSE de l'empereur.

Depuis le moment où nous parûmes pour la première fois dans vos contrées, nous avons toujours eu la pensée de créer indépendante et libre la nation italienne : nous avons poursuivi ce grand objet au milieu des incertitudes des événemens.

» Nous formâmes d'abord les peuples de la rive droite du Pô en république cispadane, et ceux de la rive gauche en république transpadane.

Depuis de plus heureuses circonstances nous permirent de réunir ces états, et d'en former la république cisalpine.

» Au milieu des soins de toute espèce qui nous occupaient alors, nos peuples d'Italie furent touchés de l'intérêt que nous portions à tout ce qui pouvait assurer leur prospérité et leur bonheur ; et lorsque quelques années après nous apprîmes au bord du Nil que notre ouvrage était renversé, nous fûmes sensibles aux malheurs auxquels vous étiez en proie. Grâce à l'invincible courage de nos armées, nous parûmes dans Milan lorsque nos peuples d'Italie nous croyaient encore sur les bords de la mer Rouge.

» Notre première volonté, encore tout couvert du sang et de la poussière des batailles, fut la réorganisation de la patrie italienne.

» Les statuts de Lyon remirent la souveraineté entre les mains de la Consulte et des collèges, où nous avions réuni les différens élémens qui constituent les nations.

>> Vous crûtes alors nécessaire à vos intérêts que nous fussions le chef de votre gouvernement; et aujourd'hui, persistant dans la même pensée, vous voulez que nous soyons le premier de vos rois. La séparation des couronnes de France et d'Italie, qui peut être utile pour assurer l'indépendance de vos descendans, serait dans ce moment funeste à votre exis

tence et à votre tranquillité. Je la garderai cette couronne, mais seulement tout le temps que vos intérêts l'exigeront; et je verrai avec plaisir arriver le moment où je pourrai la placer sur une plus jeune tête, qui, animée de mon esprit, continue mon ouvrage, et soit toujours prête à sacrifier sa personne et ses intérêts à la sûreté et au bonheur du peuple sur lequel la Providence, les constitutions du royaume et ma volonté l'auront appelé à régner.

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MESSAGE de l'empereur, lu en sa présence par son ministre secrétaire d'état.

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« Sénateurs, la principauté de Piombino, que la France possède depuis plusieurs années, a été depuis ce temps administrée sans règle et sans surveillance. Située au milieu de la Toscane, éloignée de nos autres possessions, nous avons jugé convenable d'y établir un régime particulier. Le pays de Piombino nous intéresse par la facilité qu'il offre pour communi quer avec l'île d'Elbe et la Corse; nous avons donc pensé devoir donner ce pays, sous le haut domaine de la France, à notre sœur la princesse Eliza, en conférant à son mari le titre de prince de l'Empire. Cette donation n'est pas l'effet d'une tendresse particulière, mais une chose conforme à la saine politique, à l'éclat de notre couronne et à l'intérêt de nos peuples. Signé NAPOLÉON. »>

(Suivait le décret, daté du même jour, 27. En voici deux articles — « I. L'empereur Napoléon cède et donne en toute propriété » la principauté de Piombino à la princesse Eliza, sa sœur.- -VI. Le » mari de la princesse Eliza prend le nom et le titre de prince de » Piombino; il jouira du rang et des prérogatives de prince de » l'Empire français. » C'est le premier prince créé contre le vœu de l'article 9 du senatus-consulte du 28 floréal an 12, qui portait : « Les membres de la famille impériale, dans l'ordre de l'hérédité, >> portent le titre de prince français. )

RAPPORT fait à l'empereur, en séance du Sénat, par M. de Talleyrand, ministre des relations extérieures.

Sire, les pensées dont je vais occuper Votre Majesté tiennent à ses affections les plus chères, comme aux intérêts les

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