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siper cette crainte. Comme lui, nous sommes persuadés que loin de rétablir le nombre prodigieux des mesures différentes qui couvraient le sol de la France, et entravaient son commerce intérieur, le gouvernement, bien convaincu de l'utilité d'un tème unique de mesures, et de la perfection du système métrique, prendra les moyens les plus efficaces pour en accélérer l'usage, et pour vaincre la résistance que lui opposent encore les anciennes habitudes, qui déjà s'effacent de jour en jour.

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D'après toutes ces considérations, votre commission vous propose, à l'unanimité, l'adoption du projet de senatus-consulte présenté par le gouvernement.»-Sur ce rapport,et dans la méme séance, le Sénat décréta: « A compter du 11 ni» vose prochain, premier janvier 1806, le calendrier grégo>> rien sera mis en usage dans tout l'Empire français. »

VI bis.

INAUGURATION DES DRAPEAUX ENNEMIS.

MES

SAGES RELATIFS AU TRAITÉ DE PAIX, AU MARIAGE DU PRINCE EUGÈNE, ETC. -RETOUR DE L'EMPEREUR.

Le Sénat, le Tribunat, la Ville de Paris et le Chapitre de NotreDame avaient obtenu chacun une part des dépouilles de l'ennemi. Les membres du Tribunat députés auprès de l'empereur furent chargés par lui d'apporter à Paris ces, trophées, et de les remettre à leur destination. Il y eut à cette occasion des solennités civiles et religieuses, qu'avaient précédées, à l'annonce des deux grandes journées d'Ulm et d'Austerlitz, des réjouissances publiques. Partout, dans la chaire et à la tribune, on prononça des panégyriques de Napoléon.

Les tribuns, dans leur séance du 9 nivose an 14 (30 décembre 1805), avaient terminé tous leurs discours par une proposition tendant à donner au héros, qui à force de prodiges rendait l'éloge impossible, un témoignage d'admiration, d'amour et de reconnaissance qui restât immortel comme sa gloire. Une commission fut chargée de résumer, séance tenante, ces diverses propositions, et de leur donner le caractère d'un vœu national. Les tribuns MM. Faure, Girardin, Gallois, Curée et Albisson, composaient la commission. Elle eut pour organe M. Faure, qui présenta le rapport ci-après, avec un vœu que le Tribunat adopta par acclamation. C'est le surlendemain que, pour ac omplir la mission qui lui avait été confiée

par l'empereur, le Tribunat en corps se rendit avec pompe au Sénat conservateur; il était accompagné des autorités, de la musique militaire et d'une partie de la garnison de la ville de Paris.

RAPPORT fait au Tribunat par M. Faure. Séance du 9 nivose an 14. (30 décembre 1805.)

Messieurs, la commission dont j'ai l'honneur d'être l'organe vient d'examiner les diverses propositions qu'a fait naître la plus juste admiration pour le héros du dix-neuvième siècle.

» Jamais aucun peuple ne sentit aussi vivement le besoin d'exprimer sa reconnaissance. Jamais les talens et les arts n'eurent à s'exercer sur un aussi vaste champ d'honneur et de gloire: ils vont être appelés à célébrer le plus beau siècle dont la France ait à s'enorgueillir. Ils diront à la postérité comment un seul homme étonna l'univers par l'immense étendue de son génie, par la rapidité de ses conceptions, et par la célérité non moins grande avec laquelle ses desseins furent exécutés, et toujours couronnés des succès les plus éclatans. Ils transmettront d'âge en âge les noms des braves qui luttèrent de zèle et d'ardeur pour suivre ses sublimes inspirations; ils tâcheront de faire concevoir cette campagne de deux mois, qui fut une suite non interrompue de triomphes, et finit par la victoire d'Austerlitz, victoire tellement décisive que les résultats en sont incalculables. Peut-être un jour, si de nombreux monumens n'attestaient pas tant de merveilles, la postérité regarderait-elle comme fabuleux des récits puisés dans la plus exacte vérité.

>> Les idées heureuses que vous avez présentées, messieurs, ont rendu l'examen de la commission extrêmement facile, et elle ne pouvait hésiter à les adopter.

» La nation est impatiente de voir celte colonne surmontée de la statue du plus grand des héros, et que le peuple bénira comme les Romains bénirent celle de Trajan.

» Avec quel transport d'adiniration on contemplera l'image de cet être extraordinaire, dont les prodiges opérés dans sa jeunesse suffiraient pour illustrer la vie de plusieurs grands hommes !

» Puisse aussi bientôt s'élever un édifice où les arts se disputeront l'honneur de rappeler aux siècles futurs cette foule d'événemens mémorables qui effacent l'éclat des plus brillantes époques de l'antiquité!

>> La commission désire comme vous, messieurs, que dans cet édifice soit déposée l'épée de l'empereur, ce glaive devant lequel disparurent les armées ennemies. Là se rassemblera le peuple pour être témoin des récompenses décernées aux services

éminens rendus à la patrie, pour entendre l'éloge de ses plus zélés défenseurs; là tous les objets qui s'offriront à ses regards éleveront son âme, enflammeront son courage, et porteront tous les genres de vertus jusqu'au plus haut degré d'enthou

siasme.

» Il est encore un autre objet universellement réclamé ; c'est l'institution d'une fête nationale pour célébrer l'anniversaire de la naissance de Napoléon. Ce sera la fête du peuple français puisqu'il y trouvera l'occasion de présenter à son auguste chef un nouvel hommage de son amour et de son respect.

>>

>> La commission a réuni toutes ces pensées pour en former un vœu qu'elle me charge de vous proposer en ces termes :

<< LE TRIBUNAT, exerçant le droit qui lui est accordé par » l'article 29 des Constitutions de l'Empire;

>>

Considérant »

que

des

gages

éternels de la reconnaissance » nationale sont dus à un monarque qui fait la gloire et le » bonheur de son peuple, et dont la vie offre un tissu d'actions héroïques ;

>>

>>

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Qu'il n'est pas d'expressions qui puissent peindre l'étendue » et la rapidité des prodiges opérés par Napoléon et les armées françaises, surtout dans cette campagne à jamais mémc»rable, terminée si glorieusement par la victoire d'Austerlitz; Que tant de sujets d'admiration et de gratitude doivent » être transmis à la postérité par des monumens où tout rap» pelle de si précieux souvenirs ;

>>

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»EMET LE Vœu:

» I. Que sur une des principales places de la capitale il soit érigé une colonne surmontée de la statue de l'empereur. » Cette colonne portera pour inscription: A NAPOLÉON LE » GRAND la patrie reconnaissante. La place recevra le nom » de Napoléon-le-Grand. (1)

» 2°. Qu'il soit élevé un édifice où soient réunis les chefs» d'œuvre des arts destinés à consacrer la gloire de Napoléon » et des armées françaises;

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:

Que dans ce monument soit déposée, avec l'appareil le plus pompeux pour y rester pendant la paix, l'épée que l'empereur portait à Austerlitz, et qu'elle en soit retirée. » avec la même pompe si la guerre impose la nécessité d'en >> faire usage;

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Que dans ce même lieu soient distribués les grands prix que S. M. doit donner de sa propre main aux productions

(1) Proposition de M. Chabot (de l'Allier ),

» du génie et de l'industrie nationale; qu'il soit également » destiné aux actes solennels de la Légion-d'Honneur et de » l'instruction publique. (1)

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» 3°. Que chaque année l'anniversaire de la naissance de Napoléon soit célébré par une fête nationale, dont l'éclat soit digne d'un monarque si cher à son peuple. »>

» La commission vous propose en outre le projet d'arrêté suivant :

« Le Tribunat, pénétré d'une sensibilité respectueuse pour >> le don qui lui a été fait par S. M. l'empereur et roi de huit drapeaux pris sur les ennemis de la France, et voulant perpétuer le souvenir du bienfait et de la reconnaissance,

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>>

» Arrête qu'il sera frappé une médaille en mémoire de l'inauguration de ces drapeaux dans la salle de ses séances.» (2)

SÉNAT.

Séance publique du 1er janvier 1806 présidée par le prince grand électeur; le Tribunat en corps, l'archi-chancelier et tous les ministres présens. Réception des cinquante-quatre drapeaux (3) donnés au Sénat par l'empereur.

-

DISCOURS du président du Tribunat, M. Fabre(de l'Aude).

"Le Tribunat a été chargé par S. M. l'empereur et roi d'apporter au Sénat une partie des drapeaux pris sur les ennemis de la France.

» Cette mission nous a d'autant plus flattés qu'en même temps qu'elle est un gage honorable de la bienveillance de l'empereur, elle nous met à portée d'offrir dans cette auguste enceinte le tribut de nos hommages au premier corps de l'Etat, présidé par un prince que d'éminens services ont rendu si cher à la nation, et qui justifie si bien la confiance dont S. M. l'honore.

En voyant ces enseignes arrachées aux ennemis de l'État, le peuple de Paris s'est livré aux transports de la plus vive allégresse; ses acclamations non interrompues se sont fait en

(1) Cette proposition et la suivante sont de M. Carrion-Nisas. (2) Proposition de M. Favard.

(3) Y compris les quarante dont l'envoi était annoncé dans la séance du 2 brumaire. (Voyez plus haut. )

tendre depuis le palais du Tribunat jusqu'à celui du Sénat : c'était le cri de l'enthousiasme, de l'amour et de la reconnaissance pour le triomphateur; sentimens d'autant plus doux à exprimer que les nombreuses victoires remportées par la grande armée l'ont été presque sans effusion de sang français.

» C'est aux sublimes conceptions de son génie, à un genre de tactique inconnu jusqu'à nos jours, et à la célérité de ses grandes manœuvres, que l'empereur a dû des succès aussi inouïs, et la conquête en une seule campagne de vastes états sur la maison d'Autriche.

» A mesure que les bulletins de la grande armée annonçaient les progrès rapides de notre empereur, et sa marche en quelque sorte triomphale, on se demandait comment tant de miracles avaient pu s'opérer; et les récits les plus vrais étaient soupçonnés d'exagération.

»Le vainqueur d'Arcole, de Lodi, de Marengo, avait déjà effacé la gloire des plus grands capitaines.

» Il a plus fait dans la campagne contre la troisième coalition; il s'est surpassé lui-même.

» Ses ennemis ont été confondus, et le monde entier est resté frappé d'étonnement et d'admiration.

» Combien les Français doivent s'enorgueillir d'être gouvernés par ce chef illustre dont le génie et la fortune ne connaissent point d'obstacles, et dont les lauriers ont coûté si peu de larmes à l'humanité!

"

Messieurs, les députés du Sénat ont été, comme ceux du Tribunat, témoins de la reconnaissance des peuples vaincus, et de leur empressement à bénir le héros qui a su leur épargner les calamités de la guerre.

Ainsi, aucun douloureux souvenir ne peut troubler la joie du Sénat en recevant les présens du vainqueur : ils vont orner la salle de ses séances, et c'est désormais sous ces auspices qu'il délibérera sur les grands intérêts de l'Etat.

Puisse la considération dont jouissent à tant de titres les pères de la patrie s'accroître, s'il est possible, de jour en jour par des témoignages fréquens de confiance et d'affection de la part d'un monarque qui sait apprécier tous les genres de talens, qui les a réunis dans cette auguste assemblée par des choix aussi dignes de lui qu'honorables pour ceux qui en ont été l'objet, et dont enfin toutes les pensées tendent à la gloire et au bonheur de la grande nation! »

RÉPONSE du président du Sénat.

«Le Sénat voit avec une vive émotion ces trophées de la

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