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nouveaux triomphes, de nouveaux traités de paix ont changé la face de l'Europe politique.

» Si la maison de Brandebourg, qui la première se conjura contre notre indépendance, règne encore, elle le doit à la sincère amitié que m'a inspirée le puissant empereur du

nord.

» Un prince français régnera sur l'Elbe; il saura concilier les intérêts de ses nouveaux sujets avec ses premiers et ses plus sacrés devoirs.

» La maison de Saxe a recouvré après cinquante ans l'indépendance qu'elle avait perdue.

» Les peuples du duché de Varsovie, de la ville de Dantzick, ont recouvré leur patrie et leurs droits.

>> Toutes les nations se réjouissent d'un commun accord de voir l'influence malfaisante que l'Angleterre exerçait sur le continent détruite sans retour.

>> La France est unie aux peuples de l'Allemagne par les Jois de la Confédération du Rhin, à ceux des Espagnes, de la Hollande, de la Suisse et des Italies par les lois de notre système fédératif. Nos nouveaux rapports avec la Russie sont cimentés par l'estime réciproque de ces deux grandes nations.

» Dans tout ce que j'ai fait j'ai eu uniquement en vue le bonheur de mes peuples, plus cher à mes yeux que ma propre gloire.

» Je désire la paix maritime: aucun ressentiment n'influera jamais sur mes déterminations; je n'en saurais avoir contre une nation jouet et victime des partis quila déchirent, et trompée sur la situation de ses affaires comme sur celle de ses voisins. Mais, quelle que soit l'issue que les décrets de la Providence aient assignée à la guerre maritime, mes peuples me trouveront toujours le même, et je trouverai toujours mes peuples dignes de moi.

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Français, votre conduite dans ces derniers temps, où votre empereur était éloigné de plus de cinq cents lieues, a augmenté mon estime et l'opinion que j'avais conçue de votre caractère. Je me suis senti fier d'être le premier parmi vous.

» Si pendant ces dix mois d'absence et de péril j'ai été présent à votre pensée, les marques d'amour que vous m'avez données ont excité constamment mes plus vives émotions. Toutes mes sollicitudes, tout ce qui pouvait avoir rapport même à la conservation de ma personne ne me touchait que par l'intérêt que vous y portiez, et par l'importance dont elles. pouvaient être pour vos futures destinées. Vous étes un bon et grand peuple!

» J'ai médité différentes disp ositions pour simplifier et per

fectionner nos institutions.

» La nation a éprouvé les plus heureux effets de l'établissement de la Légion-d'Honneur. J'ai créé différens titres impériaux pour donner un nouvel éclat aux principaux de mes sujets, pour honorer d'éclatans services par d'éclatantes récompenses, et aussi pour empêcher le retour de tout titre féodal, incompatible avec nos Constitutions.

pu

» Les comptes de mes ministres des finances et du trésor blic vous feront connaître l'état prospère de nos finances. Mes peuples éprouveront une considérable décharge sur la contribution foncière.

» Mon ministre de l'intérieur vous fera connaître les travaux qui ont été commencés ou finis. Mais ce qui reste à faire est bien plus important encore, car je veux que dans toutes les parties de mon Empire, même dans le plus petit hameau, l'aisance des citoyens et la valeur des terres se trouvent augmentées par l'effc: du système général d'amélioration que j'ai

conçu.

» Messieurs les députés des départemens au Corps législatif, votre assistance me sera nécessaire pour arriver à ce grand résultat, et j'ai le droit d'y compter constamment, »

ADRESSE du Corps législatif à l'empereur, présentée par M. Fontanes, président, le 23 août 1807.

Sire, le Corps législatif vient déposer au pied du trône de Votre Majesté l'adresse de remercîment qu'il a votée d'une voix unanime, bien moins pour le conquérant que pour le pacificateur de l'Europe. Et qu'avez-vous besoin qu'on célèbre la gloire de vos armes ! Les peuples, frappés d'admiration, avouent d'un commun accord que vous n'avez plus de rivaux dans les plus grands capitaines des siècles anciens et des siècles modernes. Un tel éloge serait donc aujourd'hui faible et vulgaire. Qu'on s'efforce de retracer dignement, s'il est possible, les merveilles de votre dernière campagne, et ces triomphes, d'abord si rapides, qui renversent une grande monarchie, et cette constance, plus héroïque encore, qui sait attendre et préparer le jour de la victoire au milieu de tant d'obstacles qu'opposent les lieux, les saisons et les hommes; qu'on nous montre ces soldats, infatigables comme leur chef, campés six mois avec lui dans les glaces du nord, et bravant les hivers de la Pologne comme les étés de la Syrie; qu'on nous peigne enfin ce repos toujours menaçant qui doit finir par un éclat terrible, et surtout le moment décisif, annoncé d'avance par vous-même, où ces âpres climats, devenus moins rigoureux, permettent à votre génie d'achever le triomphe, et de contraindre les vaincus à la paix ! Ce n'est point nous qui devons redire tant de

travaux et tant d'exploits : quelque admirables qu'ils soient, ils ont coûté des larmes ; ils ont inspiré même au vainqueur des regrets qui l'ont fait chérir davantage.

>> Nous cherchons des spectacles plus consolans; nous aimons mieux vous suivre aux bords de ce fleuve où, sans appareil guerrier, deux barques portent deux empereurs, et avec eux les destinées du monde. Jour mémorable! jour unique dans tous les âges! Ces deux armées en présence qui bordent ies deux rives du Niémen contemplent avec étonnement une entrevue si pacifique, après des combats si meurtriers ; et tout à coup quatre cent mille soldats, Italiens et Bataves, Scythes et Sarmates, Germains et Français, laissent tomber leurs armes quand les deux plus grands souverains de la terre s'avancent au milieu du fleuve pour régler eux-mêmes le sort de tant d'états, et se donnent la main en signe de réconciliation! Alexandre et Napoléon se rapprochent; la guerre cesse, et cent millions d'hommes sont en repos.

» Les intérêts mêmes de l'avenir dépendront peut-être de ces augustes conférences, dont le jeune héritier des czars était si digne. Il a pu recevoir d'un seul homme plus d'exemples et de leçons sur l'art de régner que n'en trouva jadis Pierre le Grand lorqu'il voulut s'instruire dans ses longs voyages en parcourant toutes les cours des rois ses contemporains. Le traité de Tilsit ne laisse plus de prétexte à la guerre continentale. C'est dans ce grand jour que les royaumes et les peuples, les anciens pouvoirs et les pouvoirs nouveaux ont pris leur place déterminée; c'est là que tout est devenu stable et certain,

» La nation, Sire, peut désormais espérer que votre présence ne lui sera plus si longtemps ravie, et que sa prospérité intérieure s'accroîtra sous vos regards paternels. Cette nation a bien mérité vos soins et votre amour: on la vit à toutes les époques de votre règne, et particulièrement dans celle-ci, égaler en quelque sorte la grandeur de vos actions par celle de ses sacrifices et de son dévouement. Nous sommes sûrs de plaire à Votre Majesté en mêlant aux hommages que nous lui devons l'éloge de ce bon et grand peuple; c'est ainsi que vous le nommez si justement.

>> Tous nos cœurs se sont émus au témoignage de votre affection pour les Français. Les paroles bienfaisantes que vous avez fait entendre du haut du trône ont déjà réjoui les hameaux : un jour on dira en parlant de vous, et ce sera le plus beau trait d'une histoire si merveilleuse, on dira que destinée du pauvre occupait celui qui fait la destinée de tant de rois, et qu'à la fin d'une longue guerre vous avez diminué les charges publiques, tandis que vos mains victorieuses

la

distribuaient avec tant de magnificence des couronnes à vos lieutenaus.

Notre premier devoir est de vous rappeler cette maguanime promesse, qui ne sera point trompée.

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Quand vous créez autour de vous des dignités nouvelles, et ces rangs intermédiaires attributs de la monarchie, dont ils vont augmenter les splendeurs, nous aurons soin de tenir encore de plus près à ce peuple dont nous sommes les organes. C'est là que nous trouverons une dignité qui, pour être moins brillante, n'en est pas moins respectable. Nous jurons, Sire, de ne jamais démentir ces sentimens que vous approuvez, devant ce trône affermi sur tant de trophées, et qui domine l'Europe entière.

» Et cominent n'accueilleriez-vous pas ce langage, aussi éloigué de la servitude qu'il le fut de l'anarchie, vous, Sire, qui avez fait servir le droit de conquête à l'affranchissement des vaincus, et qui, sur les bords de la Vistule, venez de rétablir l'humanité dans ses priviléges! Le Corps législatif secondera de tout son zèle les grands projets d'amélioration que vous inéditez. Bientôt on verra se perfectionner sous l'œil de votre génie nos institutions civiles et politiques : vous leur donnerez ce caractère de grandeur et de stabilité qui se répand sur vos autres créations; et, pour compléter votre gloire, la vraie liberté, qui n'existe qu'avec la vraie monarchie, s'affermira de plus en plus sous un prince tout puissant. »>

EXPOSÉ DE LA SITUATION DE L'EMPIRE, lu devant le Corps législatif par le ministre de l'intérieur, M. Cretet, dans la séance du 24 août 1807.

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Messieurs les députés des départemens au Corps législatif, l'année qui s'est écoulée depuis la clôture de votre session n'occupera pas dans l'histoire une place moins importante que la glorieuse et mémorable année qui l'a précédée, et la France, accoutumée en quelque sorte à l'admiration autant qu'à la reconnaissance, aura vu que, sous un chef tel que celui qui dirige ses hautes destinées, ce double sentiment peut se renouveler chaque jour.

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Lorsqu'il y a quinze mois vous vous séparâtes pour retourner dans vos foyers, après avoir pendant le cours de votre session rempli avec autant d'empressement que de concert les devoirs que vous imposaient la confiance de la nation et celle du souverain, l'empereur paraissait près de goûter enfin le fruit le plus doux de ses glorieux travaux; il voyait arriver le terme non de son propre repos, mais du repos de la France. Une nou

velle guerre continentale avait été terminée en trois mois. L'Allemagne n'offrait plus à la France que des amis ou des alliés. La Prusse encore était de ce nombre: la Russie paraissait désirer le terme d'une inimitié sans but comme sans motif. A force de triomphes et de modération, l'empereur semblait avoir acquis enfin à la France le droit de jouir eu paix de tout ce qu'il avait fait pour elle; il était rendu à la patrie; ses peuples le revoyaient avec des transports d'allégresse et d'amour, rapportant de nouveaux lauriers et de nouveaux bienfaits: de nombreuses députations accouraient des extrémités de l'Empire pour lui offrir le tribut des hommages publics : l'armée se disposait à venir au sein de ses foyers jouir des fêtes ordonnées par son chef, préparées par la nation tout entière.

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L'empereur se réjouissait à la vue d'un avenir plus calme, et sa pensée, fixée sur l'administration intérieure, semblait être devenue encore plus active: il se faisait rendre un compte détaillé de toutes les parties de l'administration, et cherchait dans chacune ce qui restait de bien à opérer. Il préparait un plan pour assurer aux princes de la dynastie impériale une éducation propre à les rendre dignes de celui qui la fonda, il éta— blissait un système de grandes récompenses pour de grands services, véritable manière de faire servir les titres élevés d'appui à l'Etat et de décoration au trône. Une nouvelle organisation donnée au Conseil d'état instituait, pour la décision des affaires contentieuses, une discussion lente et solennelle; une suite de formes protectrices et sévères offrait à la partie plaignante toutes les facilités pour la production de ses défenses et de ses titres, et créait pour les dépositaires de l'autorité publique un nouveau tribunal, dont la censure doit s'exercer sur les actes et les abus que les lois positives ne peuvent atteindre. Une commission placée dans le palais même de l'empereur, et composée de ceux qu'il appelle à discuter avec lui les plus grandes affaires de l'Etat, ouvrait près du trône un libre accès à tous les genres de plaintes ou de demandes; chargée de faire parvenir aux oreilles du souverain la voix de tous ses sujets, et surtout de ses sujets dans la pauvreté et le malheur; institution touchante, qui annonce que celui dont l'infatigable vigilance soigne si bien les grand intérêts de l'État n'est pas moins jaloux, dans sa sollicitude paternelle, de pourvoir aux moindres besoins ou aux plus légers griefs de tous ceux sur lesquels s'étend son empire.

"Mais le traité de Presbourg, qui avait rendu la paix au continent, ne l'avait pas rendue aux mers, et l'Angleterre, constante à chercher sa propre sûreté dans le malheur de l'Europe, s'efforçait de faire continuer la guerre par la Russie, et de déterminer la Prusse à des démarches hostiles. Ces trames furent

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