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ma conduite; tous me chérissent, et , et me donnent ces marques de vénération qu'exige le respect d'un père, l'amour de ses enfans. Je vivais tranquille au sein de ma famille, dans la confiance de ce bonheur, lorsqu'une main inconnue m'apprend et me dévoile le plus énorme plan et le plus inattendu qui se tramait dans mon propre palais et contre ma personne. Ma vie, qui a été si souvent en danger, était une charge pour mon successeur, qui, préoccupé, aveuglé, et abjurant tous les principes de religion qui lui étaient imposés avec le soin et l'amour paterel, avait adopté un plan pour me détrôner. J'ai voulu m'en imposer sur la vérité de ce fait. L'ayant surpris dans mon propre appartement, j'ai mis sous ses yeux les chiffres d'intelligence et instances qu'il recevait des malveillans; j'ai appelé à l'examen le gouverneur lui-même du conseil ; je l'ai associé aux autres ministres pour qu'ils prissent avec la plus grande diligence leurs informations. Tout s'est fait; il en est résulté la connaissance de différens coupables, dont l'arrestation a été décrétée. La prison de mon fils est son habitation. Cette peine est venue accroître celles qui m'affligent; mais aussi, comme elle est la plus sensible, elle est aussi la plus importante à purger. En conséquence, j'ordonne que le résultat en soit publié ; je ne voux pas cacher à mes sujets l'authenticité d'un chagrin qui sera diminué lorsqu'il sera accompagné de toutes les preuves acquises avec loyauté. Je vous fais connaître mes intentions pour que vous les fassiez circuler dans les formes convenables. » A San-Lorenzo, le 30 octobre 1807.

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COMMUNICATION de S. M. catholique à son conseil de Castille.

novembre 1807.

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La voix de la nature désarme le bras de la vengeance; et Forsque l'inadvertance réclame la pitié, un père tendre ne peut s'y refuser. Mon fils a déjà déclaré les auteurs du plan horrible que lui avaient fait concevoir des malveillans; il a tout démontré en forme de droit, et tout conste avec l'exactitude requise par la loi pour de telles preuves. Son repentir et son étonnement lui ont dicté les remontrances qu'il m'a adressées, et dont voici le texte :

Sire et mon père, je me suis rendu coupable en manquant »å Votre Majesté. J'ai manqué à mon père et à mon roi; » mais je m'en repens, et je promets à Votre Majesté la plus » humble obéissance. Je ne devais rien faire sans le consen»tement de Votre Majesté; mais j'ai été surpris. J'ai dénoncé les coupables, et je prie Votre Majesté de me pardonner,

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» et de

permettre de baiser vos pieds à votre fils recon

naissant.

Saint-Laurent, le 5 novembre 1807. FERDINAND. »

1990 Madame et mère, je me repens bien de la grande faute {e que j'ai commise contre le roi et la reine, mes père et mere. Aussi, avec la plus grande soumission, je vous en demande pardon, ainsi que de mon opiniâtreté à vous nier la vérité Pautre soir. C'est pourquoi je supplie Votre Majesté du plus profond de mon cœur de daigner interposer sa médiation auprès de mon père, afin qu'il veuille bien permettre d'aller baiser les pieds de S. M. à son fils reconnaissant. Saint-Laurent, le 5 novembre 1807. FERDINAND. »

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>>>> En conséquence de ces lettres, et à la prière de la reine, mon épouse bien-aimée, je pardonne à mon fils; il rentrera dans ma grâce dès que sa conduite me donnera des preuves d'un véritable amendement dans ses procédés. J'ordonne aussi que les mêmes juges qui ont entendu dans cette cause depuis le commencement la continuent, et je leur permets de s'adjoindre d'autres collègues s'ils en ont besoin. Je leur enjoins, dès qu'elle sera terminée, de me soumettre le jugement, qui devra être conforme à la loi, selon la gravité des délits et la qualité des personnes qui les auront commis. Ils devront prendre pour base, dans la rédaction des chefs d'accusation, les réponses données par le prince dans l'interrogatoire qu'il a subi elles sont paraphées et signées de sa main, ainsi que les papiers, écrits aussi de sa main, qui ont été saisis dans ses bureaux. Cette décision sera communiquée à mes conseils et à mes tribunaux, et on la fera circuler à mes peuples. afin qu'ils y reconnaissent ma pitié et ma justice, et pour soulager l'affliction où ils ont été jelés par mon premier décret; car ils y voyaient le danger de leur souverain et de leur père, qui les aime comme ses propres enfans, et dont il est aimé,»

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Cependant l'armée française du Portugal. continuait sa marche avec une étonnante rapidité; les soldats faisaient dix lieues par jour, et franchissaient en courant les précipices, les torrens et les montaI gnes; mais ils n'eurent point de combats à soutenir; tout se soumit à leur approche : les Portugais n'avaient reçu aucune instruction de leur gouvernement. Le 26 novembre 1807 l'avant-garde du général Junot occupait Abrantes, à vingt lieues de Lisbonne, et le régent ignorait encore que ses états étaient envahis. Ce prince, au moins pacifique, prend alors le parti d'abandonner son peuple à la discrétion des Français; il quitte Lisbonne le 29, et s'embarque précipitamment

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pour le Brésil avec sa famille et ses trésors, laissant un décret ainsi conçu :

Après avoir inutilement fait tous mes efforts pour conserver la neutralité à l'avantage de tous mes vassaux fidèles et chéris; après avoir fait pour arriver à ce but le sacrifice de tous mes trésors, n'être même porté, au grand préjudice de ines sujets, à fermer mes ports à mon ancien et loyal allié le roi de la Grande-Bretagne, je vois s'avancer dans l'intérieur de mes états les troupes de S. M. l'empereur des Français, dont, le territoire ne m'étant point contigu, je croyais être à l'abri de toute attaque de sa part. Ces troupes se dirigent sur ma capitale. Considérant l'inutilité d'une défense, et voulant éviter une effusion de sang sans probabilité d'aucun résultat utile, et pré-: sumant que mes fidèles vassaux souffriront moins dans ces circonstances si je m'absente de ce royaume, je me suis déterminé pour leur avantage à passer, avec la reine et toute ma famille, dans mes états d'Amérique, et à m'établir dans la villende Rio de Janeiro jusqu'à la paix générale. Et considérant combien il importe à ce pays de lui laisser un gouvernement qui veille à son bien-être, j'ai nommé pour gouverneur le marquis d'Abrantes, et pour général de mes armées François de Cunha de Meneres, etc. Ils auront soin de conserver autant que possible la tranquillité dans l'intérieur; que les troupes françaises aient de bons logemens, qu'elles reçoivent toute espèce de secours; qu'il ne leur soit fait aucune insulte, et ce sous les peines les plus rigoureuses, conservant toujours la bonne harmonie qui doit exister entre deux nations qui, quoique armées, n'ont point de raisons d'inimitié. »

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Le 30 novembre 1807 les troupes françaises entrèrent sans coup férir dans Lisbonne, et le 1er décembre, « anniversaire du jour où la » maison de Bragance se souleva contre les Espagnols, et arbora son » drapeau à la place du leur, ce même jour le pavillon de Bragance » a été remplacé par celui des Français. A cette singulière circons»tance, que la ́superstition portugaise n'a pas manqué de remarquer, » s'en est jointe une autre : un horrible tremblement de terre s'était

fait sentir six heures auparavant; mais du moment que le pavillon » français a été arboré la tempête s'est calmée, et le temps s'est remis >> au beau.»

Le gouverneur général, Junot, établit aussitôt une administra*tion provisoire, proclame les décrets relatifs au blocus continentalTM, fait saisir et confisquer les marchandises et les propriétés anglaises, s'empare des vaisseaux que le régent à laissés dans le port, place ses tronpes dans les forteresses, etc.; et, conformément à ses instruc30

XIX.

tions, il déclare au nom de l'empereur Napoléon que la maison de Bragance a cessé de régner en Europe; et le peuple portugais garde la plus parfaite tranquillité : il attendait les Anglais.

Pendant cette expédition Napoléon voyageait en Italic. De Milan il porte un nouveau décret relatif au blocus continental, et motivé sur une ordonnance que le roi d'Angleterre, qui ne pouvait demeuFor en arrière dans ces codes de la piraterie, avait rendue le 11 nồ- vembre. Napoléon désire que le roi d'Espagne, en publiant le décret de Milan, l'accompagne d'une sorte de manifeste contre l'Angleterre; et Charles IV proclame cette cédule :

« Madrid, le 3 janvier 1808.

L'abominable attentat commispar des vaisseaux de guerre anglais en l'année 1804, par ordre exprès de ce gouvernement, contre les quatre frégates de la flotte royale qui, naviguant sous l'entière assurance de la paix, ont été injustement surprises, attaquées et forcées de se rendre, m'a déterminé à rompre toutes relations avec le cabinet britannique, et à me considérer comme en état de guerre contre une puissance qui a si iniquement violé le droit des gens et de l'humanité. Une agression aussi atroce me donnait des motifs stiffisans pour rompre tous les liens qui unissent une nation à une autre, lors même que je n'aurais pas considéré ce que je devais à moimême, à l'honneur et à la gloire de ma couronne et de mes amés vassaux. Deux années de guerre se sont écoulées sans que la Grande-Bretagne ait modéré son orgueil, ni renoncé à l'injuste domination qu'elle exerce sur les mers; mais au con traire, confondant tout à la fois ses amis, ses ennemis et les neutres, elle a manifesté l'intention formelle de les traiter tous avec la même tyrannie.

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» Par ces considérations, je me déterminai, en février de l'année dernière, en me conformant aux sages mesures adoptées par mon intime allié l'empereur des Français et roi d'Italie, à déclarer, comme j'ai déclaré, les îles Britanniques en état de blocus, afin de voir si ce moyen réduirait le cabinet britannique à abdiquer son injuste suprématie sur les mers, et à faire une paix solide et durable. Loin de cela, non seulement le gouvernement anglais a rejeté les propositions qui lui ont été faites de la part de mon intime allié l'empereur des Français et roi d'Italie, soit directement, soit par la médiation de différentes puissances amies de l'Angleterre, mais encore, ayant cominis la plus énorme des atrocités et des pirateries par son attaque scandaleuse de la ville et du port de Copenhague, elle a quitté le masque, et personne ne peut plus douter que son ambition insatiable n'aspire au commerce et à la navigation

exclusive de toutes les mers. Rien ne le prouve mieux que les mesures que ce gouvernement vient d'adopter par ses ordres du 11 novembre dernier, ou non seulement il déclare en état de blocus toutes les côtes de France, d'Espagne et de leurs alliés, et toutes celles occupées par les armées de l'une ou de l'autro puissance, mais même en assujettissant les vaisseaux des puissances neutres, amies et même alliées de l'Angleterre, à subir les visites des croiseurs anglais, à aborder forcément dans un port de l'Angleterre, et à s'obliger de payer sur leurs cargaisons un droit dont la quotité sera déterminée par la législature anglaise. Autorisé par un juste droit de représailles à prendre les moyens qui me paraîtront convenables pour em pêcher l'abus que le cabinet britannique fait de ses forces à l'égard des pavillons neutres, et à voir si on peut l'obliger à renoncer à une aussi injuste tyrannie, j'ai résolu d'adopter, et j'entends qu'on adopte dans tous mes états, les mêmes mesures qui ont été prises par mon intime allié l'empereur des Français et roi d'Italie, et dont la teneur suit : »

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Napoléon, etc.

«En notre palais royal de Milan, le 17 décembre 1807.

» Vu les dispositions arrêtées par le gouvernement britannique en date du 11 novembre dernier, qui assujettissent les bâtimens des puissances neutres, amies et même alliées de l'Angleterre, non seulement à une visite par les croiseurs anglais, mais encore à une station obligée en Angleterre, et à une imposition arbitraire de tant pour cent sur leur chargement, qui doit être réglée par la législation anglaise;

» Considérant que par ces actes le gouvernement anglais a dénationalisé les bâtimens de toutes les nations de l'Europe; qu'il n'est au pouvoir d'aucun gouvernement de transiger sur son indépendance et sur ses droits, tous les souverains de J'Europe étant solidaires de la souveraineté et de l'indépendance de leur pavillon; que si, par une faiblesse inexcusable, et qui serait une tache ineffaçable aux yeux de la postérité, on laissait passer en principe et consacrer par l'usage une pareille tyrannie, les Anglais en prendraient acte pour l'établir en droit, comme ils ont profité de la tolérance des gouvernemens pour établir l'infame principe que le pavillon ne couvre pas la marchandise, et pour donner à leur droit de blocus une extension arbitraire et attentatoire à la souveraineté de tous les états;

» Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

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Article 1. Tout bâtiment, de quelque nation qu'il soit, qui aura souffert la visite d'un vaisseau anglais, ou se sera soumis à un voyage en Angleterre, ou aura payé une imposition

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