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des saines traditions du moyen-âge, perdait définitivement son caractère national et copiait, sans en saisir l'élégance et la richesse, tous les défauts et fort peu de qualités de l'art italien.

<< Pendant la période révolutionnaire, leur église perdit, comme bien d'autres, sa destination. Les écussons qui la paraient furent mutilés, les marbres brisés, les sculptures dégradées, les dorures enlevées. On remplaça le tout par les portraits des citoyens morts glorieusement pour la défense de la liberté et par des scènes allégoriques de la Révolution, conformément à l'article 8 du règlement de la société populaire d'Epinal. Il ne fut pas question de cérémonies religieuses. Le club révolutionnaire tient des séances dans le lieu où priaient autrefois les disciples de Loyala; il s'y réunissait deux fois par décade. Le banquet patriotique offert aux citoyens à l'occasion de la liberté devait se tenir dans cette église ou sur la place de la Fédération, aujourd'hui place des Vosges, mais ce banquet égalitaire où chacun était tenu d'apporter son couteau, son verre, sa fourchette et son assiette, ne put avoir lieu parce que les citoyens ne parvinrent pas à s'entendre sur le choix modeste des mets qui l'auraient composé. Enfin après avoir servi successivement de lieu de réunion pour les élections municipales, pour les sociétés de charité, et, sous l'empire, d'hôpital pour les soldats blessés, elle appela plus particulièrement sur elle en 1828 l'attention de l'autorité municipale qui forma le projet de la rendre au culte. La mairie fit alors restaurer le tableau de saint Ignace par un peintre local qui, se conformant à ses instructions et ne devant pas déplaire à l'opinion régnante, fit, du célèbre Jésuite, un simple évêque. On allait sérieusement entreprendre les travaux de réparation de l'édifice et on espérait que sous peu de temps il serait convenablement approprié à la destination primitive, lorsqu'éclata la Révolution de Juillet qui les fit ajourner.

En attendant qu'ils fussent repris un jour, l'église du collège

continua d'être utile en servant tour à tour de salle pour les distributions des prix, de bucher pour les fagots destinés aux pauvres, de magasin pour le mobilier de la ville. Ce que la Révolution n'avait pu faire pour la dégradation de l'édifice, la négligence, l'abandon et le temps l'accomplirent et lorsqu'en 1887, sur la demande de M. l'abbé Constant, curé d'Epinal, le conseil municipal vota une somme de 6,000 francs pour la restauration de cette église, on s'aperçut bien vite de l'insuffisance de ce crédit, mais les libéralités particulières ne tardèrent pas à combler le déficit.

Les travaux de consolidation jugés nécessaires furent adjugés à MM. Renaud frères, entrepreneurs et commencèrent tout aussitôt sous la direction de M. Macron, architecte de la ville; ils furent exécutés dans quelques mois. L'église fut ornée de vitraux d'un goût fort simple sortant des ateliers de M. Maréchal, de Metz et pourvue de bancs soigneusement faits par MM. Gérôme et Poitresse, menuisiers d'Epinal. De sorte qu'aujourd'hui l'église du collège, qui hier n'était plus qu'une ruine, est complètement restaurée et présente même un aspect de coquetterie qui flatte le regard.

Mais il fallait la purger de ses anciennes profanations. Mgr Caverot, évêque de Saint-Dié, vint remplir ce devoir le 18 mai 1868 avec l'assistance de tout le clergé de la paroisse, en présence de l'administration du collège et avec le concours de la musique de cet établissement. Après la bénédiction et l'office divin, le prélat adressa ses remerciements aux personnes dont les généreux sacrifices avaient contribué avec les deniers municipaux à rendre au culte une chapelle qui, depuis lors, sert plus particulièrement aux exercices religieux de la jeunesse (1) ».

-

- La

(1) Extrait du livre de M. Charton. Epinal de 1814 à 1848 ». chapelle du collège a été démolie en 1889. Une salle située dans le bâtiment du petit collège, au premier étage, est provisoirement affectée au service du culte, en attendant la fondation d'une nouvelle chapelle.

MONOGRAPHIE

DU

COLLÈGE ET DE L'ÉCOLE INDUSTRIELLE

D'ÉPINAL

1789-1900

PAR

Paul DECELLE

RÉPÉTITEUR AU COLLÈGE, ANCIEN ÉLÈVE DU COLLÈGE D'ÉPINAL

Stet domus hæc donec fluctus formica marinos
Ebitat et totum testudo perambulet orbem.

(Que cette maison reste debout jusqu'à ce que la fourmi boive toute la mer et que la tortue parcoure le monde entier).

Vers gravés au seuil de la porte du vieux collège Gilles de Trèves de Bar-le-Duc.

AVANT-PROPOS

Il nous a semblé utile, après le travail de M. Dreyfuss sur le collège d'Epinal jusqu'à la période révolutionnaire, d'achever l'histoire de notre vieil établissement universitaire de 1789 à nos jours et d'y joindre celle de l'école industrielle, créée en 1871.

Notre étude est surtout un travail de statistique. Nous nous sommes inspiré de faits précis, puisés aux archives tant départementales que municipales, dans les almanachs civiques, les annuaires de l'instruction publique de M. Merlin, etc...

L'ordre que nous avons employé est l'ordre chronologique; nous avons seulement tenté de rendre clairs les divers changements, les transformations successives de ce vieux collège dont nous sommes fier d'être un ancien élève.

Puissent ces pages intéresser les camarades et les lecteurs qui voudront bien les parcourir.

Puissent-ils y revivre un peu de cette vie de travail agréable, exempte de tous soucis qui est l'apanage de l'écolier!

Puisse ce livre leur rendre plus cher, leur faire aimer davantage l'antique maison où ils sont venus à leur heure puiser les forces nécessaires au labeur de la vie !

Qu'il nous soit permis, dans ce court avant-propos, de rendre hommage à ceux qui nous ont aidé dans notre

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