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la transformation en Lycée du Collège de la ville. Celui-ci promit de soumettre avec beaucoup d'intérêt la question à l'Empereur; en effet, le 28 avril, la Municipalité est prévenue d'avoir à présenter dans le plus bref délai le devis estimatif du mobilier pour 200 élèves.

Le 2 juin, le Conseil municipal après avoir discuté les divers plans et devis à lui soumis, pense qu'une somme de 67,303 francs suffira aux besoins de l'installation.

La question fut résolue à Paris dans un sens favorable et un décret du 29 août 1813 décidait l'érection à Epinal d'un Lycée impérial.

Cependant, la ville ne pouvant satisfaire à tous les frais nécessaires (1), il fut entendu que le Lycée ne serait mis en activité qu'à partir de 1815.

Survinrent les désastres de 1814 et 1815, et le Collège resta simple Collège communal.

Combien de fois; depuis, ce décret du 29 août 1813 fut-il invoqué sans résultat, auprès de l'Administration supérieure afin d'obtenir la transformation si ardemment désirée ?

En 1828, pour la première fois, il est rappelé. Le 13 février de cette année, le Conseil demande la transformation du Collège communal en Collège royal (Lycée). Il s'appuye « sur « ce que le Collège existe depuis près de deux siècles, que par a décret du 29 août 1813 il a été compris dans la classe des « Collèges devant être érigés en Lycées, et que la ville d'Epinal « a toujours fait des sacrifices favorables à l'instruction. >>

Le Conseil vote 14,533 francs pour les premiers frais de tronsformation. Mais le Ministre trouve insuffisante la somme votée et la question est écartée.

En 1841, les mêmes vœux sont de nouveaux formulés. Le Conseil général se saisit de la question et le Conseil municipal prend une nouvelle délibération : «L'article 198 du Code

(1) Il s'en fallait de 31,159 francs.

« Universitaire dit que les Collèges devant être érigés en « Lycées seront pris parmi ceux des villes les mieux pourvus « de locaux et de moyens, qui auront montré le plus de zèle à « favoriser l'instruction. Avant la Révolution de 1789, notre << Collège était royal, il porte cette qualification dans l'An« nuaire de Barrois et de Lorraine de 1778. Depuis, Epinal « a grandi en importance politique, ce titre donné à son Collège <«<loin d'avoir eu raison de faiblir n'a fait que se fortifier, « d'autre part, un décret du 29 août 1813 érige le Collège en « Lycée. Or cela suffit à justifier que la ville satisfait aux « nécessités de l'article 198 pour l'érection en Lycée.

«La condition des locaux peut être satisfaite; l'architectǝ « déclare que le Collège peut contenir 200 élèves; de plus, à «Bastia, où l'on vient de créer un Lycée, il ne peut y avoir « plus de 150 internes, donc la condition de devoir contenir << 200 internes n'est pas absolue. >>

Le 11 décembre, dans une lettre au Préfet, le Ministre lui déclare qu'«< il peut être assuré que dès qu'il s'agira de procéder « à l'organisation de nouveaux Collèges royaux, il ne perdra << pas de vue ni les motifs sur lesquels se fonde la ville << d'Epinal, ni les sacrifices qu'elle consent à s'imposer pour « la réalisation de ses vœux. »

Ce ne fut encore qu'eau bénite de cour; en 1843, la question traînait toujours, de temps à autre, arrivait une lettre du Ministère renfermant les plus alléchantes promesses, finalement, le 30 juin, le ministre déclara qu'il ne fallait « plus compter « pour cette année » sur un Collège royal.

En 1847, nouvelle reprise de la question, le Ministre de l'Instruction publique, M. Vatisménil, rendant sans doute hommage à la constance de la Municipalité spinalienne, dans une lettre du 15 novembre, s'engage à donner suite au désir de la ville d'Epinal « quand le gouvernement se décidera à fonder de nouveaux Collèges royaux ».

Deux ans se passent, le Collège royal ne vient pas, le

Conseil général tàche d'obtenir, par des demandes pressantes, une solution définitive et positive.

Mais hélas ! l'Etat devant participer à la création des Collèges royaux, le Ministre répond que pour le moment il ne voit « aucun crédit disponible au bubget de son département. >>

En 1850, une Académie est créée dans chaque département; Epinal devient la résidence d'un Recteur, c'est une raison pour que les Vosges possèdent un Lycée.

La question est reprise; M. Evon, Conseiller municipal, la plaide chaudement, en 1851, mais les formalités sont nombreuses, le temps passe et en 1854 une Commission présidée par le docteur Haxo, Conseiller municipal et composée de MM. Leclerc, Honnoré, Claudel, de Péronne, Berher et Pellerin examine un nouveau projet d'érection en Lycée impérial. Ses conclusions sont adoptées à l'unanimité par le Conseil dans sa séance du 11 mars 1854.

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Les dépenses étaient présumées devoir s'élever : Constructions et travaux d'appropriation. Acquisition du mobilier usuel et scientifique Restauration de la Chapelle .

Dépenses imprévues

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Total

65,860 fr.

50,840

12,000

10,000

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Le Conseil vote en outre une somme de 20,000 francs qui servira à payer annuellement et jusqu'à extinction les intérêts et le capital de la dite somme.

Ce projet, comme les précédents, n'aboutit pas. Après les désastres 1870-71 la question revient à l'ordre du jour. Les Lycées de Metz, Strasbourg, Colmar sont perdus; ne conviendrait-il pas de les remplacer en partie en en créant un à Epinal? Des Inspecteurs Généraux nommés pour faire une enquête concluent à l'ajournement.

Dix ans se passent; le Collège est dans un état de prospérité qu'il n'a jamais connu; il compte (31 mars 1881) une popula

tion de 397 élèves, dont 197 internes et 182 externes. « Dans « ces conditions, écrit M. Cherest (1), y a-t-il lieu de repren« dre la question d'un Lycée? Nous croyons que c'est le vrai « moment, le moment psychologique, de la traiter à fond ».

Et il relève dans le Dictionnaire de l'Université publié en 1879, par Chérié, la population des Lycées pendant les années scolaires 1876-77, 1877-78, 1878-79. Les moyennes comparées à celles d'Epinal pour ces trois années apprennent, que «< cer«tains Lycées de vieille création sont loin d'arriver au mème << chiffre que l'établissement d'Epinal, et l'on peut constater << avec satisfaction que si ce dernier avait pris place parmi les « Lycées, il aurait immédiatement occupé, au point de vue du << nombre, le rang des Lycées d'Albi, de Mont-de-Marsan et de « Vesoul et que 25 Lycées auraient eu une population infé«rieure à la sienne. »> (1).

Créer un Lycéé, ajoute M. Cherest, c'est mettre « plus à l'aise l'Ecole industrielle qui héritera de la place abandonnée par le Collège.

Le Préfet, l'Administration académique auraient vu avec plaisir s'opérer la transformation du Collège en un établissement d'ordre plus élevé.

D'autre part le programme municipal, des élections précédentes, promettait en particulier la « demande d'un Lycée » et la création d'écoles publiques. Le Conseil ne devait-il pas remplir les engagements pris vis-à-vis de la population spinalienne?

Aussi le 11 novembre 1881, sur l'initiative de M. Florion, Maire, le Conseil prend la délibération suivante :

« Considérant que l'utilité d'un Lycée à Epinal, est générale«ment reconnue et désirée par la population; que des établis<< sements de cette nature existent dans tous les départements « voisins du nôtre, et qu'il importe pour l'instruction générale

(1) Un Lycée à Epinal publié en 1881.

a du pays, que cette lacune regrettable soit comblée dans le

<< plus bref délai possible;

« Le Conseil vote une somme de 600,000 francs pour être « affectée à la construction et à l'aménagement du Lycée et de « l'Ecole industrielle à y annexer (1).

« Le Conseil municipal, confiant dans la haute bienveillance « de M. le Ministre de l'Instruction publique, le prie instam«ment de vouloir bien, comme cela a eu lieu pour le Lycée de « Belfort, décider que le surplus de la dépense sera supporté « par l'Etat, attendu l'insuffisance des ressources de la ville « d'Epinal, en considération de nombreux sacrifices que celle-ci « a déjà faits dans l'intérêt de l'Instruction publique. »

Sur la prière de M. Florion, le Ministre de l'Instruction publique envoie M. Trélat architecte, donner son avis sur le choix de l'emplacement que devra occuper le nouvel établissement; la municipalité propose cinq terrains :

1o Le plateau des Corvées (2);

2o Le petit Champs de Mars;

3o Le terrain vague situé entre la Moselle, l'avenue du Pont de la Loge-Blanche et la route de Remiremont;

4o Le terrain appartenant à l'hôpital, au bas du quartier des Brosses et de l'autre côté de la voie du chemin de fer.

5o La plate-forme située entre les murs de la propriété du Château (3).

M. Trélat, accepta comme possible une installation sur tous les points désignés et le Conseil choisit le plateau des Corvées.

(1) Le Conseil, comprenant aussi qu'il lui fallait créer des Ecoles publiques de filles et de garçons; qu'il pourrait les installer dans les bâtiments du Collège et de l'Ecole industrielle devenant vacants si l'on construisait un Lycée sur un autre point de la ville, adoptait en principe l'installation d'un Lycée avec annexion de l'Ecole industrielle. (Rapport de M. Florion).

Ce n'était point l'avis de M. Cherest qui jugeait nécessaire la séparation du Lycée et de l'Ecole industrielle. (Un Lycée à Epinal). (2) Occupé depuis par le Collège des Pères.

(8) Dans ses visites aux divers emplacements, M. Trélat était accom. pagné de MM. Florion, Maire et Douliot, Principal du Collège.

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