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elle a du caractère, de la dignité et de la grandeur; l'exécution en est fine et précieuse; mais je penserais à Bruyn, ou à quelque maître d'origine rhénane, bien plutôt qu'à Holbein.

Je citerai encore, au hasard de mes notes: un joli et rare tableau de Simon Vouet, dans le petit format, le « Christ porté au tombeau »; un beau portrait en buste de Charles IV, duc de Lorraine, par Mignard; un portrait de femme, un peu froid, curieux et pas commun, d'un élève de Jacob de Backer, Jean Van Neck, signé J. V. Neck, f. 1683, et « Un intérieur de ruines », signé Charles D. Hooch, 1637; deux Ricci uniques, comme on n'en rencontrerait pas, même à Venise, d'une touche extraordinairement vive, colorée et spirituelle ; une réduction de « l'Ecole d'Athènes », par Carlo Maratti, acquise par le prince de Salm, à la vente de M. de Selles, trésorier général de la marine, et enrichie à cette époque d'un cadre de bois sculpté, d'une valeur et d'une beauté si exceptionnelles que je ne puis manquer de le signaler; un excellent Largilière, portrait d'homme en buste, de facture fleurie et large; un jeune garçon égratigné par un chat, dans le genre de Craesbecke (1); un portrait de femme à mi-corps et quart nature, attribué à Chardin, et vraisemblablement d'un peintre hollandais du XVIIIe siècle; un délicieux portrait de jeune fille, de profil, dans un ovale, fluide et frais comme un pastel, qu'il faut retirer à Boucher, pour en faire honneur, sans hésiter, à Natoire, dont il serait à mon avis le meilleur morceau; et une charmante frise d' Enfants jouant avec une chèvre », signée: A. de Marcenay de Ghuy, 1760. Cette imitation, en trompe l'oeil, d'un bas-relief dans le goût de Bouchardon (il ne faut pas oublier que le célèbre sculpteur était de Chaumont), est traitée avec une adresse et une habileté surprenantes. Marcenay excellait dans cette sorte de peinture, qui était, comme on le sait, gran

(1) Ce tableau porte, très peu visible, le monogramme de JeanMiense Molenaer. (Ec. hol. +1668.) P. Ch.

dement en faveur au XVIe siècle ; il était en outre fort habile graveur. Le tableau du musée d'Epinal avait figuré à l'Exposition de l'Académie de Saint-Luc, à Paris, en 1762; c'est une petite rareté, qu'il convenait de ne pas oublier.

J'ai gardé aussi la mémoire d'un tableau de facture fruste, mais de style original; il représente une « Femme tenant une lumière et visitant un prisonnier dans son cachot ». Le mouvement incliné, l'expression compatissante de la femme en robe rouge sont du plus naïf et du plus beau sentiment. Je n'ose risquer un nom. C'est autour des énigmatiques et troublants Le Nain que ma pensée se porte; je rapproche, malgré moi, le tableau d'Epinal de l'admirable « Nativité » de Rennes. Je signale l'analogie, sans aller plus loin.

RAPPORT

SUR LE

MUSÉE DÉPARTEMENTAL

DES VOSGES

Par M. CHEVREUX, Président de la Société.

Monsieur le Préfet,

J'ai eu l'honneur de présenter l'an dernier à l'assemblée départementale un rapport général sur la situation du musée en 1900. Ce rapport contenait un état sommaire des collections artistiques, archéologiques et scientifiques, et était précédé d'une notice historique sur la fondation et l'organisation de l'établissement. Je me bornerai donc cette année à signaler les accroissements dont ont profité les diverses séries, du 1er juillet 1900 au 30 juin 1901, et les modifications apportées aux locaux pendant cette même période.

I. BATIMENTS.

En ce qui concerne les locaux, d'importantes améliorations ont été effectuées. On a refait entièrement la toiture de la galerie de sculpture qui tombait en ruines. Dans la galerie de peinture, on a supprimé, très facilement, quelques infiltrations qui provenaient des ouvertures. Enfin on a muni de grilles et barres de fer les portes et fenêtres du rez-de-chaussée, insuffisamment défendues contre l'ef

fraction, ainsi que l'a démontré le vol commis l'an dernier dans la salle Lagarde et au sujet duquel un rapport a été adressé à la Commission de surveillance et du Conseil général en avril 1901. Au point de vue du local, la situation du musée est donc en ce moment à peu près satisfaisante, et les crédits ordinaires d'entretien demandés par M. l'architecte départemental semblent devoir suffire.

Quant à l'aménagement des collections, diverses transformations, approuvées par la commission du Musée, ont été exécutées. Les meubles anciens, qui se trouvaient au rez-de-chaussée dans la salle des antiquités vosgiennes, ont été remontés dans la salle de peinture, pour faire place à une collection préhistorique et gallo-romaine entrée récemment au musée. D'autre part, on a renouvelé tous les fonds des vitrines de la salle des antiquités qui avaient grand besoin de cette réfection.

II. ACCROISSEMENTS.

Pendant le courant de cette année, les collections du musée se sont augmentées d'une façon notable. Je fournis ici la liste sommaire de ces accroissements; les catalogues en préparation donneront de ces objets divers une description plus complète.

a) Beaux-Arts.

Le musée a acquis un portrait du dessinateur spinalien Ch. Pensée, lithographie.

Le Ministère offre une série de moulages du Trocadéro, sculptures du moyen-âge; ces reproductions, du plus haut intérêt, ont été acceptées avec empressement par la commission, et sont attendues.

Enfin je signale le retour et le replacement dans la galerie du premier étage de la statue du sculpteur vosgien, Ch. Jacquot, Prière aux Champs, prêtée en 1899 à l'artiste, qui désirait en faire une réduction.

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A la fin de 1900, le musée est entré en possession de la plus

grande partie de la collection de M. Pitois, d'Epinal, bien connue des amateurs lorrains. Je me borne à donner la désignation très sommaire de cette importante collection.

10 Préhistorique (paléolithique). -Chelléen, Moustérien, Solutréen et Magdalénien. Instruments provenant des stations de Moustier, de Solutré, des Eyzies et de Laugerie-Basse: environ 1,300 échantillons. Préhistorique (néolithique). - Instruments de diverses provenances; 300 échantillons recueillis dans les Vosges; haches polies, débris de poteries.

20 Période pré-romaine.

Poteries, armes, torques: 15 haches en bronze, 2 faucilles, 12 torques; bracelets et fibules, ces objets étant presque tous de provenance locale.

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3o Période gallo-romaine. Nombreuses poteries et débris de poteries provenant de Grand, Langres, Mandeure, Sion et autres stations romaines de la région; poteries avec marques de potiers; cinq grandes amphores trouvées à Aoste (Isère): environ 300 objets.

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40 Période mérovingienne et moyen-âge. Boucles de ceinturons, umbo de bouclier, épées, scramasaxes, pointes de lances, colliers provenant de tombes franques fouillées dans la région (They-sousMontfort, etc.). Objets divers du moyen-âge. Taque de cheminée.

La plus grande partie de cette collection a été placée dans la salle des antiquités vosgiennes; les débris de sculptures de l'époque romaine, un poids de 100 livres se trouvent dans le vestibule.

Er. dehors de cette acquisition, je signale tout particulièrement un don de M. Henry Boucher, député: mobilier funéraire de l'époque romaine trouvé dans un tombeau en Tunisie et composé d'un vase en terre cuite, de deux lampes funéraires ornées, également en terre cuite, de deux vases en verre, intacts, d'une extrême légèreté, et des débris d'un troisième.

Enfin, M. Marc Mathis, de Valleroy-aux-Saules, nous a donné deux têtes sculptées, en pierre, trouvées à Valleroy et remontant à l'époque romaine.

Comme objets modernes, nous avons reçu en don de Mme veuve Behrer, de Paris, l'écharpe tricolore d'un officier municipal

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