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LES CIRCONSCRIPTIONS

ADMINISTRATIVES

Le royaume du Cambodge, qui comprenait autrefois 57 provinces, est aujourd'hui divisé en circonscriptions administratives dirigées par nos Résidents.

Dans chaque province, le Résident surveille les fonctionnaires cambodgiens, juge sans appel les petites affaires et en premier ressort les procès plus importants.

Circonscription de Pnom-Penh.

La circonscription de Pnom-Penh est située à peu près au centre du royaume.

La capitale de cette circonscription qui est également celle du royaume, est Pnom-Penh. Cette ville doit son nom à un monticule que les anciens Khmers appelaient montagne-pleine (pnom-penh). Mais la légende raconte qu'il existait à l'origine une reine du nom de Penh, qui fit construire un mausolée et une pagode en expiation des fautes de son mari et que cette reine donna son nom au monticule de la ville, lequel s'appela pnom-penh, montagne de la reine Penh.

Le mausolée et la pagode de Pnom-Penh ont été reconstitués à l'Exposition universelle de 1900 (section des colonies et pays de protectorat).

La ville de Pnom-Penh est située au confluent du Mékong et de l'artère qui unit ce fleuve au grand lac.

C'est cette situation qui a fait d'elle un port de transit très important pour les exportations.

Les produits qui sont exportés en plus grande quantité et qui passent par Pnom-Penh sont : le poisson, le tabac, le coton, le sucre de palme et de canne, la gomme-gutte, l'indigo, le bétel, le maïs, la soie, les nattes, les peaux, les écailles de tortue, l'ivoire, la chaux, les bois de teinture et les huiles de cocos ou d'arachides.

Les navires peuvent mouiller dans le Mékong à un mille de Pnom-Penh, du mois de février au mois d'août pendant les basses eaux. Après cette époque, ils peuvent s'amarrer dans le bras du grand lac.

Les bateaux des messageries fluviales vont à Pnom-Penh deux fois par semaine, venant de Saïgon.

Depuis l'établissement de notre Protectorat, la ville s'est beaucoup modifiée; les cases des indigènes ont en grand nombre disparu et on a construit sur leur emplacement des maisons en briques et des édifices publics d'une assez grande valeur.

La famille royale habite un palais de style Khmer très ėlėgant et notre Résident général occupe à Pnom-Penh un hôtel très agréable entouré de verdure.

Enfin, le Trésor, l'Evêché, le Tribunal et les différents services publics sont installés dans des édifices confortables.

La rue principale de Pnom-Penh va de la Mission au Palais du roi et au-delà. Elle est habitée par les Européens et les commerçants chinois.

Les autres rues sont étroites, sales, grouillantes d'indigènes, où pèse un air saturé d'odeurs de détritus et de parfums que le Mékong renouvelle difficilement.

Les distractions font complètement défaut à Pnom-Penh.

Il n'y a guère que les fêtes nationales qui sont très intéressantes, du reste, et procurent aux Européens quelques divertissements. Mais les fêtes traditionnelles et locales ne manquent pas de pittoresque; exemple, la fête des eaux :

A l'époque des pluies, le Mékong s'enfle et remplit le GrandLac; mais dès que les pluies cessent, le niveau du fleuve baisse,

devient plus bas que celui du lac et alors c'est le Grand-Lac qui alimente le Mékong pendant toute la saison des basses eaux. Ce renversement des eaux a lieu en octobre et fournit l'occasion de fêtes brillantes essentiellement locales qui méritent d'être racontées.

Les dignitaires de la Cour savent le moment précis où le courant doit changer de sens, comme on sait chez nous l'époque exacte de certaines marées. Ce jour là, une corde est tendue en travers du fleuve; le roi et sa suite, les mandarins et les invités arrivent en grande pompe et prennent place dans la jonque royale richement pavoisée; le peuple se masse sur les quais; les pirogues, longues de 40 à 50 mètres et montées par 80 rameurs, sont prêtes pour la course.

A un moment donné, le roi lève une baguette en l'air et frappe l'eau ; la corde est enlevée et le fleuve prend son nouveau cours. Le champagne coule à flots dans les coupes, la musique siamoise éclate de tous côtés, le peuple hurle et applaudit, les pirogues luttent de vitesse au son du tam-tam et la fête nautique dure jusqu'à la nuit. Le soir, il y a réception au palais du roi et bals populaires.

Ces soirées sont toujours extrêmement brillantes; les Européens qui y assistent sont surpris du charme des Cambodgiennes qui sont à la fois jolies, gracieuses et merveilleusement faites.

OUDONG. Pour compléter l'étude de la circonscription de Pnom-Penh, il faut dire quelques mots de Oudong, l'ancienne capitale du royaume.

Oudong se trouve au Nord-Ouest de Pnom-Penh, dans une île formée par un bras du Mékong. Elle fut pendant plus de 200 ans la capitale du Cambodge; elle était la résidence de la reine-mère.

Sous le règne d'Ang-Duong, la population de la ville s'élevait à 12,000 habitants, et sa principale rue avait un kilomètre de longueur; de belles chaussées réunissaient Oudong, Kampong

Luong et Pnom-Penh, d'une part, Oudong, Kampot et Kampong-Srela, d'autre part.

Aujourd'hui, il y a encore de très belles pagodes à Oudong. La ville est considérée comme une ville sainte, et les bonzes y sont très nombreux; il y a environ 6,000 habitants à Oudong.

Circonscription de Kumpot.

La circonscription de Kampot, située à l'ouest de Pnom-Penh aux bords du golfe de Siam, se compose de quatre provinces.

La province de Kampot est la seule province maritime du Cambodge; elle est une des plus riches du royaume.

Le riz, le poivre, le tabac, le mûrier, le sucre de palme sont les principaux produits de cette région.

Les pierres calcaires abondent dans cette province et les forêts renferment des bois de grande valeur.

La ville de Kampot est un petit port situé sur la rivière du même nom, à 3 milles du rivage. Cette rivière a 300 mètres de largeur, mais à son embouchure il existe une barre qui empêche l'accès des bâtiments ayant un tirant d'eau supérieur à 2 mètres. (Bouinais et Paulus).

Kampot est relié à Ha-Tien une fois par semaine, par un courrier à pied, qui fait le trajet en 34 heures.

Pour mieux surveiller le littoral, et empêcher le roi d'avoir un jour ou l'autre recours au Siam, la France s'est fait céder à l'embouchure de la rivière de Kampot, l'île de Katry. Cette île a 15 kilomètres carrés. Nous y exerçons notre autorité en vertu du traité du 15 juillet 1867, par lequel la France s'est engagée à ne pas incorporer le Cambodge à la Cochinchine.

Autrefois, à l'époque où Saïgon et Cholen n'avaient pas encore accaparé presque tout le commerce du Cambodge, Kampot était un port beaucoup plus important.

Aujourd'hui, Kampot a environ 5,000 habitants. Si l'isthme. de Malacca était percé, Kampot serait le port de l'Indo-Chine le plus rapproché de l'Europe.

Circonscription de Kompong-Thom.

Cette circonscription est couverte de forêts et on y trouve des cocotiers, des orangers, des bananiers et des palmiers en grande quantité. On y récolte la gomme-gutte dans le Nord. On y exploite aussi le minerai.

Circonscription de Kratié.

La circonscription de Kratié est très étendue et couverte d'immenses forêts plantées d'arbres de prix; mais elle n'est pas très peuplée.

Kratie, son chef-lieu, siège de la résidence, est une ville bien située sur le Mékong, et destinée à l'entrepôt du commerce du haut fleuve.

Circonscription de Pursat.

La circonscription de Pursat produit surtout le cardamome, qui croit sur les montagnes, le riz, qui est presque l'unique culture du pays, les peaux et les cornes. On trouve des carrières de marbre au centre de cette province, mais leur situation au milieu de forêts insalubres et le manque de voies de communication en ont empêché jusqu'ici l'exploitation.

La ville de Pursat fut autrefois la capitale du Cambodge, à l'époque où la puissance de ce royaume était à son apogée.

Circonscription de Soai-Rieng.

Cette circonscription est une des plus fertiles du Cambodge; elle est très riche en rizières et la culture des haricots y est d'un excellent rapport. Mais le nombre des agriculteurs annamites et chinois est beaucoup plus considérable que celui des Cambodgiens.

Soai-Rieng, chef-lieu de la circonscription et siège de la résidence, se trouve en communication avec la Cochinchine, grâce à sa situation sur le Vaico occidental et à sa proximité du chemin de fer de Mytho à Saïgon.

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