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boeuf ou vache au-dessus de 2 ans dans les villes et villages, 1 franc; chaque mouton, brebis, porc, dans les villes et villa

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La croisée prenant jour sur la voie publique, depuis la toiture jusqu'au sous-sol, payera 3 francs; la demi-croisée, ou jumelle 2 fr. ; et toutes les autres fenêtres, 1 fr.

De ces impôts sont exempts les ecclésiastiques, les nobles vivant << noblement » et les gentilshommes.

Les rôles seront faits par les mayeurs, prévôts ou autres officiers et publiés par le clerc-juré ordinaire ou un tabellion. L'impôt sur les croisées et fenêtres sera établi pour le bailliage d'Epinal, à Epinal.

Le Duc fait ensuite valoir que les dernières guerres ont engagé son Domaine au-delà de ses revenus, il obtient encore des Etats, pour cinq années, le droit de lever sur chaque conduit (1) des villes, faubourgs et bourgs, 12 gros par mois et 10 gros dans les villages. Sont désignés pour dresser les rôles des dits conduits dans le bailliage d'Epinal, le prieur de Belleval et M. de Tumejus.

Les Etats de 1601 autorisent le duc de Lorraine à frapper d'un impôt les denrées et marchandises, le 15e pot de vin et de bière ; cette autorisation se trouve prorogée en 1602 pour une période de 5 années afin, a-t-il prié, de terminer les fortifications des villes.

Les Spinaliens n'y tiennent plus ; que sont devenus leurs privilèges, quel état fait-on de l'infertilité de leur sol, de la pauvreté de leur ville? Ils adressent au Duc une remontrance. Ils protestent qu'ils n'ont « jamais été dilayans ni refusant d'aider et subvenir de tout leur possible en ces nécessités, bien que par chartes depuis peu confirmées par S. A. aucun aide, taille ne subside ne se doivent jecter, imposer ne lever sur eulx. Scy est ce que pour estre la dite ville composée de pauvres artisans, de

(1) Ménage.

fort petit revenu et de grand frais pour l'entretien d'icelle, les Gouverneurs d'icelle ont été contraints ès années precellites de payer et supporter grand nombre de conduits tant pour la pauvreté d'aucuns qu'autres mendiants et réfugiés ailleurs ».

Ils continuent que cela n'empêche que les Députés à l'ayde actuel « passant par dessus leurs dits privilèges et sans avoir égard à l'infertilité et pauvreté de ladite ville ny qu'une bonne partie d'entr'eux sont jà près de se retirer ailleurs, les vouldront néanmoins comprendre et continuer auxdits aydes suivant leurs vieux et nouvaaux rôles.

Ce qui les occasionne, supplier très humblement à S. A. avoir pitié et compassion d'une infinité de pauvres gens et offre 6,000 fr. par an. Autrement les conduits diminueront d'un tiers en moins de deux ans et iront en Allemagne, en Bourgogne ou en terre d'Evêché. »

Le Conseil de son Altesse répond en imposant la ville à 8,000 francs.

Le Duc n'est pas insensible à ces doléances, il se renseigne et reconnaît que l'exode de ses sujets vers les pays voisins n'est pas un conte; en Souverain avisé et paternel, il s'émeut et s'apitoie.

Il revient, pour certaines localités, aux impôts de 1600, soit 10 gros par conduit dans les villages et 12 gros dans les villes.

Il ne peut soulager davantage les contribuables, des nécessités impérieuses s'y opposent l'achèvement des fortifications de Nancy, l'entretien des garnisons, le rachat du Domaine.

Encore cette modération de « l'abut» n'est que temporaire ; on revient vite à demander aux Gouverneurs d'Epinal d'établir les comptes généraux des conduits, du 8e pot de vin et de bière, de l'impôt sur la viande de boucherie et le bétail, ainsi que sur les fenêtres et croisées.

On parle d'un impôt sur les cuirs en tannerie, on va jusqu'à grever de 4 deniers par franc les marchandises au détail.

En 1604, on dresse l'état des conduits du bailliage, «office et

recepte d'Epinal », contribuables à l'ayde du Landfride, accordé à S. M. I. à la dernière diète tenue à Ratisbonne en l'année 1603.

Epinal ne s'exécute jamais que péniblement ; telle année, la Cour de Lorraine lui dépêche un arquebusier pour inviter la ville à verser sans délai sa contribution, car elle est seule en retard.

Une autre fois, on la somme de se libérer pour la fin du mois; elle doit jusqu'à 3,883 francs.

Encore, tous ces subsides ne suffisaient-ils pas au duc de Lorraine et, pressé par le besoin, il lui arrivait de faire appel au crédit des villes et de contracter des emprunts personnels.

A Epinal, il devait en 1606 la somme de 21,662 francs qu'il remboursait comme il pouvait, par annuités, en abandonnant à la ville, pour des périodes de plusieurs années, la ferme des impôts. La ville n'avait pas de ressources suffisantes pour fournir les fonds, elle les empruntait elle-même à des nobles ou à des bourgeois aisés à qui elle servait des intérêts.

Curieuse et touchante assistance d'un souverain par ses sujets, au nom d'une sincère et réciproque affection.

On le voit, et nous y reviendrons, Epinal n'est pas riche; c'est une ville de bourgeois modestes, peu fortunés; elle n'est ni opulente ni même prospère. Il semble bien, il est vrai, que les Spinaliens noircissent quelque peu la situation pour éviter des charges, qui tendent toujours à devenir plus considérables, mais le fond est malheureusement vrai.

En attendant, la ville voit son budget doubler d'importance sous le règne de Charles III, du Prince le plus soucieux du bien-être de ses sujets, le plus économe de leurs deniers. Un avenir prochain lui réserve des sacrifices autrement lourds, qui la conduiront à la pire détresse ou même à l'extrême misère.

Charges militaires de la Ville. Les Elus

Epinal fournissait aussi des soldats au Souverain, à l'exemple des autres parties de ses Etats. Durant la paix,

Charles III entretenait une bonne et solide armée permanente, surtout aux frontières. A part cela, il avait dans chaque ville et aussi dans chaque village, suivant son importance, un ou plusieurs jeunes gens désignés à l'avance, qui vaquaient pour l'ordinaire à leurs occupations, et ne prenaient les armes qu'à l'appel de leur duc, à l'approche du danger. Il pouvait compter ainsi sur des soldats fidèles et robustes, entraînés par le rude labeur professionnel du temps de paix, habiles même aux exercices militaires « par la pratique du tir à blanc et au papegeai », recommandé et encouragé par la faveur ducale.

Il existait, en effet, dans la plupart des villes des confréries d'arquebusieurs et d'arbalétriers qui jouissaient d'importants privilèges.

C'est en tous points ce qui se passait à Epinal. Il y avait d'abord les compagnies d'arquebusiers et d'arbalétriers que nous retrouverons plus loin; il nous suffit de dire, pour l'instant, que les confrères arquebusiers ou arbalétriers, véritable garnison de la ville, prenaient les armes toutes les fois que la sécurité du pays l'exigeait, ou encore pour les cérémonies et parades, notamment pour rendre les honneurs aux Princes et hauts personnages qui illustraient Epinal de leurs visites. Il y avait, en second lieu, le groupe des francs-bourgeois, fournis par la ville et le bailliage, qui avaient la charge spéciale d'occuper et de défendre le château.

La ville entretenait enfin le deuxième contingent dont il vient d'être parlé. Un certain nombre de bourgeois « jeunes fils et valets de bouticles propres à porter les armes » étaient désignés et choisis d'avance; ces « esluz» (élus) équipés et armés aux frais de la ville, étaient, en temps de paix, convoqués à des exercices ou monstres, sous le commandement de chefs locaux et sous la haute direction du bailli et de son lieutenant.

Y avait-il péril de guerre, le duc ordonnait qu'on établit le rôle exact des bourgeois armés et adressait un appel à ses baillis, afin que chacun prît son poste.

De 1600 à la mort de Charles III, la paix du duché ne fut pas troublée. Il y eut cependant, dès l'année 1603, quelques nuages dans ses relations extérieures.

D'une part, Metz et les pays voisins s'agitèrent au point de provoquer l'intervention personnelle du roi de France; d'autre part, un conflit avait surgi entre Venise et la Papauté, et le Prince de Vaudémont, nommé chef suprême des forces de la République, s'était engagé à lui amener un contingent de troupes lorraines (1). Ce furent probablement ces évènements qui décidèrent le duc à se rendre un compte exact de ses ressources. Le 17 février 1603, il envoya à M. de Ragecourt, l'ordre suivant : « Monsieur le Bailli, à l'occurrence des troubles de guerre qui semblent se préparer en divers endroits sans que les desseings en soient bien connus ni certains, je trouve expédient de se munir des choses propres à la défense et conservation de mes états et pays, pour éviter aux surprises.

Je désire que cest cause que vous faites ou faites faire reveu en votre bailliage des sujets d'icelui indifféremment qui seront recongnus être propres à porter les armes, recongnoistre aussi quelles armes ils ont, les leur faire préparer ou tenir prestes pour, quand ils seront commandés de ma part entrer en garnison ou autrement, être équipés, à faire ce qu'il leur sera ordonné et dont vous ferez dresser rooles, pour, à ceste occasion, y avoir recours, le tout néanmoins sans frais, ains par les meilleurs moyens qu'à ce vous trouverez convenables. Et cependant, ferez faire déffence à chacun de s'absenter du pays pour prendre part, ailleurs, sans mon expression, expresse permission et licence.

Aux peines portées par l'ordonnance publiée, et me confiant que ce saurez bien faire, veuille Dieu, M. le Bailly, vous maintenir en sa sainte garde. >>

Le Bailli assure l'exécution de ces ordres et l'entretien des

(1) Dom Calmet. Histoire générale de la Lorraine.

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