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On voit ici l'énorme puissance que devait donner à la monarchie la possession d'une aussi riche contrée. A la vérité, sa population, son industrie, n'étaient pas en proportion de son étendue ; mais les richesses en métaux qu'on en exportait, et le débouché qu'elle offrait au commerce de la métropole, devaient faire de l'Espagne le premier état colonial de l'Europe : elle surpassait sous ce rapport l'Angleterre même, ainsi qu'il résulte de la comparaison des possessions de l'Inde anglaise avec celles de l'Amérique espagnole.

D'après les recherches que j'ai été à portée de faire sur l'état des finances des colonies espagnoles, dit le savant M. Humbolt, il m'a paru que l'on pouvait évaluer le revenu brut de toute l'Amérique espagnole à 36,000,000 de piastres. La population de l'Amérique espagnole est à peu près de quinze millions d'habitans 2; sa surface de quatre cent soixante-huit mille lieues carrées 3.

Les colonies dont on peut indiquer avec quelque certitude le revenu brut, sont les suivantes : Vice-royauté de la Nouvelle

Espagne.....

« Vice-royauté du Pérou.

piastres.

20,000,000

Essai politique sur la Nouvelle-Espagne, tome 5,

4,000,000

page 39.

2 Cette estimation est plus forte de douze cent mille que celle qui est indiquée dans le tableau précédent. Mais l'auteur écrivait plusieurs années après l'époque où le tableau a été dressé, et croyait sans doute la première estimation trop faible.

3 Un peu moins que celle qui est indiquée sur le même tableau.

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et l'île de Cuba, sans les Florides.. 2,300,000 << Iles Philippines, sans le situado1 venant d'Acapulco 2.

Les îles Canaries, annexées à l'Andalousie, ont un revenu brut, y compris la ferme du tabac, de 3...

1,700,000

240,000

« De ces 38,000,000 de piastres, auxquels s'élève le revenu brut des colonies espagnoles en Amérique, en Asie et en Afrique, on peut considérer 8,000,000 et demi de piastres comme profit de monnoyage et impôts levés sur le produit des mines d'or et d'argent; 9,000,000 de piastres comme revenu de la régie du tabac; 20,000,000 et demi comme produit d'alcavala, d'almoxari

On donne le nom de situados à des sommes que les provinces du continent, surtout le Mexique, prennent sur leurs revenus pour venir au secours des autres colonies. Les secours annuels ( situados ) pris sur une moyenne proportionnelle, de 1788 à 1792, se sont élevés, pour le Mexique seul, à la somme de 3,635,000 piastres, répartis entre Cuba, la Floride, Porto-Rico, les Philippines, la Louisiane, la Trinité, et la partie espagnole de Saint-Domingue.

La population de ces îles, en ne comptant que les Indiens soumis dans l'île de Luçon et la Bissayes, donne un million neuf cent mille habitans; leur surface est de quatorze mille six cent quarante lieues carrées.

3 Leur population est de cent quatre vingt mille habitans sur quatre cent vingt et une lieues carrées.

Nota. La capitania générale du Chili, et la vice-royauté de BuenosAyres ne sont pas comprises ici, à défaut de renseignemens certains.

fazgo, de tribut d'Indiens, de vente de poudre et d'autres droits sur la consommation. »>

L'administration intérieure des colonies espagnoles absorbait, avant la révolution, 31,000,000 de piastres par an ; il en refluait près de 8,000,000 dans le trésor royal de Madrid.

Il n'est pas sans intérêt, dans l'état actuel des choses, de pousser cet examen plus loin, et de déterminer le revenu net que la métropole tirait de ses colonies. Nous empruntons encore ces importans détails du même auteur, dont le bel ouvrage sur ces contrées nous fournit tant d'utiles documens.

« Le trésor royal de Madrid reçoit 2 de la viceroyauté de la Nouvelle-Espagne 5 à 6,000,000 de piastres par an; de la vice-royauté du Pérou, un peu plus de 1,000,000; de la vice-royauté de Buenos-Ayres, 6 à 700,000 piastres; de la viceroyauté de la Nouvelle-Grenade, 4 à 500,000 piastres.

« Dans les capitanias generales de Caracas, du Chili, de Guatimala, de l'île de Cuba et de PortoRico, les recettes sont absorbées par les frais d'administration; il en est de même aux Philippines et aux îles Canaries.

<< Toutes les colonies ne produisent par consé

L'alcavala et l'almoxarifazgo sont des droits de douanes qui se perçoivent sur les marchandises à leur entrée et à leur sortie dans les possessions espagnoles.

L'auteur écrivait en 1810.

quent au fisc d'Espagne, année commune, que la somme de 8,200,000 piastres.

« Si l'on considère les colonies comme des provinces éloignées, on trouve que la partie européenne de la monarchie espagnole a un revenu qui égale à peine celui de la partie américaine 1.

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En effet, nous avons vu plus haut que le revenu brut des colonies d'Amérique s'élevait à 38,000,000 de piastres; et celui d'Espagne a varié entre 36 à 37,000,000 de piastres en 1810, il n'a été que de 35,000,000.

Ces données sur la valeur de l'Amérique espagnole nous permettent d'en comparer l'importance avec les possessions anglaises dans l'Inde. On sera peut-être étonné de voir que ces dernières sont loin d'égaler la richesse de la première.

Le tableau suivant en donne la preuve.

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'Le revenu brut de la péninsule ou Espagne d'Europe est de 35,000,000 de piastres; sa population de dix millions quatre cent mille habitans (en 1810); son étendue de vingt-cinq mille lieues carrées.

* La piastre vaut 5 francs 50 centimes.

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