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et la plus riche du Pérou. Toutes les céréales d'Europe y croissent, et la canne à sucre y réussit parfaitement; l'olivier et la vigne y donnent de forts produits, et l'eau-de-vie y est un des principaux objets d'exportation. Nous avons dit que l'or et l'argent produits par les mines de Tarma se transportent à Lima, où les propriétaires de ces mines font leur séjour.

La situation de cette ville est avantageuse; elle commande une vallée dans laquelle coule la rivière de Lima, qui baigne les murs de la ville. On y a construit un assez beau port. On estime sa population de cinquante-deux mille huit cents individus, parmi lesquels on compte treize cent quatre-vingtdix prêtres ou moines, quinze cent quatre-vingts religieuses, six mille Indiens, environ trois mille nègres, et le reste de la population se compose d'Espagnols ou de leurs descendans. On jouit à Lima des quatre saisons comme en Europe, dans un trèsbeau climat. Callao est son port. La population de cette riche contrée ne peut qu'aller en augmentant, par l'introduction de la vaccine, qui y fut apportée en 1802, et par la suppression des couvens de religieux, et surtout de religieuses '.

Dans un pays où la population sura bonde, il est de l'intérêt de l'état de laisser subsister des couvens de religieuses, parce que c'est par les femmes que se fait l'accroissement du nombre des habitans ; mais dans les pays comme le Pérou, ces établissemens nuisent à la population bien plus que les couvens d'hommes, et doivent être suppri. més, ou n'être conservés qu'en très-petit nombre, en laissant aux individus qui s'y retirent la liberté de se consacrer au soin des malades et à l'instruction populaire, ou en leur en imposant le devoir.

L'intendance de Huancavelica, qu'on écrit aussi Guancavelica, dont la capitale compte cinq mille deux cents habitans, est célèbre par sa mine de mercure, située dans les montagnes de SantaBarba, au midi de Huancavelica.

La quantité de mercure qu'on en a retirée s'élève, d'après M. Humbolt, depuis 1570 jusqu'en 1789, à un million quarante mille quatre cent cinquante-deux quintaux. Elle donne, d'après diverses estimations du même auteur, six mille quintaux de mercure par an. La Nouvelle-Espagne, ou le Mexique seul, consomme seize mille quintaux de ce minéral. D'après des calculs fondés, les usines de Potosi ont consommé depuis 1545 jusqu'en 1637 la quantité énorme de. deux cent trente-quatre mille sept cent quintaux de mercure pour le travail de l'or et de l'argent; depuis 1759 jusqu'en 1763, la consommation a été de quinze à dix-sept cents quintaux. par an '.

D'après les recherches qui en ont éte faites, l'Amérique espagnole, savoir, le Mexique, le Pérou, le Chili et le royaume de BuenosAyres (car les autres parties ne connaissent pas les procédés de l'amalgamation ), consomme annuellement plus de vingt-cinq mille quintaux

Les mines du Potosi sont, de toutes les mines de l'Amérique espanole, celles qu'on exploite avec le plus d'activité. Pendant l'année 1790 on a frappé à la monnaie de Potosi 4,222,000 piastres; savoir, 299, 246 piastres, ou deux mille deux cent quatre marcs en or; et 3,923,175 piast., ou quatre cent soixante-deux mille six cent neuf marcs en argent.

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de mercure, dont la valeur s'élève dans les colonies à plus de 6,500,000 francs.

Il s'en importe à la Vera-Cruz, tous les ans, pour le service des mines de la Nouvelle-Espagne, une quantité de huit cent mille kilogrammes, estimés 650,000 piastres.

Les droits que le fisc perçoit sur la vente du mercure dans les colonies espagnoles ne s'élèvent annuellement qu'à 536,000 piastres.

La cour de Madrid s'étant réservé le droit de vendre elle seule le mercure en Amérique, a conclu depuis 1784 un contrat avec l'empereur d'Autriche, d'après lequel celui-ci fournit le mercure au prix de 52 piastres le quintal; elle envoie annuellernent, en temps de paix, par des vaisseaux de la marine royale, tantôt neuf mille, tantôt vingt-quatre mille quintaux de mercure.

En 1803 on forma le projet utile d'approvisionner le Mexique pour plusieurs années, afin que, dans le cas d'une guerre, le travail des mines ne fût pas entravé par le manque de mercure ; mais ce projet n'a point été exécuté.

Le mercure d'Allemagne, fourni par le gouvernement autrichien, n'a été introduit au Mexique que depuis l'écroulement des travaux souterrains. de Huancavelica, et à une époque où la mine d'Almaden ', inondée dans la plupart de ses travaux, ne donnait qu'un produit très-faible. Mais,

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Almaden ou Almadenejos est un bourg ou petite ville d'Espagne de la province de la Manche, sur les frontières de l'Estramadure,

en 1802, cette dernière mine était de nouveau dans un état si florissant, qu'elle seule fournissait par an plus de vingt mille quintaux de mercure, et que l'on pouvait concevoir l'espoir de se passer du mercure allemand pour le Mexique et le Pérou.

Il y a eu des années où dix à douze mille quintaux de ce dernier mercure ont été importés à la Vera-Cruz.

Il résulte d'états authentiques que, depuis 1762 jusqu'en 1781, les usines de la Nouvelle-Espagne seule ont absorbé la somme énorme de cent quatrevingt-onze mille quatre cent cinq quintaux de mercure, valant 60,000,000 de livres tournois.

Cette consommation annonce le besoin du mercure pour mettre en valeur une des premières richesses des colonies espagnoles; et ce besoin tiendrait éternellement ces provinces dans la dépendance de l'Europe, si elles ne pouvaient pas y suppléer par une extraction de mercure indigène. Mais il résulte des recherches de M. Humbolt et d'autres naturalistes, que l'Amérique espagnole contient un grand nombre de mines de mercure, et qu'à mesure que l'art et les recherches s'y perfectionneront, on parviendra à en exploiter la quantité nécessaire. Ainsi les nouveaux états qui se forment n'ont pas à redouter à cet égard le mal qui résulterait de leur rupture avec l'Europe; il est présumable que la nécessité les contraindra même dans ce moment de crise à

se livrer à des essais, à des recherches qui les mettent sur la voie des découvertes. Le savant Humbolt indique dans son ouvrage plusieurs lieux où le cinabre s'offre en assez grande quantité pour en extraire beaucoup de mercure.

Revenons à la province de Huancavelica, dont cette digression nous avait éloigné à propos de la riche mine de Santa-Barba.

Sa population est aujourd'hui au-dessous de ce qu'elle a été; on attribue cette diminution à celle des travaux de sa mine, et aussi aux événemens qui se passent. On nourrit dans un des districts de cette intendance un grand nombre de vigognes ou moutons péruviens, dont la laine forme un article de commerce très-productif.

Guamanca, autre intendance, est située au midi de la précédente et des pays incultes des bords de l'Apurimac ; elle offre un sol fertile en grains et en fruits. Les principaux articles de son commerce sont les bestiaux, les cuirs et les fruits confits; il faut y joindre le produit de ses mines, dont nous avons déjà parlé. Sa ville capitale, qui est la résidence d'un évêque, compte vingt-six mille habitans espagnols, métis, mulâtres et indiens.

Cusco. Cette intendance, ou province, est une des plus industrieuses et des plus grandes du Pérou. Les habitans de sa capitale, dont le nombre est de trente-deux mille, se distinguent dans les manufactures de draps, de cuirs, de coton, dont il se fait une grande consommation à Lima.

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