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Paris jusqu'au 48, en tête à tête avec Larnac. Il caso è triste, mais sans remède. Cela dérange tous les papas et toutes les mamans de Paris, et je ne conçois pas à qui cela peut convenir.

Toutes nos santés sont trop bonnes. Voilà une lettre de Chartres pour vous. Je crains qu'il ne danse un peu trop, mais cela va bien à Joigny.

Attha. n'est pas arrivé, et ne vient que tout à la fin du mois, mais j'espère l'avoir pour Eu, ce que je présume que Berthois désire vivement, car il porte le collier depuis le départ de d'Houdetot sur les ailes de l'amour, c'est-à-dire depuis quinze jours, et je vais le mener à Dreux, en tiers avec Fontaine. Ce pauvre Jules est souffrant. Je vous embrasse, et il me tarde de savoir comment vous trouves mes possessions bretonnes.

NOTE K (page 274).

Proclamations républicaines des 30 et 31 juillet.

Voici quelques-unes des proclamations anonymes qui étaient alors répandues par milliers dans les faubourgs de Paris.

Plus de Bourbons!

a Le parti de l'étranger est vaincu; mais tant que la présence d'un seul Bourbon souillera notre patrie, l'étranger aura en lui un espion et un complice; il n'y a plus de traité possible entre eux et

nous.

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Voilà quarante ans que nous combattons pour nous débarrasser de cette race méprisable et odieuse; hier nous leur avons arraché la couronne de la tête à la pointe de nos baïonnettes; c'est le peuple qui a tout fait; il faut que désormais le gouvernement soit pour le peuple, non pour les prêtres, les aristocrates, l'étranger. Nous avons payé de notre sang notre drapeau tricolore. Nous voulons le conserver, nous voulons que nos officiers municipaux, que nos officiers de garde nationale soient élus par nous; nous ne voulons plus de droits réunis, nous ne voulons plus de monopole........ Nous ne voulons plus de Bourbons, car tout est là, grandeur, repos, prospérité publique, liberté. »

Braves citoyens,

« Vous avez vaincu; d'autres aujourd'hui s'arrogent la victoire;

la Chambre des députés s'abaisse à supplier le duc d'Orléans d'accepter la lieutenance générale du royaume, et à lui exprimer le vœu de conserver la cocarde aux trois couleurs.

Nommée sous une loi tout aristocratique, la Chambre n'a plus le droit de manifester notre volonté.

« Vous avez conquis la liberté : c'est à vos ennemis à supplier, à vous d'ordonner.

«La cocarde tricolore est la couleur populaire; qui oserait vous l'enlever? Votre sang a rougi la cocarde blanche, et ce sang est trop pur pour déteindre jamais.

« Citoyens, c'est à la France entière à faire son choix; mais c'est à la population parisienne à lui conserver ses droits, à les défendre contre l'empiétement de l'ambition et d'un despotisme hypocrite.

« Vous tous qui avez versé votre sang, courez à l'Hôtel de Ville, et que le nom de Lafayette sorte de vos bouches comme il est écrit dans vos cœurs.

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Lafayette, c'est la liberté à son aurore, c'est la tyrannie abaissée, c'est notre glorieuse révolution tout entière.

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Lafayette président provisoire, et la liberté, ce matin compromise, ce soir sera sauvée. »

Au peuple.

« Nous sommes aujourd'hui ce que nous étions hier.

« Vous avez conquis la liberté par votre courage et au prix de votre sang. On veut profiter de la lassitude qu'on vous suppose après de si glorieux travaux, pour vous imposer un autre gouvernement, sans consulter ni vos vœux ni ceux de la France.

. On vous montre un Bourbon comme lieutenant général, et autour de lui des ministres qui n'ont pas la confiance du peuple. C'est un moyen de vous ramener dans six mois Charles X, l'auteur des massacres qui viennent d'ensanglanter Paris. Et dans tous les cas, n'aurez-vous donc conquis qu'un homme par trois journées de carnage? Ce sont des garanties qu'il nous faut, mais des garanties qui assurent à jamais notre mémorable conquête.

Ne songeons en ce moment qu'à affermir notre triomphe; respectons le droit du peuple de constituer le gouvernement qui lui convient.

Que tous les citoyens assurent aujourd'hui la liberté qu'ils viennent de conquérir, en remettant par acclamation la présidence à Lafayette..

T. I.

32

Adresse présentée au général Lafayette et à la Commission

du Gouvernement provisoire (31 juillet).

« La nation seule a vaincu; à elle doit revenir le fruit de la vietoire. Une constitution librement votée par les citoyens, et qui garantisse les droits et les intérêts nationaux, tel a été le but de nos efforts; telle doit être notre récompense.

Déjà la Commission centrale ou Gouvernement provisoire a voulu proclamer les principes écrits dans le cœur de tous les citoyens :

Plus de priviléges héréditaires;

Plus de religion dominante;

« Le concours médiat et immédiat de tous les Français à l'élection de leurs représentants;

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Établissement et conservation de la garde nationale avec nomination de ses officiers par les citoyens;

• Liberté entière de la presse;

a

a

Jury pour la presse en matière politique;

Responsabilité réelle des dépositaires du pouvoir;

« Formation élective des administrations départementales et municipales.

Voilà les principes que les Français veulent aujourd'hui consacrer d'une manière stable. Ces principes sont aussi ceux que la Chambre des représentants de 1815 avait déclarés sous le feu des batteries ennemies, et légués à un avenir qui nous appartient actuellement.

« La Commission municipale, qui représente un gouvernement provisoire, doit rester en permanence jusqu'à ce que la constitution qui assure le règne de nos droits soit arrêtée et jurée par tous les Français. Le peuple ne déposera les armes qu'après que sa conquête lui aura été assurée. »

NOTE L (page 287).

Sur le retour du duc d'Orléans du Raincy à Neuilly (30 juillet 1830).

On lit dans l'Histoire de dix ans, par M. L. Blanc, qu'après la conférence de M. Thiers avec les princesses à Neuilly,

a on convint

que le duc serait prévenu, et M. de Montesquiou lui fut envoyé. « Il était alors au Rainey, où il s'était réfugié. A la nouvelle des « événements qui se préparaient, il monta en voiture; M. de Mon«tesquiou à cheval le précédait. Bientôt le bruit des roues semble « s'arrêter. M. de Montesquiou tourne la tête : la voiture du prince « regagnait le Raincy de toute la vitesse des chevaux. Effet naturel des incertitudes dont le duc d'Orléans était tourmenté ! »

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M. de Lamartine, dans son Histoire de la Restauration, M. A. de Vaulabelle, dans l'Histoire des deux Restaurations, et d'autres écrivains encore ont reproduit les mêmes faits.

Ces faits sont complétement inexacts. Ce n'est pas M. de Montesquiou qui fut envoyé au Raincy; c'est M. Oudart. Pour revenir à Neuilly, le duc d'Orléans monta dans la petite voiture qui avait amené M. Oudart, et dans laquelle celui-ci prit place à ses côtés. M. de Berthois, qui avait suivi le duc au Raincy, et qui y était resté avec lui pendant les trois heures environ qu'il y avait passées, les accompagnait à cheval. Quant au brusque retour de la voiture du duc vers le Raincy, c'est tout simplement une fable.

NOTE M (page 292).

Sur la lettre du duc d'Orléans à Charles X
(31 juillet 1830).

M. le duc de Valmy, dans son livre intitulé: De la Force du droit et du Droit de la force, raconte, au sujet de cette lettre, ce qui suit :

« Le récit qu'on va lire est le résumé fidèle des confidences que nous avons reçues des auteurs ou des témoins du drame secret que nous allons rappeler.

. C'est dans la nuit du 31 juillet, vers une heure après minuit, que M. le duc d'Orléans fit appeler au Palais-Royal un personnage investi de toute la confiance du roi Charles X, et momentanément retiré au palais du Luxembourg; c'est dans un cabinet où le lieutenant général du royaume avait fait jeter un matelas pour prendre quelque repos que les explications ont été échangées. L'entrevue fut longue, elle dura plusieurs heures. L'avenir de la monarchie y fut examiné ; la responsabilité de la maison d'Orléans, les éventua

lités d'un couronnement, tout fut prévu et discuté ; et, en dernière analyse, M. le duc d'Orléans exprima ses résolutions dans une lettre qu'il adressa au roi Charles X, et qu'il confia au personnage qu'il avait fait appeler. Celui-ci, de retour au palais du Luxembourg, remit la lettre à un serviteur fidèle, et le chargea de la porter secrètement à Trianon, où le Roi s'était retiré en quittant Saint-Cloud, avec recommandation expresse d'anéantir cette dépêche à tout prix en cas d'arrestation pendant le trajet. La lettre portait pour suscription au Roi, plus bas : le duc d'Orléans.

« Au moment d'emporter ce précieux document à travers les lignes ennemies, le fidèle serviteur voulut se munir d'une copie, afin de la transmettre au Roi si les circonstances l'obligeaient à faire disparaître l'original. Cette précaution était justifiée par les circon

stances.

Cependant la chambre où il se trouvait était dénuée de tout: une plume fichée dans un vieil encrier de verre formait le mobilier du bureau; le papier manquait absolument. Toutefois la Providence, qui se plait souvent à montrer son intervention dans ces grandes péripéties, avait permis qu'un ancien traité des ordres du SaintEsprit et de Saint-Michel se trouvât là pour recevoir la copie des explications de la maison d'Orléans, et la rendre plus sacrée. Le feuillet le plus blanc de ce livre, celui qui portait la table des matières, en fut arraché, et la copie de la lettre du lieutenant général du royaume y fut écrite dans un moment où la révolution était déjà maîtresse du Palais-Royal. Ce feuillet, gardé pendant quinze ans dans une boîte de fer-blanc, par celui qui l'a écrit, nous a été confié en 1845, dans l'espoir que nous en ferions l'usage le plus loyal et le plus profitable.

« Voici donc la copie authentique de la lettre du duc d'Orléans au roi Charles X. Le public jugera si nous avons répondu à la confiance qu'on nous avait témoignée :

« M. de *** dira à Votre Majesté comment l'on m'a amené ici par a force. J'ignore jusqu'à quel point ces gens-ci pourront user de « violence à mon égard; mais (s'il arrivait 1) si dans cet affreux désordre il arrivait que l'on m'imposât un titre auquel je n'ai jamais aspiré, que Votre Majesté soit (convaincue) bien persuadée « que je n'envierais toute espèce de pouvoir que TEMPORAIREMENT, ⚫ et dans le seul intérêt de NOTRE MAISON.

1 Les mots enfermés entre parenthèses sont rayés, mais restés lisibles dans le manuscrit.

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