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PÉTITION

A LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS;

Par Xavier LEBRET, baron' d'Imbert.

[Brochure in-8°. de 3ro pages.] S

CETTE brochure est divisée, en deux parties. Dans l'une, l'auteur s'adresse à la chambre des députés pour se plaindre d'une ordonnance, du ministre de la marine, qui le destitue de sa qualité de contre-amiral, et qui le prive de sa pension de retraite. Dans l'autre, il rend compte des services qu'il a rendus à son roi légitime et au gouvernement anglais, depuis le commencement de la révolution jusqu'au jour de la restauration. La dernière partie, qui renferme des documens historiques précieux à recueillir, est la seule dont nous nous occuperons dans cette analyse. Un extrait de la première, qui se compose d'une discussion sur une question législative, serait ici sans objet.

Lorsqu'un peuple est divisé en deux partis, il est très-rare que celui des deux qui prend le dessus n'abuse pas de la victoire, et que le

vaincu ne commence pas à avoir raison, à l'instant où il sent que la force l'abandonne. De là naît sans doute le penchant qu'éprouvent les hommes justes et généreux de venir au secours du plus faible, avant même que de savoir s'il a raison. De là naît probablement aussi la honte qui s'attache à ces êtres lâches et vils, toujours disposés à voler au secours du plus fort. Un homme qui prête ses forces au parti le plus faible est donc presque toujours un homme estimable auquel on peut se fier. Un gouvernement, au contraire, qui vient se mêler aux querelles d'un peuple sous prétexte de secourir les faibles, est toujours un médiateur ou un auxiliaire redoutable. Son but ordinaire est d'affaiblir un parti par l'autre, et de se rendre ainsi

maître de tous les deux.

Ce fut en suivant cette tactique plus encore qu'en livrant des batailles que le sénat romain se rendit maître du monde. S'il se formait deux partis dans une république, on voyait tout à coup arriver un ambassadeur romain qui se présentait comme arbitre, et qui menaçait le parti dominant de la colère du sénat et du peuple, s'il refusait l'arbitrage. Si un peuple opprimé parvenait à expulser un tyran et ses satellites, le sénat romain prenait la défense Cens. Europ.-TOM. IX. 13

des bannis, demandait leur rappel, et, par ses intrigues ou par la force de ses armes, parvenait toujours à les rétablir et à dominer sous leur nom. Si au contraire un roi était assez juste et assez fort pour se maintenir sans secours étrangers, le sénat de Rome prenait la défense du parti opposé, et avec son secours il imposait des lois au parti le plus fort. Le grand moyen d'asservissement, en un mot, était de fomenter des partis chez les peuples qu'on voulait exploiter, de prendre fait et cause pour l'un des deux, et d'avoir ainsi des intelligences avec une partie du peuple ennemi.

L'oligarchie anglaise a hérité de la politique du sénat romain. Diviser les peuples, donner tour à tour des armes à tous les partis, les détruire les uns par les autres, et s'établir doucement au milieu d'eux pour être maître de tous : telle est depuis long-temps la tactique qu'elle emploie. Nous l'avons vue, par exemple, se servir des Cortès pour détruire les Français, et prêter ensuite des armes à Ferdinand pour détruire les Cortès, finir par se rendre maître du commerce du pays en profitant des besoins du gouvernement. Le rôle qu'elle a joué dans nos divisions, pour n'avoir pas été aperçu du vulgaire, n'a pas été sans importance. Notre des

sein n'est pas d'en développer ici les parties déjà connues; nous voulons exposer seulement ce qui se trouve consigné à cet égard dans le mémoire de M. le baron d'Imbert.

Le baron d'Imbert se trouvait à Paris au commencement de la révolution. Son zèle pour la cause de la monarchie n'était point équivoque ; il l'avait manifesté dans beaucoup de circonstances. Les gardes-du-corps devant être supprimés et remplacés par une autre garde, on s'occupa de pourvoir d'une autre manière à la sûreté du monarque, 'et M. le baron ne fut pas oublié : « Mes opinions et mon >> caractère, dit-il, inspirèrent assez de con>> fiance pour me faire admettre dans les com

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pagnies secrètes qui devaient remplacer les » gardes-du-corps. » (Pag. 64.)

Il fut bientôt chargé de plusieurs missions importantes qu'il ne doit pas, dit-il, faire connaître. Une lettre datée de Coblentz, du 28 avril 1792, et signée du marquis de Miran, prouve qu'en effet les royalistes avaît une trèsgrande confiance en lui. M. de Miran lái annonce, par cette lettre, que les princes ont été fort contens de son zele. « Ils m'ont chargé, lui dit-il, de vous en témoigner leur satisfac

tion,

et vous ont fait inscrire sur la liste des

chevaliers français employés dans les armées méridionales. Les lieutenans généraux qui commanderont dans cette partie auront l'ordre de classer chacun d'après les titres de leurs anciens et bons services. » (Pag. 65.)

Le gouvernement qui venait de s'établir voulait remonter la marine, et prévenir l'émigration des officiers. M. le baron d'Imbert refusa de se trouver à l'inspection de la nouvelle organisation du corps. Son inclination le portait à suivre les princes en pays étrangers. « Mais, dit-il, bientôt des ordres supérieurs et secrets m'obligent à continuer mon état, je fais une entière abnégation de moi-même : l'intérêt du souverain a parlé, et tout doit être alors résignation. Je prends du service dans la marine, et je suis nommé commandant en chef de l'une des escadres de la Méditerranée. » Ce fut en 1792 que M. le baron d'Imbert accepta les fonctions de commandant d'escadre.

Au mois de mars 1793, il avait entièrement gagné la confiance du gouvernement: car il en recut, en sa qualité de commandant d'escadre de la Méditerranée, une mission fort importante pour Alger. Cette mission, qui lui fut adressée par le ministre de la marine M. Monge, était secrète, et on n'accusera pas M. le baron

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