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l'un, M. Green, me donne son adresse pour que je puisse invoquer son témoignage au besoin.

» Alors tout change de face; on balbutie, et l'on finit par dire qu'on n'a pas d'autre mission que de me conduire à Dunkerque; mais qu'il n'y a pas moyen de faire autrement, attendu que la maison est investie par ordre supérieur.... »

M. le baron d'Imbert se consola des rigueurs auxquelles il était exposé en songeant qu'il avait déposé ses titres chez son procureur ; que ses assassins n'auraient que sa vie, et que ses créanciers seraient payés. A cinq heures du matin, il se rendit à bord. « Là, dit-il, seul en présence de mes malheurs, je me hâtai de me déshabiller pour convaincre mes gardes que je n'avais plus de papiers.

» Dès ce moment, il s'opéra un changement subit, et Coper, avec lequel je restai seul, fut constamment à mes ordres..... Nous fimes voile pour Boulogne, où nous arrivâmes le 19 janvier, à quatre heures du soir. >>

Dans un moment où l'on s'occupe de conspirations contre le gouvernement et contre une partie de la nation française, nous avons cru devoir fixer l'attention de nos lecteurs sur le

point d'où partent souvent les conspirations. On se tromperait beaucoup, si l'on croyait que les trames ourdies par des ministres anglais ont eu pour objet la prospérité de la France, ou le bien-être de telle ou telle famille ; leur but unique a été de nous affaiblir en nous divisant, et de dominer ensuite sur nous et sur nos voisins. Ce qu'ils ont fait contre la république ou contre l'empire, ils le feraient contre-le gouvernement actuel, si leur politique le demandait ; et si l'on voulait remonter à la cause des excès qui ont été commis dans quelquesunes des villes les plus industrieuses de France, peut-être serait-on obligé de passer la mer pour la trouver. La trahison peut se cacher sous l'ultra-royalisme, comme sous toute autre bannière.

Il ne faut anglais prenne toujours le parti de la justice, parce qu'il peut l'avoir pris quelquefois. Pour mener les peuples, il a besoin de leur cacher le but où il les conduit : et il ne peut mieux le cacher qu'en metttant en avant un objet respectable aux yeux des nations. C'est par ce moyen qu'il peut faire concourir des hommes à des desseins qu'ils combattraient s'ils pouvaient les apercevoir : la vertu trop confiante

pas croire que le gouvernement

peut ainsi devenir l'auxiliaire de la scélératesse. Au reste, nous rapportons les assertions de M. le baron d'Imbert sans les affirmer. Nous ignorons complétement si elles sont ou non conformes à la vérité; tout ce que nous pouvons assurer, c'est l'existence de la brochure dont nous avons rendu compte, brochure qui se trouve à Paris, chez l'auteur, rue de Berri, n°. 11, de l'imprimerie de Mme. JeunehommeCremière, rue Hautefeuille, n°. 20.

TROISIÈME PARTIE.

ACTES DU GOUVERNEMENT.

POURSUITES JUDICIAIRES.

Dirigées contre les protestans des Cévennes.

Nous avons eu souvent occasion de faire observer qué la liberté des cultes était incompatible avec toute espèce d'action sur les cultes, de la part du gouvernement. Si les cultes sont libres, les magistrats doivent se borner à protéger chacun dans l'exercice du sien: dès qu'ils se permettent d'aller au-delà, on ne sait plus où ils s'arrêteront, parce qu'on n'aperçoit plus de bornes à leur autorité. L'expérience a déjà fait sentir la vérité de cette observation; et de jour en jour elle la fera sentir davantage.

Ce qui distingue spécialement les protestans des catholiques, c'est que les premiers ne croient point à la transsubstantiation, ou à la présence

réelle, tandis que les seconds au contraire en font un article de foi. De cette différence dans la croyance, il résulte que les uns regardent comme un acte d'idolâtrie ce que les autres considèrent comme un acte de piétié, et que ce qui est pour ceux-ci une obligation imposée par la Divinité, est pour ceux-là un acte de superstition que la Divinité proscrit,

Dans les processions de la Fête-Dieu, il est donc tout naturel que les catholiques ornent les rues par où doit passer la Divinité, suivant leur croyance; mais il est aussi naturel que les protestans se refusent à des actes extérieurs que leur croyance leur interdit. Les opinions étant libres en fait de religion comme en toute autre matière, il suffit qu'il plaise à une personne de s'abstenir d'un acte religieux pour que nul - ne puisse ly contraindre : mais, dorsque la croyance d'une secte est fixée, et que ses dogmes sont bien connus, c'est un véritable attentat contre la liberté des cultes, que d'obliger ceux qui appartiennent à cette secte, à faire des actes contraires à la croyance ou aux dogmes qui en font la base.

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Les protestans, par exemple, n'admettent pas qu'on puisse, sans idolâtrie, participer aux cérémonies que font les prêtres catholiques

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