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une constitution de douze pages, se réta→ blir dans tous ses droits, dont elle n'a plus qu'une vaine apparence. Ce changement peut s'opérer en un jour, sans que l'ordre d'aucune affaire, le repos d'une seule famille, de simples citoyens, y soient un instant troublés. Or, ceux qui craindraient que ce peuple ne s'élevât à la liberté, à l'égalité républicaines, qui voudraient continuer de le corrompre et de le dépouiller, qui suivraient, de concert avec des tyrans étrangers, un plan combiné pour l'asservir, les ministres de son roi, par exemple, ne devraient-ils pas désirer d'inspirer à ce peuple l'horreur de la révolution française, de lui persuader que la sienne entraînerait les mêmes malheurs? Ne devraient-ils

pas chercher à le mettre en guerre avec la France, afin de la lui rendre odieuse? Ne devraient-ils pas employer, pour nuire à la nation française, toutes les ruses de la politique, et toutes les ressources de la corruption pour y perpétuer les troubles? Ne leur serait-il pas utile d'exagérer ensuite ces mêmes troubles, pour avoir un prétexte de traiter comme une troupe de séditieux,

une société de citoyens paisibles, coupables d'avoir formé le projet de réclamer leurs droits ? Ne serait-ce pas alors qu'ils oseraient se vanter de maintenir la paix, quand ils ne songent qu'à violer impunément les lois, et à cimenter la tyrannie ?

N'est-ce pas là ce que j'ai dû lire dans le blanc de vos pages? N'est-ce pas le violent désir de distraire ou de dégoûter les Anglais d'une réforme parlementaire qui vous rend si moral, quand vous soudoyez des traîtres; si humain, lorsque d'un bout de l'Europe à l'autre, vos émissaires achètent des assassins contre la France?

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Cependant, je crains bien que, malgré sa sagesse prématurée, le jeune Pitt, devenu homme, ne reste un écolier étourdi. Vous avez cru mener les Français républicains comme votre père menait les ministres de Louis XV. Je pourrais vous dire, comme l'ambassadeur de Hollande à Charles II: ah! sire, ce Cromwel était autre chose; mais les Français sont aussi d'autres hommes. Vous êtes glorieux d'avoir été déclaré, par la convention française l'ennemi du genre humain. C'est une

vérité triviale qu'il était au dessous d'elle de prononcer. Dix autres noms pouvaient avec autant de justice, se trouver au bout de la plume du rédacteur. Mais tremblez que la convention de la Grande-Bretagne, plus prochaine que vous ne pensez, ne vous déclare, dans peu, l'ennemi de votre patrie. Croyez-moi, digne émule des Bute, des Grafton, des North, qui ont, avant vous, illustré le règne de Georges III, faites comme eux retirez-vous à temps, et abandonnez à d'autres les rênes de la révolution britannique, que vous ne pouvez empêcher, ni même retarder; et que vos mains incertaines n'auront, ni la force, ni l'adresse de tempérer, encore moins de diriger.

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PLAN

DE CONSTITUTION,

PRÉSENTÉ

A LA CONVENTION NATIONALE,

Les 15 et 16 février 1793, l'an II de la République.

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