Page images
PDF
EPUB

LES DÉPUTÉS

DU DÉPARTEMENT DE L'AISNE

A LA CONVENTION NATIONALE,

AUX CITOYENS

DU DÉPARTEMENT.

2

DU DÉPARTEMENT DE L'AISNE

A LA CONVENTION NATIONALE

AUX CITOYENS DU DÉPARTEMENT.

UN général perfide a trahi la cause de la liberté, et cette trahison a jeté la lumière sur les manœuvres employées depuis 1789, pour réduire la révolution à un changement de dynastie; a dévoilé les intentions secrètes de ceux qui espéraient, par l'excès du désordre nous forcer de recevoir le roi auquel ils s'étaient vendus. Nous sommes chargés de maintenir la liberté et l'égalité ; cette mission est trop belle pour ne pas la remplir: ainsi, plus les obstacles se multiplient, et plus notre courage doit

s'acroître.

[ocr errors]

Déja une partie des citoyens de plusieurs départements s'étaient armés contre la république. Une conspiration d'émigrés, de

ci-devant nobles et de prêtres, restés dans le sein de la France, pour le déchirer plus sûrement, avait préparé ces soulèvements; et ils auraient éclaté d'une manière plus dangereuse, si le conseil exécutif, si le comité de sûreté générale, instruits depuis plusieurs mois de l'existence du complot, n'en eussent brisé la trame, en faisant arrêter les chefs avant l'époque qu'ils avaient marquée.

Dans toute la France, on essaie de diviser en deux partis les citoyens, réunis par la haine de la royauté, par la ferme résolution de maintenir l'égalité républicaine. C'est vers ce but que nos ennemis dirigent leurs efforts, malheureusement trop secondés par des Français que leur passion même pour la liberté rend plus faciles à égarer. Tantôt on persuade à une portion du peuple, qu'elle peut exercer seule sa souveraineté, afin qu'elle s'élève contre les lois faites au nom du peuple entier par ses représentants; tantôt on abuse du mot sacré d'égalité pour l'armer contre la propriété, parce qu'on sait combien de

fois ces mêmes erreurs ont précipité les nations dans l'esclavage, combien de fois les efforts généreux des amis de la liberté se sont brisés contre cet écueil.

Si l'augmentation de la masse des assignats a fait hausser les prix ; si le défaut de confiance, suite de ces mêmes désordres qu'on s'est plu à provoquer, ont ralenti l'activité du commerce, et intercepté ou embarrassé les communications, on en profite pour répandre, sur les subsistances, des terreurs qui finiraient par changer, en une réalité funeste, ces apparences de disette.

Les citoyens pourraient éviter ces pièges, en se liant fortement à la convention, et on cherche à lui enlever la confiance du peuple; elle est le seul pouvoir émané de la volonté nationale, et nos ennemis espèrent que, s'ils affaiblissent une autorité qui n'a de base réelle que cette confiance, ils pourront plus aisément nous diviser et nous vaincre.

Au milieu de ces maux dont la réunion des citoyens dans un même esprit, dans une même volonté, est l'unique remède

« PreviousContinue »