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» Je sais que l'initiative doit venir de moi. Je m'efforcerai d'accélérer l'expédition des affaires, de donner autour de moi l'impulsion que je vous prie de communiquer autour de vous. Je désire reconnaître partout ce zèle infatigable et persévérant, que l'intérêt public peut tout aussi bien inspirer que l'intérêt privé, et qui seul peut répondre au mouvement pressé de la société actuelle.

» Je vous demande enfin, monsieur le préfet, d'entretenir avec moi des communications suivies. Promettez-moi une entière franchise. L'administration doit s'appuyer avec confiance sur le gouvernement. Je serais indigne de la haute mission que j'ai reçue, si je ne vous prêtais, en toute occasion, un fidèle appui. Que l'administration, qui se plaint quelquefois d'être abandonnée, nous mette à l'épreuve. Si elle consulte, elle sera dirigée; si elle hésite, elle sera soutenue; si on l'attaque, elle sera défendue. Je serai heureux de contribuer à lui donner la force et l'unité.

>> Monsieur le préfet, ce que je vous demande, ce que j'essaie moi-même est difficile. Mais nous avons, Vous et moi, le sentiment profond de nos devoirs. Le roi et le pays peuvent compter sur notre dévouement. »

ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.

Question des fron

tières. Dans une note adressée au secrétaire d'état des affaires étrangères, l'ambassadeur de la grande-Bretagne à Washington se plaint de la conduite des autorités de l'état du Maine, et demande qu'elles se bornent à occuper la vallée de Saint-Jean, sans s'étendre dans celle d'Arostock.

14.

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BELGIQUE. Démission du ministère. Voici quelle en est la cause: Le général Vandersmissen

impliqué dans une conspiration orangiste, s'était enfui en Hollande; plus tard, il avait été réintégré par le ministère Lebeau sur les cadres de l'état-major de l'armée belge. Cette réintégration a, dans la séance de ce jour, provoqué, de la part de la chambre, un vote de censure, à la majorité de quarante-deux voix contre trente-huit, devant lequel le ministère a cru devoir donner sa démission.

15. — ALGÉRIE. — Occupation de Scherschel. Un brick de commerce, le Frédéric-Adolphe, capitaine Jouve, parti d'Oran pour Alger avec un chargement, fut pris par un calme plat à la hauteur de Scherschel, le 26 décembre 1839. Les Kabaïles du voisinage l'ayant aperçu, se jetèrent dans une tartane portant pavillon rouge, et se dirigèrent, au nombre d'une cinquantaine, vers le navire arrêté. Dans l'impossibilité, soit de gagner le large, soit de résister, puisqu'il n'avait pas d'armes, le capitaine fit mettre la chaloupe à la mer, et arriva à Alger à une heure après minuit, avec son faible équipage et ses passagers. Les Kabaïles pillèrent le navire et le démâtèrent. Cette insulte faite au pavillon français rendait nécessaire l'occupation d'un port qui pouvait devenir le foyer de nouveaux actes de piraterie. L'occupation de Scherschel, l'ancienne Julia Cæsarea, devait donc être et fut en effet le premier acte de la campagne de 1840 contre Abd-el-Kader. Le corps expéditionnaire, fort d'environ dix à douze mille hommes, parti en trois colonnes de Blidah et de Koléah, le 12 mars, s'est réuni le 13 au Bordj-el-Arbah, et a continué sa marche, en une seule colonne, sur Scherschel, sans rencontrer de résistance sérieuse. Le 15, à dix heures du matin, il arrive devant la ville, qu'à son approche les habitants avaient évacuée. Les Kabaïles en avaient fermé les

portes: deux coups de canon suffisent pour les abattre. Le 17o léger entre dans la place, sur laquelle le pavillon tricolore est immédiatement élevé.

ANGLETERRE.

Affaire des soufres de Sicile.Le chargé d'affaires du gouvernement britannique à Naples, sir Temple, remet au gouvernement napolitain une note portant sommation de rompre instantanément les engagements contractés avec la compagnie commerciale des soufres. L'Angleterre élève, pour la première fois, la prétention d'exiger des réparations pécuniaires au profit des sujets anglais qu'elle prétend lésés par ce contrat.

A ces exigences insolites, le roi de Naples a répondu : « Le traité de 1816 n'est évidemment point violé par le » contrat des soufres. Au lieu d'avoir éprouvé des domma»ges, les sujets britanniques ont réalisé des profits consi» dérables. J'ai pour moi Dieu et la justice; et j'ai plus de >> confiance dans la force du droit, que dans le droit de la » force. A la suite de cette déclaration, le gouvernement napolitain se prépare hardiment à la lutte contre sa puissante adversaire.

Coalition d'ouvriers mineurs à Rive-de-Gier. Le tribunal correctionnel de Saint-Étienne prononce son jugement dans une affaire de coalition des ouvriers mineurs de Rive-de-Gier. Cette coalition avait eu lieu par suite d'une réduction de 5 à 15 centimes sur le prix du salaire des ouvriers. Huit ont été condamnés à dix jours de prison, un à quinze jours de la même peine, et tous solidairement aux dépens, avec contrainte par corps.

17. SERVIE.

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Investiture du prince Michel à Belgrade. Il a été donné lecture dans le sénat du firman qui investit le prince Michel de la souveraineté de la

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Servie, en lui adjoignant comme assesseurs MM. Abraham Petroniewich et Thomas Wucsies. Aussitôt un tumulte extraordinaire s'élève. Jefrem Obrenowitsch, frère de Milosh, attaque violemment le firman impérial, et déclare qu'il n'entend se soumettre qu'à un seul chef, et non pas à trois. Le parti national, au contraire, approuve hautement le firman. La querelle étant devenue plus violente plusieurs sénateurs quittent la salle et expédient des courriers pour Constantinople et Saint-Pétersbourg. Alors le prince, le métropolitain, le consul russe, le commissaire ottoman et le pacha commandant de la forteresse arrivent pour calmer les mécontents et leur signifier que l'on ne changera pas un mot au firman impérial, qui sera publié le lendemain dans le Kali-Meidan.

Aujourd'hui la garnison turque et servienne de Belgrade s'est rendue sur le Kali-Meidan, où déjà une grande masse de peuple s'était réunie. Un instant après, le pacha et le prince, accompagné de ses ministres, des dignitaires et de ses serviteurs, sont arrivés et ont pris place dans les tentes qu'on leur avait préparées. Le commissaire ottoman arrive aussi, escorté d'un détachement de cavalerie, monte à une tribune, et donne lecture du firman impérial au peuple assemblé. Aussitôt les applaudissements éclatent de tous côtés. Jefrem Obrenowitsch seul ne se livre point à ce mouvement de joie générale, et rentre chez lui. Le prince Michel se rend en grande pompe à l'église, où il jure sur les Évangiles de maintenir la constitution.

BENGALE.

- Une cause Affaires de la Chine. de haute importance dans les conjonctures actuelles est plaidée, à la cour suprême de Calcutta, dans le Bengale. Le capitaine Charles Elliot, commandant supérieur des forces britanniques à Canton, s'est vu contraint de livrer

aux autorités chinoises pour cinquante millions de francs d'opium, afin de racheter non-seulement la liberté, mais la vie de plusieurs négociants anglais retenus prisonniers et menacés des plus cruels supplices. Quelques négociants indiens, victimes de ce coup d'état du gouvernement chinois, ont actionné en garantie les compagnies d'assurances qui avaient répondu des caisses d'opium confisquées. La première cause appelée a été celle de la maison Ramsabuch-Mullick contre la société d'assurances dont M. de Souza est le gérant. La cour suprême de Calcutta a décidé en premier lieu que, si le surintendant Charles Elliot avait agi dans la limite des pouvoirs à lui conférés par son gouvernement, il n'avait cependant pas eu le droit de porter atteinte à des contrats particuliers. Mais en second lieu elle a décidé que la proclamation du capitaine Charles Elliot, portant injonction aux négociants anglais établis à Canton de livrer tout leur opium, étant l'effet de la contrainte exercée par une puissance étrangère, ne pouvait être considérée comme un acte du gouvernement anglais; que l'obéissance à une telle proclamation n'était point légalement obligatoire; que les consignataires RamsabuckMullick et compagnie auraient pu s'y soustraire, et qu'ainsi ils étaient non recevables dans leur demande contre les assureurs. Il y aura appel au conseil privé de cette décision et des autres sentences qui la suivront, si elles sont rendues dans le même sens. L'arrêt de Calcutta a d'autant plus d'intérêt, qu'il préjuge, contre les marchands d'opium, la question d'indemnité qu'ils prétendent élever au parlement contre le gouvernement britannique.

18.

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Pension à la veuve du colonel Combes.Une loi accorde, à titre de récompense nationale, une

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