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métique ne parvint à délivrer de leur dévastation qu'à force de présents. Ils retournèrent alors sur leurs pas et occupèrent vingt-huit ans les deux Arménies, la Cappadoce, le Pont, la Colchide et l'Ibérie. Quelques-uns d'entre eux restèrent en Palestine, et, après avoir pillé le temple de Vénus à Ascalon, s'établirent en deçà du Jourdain, dans une ville qu'on nomma depuis Scythopolis.

Cyaxare avait été forcé de faire une paix honteuse avec les Scythes et de se rendre leur tributaire. Convaincu qu'il ne pouvait se défaire d'eux par la force, il résolut de s'en délivrer par trahison.

Suivant la coutume des Mèdes, à une certaine époque de l'année, chaque famille se réunissait pour un festin. Le roi invita au sien les principaux chefs des Scythes. Chacun de ses sujets en fit autant dans sa maison, et, à la fin du repas, on égorgea tous ces étrangers. Un très-petit nombre échappé au poignard fut réduit en servitude, et ceux qui par fortune ne s'étaient point trouvés au festin, s'enfuirent en Lydie près du roi Alyatte, qui les reçut avec humanité. L'implacable Cyaxare exigeait que ce prince lui livrât ces infortunés; sur son refus, il porta la guerre en Lydie. Après plusieurs combats où l'avantage fut alternatif, et dans la sixième année de cette guerre, les deux rois se livrèrent une grande bataille; mais tandis qu'on se battait, il survint une éclipse de soleil que Thalès de Milet avait prédite. Les Mèdes et les Lydiens, effrayés de cet événement qu'ils regardaient comme un signe de la colère des dieux, se retirèrent chacun de leur côté, et firent ensuite la paix, sous la médiation de Syannésis, roi de Cilicie, et de Nabuchodonosor, roi de Babylone.

Pour cimenter ce traité, Argénis, fille d'Alyatte, épousa Astyage, fils de Cyaxare. Les historiens anciens, en parlant de ce fait, nous font connaître une étrange cérémonie qui était d'usage alors entre ceux qui contractaient une alliance. Les deux parties se faisaient des incisions aux bras et buvaient mutuellement leur sang.

Après avoir quelque temps joui du repos, Cyaxare, ayant appris que Nabopolassar avait excité une révolte dans Babylone, se joignit à lui pour exécuter ses anciens projets contre les Assyriens. Ils assiégèrent et prirent Ninive, tuèrent Saracus qui en était roi, et ruinèrent de fond en comble cette grande ville. Les deux armées s'enrichirent de ses dépouilles, et Cyaxare, poursuivant ses victoires, s'empara de toutes les autres villes de l'Assyrie, excepté de Babylone et de la Chaldée, qui appartenait à Nabopolassar.

Après cette expédition, Cyaxare mourut : il avait régné quarante ans. Son fils Astyage hérita de son trône.

ASTYAGE.

(An du monde 3409. - Avant Jésus-Christ 595.)

Quelques auteurs ont pensé qu'Astyage était le même qu'Assuérus, dont parle l'Écriture. Son règne, qui dura trente-cinq ans, ne fut signalé par aucun événement remarquable; l'histoire n'en a pas conservé de traces. Il eut deux enfants, Cyaxare et Mandane. Mandane épousa Cambyse, fils d'Achémènes, roi de Perse; de ce mariage naquit le fameux Cyrus.

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Cyaxare II fut le dernier roi des Mèdes. Son neveu Cyrus réunit la Médie à la Perse.

LYDIENS.

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Culte des Lydiens.

Description de la Lydie. Le fleuve d'or. Leurs inventions.—CANDAULE, premier roi lydien.—Sa vanité cause sa mort. —— GYGÈS.—Sédition apaisée par l'oracle de Delphies.-ARDYS.-Son règne obscur.-Sadyatte, -Son règne de douze ans. — - ALYATTE. Ses conquêtes. Paix avec les MiléCRÉSUS. — Ses richesses. — Ses conquêtes. — Son entretien avec Solon,

siens.

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Il est impossible de fixer l'étendue des différents petits royaumes de l'Asie-Mineure. Les peuples de ces contrées, tantôt agrandis par leurs victoires sur leurs voisins et tantôt resserrés dans des limites plus étroites par leurs défaites, envahis successivement par les Assyriens, les Scythes, les Mèdes, les Grecs, éprouvèrent enfin le sort de toutes les nations civilisées, et devinrent des provinces de l'empire romain.

Le royaume de Lydie se trouvait entre la Mysie, la Carie et l'Ionie. Sa capitale était la ville de Sardes, située au pied du mont Tmolus, sur les rives du Pactole, fleuve fameux dans la fable et dans l'histoire, et qui roulait de l'or dans ses sables. La possession de cette ville semblait si importante aux Perses que, lorsque les Grecs s'en furent emparés, Xercès ordonna que chaque jour, à son repas, on vînt lui dire : « Les Grecs ont « pris Sardes. »

Les Lydiens croyaient descendre des Égyptiens; leur religion était celle des Grecs. Ce fut en Lydie qu'on vit briller plusieurs héros des temps fabuleux : Hercule filait chez Omphale, reine des Lydiens.

Les Lydiens étaient laborieux; on y punissait l'oisiveté comme en Égypte. Ils avaient adopté des Assyriens l'infàme coutume qui faisait de la prostitution un acte religieux. Ori leur attribuait l'invention de la monnaie, des jeux de dés, des auberges, de plusieurs instruments. Adonnés au commerce, ils acquirent de grandes richesses; les rois de Perse en recevaient d'énormes tributs; et un seul négociant, nommé Pythius, défraya l'armée de Xercès et fit présent à ce prince d'un platane et d'une vigne d'or massif.

Le premier de leurs rois se nommait, dit-on, Manès. Ils le choisirent parmi les esclaves, espérant que le souvenir de sa servitude l'empêcherait de les opprimer. Quinze rois lui succédèrent; on ne connaît leurs règnes que par des fables trop grossières pour être rapportées.

CANDAULE.

Candaule est le premier roi lydien dont les historiens de l'antiquité aient parlé avec détail. Épris de sa femme, il ne cessait de vanter sa beauté. Son imprudente vanité le porta à vouloir que Gygès, un de ses premiers officiers, jugea par ses propres yeux des charmes de cette princesse. Lorsqu'il quitta l'endroit secret où le roi l'avait placé, près du bain de la reine, celle-ci l'aperçut et n'en parla pas; mais, animée par le désir de se venger, ou peut-être par une passion coupable, elle fit venir Gygès, et lui donna le choix d'expier son crime par sa mort ou par celle du roi. Celui-ci prit le dernier parti; il tua Candaule et devint le maître de son lit et de son trône, que perdit ainsi la famille des Héraclides. Cette histoire, que nous a transmise Hérodote, est rapportée autrement par Platon: il dit que Gygès portait un anneau qui le rendait invisible quand il voulait, et qu'au moyen de cette bague il avait enlevé à Candaule le trône et la vie.

GYGÈS.

Son règne fut d'abord troublé par une sédition qu'excitait l'horreur de son crime; mais les deux partis, au lieu de se battre, convinrent de s'en rapporter à l'oracle de Delphes. Gygès envoya au temple de magnifiques présents qui valaient près d'un million, et le dieu se déclara pour lui.

Gygès régna trente-huit ans et mourut l'an 3286, 718 avant Jésus-Christ.

ARDYS.

Ce prince succéda à son père. Sous son règne, les Cimmériens, poursuivis par les Scythes, vinrent en Asie: ces barbares y firent de grands ravages et prirent la ville de Sardes. Ii mourut après avoir régné quarante-neuf ans.

SADYATTE.

Sadyatte fit la guerre aux Milésiens. Il mourut avant d'avoir terminé cette guerre et ne régna que douze ans.

ALYATTE.

Le règne d'Alyatte, fils de Sadyatte, fut glorieux et dura cinquante-sept ans. Il prit les villes de Smyrne, de Clazomène, et chassa les Barbares de ses états. Son armée continuait d'attaquer la ville de Milet, dont le siége, commencé par son père, durait depuis six ans : ayant envoyé au roi des Milésiens un ambassadeur pour négocier une trève, on trouva la place publique pleine de provisions, et les habitants occupés à faire de magnifiques festins. Alyatte, qui en fut instruit, trompé par cette ruse, et désespérant de se rendre maître d'une place bien approvisionnée, leva le siége et fit la paix.

Ce roi combattit longtemps contre Cyaxare; cette guerre se termina par un mariage entre leurs enfants.

CRÉSUS.

(An du monde 3442.- Avant Jésus-Christ 562.)

Le nom de ce roi rappelle le faste et l'opulence. Les riches présents qu'il envoya à Delphes, et qu'on y voyait encore du temps d'Hérodote, firent croire que ses richesses étaient immenses. Strabon prétend qu'elles provenaient du produit des mines qu'on exploitait près de Pergame. Le sable d'or du Pactole en fournissait, dit-on, aussi une partie. Cependant, lorsque Strabon vivait, on ne trouvait plus d'or dans cette rivière.

Crésus joignit l'éclat des conquêtes à celui des richesses. Il réunit à ses états la Phrygie, la Mysie, la Paphlagonie, la Bithynie, la Pamphylie, et tous le pays des Cariens, des Ioniens, des Doriens et des Éoliens.

Il protégeait les sciences et les lettres, et sa cour fut ornée par la présence de plusieurs des sept sages de la Grèce. Il se plut particulièrement à déployer sa magnificence devant Solon, le plus célèbre de ces philosophes, et à lui montrer ses trésors. Ce législateur républicain n'en fut point ébloui, et lui prouva qu'il n'admirait dans un homme que ses qualités personnelles. Crésus lui demanda un jour s'il avait rencontré dans ses voyages un homme parfaitement heureux. « J'en ai connu

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