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Les Scythes, un des peuples les plus fameux et les moins connus de l'antiquité, habitaient les plaines immenses qui se trouvent au nord de la mer Caspienne et du Pont-Euxin, dans les pays incultes qu'arrosaient le Volga, le Don ou le Tanaïs, et le Dniéper ou le Borysthène. Cette nation nomade, pastorale et guerrière, ignorant les arts, détestant la servitude et la mollesse, dédaignait les mœurs des autres pays, et n'entretenait presque aucune communication avec eux. Leur fierté repoussait toute dépendance; leur vaillance les mettait à l'abri de toute invasion; leur climat glacé, leur vie sauvage n'attiraient aucun voyageur. La guerre seule les rapprochait quelquefois des autres peuples, qu'ils effrayaient par la rapidité de leurs invasions et par les ravages affreux qu'ils avaient commis dans toute l'Asie et jusqu'aux frontières d'Égypte. Beaucoup de peuples modernes tirent leur origine des Scythes, que plusieurs savants regardent comme une partie de l'ancienne nation des Celtes qui a peuplé toute l'Europe. Les Gomérites, les Galates, les Gaulois, les Titans, les Teutons, les Celtibériens, les Goths, les Visigoths, les Francs n'étaient que des ramifications différentes d'une même souche celtique, et chez lesquels on trouve une conformité de mœurs qui prouve la communauté de leur origine. Les Scythes déifiaient les héros et les rois. Les prêtres, sous les noms de curètes, de druides et de bardes, jouissaient au milieu d'eux d'une grande autorité : le souvenir de leurs lois militaires et de leurs exploits était conservé par des hymnes.

Les rois commandaient leurs armées; les prêtres dirigeaient

leur conduite. Une partie de ces peuples était sédentaire, et l'autre errante. Les uns habitaient des bourgades, les autres vivaient sous des tentes et sur des chariots qui transportaient leurs familles dans des lieux propres au pâturage.

Les Tartares, qui les ont remplacés, conservent encore les mêmes mœurs et les mêmes usages. Laborieux, braves et tempérants, ils méprisaient les richesses; mais ils étaient passionnés pour la gloire. Leurs filles mêmes faisaient la guerre, et c'est peut-être à leur bravoure qu'on doit attribuer la naissance de toutes les fables que les anciens débitaient sur les Amazones.

Ils étaient tellement attachés à leurs coutumes, que la loi punissait de mort quiconque y proposerait le plus léger changement; ils massacraient même souvent les étrangers qui abordaient sur leurs côtes, craignant que leur fréquentation ne corrompit les mœurs et n'inspirât le mépris des lois.

Sous d'autres noms ils adoraient la plupart des dieux de la Grèce, et beaucoup d'auteurs ont douté si ce culte était venu d'Égypte chez les Grecs et chez les Scythes, ou si la Grèce ne l'avait pas reçu des Pélasges, ses premiers habitants et ancienne colonie celtique.

Le dieu de la guerre était pour eux la première des divinités : ils lui sacrifiaient des victimes humaines; ils faisaient des vases avec les crânes de leurs ennemis, et avec leurs peaux des baudriers, des housses et des brides. Leur grande population les porta aux conquêtes. Repoussés par les glaces du nord, ils cherchaient au midi et à l'occident des terrains plus fertiles et des climats plus doux.

Comme on ne connaît aucun historien scythe, nous ne savons que par les Grecs les noms de quelques-uns de leurs rois et les actions qu'on leur attribue. On prétendait qu'ils devaient leur origine à Gomer, fils de Japhet et petit-fils de Noé.

Scythès, fils d'Hercule, fut, dit-on, leur premier roi. Sigillus, son successeur, envoya son fils au secours des Amazones

attaquées par Thésée. Sous le règne de Madiès, les Scythes entrèrent en Asie, soumirent la Syrie et pillèrent les frontières d'Égypte. Cette expédition dura vingt-huit ans. A leur retour, ils trouvèrent que leurs esclaves s'étaient emparés de leurs femmes, de leurs maisons et de leurs troupeaux. Ces fiers guerriers, dédaignant d'employer leurs armes contre de pareils ennemis, s'avancèrent sur eux avec des fouets. Ce mépris frappa de terreur ces esclaves rebelles : ils prirent la fuite. Les femmes, coupables, mais plus courageuses, se donnèrent la mort.

L'histoire ne parle de Thomiris que pour raconter sa guerre contre Cyrus. On prétend que cette reine barbare, après avoir tué ce conquérant, fit plonger sa tête dans un tonneau de sang.

Lorsque Darius attaqua les Scythes, leur roi Janeyrus lui envoya un oiseau, une grenouille, une souris et cinq flèches. Darius ne comprit rien à ce présent mystérieux; il voulait considérer ce tribut comme une preuve de soumission. « Vous « vous trompez, seigneur, lui dit Gobrias, un de ses ministres; «<les Scythes veulent vous faire entendre que, si les Perses entrent <<< en Scythie, ils ne doivent pas espérer d'échapper à leurs « coups; à moins qu'ils ne sachent voler en l'air comme des «< oiseaux, nager dans l'eau comme des grenouilles, ou entrer << dans la terre comme des souris ; leurs flèches signifient que << cinq rois scythes se joindront à Janeyrus pour vous repous«< ser. » Darius ne le crut pas, et fut vaincu.

Philippe, roi de Macédoine, plus heureux, pénétra dans les états d'Athéas, roi des Scythes, remporta sur lui une grande victoire, emmena vingt mille femmes et enfants prisonniers, s'empara d'un nombre prodigieux de bestiaux et de vingt mille cavales. Dans cet immense butin on ne trouva ni bijoux, ni or, ni argent. Depuis cette époque l'histoire ne parle plus des Scythes comme d'un peuple séparé.

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cent cinquante mille Romains. Défaite de Mithridate. Révolte de ses solMort de Mithridate.

dats excitée par son fils Pharnace.

nace. Sa défaite. Sa mort.

Lâcheté de Phar

(An du monde 3490.- Avant Jésus-Christ 514.)

Le royaume de Pont, situé sur les bords de la mer Noire, entre le fleuve Halys et la Colchide, était un démembrement de l'empire des Perses. Darius, fils d'Hystaspe, l'avait cédé à un Persan nommé Artabaze. Le tròne fut occupé par neuf princes, nommés presque tous Mithridate ou Pharnace. Leurs règnes sans éclat, leurs guerres sans résultats ont laissé peu de traces. Le dernier de ces princes, Mithridate VI, allié des Romains, ne voulut pas les abandonner lorsque toute l'Asie se déclara contre eux. Il en reçut en récompense la Phrygie; mais le sénat enleva ensuite cette province à Mithridate, son fils, qui devint si célèbre par sa haine contre Rome, par ses exploits, par ses cruautés et par ses malheurs.

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Mithridate, dès sa jeunesse, développa la force de ses passions et la dureté de son caractère. Il fit mourir sa mère pour se débarrasser de sa tutelle. Les exercices de son adolescence le préparaient aux travaux de sa vie : il domptait des chevaux sauvages, couchait sur la dure, bravait les glaces et les frimats, et s'accoutumait aux poisons, dont la férocité des princes d'Asie n'avait rendu l'usage que trop fréquent. Il avait épousé Laodice, sa sœur. Pendant un long voyage qu'il fit en Asie, le bruit de sa mort se répandit; Laodice s'abandonna à

un amour coupable. Surprise par le retour de son mari, elle lui présenta un breuvage empoisonné qui manqua son effet, et le roi la fit périr avec tous ses complices. Mithridate ne tarda pas à exécuter les projets de son ambition; il envahit la Paphlagonie, la Bithynie, fit assassiner son beau-frère Ariarathe, roi de Cappadoce, et s'empara de ses états. Les Romains, jaloux de son agrandissement, l'attaquèrent, mais il les battit, les chassa de la Phrygie, de la Carie, de la Lycie, et par ses exploits excita l'enthousiasme de tous les peuples d'Asie, qui l'appelaient leur père, leur libérateur et leur dieu. Il fit charger de chaines le proconsul Oppius, et traina après lui un autre général ro ́main, qu'il fit monter sur un âne pour l'exposer aux insultes de la populace. Après avoir fait battre de verges et torturer cet infortuné, on lui coula de l'or fondu dans la bouche, pour se venger, par cette exécrable cruauté, de l'avarice des Romains qui dévoraient tous les trésors de l'Asie.

Mithridate, prévoyant le ressentiment implacable de Rome, ne mit plus de bornes à ses offenses et à ses fureurs; il ordonna à toutes les villes de sa dépendance en Asie de massacrer tous les Romains qui s'y trouveraient. Cet ordre barbare fut exécuté ponctuellement, et dans ce jour fatal cent cinquante mille Romains perdirent la vie. Quelques historiens réduisent ce nombre à quatre-vingt mille.

Sylla et Fimbria s'avancèrent bientôt à la tête des armées romaines, et vengèrent ce massacre par d'horribles représailles. Jamais on ne vit de guerre plus cruelle, excitée par des passions plus terribles, et conduite par des hommes plus violents.

Mithridate, d'abord battu, eut à son tour des succès que favorisait la division qui existait entre les généraux ennemis. Fimbria, jaloux de Sylla, fut enfin obligé de céder au génie de son rival, et se donna la mort. L'heureux Sylla reprit ses avantages; le roi de Pont perdit sa flotte et une armée de cent dix mille hommes, que commandait Taxile. Mithridate fut obligé de demander la paix à Sylla, de sacrifier ses conquêtes, et de

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