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bientôt un objet d'envie, toutes ces hordes errantes combattaient et s'entre-tuaient continuellement pour les enlever.

Les peuplades qui s'étaient retirées dans les îles pour éviter plus facilement l'attaque des animaux sauvages, ne connaissant point l'art de cultiver la terre, creusaient des arbres, et s'embarquant sur ces frêles canots, se formaient à la piraterie en faisant des incursions fréquentes sur les côtes de la Grèce pour les piller.

Cette simple navigation, dont la découverte a été célébrée comme un prodige, devait être facile et paraître peu dangereuse à des hommes habitant un climat chaud, accoutumés à nager et à jouer sur les arbres que les vents déracinaient et faisaient tomber dans les fleuves.

Il paraît que la peuplade qui habitait l'Attique, dont le terrain plus sec tentait moins l'avidité de ses voisins, conserva son territoire, tandis que toutes les autres changeaient continuellement d'habitation.

Quelques auteurs disent que Deucalion, vivant dans le temps d'un déluge qui bouleversa la face de la Grèce, avait un fils nommé Hellénus, qui se rendit maître du Péloponèse, et nomma ses sujets Helléniens. Les Achéens et les Ioniens, habitants de Lacédémone, attribuaient leur origine à Jon et à Achéus, petit-fils d'Hellénus. Éolus et Dorus, autres descendants d'Hellénus, furent chefs des Eoliens et des Doriens. Pélops, fils de Tantale, vint ensuite dans le Péloponèse et lui donna son nom; enfin les Héraclides, descendants d'Hercule, en chassèrent les Achéens et les Ioniens, qui se retirèrent dans l'Asie-Mineure.

PREMIER AGE DE LA GRÈCE.

Destruction des Pélages. - Temps héroïques et fabuleux.

Le premier âge de la Grèce nous montre cette contrée divisée en plusieurs petits royaumes qui furent tous fondés par des colonies d'Égypte et de Phénicie. Les habitants sauvages de la Grèce s'étaient soumis, les uns volontairement et les autres par nécessité, aux rois de Sicyone, d'Athènes, d'Argos, de Sparte et de Corinthe. Ces princes commencèrent à polir et à civiliser les peuples en leur procurant les premiers avantages de la réunion sociale, et en leur faisant goûter la sécurité que leur donnaient les murs de leurs villes naissantes contre les attaques des animaux féroces et les invasions des brigands.

Une grande partie des Pélages, attachés aux habitudes et à l'oisiveté de la vie sauvage, repoussèrent longtemps les lumières qu'on leur présentait, et résistèrent au joug qu'on voulait leur imposer. Ces hordes errantes, guidées par des chefs braves et cruels, répandaient partout l'effroi, massacraient les voyageurs, enlevaient les troupeaux, et dévastaient comme un torrent tous les lieux qu'elles traversaient. Cet obstacle opposé aux progrès de la civilisation excitait l'indignation des fondateurs des nouvelles colonies. Le but de leurs efforts et l'objet de leur gloire furent longtemps la destruction de ces brigands, et les premiers héros que l'histoire immortalisa et que la reconnaissance divinisa, se signalèrent par des victoires remportées sur les monstres des forêts et sur les chefs des hordes sauvages. La fortune, la puissance et la célébrité, fruits de ces premiers exploits,. entretinrent l'esprit militaire chez les Grecs.

Lorsqu'ils n'eurent plus de monstres à terrasser ni de sauvages à soumettre, ils combattirent entre eux, et firent des

incursions dans les îles adjacentes et sur les côtes voisines pour accroître leur renommée, pour étendre leur puissance, et pour augmenter leurs richesses, qu'ils ne pouvaient devoir qu'au pillage, en attendant que le commerce vînt leur donner des moyens plus doux d'en acquérir.

C'est dans ces temps qu'on nomme héroïques, que l'histoire place le voyage des Argonautes, les crimes des Danaïdes, les aventures de Thésée, les travaux d'Hercule, les malheurs d'OEdipe, le siége de Thèbes et celui de Troie. On y trouve tellement mêlées la mythologie et l'histoire, la vie des hommes et celle des dieux, les métamorphoses et les révolutions, qu'on peut appeler ces temps fabuleux aussi bien qu'héroïques.

Les premiers rois des Grecs commandaient à des hommes braves et même féroces; leur autorité n'avait quelque étendue que pendant la guerre, elle était très-bornée pendant la paix. Ils adoucirent leurs mœurs par leurs lumières, sans pouvoir amollir assez les courages pour établir solidement leur domination. Toute autorité, contestée et mécontente de ses limites, cherche à obtenir par la crainte ce qu'elle ne peut obtenir par la loi; aussi vit-on bientôt tous ces princes abuser de leurs victoires sur leurs ennemis et du dévouement de leurs soldats pour opprimer leurs concitoyens; mais les Grecs, uniquement occupés de guerre et d'agriculture, étaient exempts des vices qu'entraîne la mollesse. Ils brisèrent les chaînes de la tyrannie, et presque partout le gouvernement républicain s'établit. Les Grecs avaient conservé entre tous les citoyens une parfaite égalité qui maintint la liberté durant les deux premiers âges; le troisième y introduisit la richesse, l'ambition, l'inégalité, la corruption; et le quatrième, la servitude.

SICYONE.

Sicyone est une des plus anciennes villes.

Plusieurs historiens parlent de Sicyone comme d'une des plus anciennes villes du monde. Ils font remonter sa fondation jusqu'à l'an 1915. Égialée fut, dit-on, le premier de ses rois. On ne s'accorde pas sur le nombre de ses successeurs; le souvenir de leurs actions ne s'est pas conservé. Les historiens prétendent que ce royaume dura mille ans.

CRÈTE.

Son gouvernement.

La plupart des anciens auteurs s'accordent à dire que le premier peuple grec civilisé fut celui d'Argos, que fonda l'Égyptien Inachus 1. Cependant d'autres assurent que l'île de Crète, éclairée et policée par Minos, avait reçu ses sages lois qui furent admirées par les philosophes, et qu'elle avait un gouvernement régulier dans le temps où toute la Grèce était encore sauvage. Ce qui est difficile à concevoir, c'est l'ignorance où l'histoire nous a laissés sur les noms et les actions des rois de cette île célèbre dont tant de sages avaient étudié la législation. On ne sait pas même avec certitude si Minos était indigène ou étranger; l'opinion la plus générale est qu'il était venu d'Égypte. Au reste, sa justice et sa sévérité lui attirèrent tant de renom, que la fable le plaça dans les enfers, et le chargea du soin de juger les ombres. On croit que Rhadamante, qui partagea cette triste gloire, était son frère.

An du monde 2148.- Avant Jésus-Christ 1856.

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Les rois les plus connus qui gouvernèrent cette contrée furent Inachus, Phoronée, Apis, Argus, Criasus, Phorbas, Triopas, Crotopus, Sthénélus, Gélanor, Danaüs, Lyncée, Abas, Prætus et Acrisius; de celui-ci provinrent Persée, Eurysthée, Hercule.

Inachus, victime d'une révolution en Égypte, fonda la première colonie en Grèce. Le régne de Phoronée, son successeur, marque l'époque la plus ancienne de la civilisation grecque. Ce prince établit dans la nouvelle ville d'Argos le culte des dieux et les lois égyptiennes. Il s'empara de toute la presqu'ile du Péloponèse. Apis donna son nom à la partie de cette presqu'ile qui se nomma longtemps Apie. Argus fut le premier qui attela des bœufs à la charrue. La ville d'Argos, embellie par ses soins, prit et conserva son nom. Criasus y éleva un temple à Junon. Inachus fut le père de la fameuse Io. Un prince du pays, nommé Jupiter, enleva cette princesse, et la conduisit en Égypte, où elle fut, dit-on, adorée sous le nom d'Isis. Les poëtes, ornant cette aventure des couleurs de la fable, dirent que le maître des dieux, étant devenu amoureux d'Io, la transforma en génisse pour la soustraire au courroux de Junon.

Lorsque le roi Gélanor gouvernait l'Argolide, Égyptus régnait en Égypte. Égyptus avait cinquante fils; il voulait les unir aux cinquante filles de son frère Danaüs. Celui-ci rejeta cette union, et s'enfuit en Grèce. Ayant rassemblé ses amis et quelques aventuriers, il se mit à la tête des Argiens, mécontents de leur roi, et s'empara du trône de Gélanor. Le roi d'Égypte, opiniâtre dans ses desseins, troubla bientôt son frère dans son nouveau

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