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1791-1792. Il avait publié, avant la révolution, sous le titre de le Diable dans un bénitier, un pamphlet anonyme qu'il attribua à Brissot, et qui valut à celui-ci d'être enfermé à la Bastille, jusqu'à ce que le crédit de Me de Genlis parvint à faire reconnaître la fausseté de l'accusation.

MORANDO (FELICE), pharmacien à Gênes, fut l'un des fondateurs de la république lygurienne. Lorsqu'on projeta d'introduire à Gênes les principes de la révolution française, la maison Moran do devint le rendez-vous des partisans de la France, et le lieu secret où ils tenaient leurs assemblées. Le corps-législatif lygurien rendit, en 1798, un décret qui reconnut Morando premier fondateur de la liberté lygurienre, et consacra sa maison, comme le berceau de cette liberté.

MORANGIES (LE BARON JEANBAPTISTE), maréchal - de - camp, commandant de la légion-d'honneur, est né à Brioude, département de la Haute-Loire, en novembre 1758. Il embrassa la profession des armes dès l'âge de 17 ans, et se distingua dans les pro mières guerres de la révolution, plus particulièrement en Italie et en Orient, et parvint rapidement aux premiers grades. Blessé dangereusement sous les murs de Milan, il fut fait prisonnier, et échangé quelque temps après. Des prisons d'Italie, il passa, avec le général en chef Bonaparte, en Égypte; perdit successivement les deux bras aux batailles d'Aboukir et d'Alexandrie; fut nommé général de brigade en 1801; commandant de la légion-d'honneur, le 14 juin

1805, et depuis commandant de la place de Gênes, enfin chevalier de Saint-Louis, le 11 septembre 1814. Le général Morangiès, qui se trouvait dans le département du Var au mois de mars 1815, voulut, à la tête de quelques gardes nationales, s'opposer à la marche de Napoléon sur Paris. Néanmoins, le général Morangiès fut employé dans la 8me division militaire. Il est rentré dans la vie privée, après la seconde restauration.

MORARD DE GALLES (LE COMTE), amiral, membre du sénat, grand-officier de la légion-d'honneur, naquit dans la ci-devant province du Dauphiné, d'une famille noble, mais peu riche; il voulut marcher sur les traces de ses frères, qui tous servaient honorablement, et entra de bonne heure dans les compagnies rouges de la maison du roi. Dégoûté bientôt d'un service peu compatible avec son avidité de gloire et de dangers, il demanda et obtint de l'activité dans la marine royale. Il parcourut rapidement les grades inférieurs, et se distingua plusieurs fois par

sa bonne conduite, ses talens et son courage. Il fit, comme lieutenant de vaisseau, les campagnes d'Amérique, sous les ordres du bailli de Suffren, et donna plus d'une fois dans cette guerre si glorieuse pour nos armes, des prenves de la plus brillante valeur. Le vaisseau qu'il montait se trouva un jour séparé de l'escadre et entouré par cinq bâtimens ennemis: les premiers coups de canon rompirent les manœuvres et enlevérent le commandant; mais le brave Morard, quoique couvert de blessures, continue à faire la plus

vigoureuse résistance, et parvient à rejoindre l'escadre, après avoir cansé de grandes pertes à l'ennemi. Le grade de capitaine du vaisseau qu'il venait de sauver, fut la récompense de cette action. Lorsque la révolution éclata, il n'abandonna point sa patrie, qu'il eut encore le bonheur de servir dans quelques occasions. Il parvint au grade de vice-amiral, et commandait, en cette qualité, une des escadres de la grande flotte destinée à débarquer, sur les côtes d'Irlande, les troupes du général Hoche. Il partit de Brest, à la tête de sa division, le 15 décembre 1797, mais les vents contraires le forcerent de rentrer à Rochefort, le 17 janvier suivant, après avoir vu disperser, par la tempête, la plapart de ses vaisseaux. Cette expédition malheureuse lui valut une espèce de disgrâce qui dura jusqu'au 9 novembre 1799. Nommé membre du sénat, dès cette époque, il en devint secrétaire en 1803, et obtint, l'année suivante, la senatorerie de Limoges et le cordon de grand-officier de la légien-d'honneur. Il s'était retiré à Guéret (département de la Creuse), où il mourut le 23 juillet 180g, emportant l'estime et les regrets de ses concitoyens. Le conseil municipal, voulant rendre à la mémoire de cet honorable marin un hommage digne de lui, a fait ériger un monument aux frais de la commune.

MORAS (GASPARD), capitaine de vaisseau, officier de la légiond'honneur, chevalier de SaintLouis, est né à Boulogne-sur-Mer, département du Pas-de-Calais, au mois de janvier 1772. Son père,

originaire de la ci-devant province de Franche-Comté, était chirur gien-major du régiment de Forez, et médecin des hôpitaux civils et militaires de Boulogne-surMer. M. Moras entra comme volontaire dans la marine, et parvint successivement au grade de capitaine de vaisseau; il avait été adjudant - particulier des amiraux Villaret-Joyeuse, Morard de Galles et Bruix. Le général Hoche appréciant son mérite, le chargea, lors de l'expédition d'Irlande, de relever les plans des divers mouillages, à prendre par l'armée navale dans la baie de Bantry et la rivière de Schanon, où devait s'opérer le débarquement. M. Moras a commandé des bâtimens de tout rang, et reçu des félicitations du gouvernement pour sa con

duite dans les combats des mois de prairial et messidor an 3. Souschef d'état-major de la flottille, et par suite colonel de divers régimens de marine, il s'est distingué dans tous les emplois. Atteint par les épurations de 1815, il perdit son état, au licenciement de son régiment composé d'anciens prisonniers de guerre, surnommés les Romains de Pontons, et fut admis à prendre sa retraite après 12 ans d'activité, comme capitaine de vaisseau. Rentré dans la vie privée, M. Moras a prouvé dans les fonctions gratuites d'adininistrateur des hospices, ce que peuvent ajouter à l'éclat des fonctions militaires, des connaissances étendues en administration, et les sentimens les plus humains. Son zèle, l'ordre et l'économie qu'il a contribué à ramener dans ces établis semens et le bien qu'il y a fait,

mort.

ont porté le ministre de l'intérieur' qu'il cherchait à soustraire à la à lui décerner le titre de membre honoraire de la commission. Les frères de M. Moras ayant suivi la carrière de leur père, n'ont pas été moins utiles à l'état qu'à l'humanité.

MORAS (LOUIS-AUGUSTE), médecin en chef de l'expédition des Indes-Orientales, fit d'excellentes études sous le savant oratorien Daunou, et suivit avec le même succès les cours de matière médicale et d'anatomie de M. Daunou, père, médecin recommandable de Boulogne-sur-Mer. D'élève médecin de la inarine, il passa médecin à l'armée des Alpes, et fut ensuite nommé médecin en chef de l'expédition des Indes-Orientales. Il a laissé de ses campagnes, à la côte d'Afrique et aux Antilles, plu sieurs Mémoires sur le meilleur traitement à employer dans les maladies graves de ces climats. Les savantes réflexions qu'ils renferment ont fait apprécier l'étendue de ses connaissances par feu M. Poissonnier, médecin-inspecteur des hôpitaux de la marine, et par les membres du conseil de santé des armées. Il a terminé sa carrière en 1817, au service des établissemens de charité.

MORAS (FRANÇOIs), chirurgienmajor de la frégate la Perdrix, se trouvait avec deux officiers de ce bâtiment dans un canot qui traversait la rivière de New-York, pour aller à Longue-Islande. Cette embarcation chavira par la force du vent et du courant. Assez heureux pour échapper à ce danger, le généreux Moras voulut sauver l'un des deux officiers, et périt étouffé dans les bras de celui-là même

MORAS(JOSEPH-HENRI), ancien chirurgien-major du 16° de ligne, des bataillons Corses réunis, et du régiment de Walcheren, mem. bre de la légion-d'honneur, a fait toutes les campagnes de la révolution, et n'a quitté le service qu'en 1821, en passant, d'après sa demande, de l'état de disponibilité à la retraite. Il montra autant d'ardeur sur le champ de bataille que de talens et d'humanité à secourir les blessés. Son zèle et son dévouement furent remarqués de l'empereur, qui, à l'affaire d'Heiberg, le décora de la croix de la légion-d'honneur pour avoir sauve dans la mêlée l'aigle de son régiment. C'est avec un juste sentiment d'orgueil national qu'on remarque que tous les membres de cette famille se sont montrés constamment dévoués à l'humanité et à la patrie.

MORATİN (DON LEANDROFERNANDEZ), auteur dramatique, surnommé le Molière espagnol, est né à Madrid; son père, qui était un poète lyrique distingué, le guida dans la carrière littéraire, où bientôt il concourut pour les deux prix proposés par l'académie royale, et les remporta tous deux; le sujet de l'un était un petit poëme épique intitulé: Grenada rendida (Grenade reconquise), et celui de l'autre une salire sur la corruption de la langue espagnole. Doué de toutes les qualités propres à devenir un premier poète comique, il fut surtout un excellent observateur. Enthousiaste de Molière, qu'il relisait sans cesse, il était guidé par cet immortel génie, lors

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qu'il n'était pas inspiré par la nature. Il disait souvent «que la na»ture et Molière étaient inimita»bles. Touchant hommage que le Molière italien (voyez GOLDONI), avait déjà rendu à notre célèbre comique. M. Moratin donna successivement et fit imprimer cinq comédies. Ce sont le Cafe, le Baron, la Jeune Hypocrite, le Vieux Mari et la Jeune femme, le Oui des jeunes filles, etc. La morale de toutes ces pièces est excellente; cependant la dernière n'a pu échapper à la censure de l'inquisition, qui l'a mise à l'index. M. Moratin a voulu peindre les classes moyennes de la société en Espagne; il a représenté, sous les couleurs les plus vraies et les plus plaisantes, leurs mœurs, leurs habitudes, leurs idées, leurs travers et leurs vices, et jamais il ne blesse le goût ni les règles de l'art; son style est pur, gracieux et original, mais comme celui de Cervantès il offre de grandes difficultés aux traducteurs. M. Moratin a constamment flétri le vice, et fait aimer la vertu, en la rendant touchante et aimable. Il a traduit en espagnol deux comédies de Molière, l'Ecole des Maris et le Médecin malgré lui, et l'a fait en homme de goût; il a encore traduit Hamlet, de Shakespeare, et y a joint des notes critiques et la vie du poète anglais; on y reconnaît l'impartialité, la profondeur et les lumières d'un véritable littérateur. M. Moratin avait voyagé en France, en Angleterre et en Italie, et il n'est pas douteux que son esprit judicieux ne se soit beaucoup exercé dans ses voyages, et n'ait recueilli une foule de matériaux dont sa

féconde imagination aura su tirer le plus grand parti; mais à son retour dans sa patrie, une nouvelle carrière s'ouvrit pour lui. Il fut nommé, par Charles IV, chef du bureau de l'interprétation des langues et membre honoraire du conseil royal. Il conserva sous le gouvernement du roi Joseph Napoléon, sa dignité de membre honoraire du conseil, et devint chef de la bibliothéque royale. Les troubles qui succédèrent à ces premiers momens n'ayant fait qu'augmenter dans la suite, il se détermina à quitter l'Espagne, et à se fixer à Paris. Les lettres avaient fait jusque-là son bonheur et sa prospérité; elles le suivirent dans sa retraite, et furent sa consolation. Il s'y est occupé à élever un monument à la gloire de feu don Nicolas Moratiu, son père, en publiant plusieurs de ses poésies. Il y a aussi préparé une seconde édition de ses propres ouvrages dramatiques et lyriques; enfin, il y a composé une Histoire littéraire du théâtre espagnol depuis son origine. Personne n'est plus en état que M. Moratin de donner à cet ouvrage toute la perfection dont il est susceptible; on doit regarder comme une garantie certaine de son succès, l'esprit de critique et les connaissances profondes qui distinguent cet estimable auteur.

MORAWITZKY (Henri-ThéoDORE, COMTE TOPOR), Savant di-plomate, naquit à Munich, le 31 octobre 1735. Après avoir fait de très-bonnes études au collège d'Ingolstadt, il voyagea quelque temps en France et en Allemagne, et fut nommé, à son retour, conseiller de la cour. Mais ne pouvant ré

tique de la bienfaisance. Retirée à Mendip, au milieu d'une population pauvre et laborieuse, elle fonda, avec ses sœurs, plus de 60 écoles de charité, malgré les obstacles qu'apportèrent, à la création de ces établissemens, quelques ecclésiastiques dont, sans doute, ils froissaient les intérêts. Parmi les productions de Miss More, ses Drames sacrés et son

Épitre sur la sensibilité, ont eu dix-sept éditions, depuis 1783 jusqu'en 1812; Cælebs cherchant une épouse, imprimé en 1809, 2 vol. in-8°, en a eu dix dans une seule année. Enfin ses tragédies, ses drames, ses contes, ses poëmes en vers et en prose, ont eu un succès populaire. Nous citerons parmi les ouvrages de miss More: 1° Remarques sur le discours prononcé à la convention nationale, par M. Dupont, sur la religion et l'éducation, in-8°, 1793; 2° Essai sur le système moderne d'éducation des filles, 2 vol., 1799; 3° Idées sur le mode à suivre pour former le caractère d'une jeune princesse, 2 vol., 1805. Cet ouvrage avait pour but de rechercher le meilleur système à adopter dans l'éducation de la princesse Charlotte. 4° Piété-pratique, ou influence de la religion du cœur sur la conduite de la vie, 2 vol. (huit éditions, 1811-1812); 5° Essai sur le caractère des écrits de SaintPaul, 2 vol., 1813.

MOREAU (JEAN-VICTOR), un des plus anciens et des plus célèbres généraux de la république française, naquit à Morlaix, en Bretagne, le 11 août 1763. Son père, homme de bien, avocat très-estimé, et que le peuple de

Morlaix appelait le père des panvres, destinait son fils à la carriere judiciaire. Moreau fit de trèsbonnes études; mais entraîné par une vocation décidée pour les armes, il interrompit tout-à-coup son cours de droit, et s'engagea dans un régiment, avant d'avoir atteint sa 18me année. Il ne lui fut cependant pas permis alors de se livrer à sa passion dominante. Son père parvint à faire annuler un engagement contracté contre le vœu de sa famille entière, et le jeune Moreau, cédant à ses ordres, alla reprendre l'étude du droit à Rennes. Il s'y distingua bientôt parmi tous ses camarades, par une heureuse aptitude aux sciences, des formes agréables, un courage qui se signala dans plusieurs occasions, et les qualités personnelles les plus estimables. Des troubles sérieux venaient d'éclater en Bretagne quelques années avant la révolution; le cardinal de Brienne avait voulu opérer de grands changemens dans la magistrature, et éprouva une résistance aussi opiniâtre qu'inattendue. Moreau était prévôt de l'école de droit deRennes; il exerçait la plus grande influence sur toute la jeunesse de cette ville, qui le plaça à sa tête, et il obtint en même temps la confiance des membres les plus distingués du parlement. Pendant cette guerre singulière, qui se prolongea pendant plus de cinq mois, le général du parlement (c'est ainsi qu'on désignait Moreau), donna de fréquentes preuves signalées de son intrépidité, et en même temps d'une sagesse et d'une prudence au-dessus de son âge. Dans les journées des 26 et 27 janvier 1787,

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