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4. Sa modestie lui fit refuser, en 1795, la chaire de langues orientales de l'université de Leyde. Trois ans après il devint professeur de théologie en l'université de Groningue, qu'il occupe encore aujourd'hui (1824). Le discours par lequel il s'annonça dans son dernier professorat parut à Groningue en 1799, in-4°, sous le titre de Oratio exhibens aliquot illustriora quæ ecclesiæ historia suppeditat, damnorum religioni christianæ ab amicis ac fautoribus illatorum specimina. Le mérite principal de M. Muntinghe est d'avoir su, dès le commencement de ses exercices, « dégager, disent les auteurs d'un ouvrage étranger, l'enseignement de la science théologique, de tout ce qu'elle avait encore conservé de scholastique, et de la ramener à sa pureté et à sa simplicité originelles. Il ne s'est раз borné seulement à communiquer son nouveau système aux jeunes gens qui fréquentaient ses cours, mais il a voulu en faire jouir le public, et il l'a publié sous le titre de Pars theologiæ christiana theoretica, in compendium redacta, 1801. » Cet excellent ouvrage, corrigé et augmenté, parut de nouveau, en 1820, à Groningue, en 2 vol. in-8°. Les autres productions de M. Muntinghe sont 1° nouvelle traduction en hollandais des Psaumes, avec des remarques, Leyde, 1792; 2° autre traduction en hollandais des Proverbes de Salomon, Leyde, 1796, in-8°; 3° traduction hollandaise du Livre de Job, avec des remarques cette traduction, que H. A. Schultens avait commencée, fut terminée, après sa

mort, par M. Muntinghe, à partir du chapitre XXIX; elle parut à Amsterdam, 1796, in-8°; 4° deux Mémoires sur l'influence de la religion sur le bonheur du peuple, 1795; 5° Histoire de l'homme d'après la Bible, Amsterdam, 18011819, 11 vol. in-8°. L'Histoire de l'homme, etc., est l'ouvrage le plus remarquable et le plus étendu de M. Muntinghe, et celui où il a fait preuve de plus de connaissances profondes; elle est d'ailleurs écrite avec beaucoup de soin. 6° Un recueil de Sermons; 7" enfin une nouvelle édition corrigée de sa traduction des Psaumes.

MUNTZ-BERGER (JOSEPH): compositeur de musique, premier violoncelliste du théâtre de l'Opéra-Comique, attaché à l'ancienne chapelle impériale des Tuileries, est né en 1769, à Bruxelles, d'une famille originaire d'Allemagne. Le père de M. MuntzBerger, musicien de la cour du prince Charles, gouverneur des Pays-Bas, lui donna des leçons dès sa plus tendre jeunesse, et le mit en état d'exécuter dès l'âge de six ans un concerto de basse sur un alto. Le prince fut enchanté de la précocité du jeune artiste, et lui fit donner pour maître de violon Vanmalder, élève distingué de Tartini. Vanmalder étant mort, M. Muntz - Berger rentra sous la direction paternelle, et apprit de son père à jouer avec succès de plusieurs instrumens, et plus particulièrement du violoncelle. Il vint à Paris à l'âge de quatorze ans, et y perfectionna son talent. On le vit s'efforcer de donner au violoncelle la douceur de la voix humaine. M. Muntz

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Berger s'est fait remarquer dans différens concerts, notamment dans ceux de la rue de Cléry, où íl exécuta avec beaucoup de succès des concerto de sa composition. Le Dictionnaire historique des musiciens, après avoir dit «que l'on >> reconnaît dans les compositions » de M. Muntz-Berger le goût é» puré et les principes des meil» leurs maîtres des écoles alleman» de et italienne, dont il a été >> nourri dans sa jeunesse, ainsi que leur excellente musique d'é» glise,» donue la liste suivante de ses ouvrages. Deux œuvres de grandes sonates pour le violoncelle; quatre œuvres de grands duos; quatre œuvres de petits duos; deux œuvres de petites sonates; quatre concertos de violoncelle deux œuvres de nocturnes; une symphonie concertante pour violon et basse; une méthode de basse; deux œuvres de petites sonates, faisant suite à la méthode; deux œuvres de caprices; deux autres de caprices, dans lesquels il se trouve à la fin des points d'orgue dans les tons majeurs et mineurs; deux œuvres de trios de violoncelle obligé avec accompagnement de violon et basse; seize romances, paroles de madame Quinette, née Marguerittes; quatre airs variés pour piano et violoncelle ou violon; trois airs variés pour violon et basse; six thêmes des symphonies d'Haydn, variés en quatuors; deux potspouris; huit recueils d'airs variés pour divers instrumens; plusieurs ouvrages arrangés pour la basse; la gavolte de Grétry et une autre variée pour violoncelle. MURAIRE (LE CONLE HONORÉ),

né à Draguignan, le 5 novembre 1750, exerçait, avant la revolution, la profession d'avocat, et y avait acquis un nom distingué. Il se montra favorable à la cause de la liberté, et en suivit les principes avec sagesse et modération. Lors de l'établissement des premières autorités judiciaires en 1791, il devint président du tribunal du district de Draguignan, et fut élu dans la même année, par le département du Var, député à l'assemblée législative, où il siégea sur les bancs des défenseurs de la constitution; mais il montra dans toutes les circonstances un esprit de conciliation et d'impartialité, apprécié par ses adversaires mêmes, qui cédèrent souvent à son influence. Attaché au comité de législation, il en fut un des membres les plus actifs, et fut presque exclusivement chargé des rapports de ce comité à l'assemblée, sur les questions les plus importantes de droit civil. Il proposa, le 16 février 1792, au nom du comité, de transférer aux municipalités le droit de constater l'état-civil des citoyens, que les curés avaient exercé jusqu'alors. Il joignit à son rapport des réflexions importantes sur les lois qui y sont relatives, et soutint particulièrement qu'il n'appartenait qu'à la législation civile de déterminer les cas d'empêchemens aux mariages entre les membres d'une inême famille, et que la législation française devait abolir à jamais l'usage de demander des dispenses à la cour de Rome. Le 28 juin, il revint sur le même objet, et insista pour que le mariage fût affranchi de la juridiction ecclésiastique. En

même temps, il fit décréter que les jeunes gens, âgés de 21 ans, pourraient se marier sans le consentement de leurs parens; le 30 juin, il fit adopter le principe de la loi du divorce; et sans dissimuler les graves inconvéniens que pouvait avoir cette loi, il démontra qu'avec certaines restrictions, elle pouvait produire les plus grands avantages: aussi le principe en fut-il adopté pour le moment. Le 13 juillet, au nom du comité de législation, il proposa la levée de la suspension de Pétion, maire de Paris, et de Manuel, procureur de la commune, prononcée par l'administration départementale, et approuvée par le roi, contre ces deux magistrats, accusés d'avoir provoque et secondé les mouvemens du 20 juin précédent. Une commission spéciale, dont il était membre, ayant été nommée pour examiner la conduite de M. de La Fayette, qui avait demandé que les auteurs des attentats commis dans cette journée fussent sévèrement punis, M. Muraire, organe de cette commission, vint déclarer en son nom, qu'elle n'avait rien trouvé qui fût contraire aux lois, dans la conduite qu'avait tenue le commandant de la garde nationale. Ce ne fut que le 30 août de la même année qu'il fit décider, au nom du comité de législation, la question du divorce, dont le principe avait été adopté le 50 juin précédent. Après une discussion approfondie et lumineuse, le divorce devint une loi de l'état. M. Muraire ne fut point réélu à la convention; il eut le bonheur d'échapper à la proscription pendant le régi

me de la terreur, et ne reparut sur la scène politique qu'en septembre 1795, époque où il fut nommé, par le département de la Seine, membre du conseil des anciens. Il y porta les principes d'ordre et de justice qui l'avaient guidé jusque-là; mais les excès dont il venait d'être témoin l'avaient rendu contraire à l'esprit et aux institutions de l'anarchie; il se lia avec la faction de Clichy contre l'autorité directoriale, et vota en faveur de toutes les propositions qui tendaient à la détruire. Compris dans les listes de déportation des 18 et 19 fructidor an 5 (4 et 5 septembre 1797), il par la fuite à l'exécution des ordres du directoire; mais plus tard il se rendit a l'ile d'Oleron, assiguée pour retraite aux proscrits. Le gouvernement consulaire le rappela en 1800, et le nomma sou commissaire près le tribunal d'appel. Devenu membre du tribunal de cassation, il félicita le 4 nivòse, au nom de ce tribunal, le premier consul d'avoir échappé à l'explosion de la machine infernale. Il devint président du tribunal dont il était membre, et le 5 mai 1803, conseiller-d'état. L'année suivante, il reçut le titre de comte, et la décoration d'officier de la légiond'honneur. Les événemens de la fin de mars 1814 le trouvèrent à la tête de la cour de cassation; et le 20 avril suivant, accompagné des membres de ce corps, il fut adinis à présenter ses félicitations à Monsieur, lieutenant-général du royaume; au mois de février 1815, il fut remplacé par M. Desèze. Le retour de Napoléon, le 20 mars suivant, rendit M. Muraire à ses

hautes fonctions, et, dès le 25, il parut devant ce prince, avec la cour dont il était le premier président, et lui adressa une délibération remplie, comme celle du conseil-d'état (voy. DEFERMONT), des éternels principes de droit public, délibération qui fut signée de la presque totalité des membres. Après le second retour des Bourbons, M. le comte Muraire a été rendu à la vie privée; il y jouit au sein de sa famille de l'estime générale, qu'il a si bien méritée par ses longs et honorables travaux.

MURAT (JOACHIM), ex-roi de Naples, naquit le 25 mars 1767, à la Bastide Frontonière, arrondissement de Gourdon, département du Lot. Fils d'un aubergiste, il devint grand-amiral de France, duc de Berg et roi de Naples. L'histoire a conservé le nom de plusieurs hommes qui, d'une condition obscure, sont parvenus au pouvoir suprême: Agathocle eut pour père un potier; Tullius-Hostilius, qui fut roi de Rome, avait gardé les troupeaux; Turquinus-Priscus naquit, dans l'exil, d'un marchand banni de Corinthe; une esclave donna le jour à ServiusTullius. Tous ces monarques, de race plébéienne, s'élevèrent au pouvoir suprême par des qualités vraiment royales, mais le mérite de Joachim Murat fut purement militaire, et ne lui permet tait d'aspirer qu'aux premiers houneurs de l'armée, et un trône Jui fut donné comme l'apanage d'un grand homme de guerre, doté par un conquérant, dont il avait épousé la sœur. Dès son enLance, Murat se fit remarquer par an air vif et décidé, par des in

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clinations martiales et par une audace singulière dans l'exercice de l'équitation. Protégé par une ancienne famille du Périgord, il obtint une bourse au collège de Cahors, et il alla achever ses études à Toulouse. Destiné à la prêtrise, il porta le petit collet, et fut, pendant quelque temps, con. nu dans son pays sous le nom de l'abbé Murat. Une étourderie de jeunesse lui fit quitter le manteau court pour l'uniforme. Après avoir dissipé dans les plaisirs et perdu au jeu le peu d'argent dont il pouvait disposer, il s'engagea dans le 12 régiment de chasseurs qui passait à Toulouse. H y devint bientôt maréchal-deslogis. Mais ayant pris part à un acte d'insubordination, il fut renvoyé de ce régiment. Retiré dans sa famille, il y menait avec impatience une vie inactive; ilélait tourmenté par une ambition vague, qui, pour nous servir des expressions d'un de ses compatriotes, le portait sans cesse d élever ses regards vers les étoiles. Lorsque la garde constitutionne'le de Louis XVI fut formée, chaque département dut y envoyer un certain nombre de fils de citoyens actifs; Murat, qui se mit sur les rangs, fut repoussé et ne dut qu'à la protection de J. B. Cavaignac, membre du directoire du département du Lot, d'être choisi par ce département et envoyé à Paris avec le jeune Bessières, devenu dans la suite maréchal de l'empire et duc d'Istrie. Joachim Murat, admis dans la garde du roi, n'y dissimulait pas ses opinions politiques, ce qui lui attira plusieurs querelles. On a

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