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dria, sur la rive droite du fleuve, et bientôt Contreville et Fairfax, à quelque distance au sud. Ces troupes étaient commandées par le général Mac Dowell. Scott gardait la capitale et son camp retranché.

Les unionnistes, dès le début, avaient attaché une grande importance à la possession de la partie de la Virginie située au delà des montagnes, à cause du chemin de fer Baltimore and Ohio, qui commandait les communications entre l'ouest et Washington. Le premier combat en rase campagne de la guerre civile fut livré à Philippi, où le colonel Kelley battit les confédérés, ce qui le rendit maître du chemin de fer (3 juin). Les confédérés furent encore battus à Romney le 11 juin; ils durent évacuer Harper's Ferry et reculer à Winchester, où J. C. Johnston vint se mettre à leur tête. Patterson, avec 14 000 fédéraux, traversa le Potomac et s'établit à Martinsburg; Mac Clellan et Rosecrans infligèrent encore quelques défaites aux sudistes; au milieu de juillet, les troupes du Sud avaient évacué le territoire de la Virginie occidentale. Cette suite de succès allait être bientôt effacée par le premier revers important des fédéraux.

Le 4 juillet, le congrès fédéral se réunit à Washington; on connaissait déjà les déclarations de neutralité de l'Angleterre (mai) et de la France (juin). Le congrès approuva les appels de milices et de volontaires faits par le président, et l'autorisa à constituer une armée de 500 000 hommes. Toutes les propositions financières du secrétaire du trésor Chase (impôts et emprunts) furent adoptées.

L'opinion publique, fatiguée de la longueur des préparatifs, réclamait une action vigoureuse. Depuis plus de deux mois, fédéraux et sudistes étaient en présence à Manassas, sur les bords du ruisseau Bull Run. Le 17 juillet, Mac Dowell reçut l'ordre d'attaquer l'ennemi. Le 21 eut lieu la rencontre décisive. Une partie de la population de Washington traversa le Potomac pour assister, comme à un spectacle, à la déroute présumée des confédérés. Mais l'arrivée opportune de Johnston qui, avec 6000 hommes, se porta de Winchester au secours de Beauregard, assura la victoire aux sudistes. Cette première bataille

de Bull Run fut suivie d'une véritable débandade de l'armée fédérale jusqu'à Washington.

Jefferson Davis ne fit pas poursuivre ce grand succès. Peutêtre ne le pouvait-il pas, les provisions et toute organisation administrative faisant encore défaut. Le président sudiste, qui avait assisté à la fin de la bataille, dut se contenter d'envoyer dans les États sécessionnistes un message pompeux de victoire qui excita un enthousiasme extrême dans toute la confédération.

Campagne du James River. Un jeune général, Mac Clellan, remplaça Mac Dowell à la tête de l'armée vaincue, et fut nommé en novembre commandant en chef des armées de la république après la retraite du général Winfield Scott. Méthodique et lent, il consacra l'automne et l'hiver à organiser son armée, qui, en mars 1862, s'élevait à 150 000 hommes, répartis en corps d'armée, divisions et brigades. Pendant ces neuf mois, Beauregard s'était entouré à Manassas de solides retranchements. Le 5 mars 1862, il fut transféré du commandement de l'armée de Virginie à celui de la division du Mississipi; son successeur, le général Johnston, le vainqueur de Bull Run, ayant appris que Mac Clellan allait transporter son armée au sud de Richmond, sur la rive droite du James River, évacua, le 9 mars, les lignes de Manassas et se replia vers le sud. Il ne disposait que de 50 000 hommes, alors que Mac Clellan lui en attribuait le triple. Les troupes fédérales furent embarquées à Alexandria pour Fort Monroe, poste situé à l'extrémité de la presqu'ile du

York et du James.

Le plan primitif comportait une attaque directe sur Richmond par une flottille remontant la rivière James, tandis que les troupes s'avanceraient sur les deux rives. Mais un incident qui fit grand bruit à cette époque obligea le général unionniste à modifier ce plan. Le Merrimac, ancienne frégale fédérale que les confédérés avaient recouverte de fer et armée de canons de gros calibre, coula deux frégates dans la rade de Hampton Roads et ne rentra à Norfolk que devant l'apparition du Monitor, petit bâtiment cuirassé à tourelle appartenant à la flotte fédérale. On n'osa plus, à Washington, aventurer la flottille dans le James

River. Mac Clellan dut tenter une opération par la rive septentrionale de ce fleuve. L'armée fédérale s'ébranla le 4 avril, franchit le 4 mai, après un mois de siège, les retranchements de Yorktown, et, le lendemain, délogea de Williamsburg, après un très vif combat, l'armée confédérée, qui dut se replier sur Richmond. Mac Clellan établit ses troupes (16 mai) sur les deux rives du Chickahominy (affluent de la rive gauche du James River). Il avait donné rendez-vous en ce point à trois corps fédéraux convergeant de trois directions différentes, Frémont des montagnes virginiennes, Banks de la vallée de Shenandoah et Mac Dowell de Fredericksburg. Mais le général confédéré Stonewall Jackson portait en ce moment même l'épouvante dans le Nord par une pointe d'une extrême hardiesse qui remit un moment en ses mains Harper's Ferry. Mac Dowell fut appelé à la défense du Potomac, les deux autres colonnes tenues immobiles. Jackson, au contraire, put se dérober, échapper aux forces qui le cernaient, et arriver à temps sur le champ de bataille où Mac Clellan et Johnston étaient aux prises. Johnston, après avoir fait évacuer Norfolk et tous les postes détachés en aval de Richmond, livra le 31 mai, une bataille furieuse à l'aile gauche de l'armée fédérale, à Fair Oaks. La lutte dura deux jours, fut très meurtrière, mais non décisive. Le 2 juin, les deux armées avaient repris leurs anciennes positions. Johnston, grièvement blessé à Fair Oaks, était remplacé par le général Robert Lee. Renforcé par Beauregard et par Jackson, Lee, le 26 juin, attaqua Mac Clellan sur le Chickahominy, au moment où le général fédéral préparait une marche de flanc pour se rapprocher du James River. L'effort des confédérés porta, dans cette première journée, appelée bataille de Mechanicsville, sur l'aile droite de l'armée fédérale, qui fut battue et rejetée sur Gaines' Mill, où une seconde bataille fut livrée le lendemain 27. Sous les efforts combinés de Lee et de ses lieutenants, Longstreet, Hill et Jackson, les troupes fédérales furent complètement battues.

Mac Clellan opéra cependant une habile retraite, repoussa les confédérés à Savage's Station et à White Oak Swamp (29 et 30 juin), et rallia ses troupes à Harrison's Landing, sur le

James River, où il retrouva l'appui des canonnières fédérales et un ravitaillement facile. Les confédérés tentèrent encore contre les lignes de Mac Clellan, le 1er juillet, à Malvern Hill, une attaque qui fut aussi sanglante qu'inutile. Lee ramena toutes ses forces dans les retranchements de Richmond.

A Washington, le gouvernement, effrayé, ne songeait qu'à concentrer toutes ses forces pour la défense de la capitale. Les trois corps de Frémont, de Banks et de Mac Dowell furent réunis en une seule armée sous le commandement du général Pope, qui, menacé par Jackson sur son aile droite, recula au nord du Rappahannock. Mac Clellan reçut l'ordre de ramener son armée sur le Potomac et évacua Harrison's Landing le 16 août. Sur le Rappahannock, Pope, pris entre Lee qui l'attaquait en tête, et Jackson qui, par un détour du côté des montagnes, menaçait le flanc droit et les lignes de communication de l'armée fédérale, lutta avec vigueur le 28 et le 29 août, mais fut écrasé le 30 à la seconde bataille de Bull Run. Les débris de l'armée fédérale durent chercher un refuge sous les fortifications de Washington, abandonnant à l'ennemi les approvisionnements et l'artillerie. Mac Clellan, qui venait d'arriver de la baie de Chesapeake, recueillit ces débris dans les rangs de son armée, et reçut le commandement en chef de toutes les forces fédérales. Il lui fallait tenir tête à l'invasion du Maryland tentée par les confédérés.

Invasion

du Maryland. Antietam (17 septembre 1862). Lee ne pouvait songer à aborder de front la capitale fédérale; il résolut de la tourner par les vallées du Blue Ridge. Le 12 septembre, Jackson attaqua Harper's Ferry, tandis que les corps de Hill et de Longstre et passaient le Potomac et s'avançaient jusqu'à Frederick, à 70 kilomètres de la capitale fédérale. Ils n'allèrent pas plus loin, Mac Clellan s'avançant contre eux en grandes forces, et reconnurent la nécessité de rentrer en Virginie. Ils ne purent le faire qu'après avoir repoussé l'assaut violent que leur livra le 17 septembre (bataille d'Antietam) toute l'armée de Mac Clellan. Malgré les résultats indécis de cette journée meurtrière, les confédérés se hâtèrent de repasser le 19 au sud du Potomac.

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La guerre dans l'Ouest. Bataille de Shiloh (6 et 7 avril 1862). Dès le début de la guerre, le gouvernement sécessionniste, maître de l'embouchure du Mississipi et de son cours inférieur par la Nouvelle-Orléans et la Louisiane, fit de grands efforts pour s'assurer le haut cours du fleuve et gagner à sa cause les trois grands États du Tennessee, du Kentucky et du Missouri. Les gouverneurs tenaient pour le Sud, mais les opinions étaient divisées dans les législatures. Les milices sudistes du Tennessee s'emparèrent de Memphis, celles du Kentucky de Columbus. Dans le Missouri un coup de main sur l'arsenal fédéral de Saint-Louis fut déjoué par le général Lyon. Les secours arrivèrent promptement des États voisins du Nord. fidèles à l'Union. Des milices de l'Illinois occupèrent Cairo; le général Grant entra dans le Kentucky à la tête des milices de l'Indiana et de l'Ohio.

Sur la rive droite du Mississipi, une petite armée de sudistes, formée de volontaires du Missouri, de l'Arkansas et du Tennessee, battit les fédéraux; le général Lyon fut tué. Ce succès n'eut pas de résultats. Les confédérés furent aisément contenus et peu à peu rejetés dans l'Arkansas, où ils furent battus quelque temps après à Pea Ridge par Curtis. Frémont, nommé commandant en chef des troupes fédérales du haut Mississipi, s'était établi à Saint-Louis; mais, ayant lancé intempestivement, au jugement des autorités de Washington, une proclamation pour l'affranchissement des esclaves, il fut remplacé par le général Halleck.

Sur la rive gauche, le Kentucky servait de champ de bataille aux troupes des deux partis. Grant, établi à Cairo et à Paducah sur le bas Ohio, résolut d'attaquer les forts Henry et Donelson, qui commandaient les deux rivières de Cumberland et de Tennessee, à peu de distance de leur confluent avec l'Ohio. Du 6 au 15 février 1862, il s'en empara avec l'aide d'une flottille de canonnières commandée par Foote. Les confédérés laissaient 13 000 prisonniers aux mains des fédéraux, et le Kentucky était conservé à la cause fédérale. Grant, poursuivant sa victoire, marcha immédiatement vers le Sud, entra dans le Tennessee et occupa le 22 février, sans combat, la capitale de l'État, Nash

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