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forces entre les généraux Thomas, Mac Pherson et Schofield. Il entra en campagne le 6 mai 1864, le jour où s'achevait, au sud du Rapidan, la bataille du Wilderness. Il ne lui fallut pas moins de quatre mois de combats incessants pour venir à bout de la résistance des sudistes jusqu'à Atlanta. Johnston dut céder Dalton et Resaca (15 mai), abandonner le passage de l'Etowah (23 mai), Dallas (5 juin), Kenesaw (27 juin). Forcé de reculer toujours, il ne s'arrêta plus qu'à Atlanta, point de jonction de nombreuses lignes de chemin de fer, et grand dépôt du matériel de guerre de la rébellion. Destitué de son commandement le 10 juillet, il fut remplacé par Hood qui livra aux alentours de la ville plusieurs combats indécis, et put tenir six semaines. Mais lorsqu'il eut été battu le 31 août à Jonesboro, et que le chemin de fer de Macon fut tombé aux mains de l'ennemi, il se décida à évacuer la ville le 1er septembre, après avoir fait sauter les magasins et brûler les approvisionnements. Hood, en retraite sur Macon, conçut la résolution hardie d'abandonner la Georgie et d'envahir le Tennessee en décrivant une grande courbe autour d'Atlanta par l'Alabama. Sherman détacha Thomas pour la défense du Tennessee, puis, autorisé par Grant, entreprit de traverser la Georgie pour gagner le littoral

maritime.

Il ne partit, toutefois, qu'après deux mois de repos et de préparatifs, le 14 novembre, six jours après la réélection de Lincoln à la présidence de l'Union contre Mac Clellan, candidat des démocrates. En partant, il détruisit la ville. La principale armée qui eût pu lui résister était déjà loin vers le Tennessce. Sherman avait 60 000 hommes d'excellentes troupes. Il ne trouva devant lui que des forces insignifiantes, malgré les efforts de Jefferson Davis qui était venu à Macon pour exciter la population à se lever contre l'envahisseur. La marche à travers la Georgie (The great March to the Sea) ne se heurta donc qu'à très peu d'obstacles et fut en réalité une grande promenade militaire. L'armée arriva le 29 novembre à Millen après avoir tout détruit ou brûlé sur son passage. Elle parut bientôt devant Savannah, que bloquait déjà l'amiral Dahlgreen. Le fort MacAllister, qui défendait la ville, fut enlevé le 13 décembre;

Hardee, avec 15 000 hommes de la garnison, évacua la ville, que les fédéraux occupèrent le 21.

Dans le temps que ces événements se passaient en Georgie, Hood se dirigeant au nord-ouest par l'Alabama, entra dans le Tennessee, livra un combat violent à Schofield à Franklin (30 novembre), mais ne put empêcher la jonction de ce dernier avec Thomas à Nashville. Lorsque le général confédéré parut, le 2 décembre, devant la capitale du Tennessee, les forces fédérales s'étaient suffisamment accrues pour assurer la défense de la place. Le 15 décembre, Thomas et Schofield sortirent des retranchements et attaquèrent les sudistes. La bataille dura tout le jour et recommença le lendemain 16. Elle se termina par la déroute de l'armée de Hood, qui ne fut sauvée d'une destruction complète que par une charge désespérée du chef de partisans Forrest. Les fédéraux poursuivirent jusqu'au Tennessee les débris de l'armée vaincue (27 décembre).

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La fin de la guerre. La grande lutte approchait maintenant de son terme. Jefferson Davis ne pouvait plus fournir de nouvelles divisions à ses généraux; le Sud avait épuisé ses dernières ressources; toutes les positions encore occupées par les confédérés tombèrent rapidement au pouvoir des fédéraux. Le fort Fisher (qui commandait l'entrée de la rade de Wilmington) fut pris le 7 janvier 1865. La place même de Wilmington fut occupée le 21 du même mois. Sherman était arrivé le 17 à Columbia (capitale de la Caroline du Sud). Refoulant devant lui tous les débris épars des divers corps confédérés de Hood, de Hardee et de Beauregard, il continua son mouvement vers le nord et parut à Fayetteville le 12 mars. La ville de Charleston, qui avait si longtemps résisté aux attaques fédérales, fut évacuée le 17 février. L'amiral Dahlgreen fit hisser sur le sommet démantelé du fort Sumter le drapeau de l'Union abattu depuis le 12 avril 1861. Un incendie violent dévora la métropole de l'esclavage au moment où les régiments noirs y faisaient leur entrée; magasins, dépôts de coton, gares de chemins de fer, navires cuirassés et bâtiments en construction, tout fut consumé. Johnston, rappelé de sa disgrace par Jefferson Davis pour tenter d'arrêter Sherman, fut battu par lui à Bentonville.

(22 mars), et ne put l'empêcher d'arriver à Goldsboro, et de gagner de là City Point, où il trouva son chef, le général Grant, et s'entendit avec lui pour les opérations finales.

L'agonie de la Confédération était commencée. Depuis le mois d'août 1864, les forces de Lee et de Grant étaient restées en présence, se battant irrégulièrement et sans engagement à fond; le généralissime du Nord attendait le résultat de la campagne engagée par Sherman. La cause rebelle était maintenant virtuellement abattue. Il ne restait qu'à l'achever. Une brillante chevauchée du corps de Sheridan dans la vallée de Shenandoah (du 1er au 24 mars), chassa les confédérés de la Virginie occidentale et leur fit perdre un de leurs derniers généraux, Early. Lee tenta, à cette heure suprême, une attaque contre les lignes ennemies (25 mars); il fut repoussé. Le 28 un assaut général fut livré à ses fortifications. Le 29, Sheridan, placé à l'extrême gauche des fédéraux, effectua autour du flanc droit. de l'armée de Lee un mouvement de conversion qui, après trois jours de combats acharnés (30, 31 mars et 1er avril), où Hill fut tué, fit tomber entre les mains des fédéraux la forte position de Five Works. L'aile droite de Lee, coupée du reste de l'armée, fut presque entièrement prisc. Le 2 avril toute l'armée de Grant s'élança sur les fortifications de Petersburg et enleva la première ceinture de retranchements. Lee télégraphia alors à Jefferson Davis qu'il ne pouvait plus tenir tête à l'ennemi et que l'évacuation de Richmond devait avoir lieu sans délai; il allait lui-même se retirer à Danville avec les débris de son armée. Jefferson Davis quitta aussitôt Richmond, avec tout le gouvernement et un grand nombre des habitants, par le chemin de fer de Lynchburg. Le 3, Lee évacua les derniers retranchements de Petersburg et se dirigea sur Danville. Mais Sheridan le gagna de vitesse et parvint avant lui à Burkesville. Les confédérés inclinèrent plus à l'ouest, Sheridan hâta sa poursuite, atteignit l'arrière-garde à Deatonville (5 avril) et prit Ewell avec presque toute sa division. Le 7, le chemin de Danville était définitivement coupé aux sudistes, et Lee n'eut plus d'autre ressource que de se retrancher à Farmsville, puis à Appomattox-Station, pour y attendre les fédéraux. Définitive

ment enveloppé le 8 avril, et invité par Grant à se rendre pour éviter une nouvelle et inutile effusion de sang, il consentit à capituler le 9. Il ne stipula que la reddition de sa propre armée, réduite à 25 000 hommes. Johnston se rendit le 26 aux mêmes conditions que Lee. Dick Taylor, qui avait défendu Mobile jusqu'au 8 avril, se retira, après l'évacuation, dans l'intérieur de l'État du Mississipi, y erra quelque temps, puis, ayant appris la capitulation de l'armée principale, mit bas les armes le 4 mai. Kirby Smith, que l'expédition malheureuse de Banks avait laissé maître de toute la rive droite du Mississipi, se retira au Mexique après avoir licencié ses troupes (26 mai). Magruder, qui commandait au Texas, rendit Galveston aux fédéraux le 2 juin. C'était le dernier point du territoire des États-Unis où l'autorité fédérale ne fût pas encore rétablie.

Le corsaire Alabama, commandé par le capitaine Semmes, avait fait subir au commerce américain des pertes considérables. Au retour d'une croisière dans la mer des Indes, il entra dans le port de Cherbourg (juin 1864), où arriva bientôt une corvette fédérale, le Kearsage, commandée par le capitaine Winslow. Les deux bâtiments sortirent de la rade le 19 juin et engagèrent le combat hors des eaux françaises. Après une heure de lutte l'Alabama fut coulé. Une partie de l'équipage tomba aux mains du Kearsage. Semmes et une quarantaine d'officiers et de matelots furent recueillis par un yacht anglais, le Deerhund, et portés à Southampton, d'où Semmes put regagner l'Amérique. Jefferson Davis lui confia le commandement de la flottille confédérée du James River. Un autre corsaire confédéré, le Florida, fut attaqué et pris dans le port même de Bahia par la corvette fédérale Wassuchet (5 octobre 1864).

Jefferson Davis, qui avait disparu après la reddition de Lee, fut découvert et pris le 10 mai 1865, enfermé au fort Monroe, remis en liberté après quelques années. Une première proclamation d'amnistie fut lancée en 1865; d'autres suivirent jusqu'en 1868, époque où l'amnistie fut pratiquement universelle.

Les premières levées pour le recrutement des énormes armées du Nord furent obtenues par des engagements volontaires sans primes. Mais, dès le 1er juillet 1861, le Congrès

HISTOIRE GÉNÉRALE. XI.

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vota une indemnité de 100 dollars par homme qui s'engagerait pour trois ans; bientôt les États, les comtés, les villes, des sociétés particulières, augmentèrent par des dons volontaires les primes votées par le Congrès, afin de pouvoir fournir les contingents réclamés sans recourir au service obligatoire. La prime s'éleva peu à peu pour les engagements volontaires jusqu'à 350 dollars. Le montant total des primes fédérales atteignit 300 millions de dollars, celui des autorités locales, 286 millions. La confédération du Sud eut recours à la conscription dès les derniers mois de 1861; le gouvernement fédéral ne l'établit que par les deux lois de recrutement de 1863 et 1864. L'engagement volontaire resta la base du recrutement, la conscription n'intervenant que lorsque les effets du régime normal étaient insuffisants. Néanmoins les opérations du tirage au sort provoquèrent sur plusieurs points des désordres sérieux, mème de véritables émeutes à New-York. Ceux qui tombaient au sort pouvaient s'exonérer au moyen d'une somme de 300 dollars; mais l'exonération fut supprimée en 1864. Du 15 avril 1861 au 14 avril 1865, 2 759 000 hommes furent appelés sous les drapeaux. En 1863 et 1864, l'Union disposa en tout temps d'environ 900 000 combattants; au 1er mai 1865, plus d'un million d'hommes étaient sous les armes. 186 000 nègres, pendant toute la durée de la guerre, furent enrôlés. D'après les rapports officiels pour 1865-66, la guerre coûta au Nord 280 000 hommes, dont 5 220 officiers et 91 000 soldats tués pendant le combat ou morts de blessures, et 2 320 officiers et 182 000 soldats morts de maladie. Cette estimation paraît faible. Quant au nombre exact des morts et des blessés sudistes, il n'a jamais été officiellement établi.

Comme charge financière, la guerre légua à l'Union une dette de 3 milliards de dollars et un régime douanier sévèrement protectionniste.

La question de l'émanci

L'émancipation des noirs. pation attira dès le début de la guerre l'attention du président et du Congrès, mais elle fut traitée avec prudence, et Frémont, dans l'ouest, fut destitué de son commandement pour avoir voulu dans cette affaire devancer la décision des pouvoirs fédé

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