Page images
PDF
EPUB

La Confédération des autres provinces avait son siège à Parana (1853). Urquiza était chargé du pouvoir actif. Il voulut réunir la province sécessionniste et réussit ses troupes vainquirent celles de Mitre (bataille de Cepeda, 23 octobre). BuenosAyres rentrait dans la Confédération. La réconciliation se fit au milieu des fêtes. C'est alors qu'Urquiza passa le pouvoir à Derqui (1860). En 1861, une nouvelle querelle entre BuenosAyres et la Confédération entraîna cette fois la victoire de Mitre (à Pabon, 17 septembre 1861). En 1862, Mitre fut élu président de la République argentine; Buenos-Ayres redevenait capitale. Les années qui suivirent furent occupéees par la guerre du Paraguay, les invasions épidémiques. La Confédération était mise à de rudes épreuves. Les provinces s'agilaient, Urquiza était comme indépendant dans l'Entre-Rios dont il était le gouverneur.

Mitre céda le pouvoir en 1868 à Sarmiento, un ancien publiciste adversaire de Rosas, lieutenant d'Urquiza, adepte fervent et agissant de la doctrine de l'éducation populaire. Il semblait préluder à une ère de paix. Urquiza cependant était assassiné, les provinces remuaient encore; une rébellion menée par Lopez Jordan ne prit fin qu'en 1873.

L'Uruguay. Blancos et Colorados. Le gouvernement fut longtemps à se remettre des luttes intestines qui avaient entraîné l'intervention des Argentins avec Urquiza en 1851. Le pays était toujours divisé entre deux partis hostiles l'un à l'autre et coupés en fractions souvent adverses les colorados ou libéraux, les blancos ou conservateurs.

En 1851, on vit arriverau pouvoir Bernardo Berro, qui appartenait au parti conservateur. Il fut d'abord modéré; mais les colorados émigrés se groupaient sur la frontière et, conduits. par Venancio Florès, appelèrent le pays à l'insurrection. Le 1er mars, au milieu de la désorganisation du gouvernement et de l'armée, Anastasio Aguirre succéda à Bernardo Berro. C'était encore un conservateur. Mais, en même temps, Florès occupait tout l'ouest, où il administrait et levait l'impôt et essayait une entente avec le Brésil. Florès, mis hors la loi, entrait dans Florida, prenait Duraguo et, appuyé par 6 000 Brésiliens, s'emparait

de Paysandú. La ville de Montevideo fut affolée par ce fait d'armes; 8000 Brésiliens arrivèrent bientôt devant la ville, tandis que 13 vapeurs bloquaient le port. Au milieu de la terreur, sept sénateurs remplacèrent le président Aguirre par Villalba.

Le 23 février, Florès entra dans Montevideo, après une entente avec Villalba. Cette rentrée fut accompagnée de réjouissances publiques. Les chefs du parti conservateur furent mis sur un navire et expulsés. Florès, gouverneur provisoire de la République, fit avec le Brésil et la République argentine un traité d'alliance offensive contre le président du Paraguay, l'allié des conservateurs. Florès partit lui-même pour l'armée.

L'émigration européenne recommençait; Buenos-Ayres et Montevideo étaient reliées télégraphiquement; on traçait des chemins de fer. En 1866, dans les trois premiers semestres, la préparation et l'abattage de 452 834 bœufs ou vaches et de 21 404 chevaux dans les saladeros marquaient la richesse de l'élevage uruguayen. En 1867, le commerce général de l'Uruguay était supérieur à 150 millions et Montevideo recevait dans son port 2865 vaisseaux (335 000 tonnes).

Florès désirait se décharger du pouvoir dictatorial qu'il avait assumé; des élections législatives eurent lieu (chambre de 1868); mais les ennemis de Florès ne lui firent pas grâce; il fut assassiné. Sous son successeur le général Lorenzo Battle, les conservateurs se soulevèrent; l'insurrection dura quatre ans et fut écrasée en 1872; à cette époque surgit au Paraguay un parti nouveau, les radicaux, qui veulent dominer les querelles des libéraux et des conservateurs.

Le Paraguay. Les deux Lopez. - Le congrès décerna pour dix ans les pouvoirs qu'avait possédés Francia à son neveu Carlos Antonio Lopez'. Lopez (1844-1862), sans entrer dans les voies du libéralisme, renonça à l'isolement de son pays. Il lia avec la France, l'Angleterre, la Sardaigne et les États-Unis des relations amicales, ouvrant le pays à leurs navires (1857). En 1848, Lopez décréta la dissolution des mis

1. Voir ci-dessus, t. X, p. 862.

sions du Paraguay: les Indiens qui étaient émancipés recevaient les droits des citoyens. En 1854, le congrès national renouvela pour dix ans encore les pouvoirs présidentiels de Lopez. Il mourut en 1862. Il avait joué un rôle important comme arbitre entre Buenos-Ayres et les provinces argentines toujours en querelle. Il avait nommé vice-président son fils Solano, peu avant de mourir, et suivant un droit que lui donnait la Constitution. Le Congrès ratifia le choix de Lopez (26 octobre 1862). Solano Lopez avait voyagé en Europe et en France; il était alors âgé de trente-cinq ans. Son père l'avait déjà appelé au ministère (guerre et marine). Les événements allaient révéler son énergie et mettre son courage à de rudes épreuves.

Guerre du Paraguay (1864-1870). -La jalousie qui anime les trois républiques de la Plata (Uruguay, Argentine, Paraguay) les unes contre les autres, le désir que le Brésil et l'Argentine manifestent toujours d'étendre leur territoire causèrent une inévitable conflagration dans la Plata.

Lopez craignit d'être attaqué : il prit l'offensive. Il saisit le gouverneur du Matto Grosso à bord d'un navire brésilien (novembre 1864) et passa dans le Matto Grosso à la tète de 10 000 hommes. Ce fut d'abord une série ininterrompue de succès; les forts brésiliens de Corumba et Donrado tombent entre ses mains; il pousse sur Cuyaba, prend Corrientes et capture deux navires brésiliens.

Cette politique brutale agréait au congrès, qui la sanctionna, nomma Lopez maréchal, et l'autorisa à contracter un emprunt de 124 millions (1865). Mais elle amena par contre une triple alliance entre le Brésil, l'Uruguay et l'Argentine (6 mai).

Alors commencèrent les désastres: la flottille du Paraguay baltue par la flotte du Brésil, une division entière massacrée, un corps d'armée paraguayen anéanti.

Lopez rassembla ses troupes d'abord sous Stapira, puis sous Humaïta, et là vainquit les Argentins et Mitre (avril 1866); il rejetait aussi hors du territoire paraguayen un corps d'armée brésilien venant du Matto Grosso (1867). L'année 1868 fut désastreuse pour le Paraguay; les alliés obligent Lopez à se retirer de Humaïta vers Tebimary et Timbo; son armée reconstituée

est battue sous Angostura, il laisse à l'ennemi 16 canons, 1000 prisonniers; la capitale découverte est prise. Cependant Lopez, qui se montrait indomptable, poursuivait la guerre. Il est encore vaincu par l'armée brésilienne du comte d'Eu près de Caraguatry, en août 1869; au mois de mars 1870, dans un suprême effort, aidé de 5 000 Indiens et de quelques débris de cavalerie et d'infanterie, il est tué sur les bords de l'Aquidaban; les siens sont écrasés.

Les conséquences ont été désastreuses pour le pays vaincu. Il y avait en 1857 environ 140 000 habitants; il reste, en 1870, un sixième de la population, les femmes et les enfants; les revenus sont tombés de treize millions à deux. La ruine était complète. Il fallait réédifier le gouvernement. On a d'abord changé la Constitution politique; la nouvelle fut calquée sur celle des États-Unis : président nommé pour trois ans, un viceprésident; sénat et chambre des députés, suffrage universel. Le traité de paix définitif conclu en janvier 1872 avec le Brésil fixé la nouvelle frontière entre les deux pays.

[merged small][ocr errors]

Le gouvernement fédéral en Colombie. - Depuis 1836, époque à laquelle Santander' quitte le pouvoir jusqu'en 1858, les diverses formes gouvernementales sont tentées au milieu des guerres civiles; enfin en 1858 le système fédératif est organisé. Le président Mariano Ospina voulut par des lois proposées au congrès sauver quelques vestiges de centralisation. Les États de Santander, Cauca, Bolivar, Magdalena furent hostiles. à cette tentative du président et aux résolutions du congrès. Mariano Ospina songea d'abord à combattre les États; il proclama l'état de siège dans la confédération et décréta une levée de troupes. Mais il n'agit pas. Au commencement de 1861, les villes du littoral se rallient aux insurgés; les pouvoirs présidentiels d'Ospina sont arrivés à terme il est remplacé à la prési

[blocks in formation]

dence par un autre conservateur, Arboleda, issu d'une famille qui avait pris part à la guerre de l'indépendance. Arboleda était aussi bon orateur et bon poète. Il ne gouverna pas longtemps. Ses adversaires politiques, sous la conduite de Mosquera, pénétrèrent dans Bogota le 18 juillet 1862, après un combat de cinq heures.

Le triomphe du fédéralisme suivit cet événement. Mosquera devient président provisoire de la Nouvelle-Grenade, désormais États-Unis de Colombie ». « Il décréta que la loi naturelle serait le seul code de la nation, proclama la séparation de l'Église et de l'État, avec défense aux prêtres d'exercer leur ministère sans l'autorisation du pouvoir civil et confisqua la propriété des couvents. »

Constitution de 1862.- La Confédération est formée de

neuf États: Antioquia, Bolivar, Boyala, Cauca, Condinamarca, Magdalena, Panama, Santander, Tolima. Ces États sont autonomes pour leur gouvernement intérieur : ils ont chacun un président, un parlement, une haute cour de justice; toutes les fonctions, même judiciaires, sont à l'élection; les municipalités jouissent d'un régime libéral.

A Bogota réside le gouvernement fédéral un président élu par le peuple pour deux ans, un congrès élu par les États (Sénat de 27 membres, Chambre de 66 représentants). Le présidont n'est pas rééligible en sortant de charge; il est assisté pour le pouvoir exécutif de quatre ministres (intérieur, relations étrangères, trésor et crédit national, hacienda y fomento, guerre et marine). Les Chambres des neuf États élisent une cour suprême de trois membres et un procureur général de la nation. C'est le congrès qui déclare la guerre. C'est lui qui fait les lois; mais le pouvoir législatif du congrès est quelquefois contrarié par les États; de là des prises d'armes.

Le 1er avril 1864, Mosquera, laissant la constitution fonctionner régulièrement, reçut le serment du Dr Manuel Murillo Toro, et, lui cédant la présidence, devint le leader du parti démocratique; il resta populaire, parlait dans les clubs, où il attaquait la France et l'Espagne, alors en lutte l'une contre le Mexique, l'autre contre le Pérou.

« PreviousContinue »