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l'amiral Paréja remplaçant Pinzon signait les préliminaires de la paix le 28 janvier 1865.

L'opposition prit prétexte de la politique extérieure de Pezet pour attaquer la présidence. Le maréchal Castilla parlait d'une ligue offensive des États américains contre l'Espagne; il voulait la guerre. Il fallut le déporter. L'insurrection se produisait à Arequipa, à Puno, Cuzco, le deuxième vice-président, Canseco, y adhérait, revenait en armes dans Lima. Pezet était déchu, mis en jugement; ses ministres poursuivis. D'ailleurs l'ex-président était en sûreté à bord d'un navire anglais. Canseco, en sa qualité de vice-président, prit le pouvoir et fit un ministère. Canseco déclara qu'il agirait suivant la constitution et la légalité et demanderait la confirmation de son pouvoir. Les chefs militaires le déposèrent et le colonel Pardo fut nommé dictateur.

Le colonel Pardo fit poursuivre les auteurs de l'entente avec l'Espagne; il rompit avec l'Espagne, annula les négociations pour la paix. Une quadruple alliance unissait contre le gouvernement espagnol le Chili, le Pérou, la Bolivie et l'Équateur. L'escadre espagnole quitta Callao, bombardé sans succès. Malgré ces succès la dictature de Pardo avait des adversaires; Castilla, beau-frère de Canseco, très populaire, groupait une partie des mécontents; le colonel Balta conspirait de son côté. Il fallut convoquer les électeurs, faire élire des députés. Le 31 août 1867, une constitution était élaborée; le président est élu pour cinq ans; le catholicisme est la seule religion reconnue et autoriséc.

Une insurrection organisée par Canseco à Arequipa détermina la chute de Pardo. Il eut pour successeur Balta, élu pour quatre ans; la constitution de 1867 était abandonnée (1868).

Le Chili. Conservateurs modérés et conservateurs

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ultras (pelucones). En 1851, à Bulnès, conservateur, succède encore un conservateur, le professeur Montt. Quelques insurrections furent vaincues grâce au concours de Bulnès. Mais en 1858 le pouvoir du président fut plus vivement attaqué. Les conservateurs ultras (pelucones) se soulevaient à cause de l'établissement d'un temple protestant à Valparaiso, le clergé poussait les pelucones. Les radicaux demandèrent une revision de la constitution, ouvrirent un club, qu'on ne put arriver à

fermer. Valparaiso et Santiago furent mis en état de siège. Copiapo s'insurge, les radicaux s'emparent de Talca (1859). Montt, civil, était mal soutenu par les généraux, mais grâce aux pouvoirs extraordinaires que lui conféra le Congrès, il put battre les insurgés à Penuelos (29 avril). En juin 1861, les élections lui donnaient pour successeur José Joaquin Pérez. L'élection de Pérez était le résultat d'une entente entre les partis; il prononça une amnistie en faveur des insurgés à dater de 1851. Mais bientôt il ne put plus satisfaire les avancés ni les conservateurs.

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Conflit hispano-chilien. Durant le conflit hispanopéruvien, le Chili avait manifesté sa sympathie au Pérou; le premier conflit réglé, le gouvernement espagnol demanda raison à la République chilienne de son attitude. Le gouvernement du Pérou donna au ministre d'Espagne à Santiago des explications dont il se montra satisfait; ce diplomate, Tavira, fut rappelé. Les intentions de l'Espagne étaient hostiles; on le vit bien à l'arrivée de l'amiral Pareja, escorté de cinq navires, qui réclama le salut de 21 coups de canon et des explications nouvelles. Le gouvernement chilien ne se laissa pas intimider. Il déclara La République, fortifiée par la justice de sa cause, soutenue par l'héroïsme de ses enfants, prenant Dieu pour juge et le monde civilisé pour témoin de la lutte, défendra son honneur et ses privilèges jusqu'à la dernière extrémité, et fera la guerre par tous les moyens qu'autorise le droit des gens, quelque extrêmes et douloureux qu'ils soient. »

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La guerre fut déclarée et le peuple l'accepta avec enthousiasme. Le Congrès vota 20 millions de piastres pour la défense du pays. L'amiral espagnol riposta en déclarant bloqués les grands ports Valparaiso, Coquimbo, Caldera, etc. Pour parer à cette mesure dommageable aux neutres, le gouvernement chilien ouvrit 38 ports libres de droits de douane. C'est par un brillant succès chilien que commença la guerre sur mer. La corvette chilienne Esmeralda fondit, entre Coquimbo et Papulo, sur la canonnière espagnole Virgen de Cavadonga, et s'en empara en vingt minutes. A la nouvelle de ce désastre, l'amiral espagnol Pareja se tua d'un coup de revolver.

La flotte espagnole fut désormais sous les ordres de MendezNunez, commandant de la Numancia qui était alors au Callao. Arrivé dans les eaux chiliennes, il répondit à la prise de la Cavandoga par des représailles terribles. Il somma le gouvernement chilien d'avoir à se rendre aux propositions d'arrangement faites par la France et l'Angleterre, sinon Valparaiso serait bombardée. Le gouvernement chilien persista dans son refus; après une sommation et un délai de deux heures pour l'évacuation de la ville, Valparaiso fut livrée au bombardement (31 mars 1866). Les flottes neutres avaient laissé faire; « l'opération » achevée, Nunez quitta les eaux du Chili.

Les républiques andines, Chili, Bolivie, Équateur, Pérou, s'étaient unies en une quadruple alliance; la Bolivie et le Chili réglaient à l'amiable leurs conflits de frontière. Après la cessation des hostilités, le gouvernement chilien conserva sa popularité Pérez fut réélu le 25 juillet 1866 pour cinq ans. Le renouvellement des deux chambres ne livra pas passage à l'opposition (31 mars-1er avril 1867). Deux emprunts étaient contractés en Angleterre (1866-1867); la République étendit au sud son territoire en Araucanie.

En 1871, le Chili adhéra à un projet d'armistice avec l'Espagne, accepté à Lima par le Pérou dès 1869; ce fut pour le commerce des puissances non belligérantes et alliées un grand soulagement. La même année, en juillet, le Congrès décida que les présidents de la République chilienne n'auraient plus droit à la rééligibilité. Errazuriz succéda à Pérez.

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De

Chute de Santa Anna. Progrès des Yorkinos. 1848 à 1858 le Mexique est troublé par une série de luttes civiles qui contribuent, après la défaite infligée par les ÉtatsUnis, à discréditer la république mexicaine. La présidence passe successivement à Herrera (président pour la deuxième fois, 1848-1851), à Arista (1851-1853), à Santa Anna (quatrième fois, 1853-1854), Martin Carrera (1854-1856), à Comonfort

(1856-1858). Cette période est marquée par le déclin de l'influence de Santa Anna, ambitieux vulgaire, que le désir de gouverner avait poussé du camp des yorkinos ou démocrates à celui des monarchistes centralisateurs et cléricaux, dissimulés sous le nom d'escoceses.

A cette époque, la constitution de 1846 supprime la constitution centraliste de 1835 et ramène le Mexique à un régime imitant celui des États-Unis; c'est le retour à la constitution de 1824. Mais la constitution éprouve des vicissitudes nombreuses; en 1853, Santa Anna la supprimait, se faisait appeler Altesse Sérénissime, gouvernait sans congrès, jouait à l'empereur. Il est vrai qu'il se faisait chasser. L'heure des yorkinos était proche; ils prennent le dessus avec Alvarez et Comonfort. C'est la victoire des Indiens, des libéraux, des amis de la tolérance religieuse et des principes démocratiques sur le parti de la dictature ou de la monarchie déguisée, du pouvoir de l'oligarchie foncière, de l'influence cléricale.

Le président Juarez (1858-1872). Juarez est sans doute l'homme politique mexicain dont le rôle a été le plus considérable. Il arrive au pouvoir avec le parti démocratique et anticlérical dont il est le chef. Benito Juarez est un Indien, un homme d'humble origine; il est né en 1808 dans les environs d'Oajaca, dans un hameau formé de quelques huttes de roseaux. Ses parents possédaient une hutte et un lopin de terre. Il perdit sa mère de bonne heure et fut élevé successivement par sa grand mère, puis par un oncle; à douze ans il ne savait ni lire ni écrire; il ne parlait pas l'espagnol. Il servit d'abord à Oajaca comme domestique. Son maître, surpris de voir en lui une grande intelligence, le fit instruire. Juarez passa d'abord par le séminaire, puis étudia dans un institut que les libéraux avaient fondé. Il fut admis au barreau, fit de la politique dès 1828 dans les rangs des yorkinos avant de plaider; il devient conseiller municipal d'Oajaca (1831), puis député à deux reprises. Il est gouverneur d'Oajaca jusqu'en 1852. Il devient un des chefs des yorkinos révoltés en 1855. Il montre dès lors ses qualités morales; il fait preuve d'une ténacité indomptable.

C'est au milieu des luttes civiles qu'il arrive à la présidence

de la République. Les partis étaient déchaînés, conservateurs contre démocrates. Les démocrates avaient triomphé et poussé à la présidence le général Alvarez, qui bientôt démissionna, puis le général Comonfort. Les conservateurs, qui étaient soutenus par le clergé, tentèrent de se soulever contre Comonfort. Ils furent vaincus et le parti clérical frappé le congrès de Mexico décréta les biens ecclésiastiques sécularisés (1856); bientôt il fut décidé que le catholicisme n'était plus religion d'État, que le clergé perdait ses tribunaux, tombait dans le droit commun; la surveillance sur l'enseignement lui échappe et les ordres monastiques sont dispersés. Les conservateurs et le clergé répondirent à ces mesures par la guerre civile. Comonfort fut battu, dut sortir de Mexico (21 janvier 1858). La capitale tombe entre les mains des insurgés commandés par Zulagoa et Miramon (1858-1859).

Juarez était à cette époque premier juge de la cour suprême et vice-président de la République. Lorsque Comonfort eut élé déchu, Juarez, se prévalant de la constitution de 1857, prit la présidence de la République. Mais sa situation était critique; il était assiégé dans Vera Cruz et sans communication avec l'intérieur du pays. Les États-Unis cependant le reconnaissaient comme président de la République; les généraux Alvarez, Vidaurri et Ortega se déclaraient en sa faveur.

La guerre civile dure trois ans d'un côté, le chef des conservateurs cléricaux, Miramon, désireux d'appeler comme chef de l'État un prince étranger, de rétablir le clergé dans ses anciens privilèges, et de bâillonner la presse; de l'autre, Juarez pour qui tiennent quelques États, sans ressources, dans l'impossibilité de rassembler un congrès et réduit à faire une constitution provisoire. Néanmoins Juarez est vainqueur; il frappe son principal ennemi, le clergé. Il confisque tous ses biens, sauf les églises, dissout les couvents, autorise les religieux à réclamer leur dot, décrète le mariage civil, rend l'état civil aux laïques et supprime la légation mexicaine à Rome.

Juarez rentre victorieux à Mexico en décembre 1860.

Démêlés du Mexique avec l'Angleterre, l'Espagne et la France. Des difficultés diplomatiques surgirent au

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