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l'homme qu'il lui fallait pour faire l'exploration des côtes sudest de la Sibérie orientale depuis la baie Tougouste jusqu'au fleuve Amour.

Au mois de mai 1849, Nevelsky arriva à Petrovpolosk, sur la côte de Kamchatka, et le 31 il se dirigeait vers la pointe septentrionale de la grande terre désignée sous le nom de Sakhalin, Krafto et Tara Kaï, doublait les deux caps Élisabeth et Marie, découverts par Krusenstern, longeait la côte occidentale, trouvait la baie Trompeuse, devenue depuis Baïkal, doublait le cap Golovatchef et pénétrait dans le fleuve Amour. Le voyage de Nevelsky avait une importance capitale : il montrait que Sakhalin n'était nullement retenu à la terre ferme, que c'était bien une île, que la Manche de Tartarie n'était pas un golfe comme l'avait cru La Pérouse, mais bien un détroit. Les voyages d'Orlov, les nouvelles explorations de Nevelsky, l'expédition de Rimski Korsakof, etc., complètent cette découverte dont Mouravief va tirer parti.

Mouravief sur l'Amour. Le 16 juin 1853, Mouravief fait demander à Peking la délimitation des pays restés sans démarcation à la suite du traité de Nertchinsk; lui-même part pour la Sibérie orientale (1854), prend le commandement d'une nombreuse flottille, et le 18 mai entre dans les eaux du He Loung-kiang, fermé depuis deux siècles à la navigation russe. Nouvelle note à Peking pour avertir les Chinois que désormais ils devront traiter avec le gouverneur général de la Sibérie orientale pour la question des frontières. Mouravief continue la descente du fleuve jusqu'au port Marïensk (14 juill. 1864); l'escadre de l'amiral Poutiatine est réunie dejà dans la baie Impériale et dans la baie de Castries; la province amourienne devient propriété du gouvernement russe. En 1855 et 1856, deuxième et troisième expédition de Mouravief sur le fleuve Amour. A la fin de cette dernière année l'Europe approuve la création de la province Maritime (Nicolaievsk) et Poutiatine est envoyé à Peking comme ambassadeur.

Traité d'Aïgoun. - Cependant Mouravief descendit à nouveau le fleuve le 26 avril 1857; le 9 mai il créait une nouvelle ville sur la rive gauche à l'embouchure de la Zeya, Blagovies

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tchensk; sur l'autre rive de l'Amour, en face, à Aïgoun, il signait quelques jours plus tard (16-28 mai 1858) un traité avec l'envoyé chinois le prince I-chan, commandant en chef sur l'Amour. Ce traité ratifié par l'empereur de Russie le 8 juillet 1858 et par l'empereur de Chine le 2 juin 1858, rédigé en russe, en mandchou et en mongol, ne comprend que trois articles; les Russes obtiennent la rive gauche de l'Amour depuis l'Argoun jusqu'à son embouchure; les Chinois gardent la rive droite jusqu'à l'Ousouri; « les territoires et endroits situés entre la rivière Ousouri et la mer, comme jusqu'à présent, seront possédés en commun par l'empire Ta Tsing et l'Empire de Russie, en attendant que la frontière entre les deux États y soit réglée »; la navigation de l'Amour, de l'Ousouri et du Soungari est réservée aux Russes et aux Chinois. La ville de Khabarovka était créée au confluent de l'Ousouri et de l'Amour; elle prend de jour en jour l'importance que nous avions prévue jadis. A la suite de ces succès, Mouravief reçut le titre de comte Amoursky.

Traité de Tien-tsin. D'autre part, le contre-amiral Euthyme Poutiatine signait avec Kouei Liang et Houa Cha-na un traité à Tien-tsin le 1/13 juin 1858. Ce traité, en douze articles, marque que dorénavant les relations entre la Russie et la Chine n'auront plus lieu« comme autrefois par l'intermédiaire du Sénat, et du Li-fan-yuen, mais par l'intermédiaire du ministre des Affaires étrangères de Russie, et du premier membre du conseil suprème de l'Empire (Kiun-ki-tchou) ou principal ministre, sur la base d'une parfaite égalité ». L'ouverture de ports au commerce russe, sur le littoral le séjour de la mission ecclésiastique russe à Peking, l'installation d'un service de postes aux lettres entre Kiachta et Peking, etc., sont les principales stipulations.

Traité de Peking. Cependant la guerre de 1860 augmentait les appétits de la Russie; aussi un traité additionnel est-il signé à Peking (2/14 novembre 1860) par le général-major Nicolas Ignatiev et le prince Kong. Par ce traité en 15 articles, les territoires entre l'Ousouri et la mer, au lieu d'être communs aux deux empires, appartiendront à la Russie;

l'homme qu'il lui fallait pour faire l'exploration des côtes sudest de la Sibérie orientale depuis la baie Tougouste jusqu'au fleuve Amour.

Au mois de mai 1849, Nevelsky arriva à Petrovpolosk, sur la côte de Kamchatka, et le 31 il se dirigeait vers la pointe septentrionale de la grande terre désignée sous le nom de Sakhalin, Krafto et Tara Kaï, doublait les deux caps Élisabeth et Marie, découverts par Krusenstern, longeait la côte occidentale, trouvait la baie Trompeuse, devenue depuis Baïkal, doublait le cap Golovatchef et pénétrait dans le fleuve Amour. Le voyage de Nevelsky avait une importance capitale il montrait que Sakhalin n'était nullement retenu à la terre ferme, que c'était bien une île, que la Manche de Tartarie n'était pas un golfe comme l'avait cru La Pérouse, mais bien un détroit. Les voyages d'Orlov, les nouvelles explorations de Nevelsky, l'expédition de Rimski Korsakof, etc., complètent cette découverte dont Mouravief va tirer parti.

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Mouravief sur l'Amour. Le 16 juin 1853, Mouravief fait demander à Peking la délimitation des pays restés sans démarcation à la suite du traité de Nertchinsk; lui-même part pour la Sibérie orientale (1854), prend le commandement d'une nombreuse flottille, et le 18 mai entre dans les eaux du He Loung-kiang, fermé depuis deux siècles à la navigation russe. Nouvelle note à Peking pour avertir les Chinois que désormais ils devront traiter avec le gouverneur général de la Sibérie orientale pour la question des frontières. Mouravief continue la descente du fleuve jusqu'au port Marïensk (14 juill. 1864); l'escadre de l'amiral Poutiatine est réunie dejà dans la baie Impériale et dans la baie de Castries; la province amourienne devient propriété du gouvernement russe. En 1855 et 1856, deuxième et troisième expédition de Mouravief sur le fleuve Amour. A la fin de cette dernière année l'Europe approuve la création de la province Maritime (Nicolaievsk) et Poutiatine est envoyé à Peking comme ambassadeur.

Traité d'Aïgoun. - Cependant Mouravief descendit à nouveau le fleuve le 26 avril 1857; le 9 mai il créait une nouvelle ville sur la rive gauche à l'embouchure de la Zeya, Blagovies

tchensk; sur l'autre rive de l'Amour, en face, à Aïgoun, il signait quelques jours plus tard (16-28 mai 1858) un traité avec l'envoyé chinois le prince I-chan, commandant en chef sur l'Amour. Ce traité ratifié par l'empereur de Russie le 8 juillet 1858 et par l'empereur de Chine le 2 juin 1858, rédigé en russe, en mandchou et en mongol, ne comprend que trois articles; les Russes obtiennent la rive gauche de l'Amour depuis l'Argoun jusqu'à son embouchure; les Chinois gardent la rive droite jusqu'à l'Ousouri; « les territoires et endroits situés entre la rivière Ousouri et la mer, comme jusqu'à présent, seront possédés en commun par l'empire Ta Tsing et l'Empire de Russie, en attendant que la frontière entre les deux États y soit réglée »; la navigation de l'Amour, de l'Ousouri et du Soungari est réservée aux Russes et aux Chinois. La ville de Khabarovka était créée au confluent de l'Ousouri et de l'Amour; elle prend de jour en jour l'importance que nous avions prévue jadis. A la suite de ces succès, Mouravief reçut le titre de comte Amoursky.

Traité de Tien-tsin. D'autre part, le contre-amiral Euthyme Pouliatine signait avec Kouei Liang et Houa Cha-na un traité à Tien-tsin le 1/13 juin 1858. Ce traité, en douze articles, marque que dorénavant les relations entre la Russie et la Chine n'auront plus lieu« comme autrefois par l'intermédiaire du Sénat, et du Li-fan-yuen, mais par l'intermédiaire du ministre des Affaires étrangères de Russie, et du premier membre du conseil suprème de l'Empire (Kiun-ki-tchou) ou principal ministre, sur la base d'une parfaite égalité ». L'ouverture de ports au commerce russe, sur le littoral le séjour de la mission ecclésiastique russe à Peking, l'installation d'un service de postes aux lettres entre Kiachta et Peking, etc., sont les principales stipulations.

Traité de Peking. Cependant la guerre de 1860 augmentait les appétits de la Russie; aussi un traité additionnel est-il signé à Peking (2/14 novembre 1860) par le général-major Nicolas Ignatiev et le prince Kong. Par ce traité en 15 articles, les territoires entre l'Ousouri et la mer, au lieu d'être communs aux deux empires, appartiendront à la Russie;

la frontière sera donc les rivières Ousouri et Son'gatcha, le lac Hin Kaï jusqu'au Tou Men-kiang, la frontière coréenne, etc. Le traité est ratifié à Saint-Pétersbourg le 20 décembre, et promulgué le 26 décembre 1860. Le 20 février 4 mars 1862, une convention relative au commerce par terre était signée à Peking par le ministre russe, M. de Balliouzek, et complétée dans la même ville par le général Vlangaly, le 15/27 avr. 1869.

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Tu'-Du'c.

Tu

Massacres de missionnaires '. Du'c, en remplaçant son père Thieu-tri sur le trône (1847), eut à lutter contre son propre frère Hoàngbào, ou An-phong, qui prétendait à la couronne. Tu'-Du'c avait cependant reçu l'investiture impériale chinoise à Hué, tandis que ses prédécesseurs avaient été obligés d'aller jusqu'à Hanoï pour l'obtenir. Hoàngbào, capturé, fut coandamné à la prison perpétuelle il s'y suicida. On profita de cette révolte pour y impliquer les chrétiens et les poursuivre. Un édit fut rendu le 21 mars 1851, pour mettre à mort les prêtres européens et indigènes. Augustin Schoeffler, le 1er mai 1851; Jean-Louis Bonnard, le 1er mai 1852, des Missions Étrangères, furent mis à mort; l'évêque JoseMaria Diaz fut exécuté le 20 juillet 1857; le père Sampedro subit le même sort en 1858. La France ne pouvait rester indifférente. Le 16 septembre 1856, le Catinat, commandé par M. Lelieur de Ville-sur-Arce, paraissait dans la baie de Tourane, mais Tu'-Du'c refusait d'entrer en communication avec lui; à son tour, le 23 janvier 1857, M. de Montigny arrivait à Tourane; il échouait également.

L'amiral Rigault de Genouilly. Cependant la France ne perdait pas de vue ses intérêts en Cochinchine, et en 1857 une commission s'était réunie à Paris, présidée par le baron Brenier, pour examiner le traité signé par l'évêque d'Adran en

1. Voir ci-dessus, t. X, p. 998.

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