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cultés que les Birmans rencontreraient, et ils protestèrent de leur bonne volonté auprès des Anglais. Ceux-ci ne furent pas leurs dupes. Pour couper court à leurs projets, ils envoyèrent à Martaban le lieutenant-colonel Godwin. Il rencontra des vents. contraires, une forte résistance de Maha Oudnah, gouverneur de Yeh. Cependant cette ville, à l'est de Martaban et de Tavoy, tomba entre ses mains. Maha Bandoula profita de la fin de la saison des pluies pour s'avancer avec toute son armée contre Rangoun; une lutte terrible s'engagea du 1er au 7 décembre et, le 15, le fort de Kokien fut attaqué et les troupes de Bandoula durent se replier à Donoobew.

Organisée à nouveau pour continuer la campagne, l'expédition, revenue à Tonghoo, établit ses quartiers d'hiver à Prome, sur l'Irraouaddy. Après quelques tentatives infructueuses de conciliation, l'armée birmane, composée de trois divisions, ayant repris l'offensive, fut repoussée devant Prome et obligée de se retirer à Mellonne. Arrivés devant cette ville, les Anglais signèrent le 29 décembre 1825 un traité de paix préliminaire, mais les hostilités reprirent bientôt, le roi ayant refusé de le ratifier. Les Anglais continuèrent leur route sur Ava, la capitale, après avoir repoussé les Birmans de Mellonne.

Traité de Yandabou. Le roi d'Ava, voyant l'armée anglaise s'avancer près de la capitale et ayant mème été battu à Prahangniou, se décida à envoyer de nouveaux plénipotenliaires. Ceux-ci étaient accompagnés d'un missionnaire américain, Adoniram Judson, de sa femme, et d'un commerçant anglais nommé Gouger, ainsi que de quelques autres personnes qui avaient été capturées pendant les hostilités. Le 24 février 1826, un traité se composant de onze articles était signé à Yandabou. Parmi les principales clauses du traité, nous trouvons la cession de l'Assam, de l'Arakan, de Yeh, de Tavoy, Mergui, Tenasserim, et des îles qui en dépendent, à l'Angleterre; interdiction était faite aux Birmans de toute ingérence dans le Manipour, le Kachâr, le Jyntia; l'article 11 vise le roi de Siam, lequel étant allié fidèle de la Grande-Bretagne, est considéré partie au présent traité. L'évacuation des troupes anglaises à Rangoun après le paiement d'un quart de l'indem

nité totale, c'est-à-dire de 25 lakh de roupies, et l'exécution du traité, est stipulée dans un article supplémentaire au versement du second quart, les troupes britanniques devaient se retirer totalement, et les deux autres versements devaient être effectués annuellement à partir de la date de la convention.

Par le traité de Yandabou, la Birmanie était totalement isolée du nord-est de l'Inde et de l'embouchure de la Salouen; la côte ouest de l'Indo-Chine, c'est-à-dire l'Arakan, leur était enlevée de même. Il ne restait aux rois d'Ava que les deux rives de l'Irraouaddy, et comme littoral l'ancien royaume de Pegou, c'est-à-dire Rangoun, qu'une seconde guerre avec les Anglais devait leur enlever bientôt. Ils ne pouvaient plus étendre leur influence que sur les principautés de la haute Salouen et sur la rive droite du Me-Kong.

Mission de John Crafwurd. - Une lettre datée du 1er septembre 1826 nous apprend que John Crawfurd occupait depuis six mois le poste de commissaire civil du gouvernement anglais à Rangoun, lorsqu'il reçut de George Swinton, secrétaire du gouvernement des Indes, des instructions relatives à une mission spéciale pour Ava. Le véritable but de la mission était de conclure un traité de commerce avec la cour d'Ava et d'atténuer quelques questions irritantes, telles que celles de la frontière Est de l'Assam, de l'établissement d'un fonctionnaire principal à Rangoun, des affaires du Manipour, de la frontière de Martaban, de l'acquisition de l'île Negrais à l'embouchure de la rivière de Bassein, etc. Le 22 février 1827, Crawfurd écrivait officiellement de Sangor, à George Swinton, que le 23 novembre précédent, il avait conclu un traité de commerce avec le gouvernement birman, dont le roi, Sagain-Meng ou Phagyidoa, était le même qui avait signé le traité de Yandabou.

Nouvelles difficultés.

Mais pas plus en Birmanie qu'en Chine avant 1842 (traité de Nan King) les promesses faites par ce traité commercial, de laisser liberté entière de commerce aux négociants anglais de Rangoun, ne furent observées et tenues. Seule, la force, en Extrême-Orient, fait respecter les conventions. En 1830, le major Burney, commissaire anglais,

était venu s'installer à la cour d'Ava. En 1837, le roi SagainMeng, au pouvoir depuis dix-huit ans, était détrôné par son frère Tharawadi-Meng. La capitale fut transportée à Amarapoura en 1838; cette ville, qui avait été construite sur la rive gauche de l'Irraouaddy à une lieue et demie d'Ava, par BadounMeng (Bodoahprà), fils d'Alompra, sixième roi de la dynastie, et occupée par lui le 10 mai 1783, resta jusqu'en 1860 le siège du gouvernement, tandis qu'Ava ou Awà, Ratanapoura (en pâli), la « ville des pierres précieuses », fondée en 1364 par Thadomenge-bya, sur l'Irraouaddy, à l'embouchure de la Mytnge, fut déchue de son importance. Ce ne fut qu'en 1860 que MengdounMeng établit sa résidence à Mandalay. Tous ces changements avaient été très funestes au major Henry Burney qui, après avoir eu à Ava comme résident anglais un séjour fort pénible, dut se retirer à Rangoun, de là à Calcutta et finalement revint en Angleterre. En 1838, le colonel Banson était envoyé à Ava par lord Auckland comme nouveau résident; mais, n'ayant pas mieux réussi que son prédécesseur, il revint au Bengale en 1839. Le capitaine Mac Leod, son second, qui s'était retiré à Rangoun jusqu'en 1840 (moment où les Anglais avaient quitté cette ville pour n'y revenir qu'après 1852), avait voyagé dans le Laos birman et était parvenu à signer un arrangement avec un des chefs de ce pays.

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Seconde guerre birmane. Sous les administrations successives de lord Auckland, époque du grand désastre d'une première campagne afghane, de lord Ellenborough (1842-1844), de lord Hardinge (1844-1848), l'attention des Anglais avait été détournée de la question birmane pour se porter presque exclusivement sur le nord-ouest de l'Inde. Lord Dalhousie devait s'occuper à nouveau des intérêts britanniques en Birmanie en annexant le Punjab, en défaisant encore une fois les Sikhs, et en devenant maître du Pegou, de l'estuaire de l'Irraouaddy, du territoire d'Oudh, en 1856, et de quelques autres territoires. Le plus grand des gouverneurs généraux des Indes Orientales peut-être depuis lord Clive, Dalhousie, complétant l'œuvre de ses prédécesseurs, lord Hardinge et lord Amherst, remettait en 1856 le pouvoir à lord Canning, après

nité totale, c'est-à-dire de 25 lakh de roupies, et l'exécution du traité, est stipulée dans un article supplémentaire au versement du second quart, les troupes britanniques devaient se retirer totalement, et les deux autres versements devaient être effectués annuellement à partir de la date de la convention.

Par le traité de Yandabou, la Birmanie était totalement isolée du nord-est de l'Inde et de l'embouchure de la Salouen; la côte ouest de l'Indo-Chine, c'est-à-dire l'Arakan, leur était enlevée de même. Il ne restait aux rois d'Ava que les deux rives de l'Irraouaddy, et comme littoral l'ancien royaume de Pegou, c'est-à-dire Rangoun, qu'une seconde guerre avec les Anglais devait leur enlever bientôt. Ils ne pouvaient plus étendre leur influence que sur les principautés de la haute Salouen et sur la rive droite du Me-Kong.

Mission de John Crafwurd. Une lettre datée du 1er septembre 1826 nous apprend que John Crawfurd occupait depuis six mois le poste de commissaire civil du gouvernement anglais à Rangoun, lorsqu'il reçut de George Swinton, secrétaire du gouvernement des Indes, des instructions relatives à une mission spéciale pour Ava. Le véritable but de la mission était de conclure un traité de commerce avec la cour d'Ava et d'atténuer quelques questions irritantes, telles que celles de la frontière Est de l'Assam, de l'établissement d'un fonctionnaire principal à Rangoun, des affaires du Manipour, de la frontière de Martaban, de l'acquisition de l'île Negrais à l'embouchure de la rivière de Bassein, etc. Le 22 février 1827, Crawfurd écrivait officiellement de Sangor, à George Swinton, que le 23 novembre précédent, il avait conclu un traité de commerce avec le gouvernement birman, dont le roi, Sagain-Meng ou Phagyidoa, était le même qui avait signé le traité de Yandabou.

Nouvelles difficultés.

Mais pas plus en Birmanie qu'en Chine avant 1842 (traité de Nan King) les promesses faites par ce traité commercial, de laisser liberté entière de commerce aux négociants anglais de Rangoun, ne furent observées et tenues. Seule, la force, en Extrême-Orient, fait respecter les conventions. En 1830, le major Burney, commissaire anglais,

était venu s'installer à la cour d'Ava. En 1837, le roi SagainMeng, au pouvoir depuis dix-huit ans, était détrôné par son frère Tharawadi-Meng. La capitale fut transportée à Amarapoura en 1838; cette ville, qui avait été construite sur la rive gauche de l'Irraouaddy à une lieue et demie d'Ava, par BadounMeng (Bodoahprà), fils d'Alompra, sixième roi de la dynastie, et occupée par lui le 10 mai 1783, resta jusqu'en 1860 le siège du gouvernement, tandis qu'Ava ou Awà, Ratanapoura (en pàli), la « ville des pierres précieuses », fondée en 1364 par Thadomenge-bya, sur l'Irraouaddy, à l'embouchure de la Mytnge, fut déchue de son importance. Ce ne fut qu'en 1860 que MengdounMeng établit sa résidence à Mandalay. Tous ces changements avaient été très funestes au major Henry Burney qui, après avoir eu à Ava comme résident anglais un séjour fort pénible, dut se retirer à Rangoun, de là à Calcutta et finalement revint en Angleterre. En 1838, le colonel Banson était envoyé à Ava par lord Auckland comme nouveau résident; mais, n'ayant pas mieux réussi que son prédécesseur, il revint au Bengale en 1839. Le capitaine Mac Leod, son second, qui s'était retiré à Rangoun jusqu'en 1840 (moment où les Anglais avaient quitté cette ville pour n'y revenir qu'après 1852), avait voyagé dans le Laos birman et était parvenu à signer un arrangement avec un des chefs de ce pays.

Seconde guerre birmane. Sous les administrations successives de lord Auckland, époque du grand désastre d'une première campagne afghane, de lord Ellenborough (1842-1844), de lord Hardinge (1844-1848), l'attention des Anglais avait été détournée de la question birmane pour se porter presque exclusivement sur le nord-ouest de l'Inde. Lord Dalhousie devait s'occuper à nouveau des intérêts britanniques en Birmanie en annexant le Punjab, en défaisant encore une fois les Sikhs, et en devenant maître du Pegou, de l'estuaire de l'Irraouaddy, du territoire d'Oudh, en 1856, et de quelques autres territoires. Le plus grand des gouverneurs généraux des Indes Orientales peut-être depuis lord Clive, Dalhousie, complétant l'œuvre de ses prédécesseurs, lord Hardinge et lord Amherst, remettait en 1856 le pouvoir à lord Canning, après

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