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avoir admirablement administré l'Inde pendant huit années fécondes.

En 1852, le 10 janvier, les Birmans, malgré une lettre du gouvernement des Indes qui leur reprochait toutes sortes de vexations commises au préjudice du commerce anglais et de mauvais traitements infligés aux négociants britanniques, et qui demandait satisfaction à la cour d'Ava, commencèrent les hostilités à Rangoun. La ville malgré de vigoureux combats, le 12 et 14 avril, tombait aux mains des Anglais, ainsi que Bassein le 19 mai suivant. Le major Cotton et le commandant Tarleton attaquaient en juin 1852 la ville de Pegou, et, le 20 décembre, le royaume était déclaré annexé aux autres possessions anglaises par lord Dalhousie. Ce qui subsistait de la Birmanie était isolé du reste du monde. En février 1853, Mengdoun-Meng, demi-frère de Pugan-Meng, roi depuis 1846, détrònait ce dernier à Amarapoura. Lord Dalhousie n'imposa pas de traité au nouveau souverain; il se contenta de continuer l'occupation du Pegou et d'affirmer ainsi la possession de l'Angle

terre.

Mission à Ava. Le nouveau roi Mengdoun-Meng comprit l'intérêt qu'il y avait pour lui à demeurer en bonnes relations avec les conquérants étrangers de l'Inde. De leur côté, les Anglais, tenant le gage, se contentèrent de nommer le major Arthur Phayre gouverneur du Pegou, et n'exigèrent pas la signature d'un traité, qui, dans les circonstances actuelles, pouvait déterminer de graves complications, peut-être mème une guerre comme celle d'Alompra. Mengdoun-Meng, en 1855, envoya donc une mission particulière à lord Dalhousie, pour lui présenter ses compliments et lui montrer par là sa bonne volonté. Lord Dalhousie, pour lui rendre sa politesse, lui expédia le 1er août 1855 une ambassade spéciale; cette dernière quittait Rangoun, ayant à sa tête sir Arthur Phayre. D'après la lettre de lord Dalhousie à Mengdoun-Meng, du 3 juillet 1855, la mission de Phayre avait pour objet, de « confirmer l'alliance amicale qui est souhaitée par les chefs des deux grands États; d'écarter toutes les causes de discorde possible entre eux, et d'encourager et d'augmenter le commerce, qui doit être égale

ment utile à l'un et à l'autre ». L'occasion ne se présenta pas de signer un traité, ainsi que le désiraient les Anglais. Sir A.-P. Phayre, le premier, était nommé commissaire principal de la Birmanie anglaise, le 31 janvier 1862.

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Mission de Sladen. Par leur prise de possession du royaume de Pegou, les Anglais étaient forcément amenés à chercher dans les provinces sud-ouest de la Chine, spécialement vers le Yun-nan, des débouchés pour leur commerce. Le capitaine Richard Sprye fut le premier, en 1858, qui émit l'idée d'un chemin de fer qui se dirigerait de Rangoun au Yun-nan avec embranchements sur le Siam, le Cambodge, le Tong-King et l'Annam. La Birmanie et l'Angleterre signèrent en 1867 un traité de commerce, et une exploration sous les ordres du major E.-B. Sladen, agent à Mandalay, fut organisée en 1868. Sladen quittant Mandalay le 13 janvier, arriva à Bhamo le 21 janvier, où il séjourna jusqu'au 26 février. Après une station de sept semaines à Momein, et un séjour à Ta-li, son retour à Mandalay eut lieu le 20 septembre de la même année. Parallèlement avait lieu, à la même époque, le voyage de la commission d'exploration du Me-Kong avec Doudart de Lagrée et Francis Garnier, partie de Saigon le 5 juin 1866.

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Organisation des Tokugawa.

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L'organisation que Iveyas donna au Japon devait durer depuis 1603 jusq'uà la révolution de 1868; le shogoun était un véritable monarque absolu. - L'administration centrale était répartie entre six principales autorités le cabinet des ministres (Yobeya); la haute cour de justice (Hyódjósho); la chambre des intendants (Kandjôsho); le chef de l'administration des cultes bouddhique et shintoïste (Jishabugyo); le préfet de la ville de Yedo (Matsibugyo), et enfin la préfecture de police (Metsukejo). On peut dire que l'administration provinciale était entre les mains des grands

4. Voir ci-dessus, t. V, p. 923.

HISTOIRE GÉNÉRALE. XI.

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seigneurs ou daïmios, mais le domaine shogounal ou Koryo était administré: 1° par le Shoshidai (gouverneur de Kioto); 2o par les Jodai, Djoban et Kaban (gardes des châteaux de Nidjô, Osaka et Sumpu); 3° par les Matsibugyô (chargés de l'administration générale dans les villes principales de Kioto, Osaka, Sumpu, Nara, Fushimi, etc.); 4° par les Bugyo (chargés soit de l'administration des ports de commerce comme ceux de Nagasaki, Sado, Sakaï, Ouraga, soit de l'administration des terres sacrées comme celles de Yamada et de Nikko); 5° par les Daïkwan (ou sous-préfets, destinés à percevoir les impôts et à rendre la justice dans chaque district du domaine shogounal). L'administration municipale générale des villes était dirigée par les Matsibugyo ou préfets, et l'administration locale était dirigée par les vieillards (Matsidoshiyori) et les maires (Manushi ou Shoya). Les villages étaient administrés par les Murakatasanyaku, qui comprenaient les Manushi, ou maires élu par les paysans, les Kumigashira ou adjoints aux maires et les Hyakushôsodai, conseillers municipaux'. L'on voit que les communes étaient très libres. On désignait sous le nom de Bakufu ou Ha-fu le gouvernement du shogoun, qui se composait de ce chef, et du cabinet de ses ministres (Yôbeya), comprenant un ministre ou Tairo, trois Rôdjú et cinq Wakadoshiyori. L'inégalité de traitement, la corruption des vassaux du shogoun, la jalousie des daïmios, et en particulier des princes Satsuma et de Shoshiu, devaient amener la chute des Tokugawa, lorsque les étrangers parurent avec des forces que ne soupçonnaient pas les Japonais.

Les étrangers au Japon. Nous avons vu que les Hollandais étaient, avec les Chinois, les seuls étrangers admis à résider à Deshima au XVIe siècle. Ce fut en vain qu'en 1807 les Russes essayèrent d'atterrir à Yesso, et les Français d'établir des relations soit dans l'archipel japonais, soit aux iles Lieou-Kieou. Nous n'avons des connaissances sur l'empire du Soleil-Levant que par les rares voyageurs qui ont pu y débarquer Engelbert Kaempfer, qui fit un séjour de deux ans au

1. Ces détails sont empruntés à un ouvrage récent de M. Yorodzou-Oda.

Japon (1690-92) et dont l'Histoire, quoiqu'il fût Westphalien, parut en 1727 en anglais; Charles-Pierre Thunberg, Suédois, envoyé au Japon en 1772, ancien élève de Linné ; et Philippe Franz, baron de Siebold, auteur du volume Nippon, Archiv zur Beschreibung von Japan, qui fut publié à Leyde en 1832-1851. L'arrivée du commodore Perry allait changer la situation.

Les Américains au Japon. - Nori-hito (Komet Tennô, 1847-1856) était alors mikado et Iye-Yosi shogoun (1838-1853); les prédécesseurs de ce dernier avaient été Mina-moto-no Iyeyasŭ Kô (1603-1605); Hide-tada Kô (1605-1622); Iye-mitů Kô (1623-49); Iye-tŭna Kô (1650-1680); Tnŭa-yosi Kô (1681-1709); Iye-nobu Kô (1709-1712); Iye-tùgu Kô (1713-1715); Yosi-mune Kô (1716-1745); Iye-sige Kô (1745-1762); Iye-haru Kô (17621786); Iye-nari Ko (1787-1837). Ses successeurs, derniers shogouns de Tokugawa, furent Iye-sada kô (1853-1858); Iye-motsi Kô (1858-1866) et Yosi-hisa Kò (1866-1867). Les intérêts commerciaux des États-Unis dans l'Extrême-Orient étaient si importants que le président Fillimore se décida à envoyer au Japon, afin d'obtenir la signature d'un traité, une escadre ayant à sa tête le commodore Matthew Calbraith Perry. Celui-ci arrivait porteur de ses instructions à l'entrée de la baie de Yedo, à Uraga, en juillet 1853. Il naviguait encore pendant quelques mois dans les mers de Chine, abordait aux îles Lieou-Kieou, et, le 31 mars de l'année suivante, malgré l'opposition du prince de Mito et les ennemis des shogouns de la maison de Tokugawa, il signait avec le bakufu, à Kanagawa, un traité comprenant douze articles dont le plus important était pour les Américains l'ouverture des ports de Shimoda, dans la province d'Idzu, et d'Hakodate, dans l'île de Yesso. Ce traité, signé par le commodore Perry pour l'Amérique et par Hayashi, Dai-gaku-no-Kami, Ido, prince de Tsoushima, Iza-wa, prince de Mimasaka, et Udono, membre du ministère des Finances, pour le Japon, était ratifié en 1854 par le président des États-Unis et les ratifications étaient échangées le 21 février 1855 à Shimoda. La signature de ce traité amena d'autres conventions avec les puissances européennes; tour à tour l'Angleterre, la Russie et la Hollande obtenaient par traités des avantages importants; celui

de Nagasaki (14 octobre 1855), signé par l'amiral sir James Stirling, ouvrait aux Anglais les ports de Nagasaki (Hizen) et d'Hakodate (Matsmai); celui de Shimoda (7 février 1855) et celui de Nagasaki (30 janvier 1856) étaient successivement signés par le vice-amiral Euthyme Poutiatine et le chevalier Jan Hendrik Donker Curtius.

Nouveaux traités. Le nouvel envoyé américain, le général Townsend Harris, profitant des victoires francoanglaises en Chine, signait à Yedo, le 29 juillet 1858, un nouveau traité, par lequel Kanagawa était ouvert au commerce étranger, et les États-Unis autorisés à établir un agent diplomatique à Yedo. Un autre traité fut signé par le Japon avec la Hollande, le 18 août 1858; avec la Russie, le 7 août; avec l'Angleterre le 26 août; avec la France, le 9 octobre de la même année. A partir du 13 août 1859, le baron Gros, qui représentait la France, obtenait l'ouverture de Hakodate, de Kanazawa et de Nagasaki au commerce français. Venait ensuite l'ouverture de Ni-i-gala, le 1er janvier 1860, et de Hiogo, le 1er janvier 1863. Le Japon autorisait les sujets français à résider à Yedo, à partir du 1er janvier 1862 et à Osaka, à dater du 1er janvier 1863, mais seulement pour y commercer. Le shogoun Iye ya-sada étant mort subitement en 1858, on essaya de le remplacer par Hitotsubashi. Le premier ministre (taïro) Ii Kamon fit avorter ce projet, et Iye-motsi monta sur le trône.

Hostilité contre les étrangers. Ii Kamon no Kami fut un des rares hommes du Japon qui comprit l'importance et la force des étrangers. C'est lui qui avait signé les derniers traités avec eux, malgré le mikado et les daïmios; s'il n'avait pas agi de la sorte, non seulement les Tokugawa, mais encore le mikado, auraient essuyé un désastre. Ce grand ministre paya de sa vie sa clairvoyance: il fut assassiné en 1860. L'agitation contre les étrangers augmentait la légation d'Angleterre était attaquée le 5 juillet 1861; le 14 septembre 1862, les gens du daïmio de Satsuma assassinaient près de Yokohama un Anglais, nommé Richardson i fallait sévir. Le 5 septembre 1864, Anglais, Français, Hollandais et Américains réunissent leurs flottes pour attaquer les forts de Shimonoseki et les détruisent.

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