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La mort prématurée de Jumel ne lui permit pas de recueillir tout le fruit de ses efforts. Il put toutefois en constater le vif succès pendant les années 1821, 1822 et 1823; et, s'il ne vit pas la récolte de cette dernière campagne, qui fut quadruple de la précédente, il eut du moins la satisfaction de l'avoir préparée et assurée. Jumel mourut au Caire le 17 juin 1823, à l'âge de 38 ans. Le procès-verbal de décès est signé par MM. Constantin Joly, Lehorain, A. Linant et Sommaripa, chancelier du vice-consulat de France au Caire. L'avis de la mort fut donné par le sieur Jean Phiros, Grec d'origine, qui pourrait bien être le négociant avec qui Jumel s'était associé pour la petite plantation de Matarieh. M. LinantBey habite encore l'Egypte.

Il y a lieu maintenant de dire quelques mots de la qualité de ce coton d'Egypte, qui est si estimé sur les marchés étrangers. On classe, généralement les cotons en deux catégories: les longue soie et les courte soie. Le coton longue soie est originaire de la Barbade, dans les Antilles; on le cultive aux Indes, au Brésil et dans les pays intertropicaux; la courte soie est une espèce qui croit spontanément au Mexique et dans le Soudan égyptien; elle exige une température moins élevée que la précédente, mùrit aussi moins vite, mais peut s'acclimater plus facilement. Tel est le coton Jumel, qui se sème en avril et se récolte en octobre. Ce qui le rend surtout précieux dans l'industrie, c'est qu'il se prête admirablement au filage des numéros mi-fins et fins (de 50 à 120), tandis que les variétés de longue soie ne servent guère qu'aux numéros courants et gros (de 1 à 40). Eu égard à cette application spéciale, il est l'objet d'une plus-value; ainsi, avant la guerre d'Amérique, soit au commencement de 1861, les prix, par kilogramme, étaient les suivants, à Liverpool, le grand marché régulateur:

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Terminons par une anecdote qui a cours en Egypte, sur la manière dont Jumel se procura les premières graines du fameux textile auquel il doit sa célébrité. Un officier turc, nommé Maho-Bey, ancien gouverneur du Dongola et du Sennaar, avait rapporté diverses semences de plantes éthiopiennes et les cultivait dans son jardin du Caire. Il reçut la visite amicale de notre compatriote, dont l'attention fut attirée par la vue d'un arbuste portant des gousses de coton. Sans rien dire à Maho-Bey qui fùt de nature à éveiller ses soupçons, Jumel tira de lui tous les renseignements qu'il possédait sur ce sujet, et obtint quelques graines avec lesquelles il commença ses expériences.

Le rôle assez effacé de Maho-Bey, dans cette histoire, est cependant cause que les Anglais, probable ment par esprit d'antagonisme, donnent souvent au coton d'Egypte le nom de Maho ou Mako, tandis que partout ailleurs il est invariablement appelé coton Jumel.

E. TISSOT.

BIBLIOGRAPHIE HISTORIQUE

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Documents relatifs à l'Histoire du Vallais, par l'abbé J. Gremaud, professeur d'histoire et bibliothécaire cantonal à Fribourg. Dans les tomes XXIX et XXX des Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse romande (1), à Lausanne, chez Georges Bridel.

Nous sommes en retard de rendre compte de cette excellente publication due aux recherches laborieuses de M. l'abbé Gremaud, à qui nous devons plusieurs autres travaux, tous marqués au coin d'une critique historique inexorable, entre autres :

Nécrologes de la cathédrale de Lausanne, etc.,

1863.

Catalogue des évêques de Sion, avec une introduction sur l'histoire de ce diocèse, 1864.

Nolice sur saint Amédée de Clermont Hauterive, évêque de Lausanne, avec pièces justificatives, 1865.

Romont sous la domination de la Savoie, 1866. La Sénachalie de Sion, 1872.

L'auteur avait préludé au cartulaire du Vallais par sa collaboration au Recueil diplomatique du canton de Fribourg en plusieurs volumes.

L'ouvrage que nous annonçons aujourd'hui forme deux volumes de 604 et 640 pages, et contient 1152 chartes et autres documents historiques relatifs à une période de mille ans, entre les années 300 et 1300. Chaque volume est suivi d'une table alphabétique de tous les noms de personnes et de lieux dont il est question dans le courant de l'ouvrage. Le premier, qui a paru en 1875, s'ouvre par un avant-propos dans lequel l'auteur rend compte des sources diverses où il a puisé cette masse de documents et de la marche de son travail. Le second volume, qui a paru cette année, contient, en outre, le nécrologe de la cathédrale de Sion, du milieu du xive siècle.

Cette publication a un intérêt tout spécial pour l'histoire de Savoie. Le Vallais a formé avec la Tarentaise la province romaine des Alpes graies et poenines, le diocèse d'Octodure, puis de Sion, a fait partie successivement des provinces ecclésiastiques de Milan, de' Vienne et de Tarentaise. Un grand nombre de bénéfices religieux dépendaient de l'hospice du Grand-Saint-Bernard, fondé, comme on le sait, par notre compatriote saint Bernard de Menthon. Le bas Vallais formait, avec la partie orientale du Chablais, l'ancien comté du Caput Laci, Cabolai, d'où le nom de Chablais, sous la domination de la Maison de Savoie, jusqu'au xvIe siècle.

Nous retrouvons donc, dans cette collection de chartes, les princes des deux maisons de Genève et de Savoie, nos familles féodales, nos maisons religieuses, le mouvement et les conditions de la propriété foncière, de la vie sociale en Vallais, dans leurs rapports avec le canton de Vaud, la Savoie, la vallée d'Aoste, enfin une foule de renseignements précieux sur une époque dont on parle le plus souvent sans la con

naître.

Les historiens sérieux peuvent seuls apprécier le

(1) Revue savoisienne, 1873, page 39.

travail des collecteurs de chartes, la patience dont il faut être doué pour arracher à un parchemin souvent détérioré, oblitéré, un texte latin plus ou moins barbare, hérissé de termes de droit féodal ou de coutumes locales, de noms de familles qui ont disparu de la scène historique, de lieux dont la situation est encore à fixer par la recherche des ruines de leurs établissements; enfin, l'attention et l'érudition qu'il faut apporter à la discussion des dates incomplètes, des variantes, de l'authenticité des textes, des signes paléographiques de chaque époque et souvent de chaque contrée.

Tels sont pourtant les éléments de l'histoire vraie. Honneur donc encore une fois au laborieux pionnier, au patient collecteur des sources de l'histoire du Vallais. C.-A. DUCIS.

BIBLIOGRAPHIE MUSICALE

La Revue savoisienne a rappelé quelquefois les fondations faites à Louvain par notre Eustache Chappuis, ambassadeur de Charles-Quint, en faveur des étudiants du collège d'Annecy qui voudraient y poursuivre leurs études universitaires. On a conservé une épave de ces anciennes fondations, et plusieurs de nos compatriotes ont obtenu encore dans ces derniers temps des diplômes à Louvain.

En voici un qui vient d'être accordé en dehors de toute hiérarchie universitaire, mais par un homme compétent dans la spécialité.

L'année dernière, M. Van Elewyck, organiste de la collégiale de Louvain, fut choisi pour secrétaire du congrès international de musique sacrée de Belgique; puis chargé par le ministre de l'Intérieur de faire une étude sur l'état et l'enseignement musical en Italie. Après son rapport officiel, il réserva pour le Journal catholique d'Anvers, décembre 1875, ses observations sur la Savoie, qui ne dépend plus de l'Italie. L'article que nous reproduisons est d'autant plus flatteur pour notre honorable collègue, fondateur de la Société l'Harmonie, que l'auteur ne le connaissait pas personnellement, ainsi qu'on va le C.-A. DUCIS.

voir.

La Savoie est bien loin de la Belgique. C'est probablement à cette cause que nous devons attribuer l'ignorance dans laquelle se trouvent tous nos éditeurs belges relativement à deux publications musicales sorties de la plume d'un modeste vicaire de Saint-Maurice à Annecy, M. l'abbé J.-M. Tissot.

La première de ces publications a pour titre : Alphabet musical, complété par un choix de morceaux extraits des œuvres des musiciens les plus célèbres. La deuxième: Manuel de chant et de composition musicale.

forme un

Disons, tout de suite, que nous ne connaissons rien de plus intéressant, en fait de pédagogie musicale, que ces deux petits traités. Le premier, qui ne coûte guère que 50 centimes par exemplaire, abrégé substantiel et succinct, très complet, de ce que les amateurs de chant, de piano ou d'orgue doivent savoir. Le professeur lui-même y puisera le cadre de son enseignement et l'élève qui a terminė ses cours préliminaires y trouvera un résumé quintessencié de tout ce qu'il aura appris précédemment. Le petit Alphabet mériterait

de devenir classique dans nos écoles primaires et dans les classes inférieures des colléges et des athénées.

Le Manuel de composition est un exposé beaucoup plus scientifique de l'art musical. L'harmonie, la mélodie, la modulation, le contrepoint dans toutes ses formes, les imitations, la fugue, le plainchant

et son accompagnement, tout y est sommairement développé, dans un style fort simple et remarquablement clair. Il n'y manque que les notions d'orchestration et les principaux détails de l'histoire de la musique, pour en faire un traité général, sans lacune quelconque.

Ce volume, plus important que le précédent, est appelé à rendre d'importants services. Il indique toutes les questions, donne les solutions des maîtres de la science, tels que Fétis et Reicha. En outre, il applique les principes à des exemples tirés des partitions les plus célèbres. Le maître qui s'en servira rencontrera rarement des expressions plus justes que celles qu'emploie M. l'abbé Tissot pour définir les termes et expliquer les règles. Nous n'avons rien en Belgique qui y ressemble, au moins dans la forme abrégée qu'a adoptée l'auteur. Au surplus, M. Tissot s'est efforcé de se tenir au courant des derniers progrès. C'est ainsi que pour la matière de l'accompagnement du chant liturgique il reproduit et adopte toutes les conclusions votées par la section de musique au dernier congrès de Malines. Il ne se trompe qu'en un point. C'est qu'il croit que le congrès a été tenu à Bruxelles; d'où résulte qu'il n'a pas lu les très intéressantes délibérations de Malines.

Bref, à notre connaissance, rien de meilleur que ces deux ouvrages élémentaires n'est sorti, depuis longtemps, d'une plume de musicien, et si ces lignes écrites sans que leur auteur ait le moins du monde l'honneur de connaître M. le vicaire Tissot, peuvent servir à propager les volumes publiés par cet ecclésiastique, ce sera un véritable service rendu à la propagation de l'art. C. VAN ELEWYCK.

LE CLIMAT DU CAIRE

Pendant mon séjour au Caire, j'ai pu réunir un groupe important d'observations bien faites sur la température de l'air et sur la pression barométrique. Une partie d'entre elles, notamment les constatations barométriques, sont dues à Ismaïl-Bey-Moustapha, ancien élève de l'Observatoire de Paris, actuellement directeur de celui du Caire. J'y ai joint des recherches personnelles sur la température des eaux et du sol, sur les pluies et l'évaporation, de manière à me former une idée aussi complète que possible du climat de ce pays.

Le tableau suivant résume, pour chaque mois, les observations relatives à la pression et à la température de l'air, ainsi qu'à la direction générale des

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de l'Egypte comme de l'Inde. Dans les deux pays la fluctuation s'accomplit avec régularité, et présente peu de différence d'une année à l'autre. Seulement, à Calcutta, l'excursion annuelle du mercure atteint 12 millimètres, tandis qu'elle n'est que de 7 millimètres 1/2 au Caire.

Il ne s'agit ici, bien entendu, que des relations entre les moyennes des mois, et non des variations extrêmes de la colonne barométrique. Voici, à cet égard, les renseignements que nous fournissent, pour le Caire, les années 1872 et 1873. Pour la première, la cote maxima a été 767,9 le 26 janvier, et la cote minima, 746,2 le 18 mars: écart extrême 21,7 m/m. En 1873, le maximum a été, le 16 janvier, de 769.3, et le minimum, de 748,5 le 12 mars; écart total: 20,8 millimètres.

Vents. Sous ce rapport, l'Egypte participe plutôt du régime de l'Europe que de celui de l'océan indien. Ainsi, les moussons ne l'atteignent pas ce sont les rumbs du nord qui y dominent pendant la saison chaude, et ceux du sud dans les mois corresdant à notre hiver.

5 juin 1872; 45°1 le 25 mai 1873. A cette dernière date, le thermomètre marquait, au soleil, 61°3. Ces maxima sont généralement produits par les vents du désert dits khamsin ou simoum. Je n'ai pas fait d'expériences au thermomètre noirci.

Température de l'eau du Nil. Une série de constatations, relative à la température des eaux du Nil, montre que la moyenne annuelle se rapproche beaucoup de celle de l'air, bien qu'elle en diffère un peu chaque mois; on remarque ici un fait qui parait être commun à quelques lacs et fleuves, à savoir que l'eau est plus chaude que l'air pendant la saison d'hiver, et moins chaude, au contraire, pendant le reste de l'année.

On s'en rendra compte par le tableau ci-après, où nous donnons les températures mensuelles de l'eau du Nil, ainsi que les différences en plus ou en moins qu'elles présentent avec les températures moyennes

de l'air.

Tempéra- Diffé-
tures.

Janvier......1408
Février.. .14.9
Mars..

rences.

Tempéra- Diffé

tres.

+1°6
Août....
+1.4
+0.3

Juillet.......25°3

18.4

Avril...

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Mai....

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27.1

Septembre...26.5
Octobre. 24.5

Novembre...21.0

4.7 Décembre....18.5 Année 21°5; différence 0o4.

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Températures extrêmes observées en 1872 plus basse 14°2 le 15 janvier; la plus haute 28° les 2 et 3 août; écart 13°8.

La Compagnie des travaux du port d'Alexandrie a pris la peine d'observer la vitesse du vent. Elle est généralement forte. L'Egypte est un pays venteux; les jours de calme y sont rares, mème ceux où le vent Juin. parcourt moins de 5 kilomètres à l'heure. En été, où domine le nord-ouest, la vitesse se maintient entre 24 et 36 kilomètres pendant le jour; elle s'affaiblit beaucoup pendant la nuit. En hiver, il y a çà et là des coups de vent d'une grande violence, où cette vitesse est plus que doublée: ainsi le 19 décembre 1873, par vent du sud-ouest, l'anémomètre indiqua 74 kilomètres à l'heure, et le lendemain, par même vent, près de 84 kilomètres. Le 24 décembre de l'année précédente, on avait mesuré 96 kilomètres à l'heure par vent du nord-ouest. La moyenne, telle qu'elle a été relevée en 1873, est de 14 kilomètres. Les mois les plus calmes furent janvier et mai (9,800 mètres à l'heure), le plus venteux fut juillet (19,200 mètres).

Température de l'air. -La moyenne annuelle est de 21 à 22 degrés. Elle descend à 13° en janvier et février et dépasse 29° en juillet. Les maxima se tiennent entre 19 et 20 degrés pendant les trois mois les plus froids; ils dépassent déjà 28° en avril, et oscillent entre 34 et 37° durant les mois de mai, juin, juillet et août. La chaleur des nuits devient alors pénible, et les indigènes vont dormir sur la terrasse de leurs maisons. Ils n'en descendent qu'à la fin de septembre, lorsque les minima se rapprochent de 20 degrés. Les nuits deviennent supportables, mais la chaleur du jour entretient encore une transpiration abondante, qui ne cesse que vers le milieu de novembre. A ce moment, la température générale s'abaisse au-dessous de la moyenne annuelle, et rend le séjour agréable aux étrangers.

Il est extrêmement rare que le thermomètre arrive à zéro. On l'a vu à 1° le 4 février 1869: ce terme peut être considéré comme le plus bas pour le Caire et la partie cultivée de l'Egypte; dans le désert, au contraire, le rayonnement nocturne peut produire un froid plus vif et mème des phénomènes de congélation.

Voici quelques-unes des plus hautes températures observées à l'ombre: 46°9 le 20 mai 1869; 44°8 le

Température du sol. Dans les puits du Caire, qui sont alimentés par des eaux de filtration venant du Nil, on observe peu de différence d'un mois à l'autre. Ici, en effet, la température n'est plus celle du fleuve, mais bien celle du sol, qui demeure à peu près constante: il est à remarquer cependant qu'elle où elle est à son minimum, jusqu'en octobre, où elle va en augmentant légèrement depuis le mois de mars obtient son plus haut degré. Cette remarque vient à l'appui des expériences faites au muséum de Paris, d'après lesquelles, jusqu'à 30 mètres de profondeur, la température du sol est la plus basse au printemps, et la plus haute, en automne. Mes observations du Caire se faisaient entre 6 et 8 mètres de profondeur. J'ai trouvé en mars 1996 et en octobre 22°6; écart 3 degrés.

Il y a quelques différences de température entre un puits et l'autre celui dont je présente les chiffres, dans le tableau ci-dessous, fournit au bout de l'année une moyenne de 21°2; un autre m'a donné Un troisième, situé dans le désert, à peu de distance 19o seulement, quoique creusé à la même profondeur. du Caire, avait au contraire une température moyenne de 24°, soit environ 3 degrés de plus que le premier. Enfin, l'eau du fameux puits de Joseph, qui est creusé dans le roc, à une profondeur de 84 mètres, a base à mes observations. une température de 21°2 comme celui qui a servi de

TEMPÉRATURES MOYENNES DES EAUX DE FILTRATION Janvier......20o 4 Mai.........20°4

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Température de la mer. - Nos expériences sur la température de l'eau du Nil ont été faites régulièrement à 9 heures du matin, à la surface du fleuve. Celles que j'ai poursuivies sur la température de l'eau de la mer Rouge, de la Méditerranée et du canal de Suez ont été faites également à la surface, mais sans distinction d'heures, au point du jour ou en pleine chaleur, suivant les circonstances. Toutefois, comme elles représentent une période d'environ quatre années, je crois pouvoir les proposer comme de bonnes moyennes applicables au climat de l'Egypte, soit, pour plus de précision, à la zone comprise entre les 30 et 31° degrés de latitude nord.

Voici ces moyennes pour chaque mois janvier 15°; février 16°3; mars 19°; avril 2007; mai 24°; juin 26°; juillet 27°; août 27°7; septembre 27°4; octobre 2409; novembre 21°2; décembre 16°2. Année 22°1,

Si l'on veut maintenant se rendre compte de la variation que subit la température de l'eau de mer d'une latitude à l'autre, voici quelques notes prises dans un voyage que j'ai fait au mois d'août 1873.

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Ainsi, pour une différence de latitude de plus de 18 degrés, la température de la mer a varié à peine de 4 degrés. Dans un autre voyage, effectué du 16 au 23 octobre de la même année, j'ai trouvé 21° dans les eaux de Marseille et 24° dans celles d'Alexandrie. En face de Candie, à 80 lieues au nord de la côte égyptienne, la température était encore de 24° le 21 octobre, à midi.

Evaporation. -Les mois de mai et juin, qui sont les plus secs, sont également ceux où l'évaporation est la plus abondante; elle atteint alors 10 millimè tres par jour. Dans les mois de juillet et août, qui sont cependant un peu plus chauds, ce chiffre descend à 8 ou 9 millimètres, parce que l'air est saturé des vapeurs provenant de l'inondation du Nil. Au bout de l'année, la quantité d'eau totale absorbée par les rayons solaires représente une épaisseur de 2m,30, en moyenne. En 1870, elle s'est élevée à 2m, 48, mais en 1871, elle n'a été que de 2m,10; l'année 1872 est celle qui s'est le plus rapprochée de la moyenne, elle a donné 2m,29 à mon instrument. MOYENNES DE TROIS ANNÉES D'OBSERVATION

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Novembre...0.087

Août.......0.240 Décembre....0.082

Année 2m294.

3o7 plus froid que celui de Rome, elle se réduit à 1 mètre et quelque chose, et enfin, dans notre pays, où la température moyenne est de 10 degrés, elle ne dépasse guère 3/4 de mètre.

Pluies. - On entend dire souvent qu'il ne pleut pas en Egypte. Le fait est vrai pour le Caire et la Haute-Egypte, où l'on ne compte effectivement, chaque année, que quelques averses, dont l'eau recueillie au pluviomètre représente une quantité, réellement insignifiante, de 34 millimètres en moyenne. Ainsi, en 1870, il y eut, le 10 janvier, une forte pluie de 26 millimètres; une autre, le 3 mars, de 17 millimètres; puis encore deux ou trois petites ondées passagères, et ce fut tout. On se souvient cependant de certaine année, je crois que c'est 1823, où il plut fortement pendant sept jours consécutifs beaucoup de maisons furent avariées.

Le Caire est situé par 30o de latitude à une distance, en ligne droite, de 165 kilomètres de la mer. Entre les deux extrémités de cette ligne, le régime des pluies éprouve un changement notable: ainsi, à Alexandrie, la quantité d'eau qui tombe annuellement atteint jusqu'à 284 millimètres; telle fut l'année 1872, où l'on compta 38 jours pluvieux, répartis entre les six mois de l'hiver. Il ne tomba pas une goutte d'eau pendant les mois de mai, juin, juillet, août, septembre et octobre. La moyenne annuelle, résultant de six années d'observation, est, pour cette ville, de 207 millimètres d'eau, produits par 42 jours pluvieux.

C'est par le 31° degré de latitude que commence la zone des pluies hivernales, à laquelle appartient largeur de 50 à 60 kilomètres du territoire égyptien. Alexandrie elle ne couvre, par conséquent, qu'une En revanche, la zone sèche a une étendue considérable. Elle comprend non seulement la Haute-Egypte jusqu'à la première Catacarte, mais encore une grande partie de la Nubie, jusqu'à Berber, au sud du Dongola.

Ici, les pluies recommencent de nouveau à tomber, mais, cette fois, pendant l'été, et donnent lieu à une saison de fraîcheur relative que l'on appelle kharif, hiver. La ligne de démarcation de la nouvelle zone est marquée par un village des bords du Nil, qui porte le nom de Mokharif, c'est-à-dire lieu où commencent les pluies. Il est situé sous le 18° degré de latitude nord. La région sans pluies a donc une largeur de 13 degrés, soit environ 1,450 kilomètres.

4

E. TISSOT.

LA CULTURE DE LA VIGNE ET LA VINIFICATION
DANS LE MACONNAIS
(Suite)

Chapons. - Pour ce qui regarde le choix des chapons, on devra les prendre toujours sur des sujets Septembre...0m182 Octobre.....0.135 jeunes et vigoureux, principalement sur des ceps de l'âge de 5, 6, 7, 8, 9 et 10 ans. Il faut aller les chercher dans les terrains forts où la vigne végète avec vigueur, sans avoir égard à la qualité plus ou moins médiocre du vin qui en provient, et en ne s'attachant qu'à l'espèce; ainsi, adoptant pour type de la vigne qu'on veut former, le cépage bourguignon, il importe peu, pour la qualité, qu'on le prenne en tel ou

Comme termes de comparaison, nous dirons qu'à Rome, où la température moyenne est de 6o plus basse qu'en Egypte, l'évaporation est de 1m,90 par année; sous le climat de Lyon, qui est lui-même de

tel lieu, car c'est le sol qui seul modifie l'espèce par rapport aux diverses qualités. On tomberait dans une grande erreur si on se laissait entraîner à ce raisonnement qu'en prenant des sujets sur des ceps implantés dans un sol maigre, ils s'amélioreraient en étant introduits dans un terrain plus fort et plus productif qui, leur fournissant des sucs dont ils étaient privés, devrait les faire prospérer, tandis que ceux pris dans un terrain fort sembleraient devoir dépérir lorsqu'ils seraient transplantés dans un sol moins favorable à la végétation. Il n'en est point ainsi le sujet extrait d'un sol généreux y a puisé des principes de vitalité qui l'empêcheront longtemps de dégénérer, et ce n'est qu'à la longue qu'il perdra de ces qualités; au lieu que le chapon pris dans un sol maigre ne saurait acquérir les principes de force qui lui manquent originairement; de là ces raisins à petites graines appelées milliaçons, qui ne sont causées que par l'usage trop prolongé du même plant dans une terre qui n'est pas fortement végétale. Les viticulteurs de l'ancien Beaujolais et de la partie màconnaise qui l'avoisine, laquelle produit les meilleurs de nos vins rouges, ont dès longtemps compris, par expérience, la réalité de cette règle lorsqu'ils vont chercher leurs chapons dans les terrains fertiles de la Dombes, où les vins sont très grossiers. On ne saurait donc trop recommander aux planteurs de la vigne d'avoir égard à ce principe fondamental que c'est aux terres fortes qu'ils doivent emprunter leurs plants, car c'est de là que dépend essentiellement la formation des vignes productives et de durée. Le sol est pour le sarment propre à faire le chapon, ce que seront à l'enfant de l'homme des parents bien ou mal constitués, une nourrice robuste ou délicate.

Cherclus. Il est deux méthodes d'implanter la vigne, l'une avec chapon, l'autre avec des chevelus, c'est-à-dire avec des chapons enracinés. Les derniers se forment en plantant au mois d'avril, dans un coin de terre réservé à cet effet, des chapons les uns près des autres. Il faut que la terre soit bien ameublie et que l'on y ait répandu quelque engrais. Ces chapons ont le temps de s'enraciner jusqu'à l'année suivante ou seulement jusqu'à la fin de l'automne de la même année, époque où l'on peut s'en servir. Cette dernière méthode a l'avantage d'assurer mieux la réussite de la plantation, puisque ces sujets ont donné des gages assurés de vitalité au moment où on les emploie; ils sont plus en état aussi de résister aux intempéries de la saison que des chapons sans racines. Cependant, ce procédé n'est point d'un usage habituel dans le Maconnais et n'est pratiqué que par un petit nombre de propriétaires soigneux de leur culture. On devra rejeter comme de nulle valeur tout chapon ou chevelu dont l'écorce ne serait pas unie, luisante, et dont le bois en y faisant une entaille serait vert brun au lieu d'être vert clair. Ce choix est d'autant plus essentiel qu'on perd à planter de mauvais chapons et son travail et une année au moins de produits.

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Opération nommée marquer. Ayant observé toutes ces précautions préliminaires, on s'occupera de la plantation, soit du chevelu, soit du chapon, qui doivent avoir trempé dans l'eau huit jours à l'avance. On aura pour l'opération du plantage un long cordeau marqué dans toute son étendue, de noeuds éga

lement espacés de 15 pouces pour la vigne rouge et de 18 pouces pour la vigne blanche. Le cordeau ayant été étendu sur le sol au moyen d'un piquet placé à chaque extrémité, on plantera à côté de chaque noeud une chenevotte, pour marquer l'endroit où le chapon sera placé. On relèvera ensuite le cordeau. pour tracer une seconde ligne, de telle sorte que chaque noeud se trouve répondre au centre entre deux noeuds de la précédente ligne, afin que les rangées de ceps soient disposées en échiquier ou quinconce. Cette forme est favorable à la régularité des divers tra

vaux.

Plantation. - Le terrain se trouvant entièrement

tracé, au moyen des chenevottes, chaque planteur suivra une de ces lignes en commençant du haut en bas et en ouvrant un bon creux auprès de chaque marque, remplaçant la chenevotte par un chapon qu'il coudera en disposant une partie à plat dans le fond du creux (c'est celle qui doit s'enraciner), et tenant l'autre partie droite, appuyée contre la place qu'occupait la chenevotte. Il attirera une parcelle de la motte supérieure qu'il pressera fortement du pied contre la coudaison pour l'assujettir. Il doit avoir soin que la motte soit tournée sans dessus dessous pour que les racines des petites plantes parasites qui s'y trouvent ne puissent reprendre. Un peu de bon fumier d'étable ou de tout autre engrais propre à la vigne, placé dans chaque creux, aiderait beaucoup à la réussite de la plantation et pourrait influer sur la vigueur future du cep. Il est à remarquer que le chapon doit être planté à 45 centimètres environ de profondeur: s'il était enfoncé trop profondément, le cep ne prospérerait pas, ne recevant pas assez facilement l'influence des engrais; si, au contraire, il était planté trop superficiellement, il ne se développerait point avec assez de force; les racines seraient sujettes à être altérées et la vigne dépérirait promptement. On mouche le chapon en le coupant à 15 centimètres environ au-dessus du sol; cette opération faite, on donne à la vigne la forme qu'elle doit avoir, en la divisant en planches appelées rases, composées de cinq, six ou sept rangs de chapons qu'on nomme chaponières. Ces rases doivent être séparées entre elles par de petites allées dont on relève la terre, en la rejetant sur le centre de la rase. pour lui donner une forme légèrement bombée, afin de faciliter l'écoulement des eaux pluviales. Lorsque la pente de la vigne est forte, il faut avoir l'attention d'établir dans ces allées, à des distances convenables, des arrêts pour retenir la terre entraînée par les fortes pluies, ce qui fera toujours la partie la plus substantielle du sol. En outre, le vigneron est tenu de porter chaque année, dans l'arrière-saison, les terres emmenées insensiblement par les pluies de l'été dans le bas de la vigne; il les dispose sur le haut des rases, ce qu'on appelle faire les têtes. Ce transport se fait à dos d'homme dans une sorte de hotte d'osier tressé, ayant un double manche assez long qui se place sur les épaules et se réunit au-devant du porteur qui le maintient avec ses bras. Cet ustensile s'appelle bachole. Enfin on plantera, en tête de quelques-unes des rases, des plants d'osier, nommés ambrée dans notre pays, ce qui serait nécessaire tant pour le reliage de la vigne et des clô

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