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bilier, insuffisant il est vrai, étant réuni, une première division de malades put être transférée du Betton à Bassens, le 3 août 1858.

Je glisse sur les embarras financiers de l'administration de l'Asile pendant les dernières années avant l'annexion. L'œuvre des aliénés en Savoie traversa alors une période pleine de périls pour sa prospérité, voire même pour son existence. On ne peut mettre en doute le zèle éclairé dont firent preuve les administrateurs, mais les expédients auxquels on eut recours ne pouvaient, en l'état, sauver la situation, et ce ne fut qu'après l'annexion que l'établissement recouvra son indépendance financière.

III

Le 30 août 1860, l'Asile de Bassens fut reconnu comme établissement public par décret impérial daté de Thonon. Il allait être désormais régi par la loi française du 30 juin 1838 sur les aliénés, laquelle, complétée par l'ordonnance du 18 décembre 1839, eut des conséquences si avantageuses à la morale, à

l'intérêt individuel et à l'ordre social.

M. le docteur Fusier fut nommé directeur médecin, et la nouvelle Commission de surveillance fut installée le 8 septembre 1860, par M. Dieu, préfet de la Savoie.

«En joignant les fonctions de directeur à celles de médecin que M. le docteur Fusier exerçait depuis 1851, au grand avantage de la maison, le gouverne ment a rendu justice à ses talents, a récompensé le zèle qu'il a constamment déployé pour l'Euvre, et a encouragé des efforts qui ne se sont pas lassés depuis.

« On ne saurait trop honorer, a dit le docteur Berthier, ces modestes et savants praticiens qui, se dérobant aux gloires humaines, se consacrent entièrement au soulagement de la plus triste des infirmités (1). »

La nouvelle administration héritait d'une charge bien lourde. L'asile se trouvait dans une situation financière très défavorable: un déficit énorme pesait sur la situation et il restait l'établissement à achever.

Le passif, d'après les documents déposés aux archives de l'asile, s'élevait approximativement à 592,066 fr.

Pour faire face à cette charge énorme, la nouvelle administration n'avait en perspective que le produit de la vente du domaine du Betton, la rente de Boigne, inaliénable, et les économies qu'elle pourrait réaliser désormais à l'aide du prix de journée, qui avait été porté à 1 fr. 10 pour les indigents.

Ces diverses ressources n'auraient permis la liquidation des dettes de l'établissement qu'après bien des années, et de nouvelles constructions nécessaires attendaient leur mise en œuvre lorsque, sur l'initiative de M. Parchappe, inspecteur général du service des aliénés, le gouvernement accorda à l'asile une subvention de 400,000 francs.

Le montant de cette subvention qui, comme l'a dit M. le docteur Fusier, a sauvé l'œuvre des aliénés en Savoie, fut entièrement encaissé. Il n'en fut pas de même de la somme de 100,000 fr. votée, à cette oc

(1) Excursions scientifiques dans les asiles d'aliénés, par le docteur P. Berthier, médecin en chef de Bicêtre; artiale Chambéry.

casion, par le Conseil général de la Savoie, en vue de compléter l'asile : l'allocation première fut réduite, en 1866, à 30,000 fr., et rien n'est encore sorti de la caisse départementale.

Une décision du 27 avril 1860 autorisait la vente du domaine du Betton. L'aliénation eut lieu la même année et produisit 220,000 fr., payables, un quart deux mois après l'approbation du contrat, et les trois autres quarts au bout de huit ans.

Comme on le voit, les recettes extraordinaires provenant de la subvention de l'Etat et du premier à-compte sur le prix de vente du Betton étaient à peine suffisants pour couvrir le déficit reconnu. Cependant, l'asile était loin d'être achevé, et l'évaluation des travaux les plus impérieusement exigés montait, d'après l'architecte, M. Dénarié, à 312,900 francs.

Ces travaux consistaient dans l'achèvement de la dans la construction de deux pavillons, des galeries chapelle, des bains, de logements des fonctionnaires, de service, des murs des préaux, etc., etc. Ils furent successivement mis en adjudication et exécutés à l'aide des seules ressources de l'asile.

Le résultat d'une administration économe, surveillant de près la marche des différents services et les intérêts si multiples de l'asile, se faisait déjà connaître.

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Fr. 148,611 70

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213,822 93 Fr. 362,434 63

340,824 81

Reste disponible . Fr. 21,609 82 Deux adjudications au montant de 110,000 francs avaient été données en 1862, pour arriver à satisfaire à l'achèvement des travaux en souffrance, et à l'exécution de ceux exigés pour assurer et faciliter le service de l'établissement. En même temps, des fouilles étaient faites à La Clusaz pour parer à l'insuffisance de l'eau ; malheureusement elles ne furent pas couronnées de succès. On dut s'entendre avec le propriétaire des eaux de la Dhuis pour assurer à l'asile les eaux nécessaires à sa consommation. Des recherches postérieures exécutées au même endroit eurent pour résultat de fournir une quantité d'eau de 15 à 20 litres par minute.

(1) Cette loi veut que les infortunés atteints dans leurs facultés intellectuelles et affectives soient secourus comme ceux que la maladie a frappés dans leur corps. Dès le moment où ces malheureux, grâce aux persévérants efforts d'hommes éclairés et généreux, ont été classés dans le cadre des malades curables; qu'ils ont cessé d'être victimes de la crainte et des préjugés, la société a dû accomplir envers eux un grand devoir d'humanité. La loi de 1838 est venue accomplir ce devoir, en veillant à la liberté individuelle de l'aliéné et en protégeant ses intérêts matériels contre l'intrigue et la cupidité, tout en lui assurant des soins convenables.

En 1863, une place d'élève interne, motivée par l'augmentation de la population, fut créée. Le 15 août de la même année, le Congrès scientifique de France, réuni à Chambéry pour tenir sa trentième session, fit une visite à l'asile de Bassens. Parmi ses membres se trouvaient plusieurs aliénistes distingués. Ces messieurs résumèrent les impressions de leur visite dans un rapport imprimé au compte-rendu du congrès, rapport très flatteur pour l'administration de l'asile, qui y est félicitée des résultats obtenus par le traitement moral, consistant à régulariser les actes des malades par le travail et à faire appel à leurs facultés affectives.

De ce moment date une ère de prospérité pour l'établissement. Toutes les dettes étaient payées, moins le reliquat d'un emprunt fait par l'ancienne administration à la Caisse des dépôts et consignations, qui s'amortissait par annuités de 10,000 fr.

L'achèvement de l'asile marcha rapidement. On avait renoncé à élever la ligne de bâtiments qui figurait sur le plan primitif au midi de l'enclos et qui aurait coupé la vue en entraînant des dépenses considérables; mais il restait encore plusieurs pavillons à construire et plusieurs constructions à achever.

Les immenses travaux de terrassement nécessités par la nature du sol furent accomplis par les malades travailleurs; les plantations, les belles allées ombragées qui sillonnent aujourd'hui l'enclos, le parc, les jardins, les bosquets furent établis à cette époque. La mise en culture du terrain, l'embellissement des cours et préaux, etc., eurent lieu à ce moment.

tinue, on pourrait calculer le moment où tout le monde serait atteint; mais, comme elle s'est produit dans les huit années qui ont suivi immédiatement l'application de la loi française en Savoie, à raison du bénéfice de cette loi qui facilite les admissions, par la transformation de l'asile et enfin par la confiance des familles, qui ne fait que s'accroître, les entrées ont été sensiblement plus nombreuses. Ces causes d'augmentation de la population se sont fait sentir jusqu'à ce jour.

Pour faire disparaître l'encombrement, l'administration mit (le 4 août 1868) en adjudication les travaux des deux pavillons figurés au plan général sous le no 3. La dépense totale pour la construction de ces deux quartiers et des galeries de service qui les relient avec la chapelle et avec les autres constructions, s'éleva à 173,984 fr.

L'établissement de ces deux pavillons amena d'importantes améliorations dans le service.

Dans une maison d'aliénés, où tout doit concourir au but imposé à l'établissement: le soulagement et le bien-être des malades, le moindre détail peut aider à ce but et, partant, a son importance. C'est ainsi que l'agencement intérieur des nouveaux quartiers subit de notables modifications, suggérées par le zèle et l'expérience toujours en éveil de M. le docteur Fusier. C'est aussi par ses soins qu'un nouveau système de fourneau fut établi à la cuisine, l'ancien étant devenu insuffisant par suite de l'augmentation de la population.

En 1871, une annexe à la cuisine fut construite; Les travaux pour l'installation des bains à vapeur, les salles de récurage et de lavage furent modifiées et des douches, des appareils de distribution d'eau, de réparées. Ces travaux font que la cuisine et les locaux robinetterie, etc., et ceux qui restaient à achever qui en dépendent se trouvent aujourd'hui dans les pour l'embellissement de la chapelle, livrée au culte meilleures conditions, comme mobilier, étendue, l'année précédente, furent exécutés dans le courant aérage et facilité du service. Il existe peu d'établisde l'année 1865. La même année eut lieu l'adjudica-sements aussi bien dotés que celui de Bassens sous tion des travaux pour l'établissement des galeries de service au quartier des agités et pour les murs de clôture du cimetière, ainsi que pour la crépissure des murs des préaux et du clos.

L'année suivante, l'asile acquit un immeuble contenant un local propre à abattre les bestiaux destinés à l'établissement. En 1867, un clocheton fut érigé au-dessus de l'horloge du bâtiment central, pour permettre d'indiquer l'heure dans la partie nord de l'établissement. Ce clocheton contient, dans sa partie supérieure, une cloche destinée à annoncer les mouvements de la journée. D'une architecture élégante, ce beffroi relève et orne agréablement le bâtiment central.

Chaque année apportait ainsi son contingent d'améliorations. Mais l'augmentation incessante de la population des malades occasionnait depuis quelque temps un encombrement qui aurait pu devenir préjudiciable à la bonne marche du service. Ainsi la population totale qui, au 10 septembre 1860, était de 232 malades, s'était rapidement élevée à 392 en 1864, et atteignait le chiffre considérable de 411 au 1er janvier 1868.

Cette augmentation dans le nombre d'aliénés assistés ne représente pas, heureusement, la progression réelle des cas de folie dans nos deux départements; dans ce cas, et en admettant que la progression con

ce rapport.

Cette même année fut créée une deuxième place d'élève interne en médecine. L'administration n'oubliait pas que la première condition d'un asile est la guérison ou l'amélioration et la bonne tenue des malades, et que cette condition doit, pour être obtenue, avoir pour base un service médical assuré et aussi étendu que possible.

Il m'a été impossible l'hospitalité de la Revue savoisienne de m'étendre pour ne pas abuser de

rielles réalisées à Bassens depuis l'annexion, et qui sur les nombreuses améliorations morales et matéen font un établissement de premier ordre. Je dois me borner à mentionner l'adjudication du bâtiment partie nord. 150,000 fr. de travaux sont déjà exécutés des services généraux, qui termine l'asile dans sa et payés, et incessamment le reste sera mis en adjudication.

A ce propos, il est bon de faire remarquer que l'asile de Bassens s'est édifié avec ses seules ressources et à l'aide d'une subvention de l'Etat relativement peu considérable comparativement aux sommes dépensées. Les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie ne se sont, jusqu'en 1874 (1), imposé

(1) A cette époque, le prix de journée des aliénés indigents de la Savoie et de la Haute-Savoie a été porté à 1 fr. 20, pour permettre à l'asile de réaliser de plus fortes économies en vue de se compléter.

aucune charge extraordinaire pour sa construction; ils n'ont payé, pour l'entretien des aliénés à leur compte, qu'un prix de journée inférieur à celui perçu par les asiles voisins, lesquels ont été construits par les départements, qui couvrent encore par des subsides leurs dépenses extraordinaires.

IV

Situé à deux kilomètres de Chambéry, adossé à une colline couverte d'arbres et de vignes, l'asile de Bassens est abrité contre le vent du nord par le Mont-Nivolet. La vallée de Chambéry, qu'il domine légèrement, étale devant lui les richesses variées de sa végétation. A l'horizon, l'oeil se promène sur une ceinture de coteaux à pente douce et verdoyante. Au dernier plan se détachent, sur un ciel bleu, les Alpes avec leurs sommets blanchis.

Le plan d'ensemble est ainsi disposé :

Au centre, le bâtiment d'administration, renfermant les bureaux, la salle de réunion de la commission de surveillance, les logements des fonctionnaires et employés, la cuisine, la pharmacie, la lingerie et les magasins; à droite, une série de cinq pavillons, séparés par des préaux et destinés aux hommes aliénés; à gauche, sur une ligne parallèle, une série de cinq autres pavillons semblables, destinés au logement des femmes; sur le fond faisant face à l'entrée, la chapelle, et sur le derrière, des constructions affectées à l'exploitation agricole, dominées par deux tourelles qui servent de châteaux-d'eau.

Tous les pavillons sont reliés entre eux, à la chapelle, au bâtiment central et au bâtiment des services généraux par de gracieuses et élégantes galeries. Des massifs d'arbres, distribués avec goût, ombragent ces passages.

Chaque pavillon a sa cour plantée qu'égaient une fontaine jaillissante et des corbeilles de fleurs entretenues avec soin par les malades eux-mêmes. Une galerie couverte permet à ceux-ci de se récréer au dehors lorsque l'état de la température leur ôte la jouissance de la promenade en plein air.

Ces pavillons forment chacun un petit établissement à part, entièrement indépendant, mais reliés aux autres bâtiments par les grandes galeries de service.

Le mode de clôture employé pour les préaux permet à la vue de s'étendre au loin, et éloigne des malades l'idée d'une réclusion trop absolue. Il consiste en un mur dont la hauteur ne dépasse pas le niveau du sol; un saut-de-loup, soit fossé à pente légère, gazonné et fleuri, partant du pied du mur pour aboutir au niveau du sol de la cour, empêche de pouvoir escalader la clôture.

Cette combinaison donne l'avantage aux malades de respirer un air meilleur et de jouir de la vue si pittoresque des alentours de Bassens, ce qui a sur eux les effets les plus salutaires.

Une chapelle gothique, élégante dans sa simplicité, est située sur la ligne médiane entre le bâtiment central d'administration et les bâtiments rustiques. Là, non plus que dans les bâtiments d'habitation, rien de spécial, rien qui rappelle la triste idée de détention. Les hommes prennent place à gauche, à droite les femmes. Point de ces cloisons réputées in

dispensables; comme unique et suffisante précaution, un infirmier est à la tête de chaque banc d'hommes, une sœur à la tète de chaque banc de femmes.

Les épileptiques mème peuvent assister aux offices religieux on leur a destiné les deux angles postérieurs de l'édifice, séparés du reste par un mur disposé de telle façon que les malades peuvent parfaitement voir l'autel, tout en étant soumis à une surveillance spéciale.

Au-dessus d'eux, la tribune réservée aux employés supérieurs. Le lutrin est tenu par un certain nombre de malades qui s'acquittent fort bien de leurs fonctions. Un harmonium est également tenu par une malade.

L'influence moralisatrice de la religion, ranimée par les exhortations d'un prêtres expérimenté, est venue bien souvent apporter des consolations dans l'âme des pauvres malades, et aider ainsi à la tâche humanitaire, si belle mais si pénible et parfois dangereuse des médecins.

Tout autour de la chapelle s'étendent des jardins anglais remplis de fleur et de verdure, et qui sont un lieu de promenade pour les malades en traitement.

Le cimetière est situé en dehors, à environ 200 mètres de l'asile.

La forme parallelogrammatique adoptée dans la construction de l'asile de Bassens, avec un bâtiment d'administration au centre et deux lignes de pavillons sur les côtés, formant, pour ainsi dire, deux établissements dans un seul par l'entière séparation des sexes, est celle qui, d'après les autorités médicales compétentes, convient le mieux à un établissement de ce genre. Elle permet d'assurer la sécurité et le traitement et d'adoucir la séquestration; la gaîté, le calme, le recueillement, ces auxiliaires indispensables au soulagement et à la guérison des malades, sont rendus possibles (1).

On est frappé, en visitant certains asiles, du luxe apporté dans l'établissement de parquets cirés, dans l'étalage de linge fin sur quelques lits en apparence; à Bassens, les habitations sont d'une propreté recherchée, seul luxe permis aux indigents. Grâce à la bonne ventilation et à l'isolement des latrines, aucune mauvaise odeur n'est répandue dans les salles.

Le nombre des gâteux est très réduit par le soin d'une administration toute maternelle et par les moyens ingénieux et salubres employés pour leurs couchettes. La proportion des camisolés est à peine de 1 sur 200.

Le régime alimentaire des aliénés à la charge des départements est sain, abondant et varié. Ils couchent dans des dortoirs vastes et bien aérés; leurs lits se composent d'un sommier élastique et d'un matelas. L'habillement, sans aucune marque distinctive qui pourrait humilier leur amour-propre, est à peu près celui de nos ouvriers de la campagne, d'où proviennent presque tous les malades de cette catégorie.

En somme, on peut dire, sans crainte d'être taxé d'exagération, que ces malades, sous le rapport du logement, de la vêture et de la nourriture, sont dans

(1) Le docteur Fusier. Etudes scientifiques faites dans les asiles de France, de Suisse, d'Allemagne, etc. Parchappe. De la construction des asiles d'aliénés.

des conditions meilleures que celles qu'ils trouvaient dans leurs familles.

La moyenne de la mortalité est inférieure de moitié à celle constatée par la statistique officielle dans les asiles de France.

Une bibliothèque est spécialement destinée aux aliénés qui, en dehors des travaux variés auxquels ils se livrent, sont récréés par des jeux mis en rapport avec leurs habitudes antérieures. Les promenades hors de l'asile quand le temps le permet, la musique vocale et instrumentale, la lecture, sont les principales distractions offertes aux malades.

Une fanfare est fondée à l'établissement depuis 1861. Elle recrute ses exécutants parmi les malades, les préposés et les employés, en tout une vingtaine de musiciens. Elle se fait entendre régulièrement tous les dimanches dans la cour centrale et, les jours de fête, prête son concours aux offices religieux.

Il est bon de jeter un regard en arrière pour voir le chemin parcouru par la charité. En suivant les progrès qu'elle fait dans un pays, on peut juger sûrement de la marche en avant de ce pays dans la voie de la véritable civilisation. L'asile de Bassens et les nombreux établissements hospitaliers que renferme la Savoie doivent être pour notre patriotisme un motif de légitime orgueil. MARIE GIROD,

Secrétaire de la direction de l'Asile.

UNE LETTRE DE CUVIER

La lettre ci-après, dont l'original vient d'être réuni à la collection d'autographes de notre musée, fut adressée par Georges Čuvier à M. Pierre Laffin, l'un des propriétaires de l'ancienne verrerie d'Alex (1).

convenir à son industrie. Il eut l'occasion d'y rencontrer quelques fossiles intéressants, et il les envoya, avec un mémoire à l'appui, au directeur du muséum d'histoire naturelle de Paris. C'est la réponse à cet envoi que nous avons le plaisir de mettre aujourd'hui sous les yeux de nos lecteurs.

Doué de connaissances techniques étendues, qu'il Je me suis laissé entraîner à donner tous ces dé- avait puisées en Belgique, en Angleterre et en tails, sachant par expérience combien l'on se fait, au France, M. Laffin s'occupait à des recherches géolodehors, une fausse idée de la situation des malades giques dans nos montagnes et dans celles du Piéà Bassens. Souvent j'ai rencontré l'incrédulité lors-mont, pour y découvrir les gisements qui pouvaient j'assurais que les malades n'étaient jamais battus... On paraît complétement ignorer les progrès réalisés depuis cinquante ans. Une personne qui visite Bassens pour la première fois se prépare d'avance aux émotions qu'elle doit éprouver; elle chercherait volontiers sur l'entrée de l'asile le vers célèbre du Dante Lasciate ogni speranza voi ch'intrate; » elle se représente les malades liés, manifestant leur fureur par des cris et des provocations dangereuses. Il a pu en être ainsi autrefois, mais aujourd'hui les punitions corporelles et les moyens de contrainte matérielle sont remplacés par la douceur et la persuasion, par une surveillance continue, intelligente, et l'on constate bientôt les résultats d'une fermeté bienveillante et d'une sollicitude inspirée par la charité chrétienne en voyant la docilité, le calme et l'air de satisfaction des malades succéder à l'agitation et au désordre qui les caractérisent à leur entrée.

Si anciennement les aliénés étaient considérés comme possédés du démon, ils sont aujourd'hui traités comme malades.

Quels progrès accomplis depuis un demi-siècle! Combien nous sommes loin du sombre tableau que traçait Esquirol du sort des aliénés !

«Je les ai vus, dit-il, grossièrement nourris, privés d'air pour respirer, d'eau pour étancher leur soif, et des choses les plus nécessaires à la vie... Je les ai vus n'ayant que de la paille pour se garantir, de la froide humidité du pavé sur lequel ils sont étendus... Je les ai vus livrés à de véritables geôliers, abandonnés à leur brutale surveillance... Je les ai vus dans des réduits étroits, sales, infects, sans air, sans lumière, enchaînés dans des antres où l'on craindrait de renfermer les bêtes féroces que le luxe des gouvernements entretient à grands frais dans les capitales. Voilà ce que j'ai vu presque partout en France; voilà comment sont traités les aliénés presque partout en Europe (1). »

(1) Esquirol. Des établissements consacrés aux aliénés. gouvernement (1818).

<< Monsieur,

E. TISSOT.

« Je vous remercie bien sincèrement des objets << intéressants que vous m'avez fait l'honneur de << m'adresser il y a quelques jours. Ils m'ont été << d'autant plus agréables qu'ils me mettent en re<lation avec un ami de la science que je n'avais pas « le bonheur de connaître.

« Les dents fossiles dont se compose votre envoi << appartiennent à une espèce d'anoplothérium et << méritent de fixer particulièrement l'attention. Je « les déposerai soigneusement au cabinet du Roi et j'en enrichirai mon ouvrage sur les fossiles dont << je m'occupe à donner une nouvelle édition. Si vous

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terre à creuset, id.
minium, d'Angleterre ;

arsenic vitreux, d'Allemagne;

safre ou oxide de cobalt, id.

le permettez, Monsieur, je publierai dans ce même ouvrage, avec d'autres pièces de ce genre, la no<tice des ossements fossiles de Cadibona que vous < avez bien voulu joindre à votre lettre.

«

« Il me reste à vous faire une prière, Monsieur, <c'est de vouloir bien continuer à me communiquer << les observations géologiques que vous pourrez faire dorénavant, ainsi que les objets dont vous serez à même de disposer. Le Muséum d'histoire. « naturelle vous offre en retour ce qui pourra vous « être agréable. Il remboursera de même tous les « frais que vous serez dans le cas de faire pour lui « procurer des choses nouvelles. Je vous aurai en mon particulier de grandes obligations, si vous < pouvez m'envoyer des dessins ou des moules des <dents canines dont vous me parlez dans votre mé< moire.

« Pardonnez, Monsieur, si j'abuse peut-être de « votre bonté, mais vous m'avez inspiré vous-même « cette confiance.

« Je vous prie d'agréer l'expression de ma vive << reconnaissance ainsi que l'assurance de ma haute << considération. << Bon CUVIER.

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Paris, 8 juin 1821.

M. Revon exhibe une série anthropologique que le musée a reçue de la Société d'anthropologie de Paris : dans ce nombre figurent dix crânes de Parisiens du XVIe siècle, cubés par M. le docteur Broca, et des moulages de têtes Basque, Esquimau, Chinois et Mandchou. M. Dufour signale la découverte des restes d'un vaste bâtiment romain dans la commune de Seynod: dans les années de sécheresse, l'herbe jaunie indique clairement la direction des murs, entre lesquels on a recueilli des fragments de marbres, de tuiles et de poteries.

M. Serand lit une note relative au bon accueil fait par la ville d'Annecy, le 2 octobre 1627, à un peintre de Saint-Michel en Maurienne, Pierre Dufour. L'artiste fut chargé d'exécuter un portrait en pied du bienheureux François de Sales, destiné à la salle consulaire. M. Serand croit reconnaître ce portrait dans une vieille peinture reléguée à l'hôpital dans un corridor sombre et humide, en compagnie d'autres portraits historiques. Sur sa demande, la Société fera des démarches auprès de l'administration municipale pour que ces toiles soient déposées au musée ou dans tout autre local à l'abri de l'humidité.

La réunion visite au musée deux salles qui viennent d'être restaurées la galerie savoisienne et les collections générales d'histoire naturelle. Les nouvelles teintes employées pour les vitrines font ressortir les riches couleurs ou les formes gracieuses des oiseaux exotiques et des animaux de la Savoie; les minéraux, reclassés dans des tablettes vitrées, sont mieux disposés pour la facilité de l'étude; plusieurs séries ont été augmentées, notamment la paléontologie, l'anthropologie générale et l'anthropologie savoisienne; une vitrine spé

A Monsieur Laffin, propriétaire des Verreries ciale est consacrée à cette dernière et comprend la série des têtes « d'Alex, en résidence à

« Turin. »

SOCIÉTÉ FLORIMONTANE

Séance du 30 juin 1876.

PRÉSIDENCE DE M. C. DUNANT

M. le Président donne lecture de la correspondance: 1o la Société des Arts de Genève, qui compte aujourd'hui un siècle d'existence, a fait frapper une belle médaille comme souvenir de ce centième anniversaire. Elle en offre un exemplaire à la Société Florimontane, et l'accompagne d'une lettre conçue en termes pleins de cordialité. Des remerciements sont adressés à la savante compagnie. - 2o L'Institut national genevois a invité notre Société à sa séance générale et à la promenade annuelle: le bourg savoisien de Reignier était le lieu désigné pour cette dernière réunion. La convocation nous est parvenue trop tard pour permettre de réunir les membres et d'envoyer des délégués. -3° L'Association française pour l'avancement des sciences tiendra sa cinquième session à Clermont-Ferrand, du 18 au 25 août. Répondant à son invitation, la Société Florimontane délégue M. Eugène Tissot pour assister aux séances. 4" Lettre de remerciements de M. Puton, nommé membre correspondant. 5o Lettre de M. F. Tissot, instituteur à Arâches, décrivant une récente trouvaille : en déblayant l'emplacement d'une vieille maison, un ouvrier a découvert 18 pièces de monnaie, renfermées dans une petite boîte en fer-blanc. Les pièces sont en argent et en billon; la plus ancienne remonte à 1624 et la dernière porte le millésime de 1721; elles appartiennent à la Suisse et à l'Espagne. 6o M. Bussat, instituteur à Arthaz, envoie une note sur quelques monnaies et médailles des derniers siècles, dont il offre onze exemplaires. La Société est heureuse de voir MM. les Instituteurs du département lui adresser assez fréquemment des communications intéressantes.

M. Eugène Tissot fait hommage à la bibliothèque publique d'un autographe de Cuvier. La lettre de l'illustre naturaliste est publiée par notre confrère dans le présent numéro de la Revue.

M. Revon expose les travaux annuels des élèves de l'école publique de dessin, et sur sa demande la réunion vote l'acquisition de livres destinés aux élèves les plus méritants. Des félicitations sont envoyées au directeur, M. Cabaud, pour les bons résultats obtenus, notamment dans le modelage, dans l'estompe d'après la bosse et dans le dessin des machines d'après les modèles en relief.

osseuses découvertes en Savoie : temps préhistoriques, époque gallo-
romaine, sépultures burgondes, moyen âge, Savoisiens modernes.
M. l'Archiviste dépose les dons et échanges:

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Fleury, Notice sur l'église et la paroisse de Saint-Germain à Genève, don de l'auteur. C. Dunant, Le Parmelan et ses lapiaz, don de l'auteur. — Puton, Questions sur le droit d'occupation des concessionnaires de mines dans les forêts; Du régime des forêts communales possédées par les sections de communes; Extension aux opérations d'abornement général de la loi sur les associations syndicales, dons de l'auteur. - Poncet, La cathédrale d'Annecy et ses tombeaux, don de l'auteur. Revue archeologique.- Revue bibliographique universelle. Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest. Journal des connaissances médicales. Bulletin de la Société de géographie de Paris. Bulletin de la Société archéologique du midi de la France. Bulletin de la Société d'horticulture de la Côte-d'Or. Mémoires de la Société littéraire de Lyon. · Bulletin de la Société d'agriculture et sciences de Poligny. - L'Educateur. - Revue du Lyonnais. Revue suisse. Le Dauphiné. Mémoires de la Société d'histoire de la Suisse romande. Recueil de l'Académie des jeux floraux. · Mémoires de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie. Annales de la Société d'agriculture et sciences de la Dordogne. Mémoires de la Société d'émulation du Doubs. - Bulletin de la Société des sciences de l'Ardèche. — Congrès archéologique de France. Société d'agriculture de Douai. Bulletin de la Société archéologique du Limousin. - Le Globe, journal géographique de Genève. Association scientifique de France. Courrier de Vaugelas. L'Italia agricola. L'Union savoisienne. Les Alpes. L'Allobroge. Echo du Salève. Courrier des Alpes. La Savoie thermale.

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Le chemin de fer de la Sibérie réunira l'Europe à la Chine, Lisbonne à Pékin, à travers l'Asie russe. La première section de cette voie colossale est à la veille d'être concédée. Le gouvernement russe a décidé la construction de la ligne de Nijni-Novgorod à Tjoumen en Sibérie, par Kazan, un col des monts Oural, et Jékatérinembourg. Ce chemin de fer sera achevé dans quatre ans; et, sans doute, avant que cette première section soit terminée, la section suivante aura été étudiée, concédée, mise à exécution.

Le Directeur-gérant, L. REVON.

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