Rd P. Archange, missionnaire capucin du couvent de Conflans, renferme des détails extraits, pour la plupart, des ouvrages de Moreri, Glaire, Grillet et Paradin, et contient par conséquent peu de faits inédits. Avec le Rd P. Archange nous assistons à la fondation de Tournon d'abord, puis nous voyons défiler les unes après les autres les familles et les commurautés qui régnèrent en ce lieu. Des Chivron, le château passa aux rois de Bourgogne, aux princes de Savoie, aux abbés de Saint-Michel, aux princes de Savoie de nouveau, aux Maillard ensuite, et enfin, en dernier lieu, à M. le baron Angleys, gendre de l'éminent homme d'Etat comte Hyacinthe Avet. Nous aurions aimé à trouver là des renseignements plus circonstanciés sur cette maison Maillard qui posséda Tournon pendant plus de deux siècles et qui a fourni tant d'éminents fonctionnaires. Quoiqu'il en soit nous recommandons vivement la lecture de cette notice.

Le 4o bulletin renferme sur Les cardinaux qui ont occupé le siége de Maurienne des notes historiques qui émanent de M. le docteur Mottard et qui se rapportent à Louis de la Palu de Varambon, à Jean de Ségovie, à Guillaume d'Estouteville, à Louis de Gorrevod, à Jérôme Ricevali, à Hippolyte d'Est et à Charles-Joseph Fillipa de Martiniana. Pourquoi à la suite de chaque article n'avoir pas décrit les armoiries portées par ces princes de l'Eglise? On aurait été heureux de trouver là les blasons de ces prélats distingués qui n'ont point passé inaperçus sur le siége épiscopal de Maurienne et qui ont déjà, il est vrai, rencontré un historien en M. Charles Buet (1). Travailleur infatigable, M. le docteur Mottard ne cesse de fouiller les annales de la Savoie et de publier sur l'histoire de son pays des documents précieux aussi appelons-nous hautement l'attention des érudits savoyards sur ses nombreux travaux, insérés en grande partie dans les Mémoires de cette Société. Le fascicule que nous analysons se termine enfin par une Biographie des membres du chapitre de Maurienne avant la Révolution, écrite par le chanoine Boniface et revue et annotée par ce même docteur Mottard dont nous venons de parler : c'est une œuvre consciencieuse, rédigée avec soin et précédée de notes curieuses sur les bénéfices et les charges de l'ancien chapitre, sur ses biens et avoirs et sur ses charges et fonctions. A. ALBRIER.

UNE MESURE PRÉHISTORIQUE

M. Le Hon, dans son ouvrage L'homme fossile en Europe, p. 126, donne le dessin, à la demi de la grandeur naturelle, d'une hache polie, en jade vert, figurée dans l'Oryctographie de Bruxelles, ouvrage publié en 1784; mettant par hasard sur ce dessin une hache polie de la même matière, trouvée à Melle, je remarquai que cette dernière couvrait exactement le dessin, donc égalait la moitié de la première; une troisième, du midi de la Belgique, avait pour largeur les deux tiers de la largeur de la seconde; y aurait-il donc, entre les dimensions des haches polies,

(1) V. Armorial des évêques de Maurienne, Revue nobiliaire, mars 1867, 121-127.

15 millimètres me paraît une commune mesure entre la plupart de ces largeurs; quelle serait l'origine de cette mesure? Je crois que la mesureunité était le double, et correspondait à la première phalange de l'index; c'est en effet une mesure qu'on a toujours « à la main; » n'est-ce pas même l'origine du pouce actuel, variant d'après les localités, mais valant, en moyenne, à peu près 30 millimètres, et nommé encore quelquefois doigt, daktylois!

Les conservateurs de musées, possédant grand nombre de haches, pourront facilement vérifier la généralité plus ou moins grande de ce que j'avance.

Je signalerai entre temps quelques coïncidences qui me paraissent extrêmement remarquables : deux haches du Japon ont pour dimension 130 x 50 et une de Spiennes 130 × 45; une du Japon 115 × 45 et une de Mons 115 x 44; une du midi de la Belgique 90 × 46, me parait égale à celle de Pontverre qui se trouve au Musée d'Annecy, etc. Certes, on ne peut dire que de telles coincidences soient fortuites; les dimensions égales indiquent des relations entre les fabricants, ou, qu'on me permette l'expression, un courant ethnographique; un pays de l'Asie n'aurait-il pas été un centre d'où se serait dirigé un courant vers l'Europe, et un autre vers l'Océanie où l'on retrouve encore les haches en pierre polie, entre autres le mere des aborigènes de la Nouvelle-Zélande?

<< De nos jours encore le Maori (2) fabrique encore, comme ornement, ou comme amulette, le mere de jade poli; il choisit avec soin la pierre verte « poena mou (néphrite) et avec un silex dentelé en forme de scie et une grande quantité d'eau, il trace de chaque côté un sillon qu'il approfondit jusqu'à ce qu'il puisse en détacher les bords. Un travail constant de tout un

mois est nécessaire pour ébaucher une hache d'un pouce et demi de largeur; il faudra six mois encore pour le polissage au moyen d'un grès calcaire. Les Maoris conservent précieusement les haches de leurs ancêtres; les haches de guerre avaient à peu près un

(1) Bout brisé.

(2) Indigène de la Nouvelle-Zélande; ce mot est probablement le mème que Muohi, qui veut dire indigène, à Tahiti.

pied de longueur et pesaient plus de six livres; c'étaient des armes terribles dans un combat corps à corps.» (New Zealand Monthly Magazine, octobre 1862.) I a largeur citée ci-dessus, un pouce et demi, est justement la largeur la plus commune des haches anciennes (45 millimètres). Un monsieur de la Nouvelle-Zélande qui visita, il y a quelques années, le Musée de Melle, m'assura qu'il ne voyait aucune différence entre les haches polies trouvées en Belgique que je lui montrais, et celles des Maoris. Ne pourrait-on donc pas classer les haches polies d'après leur grandeur ou leur largeur: 1/2, 1, 1 1/2, pouces etc., et tirer de là quelques nouveaux renseignements relativement aux mouvements des tribus. préhistoriques?

La dimension 115 millimètres, qui se rencontre assez souvent, doit probablement aussi avoir un motif; je la retrouve même dans le diamètre d'un casse-tête lenticulaire avec manche, de l'âge de pierre des Antilles. BERNARDIN.

Si pour toujours vos yeux doivent être mouillés,
Si les monts et vos cœurs vont être dépouillés,
Mères, relevez-vous! que votre âme soit fière!
Voyez vos fils!... Chrétiens, ils baissent vers la terre
Ces têtes qu'en héros ils offrent au pays,

Et sur ce champ, où va s'élancer leur courage,
Ecoutez!... On entend ces mots saints qu'au village,
Bercés sur vos genoux, ces braves ont appris :
«Dieu! que ta volonté, disent-ils, s'accomplisse!
Que le ciel soit le prix de notre sacrifice!

le sabre au poing, — marchent au premier rang....... Seul, le cri de Savoie! est sorti du silence... Tout à coup, on eût dit la foudre déchirant

La nue,

un feu d'enfer, du haut de la colline,

Des talus, des maisons, des toits, de toutes parts, Eclate furieux ... il enserre et domine

La phalange qui monte à l'assaut des remparts... Va-t-elle reculer?... La mitraille moissonne, Couche les pelotons, ainsi que fait le vent

Dans les bles; et pourtant la retraite qui sonne Ne les arrête pas : ils s'en vont en avant!...

SOCIÉTÉ FLORIMONTANE

Séance du 21 juillet 1876.

PRÉSIDENCE DE M. DUCIS, VICE-PRÉSIDENT

La réunion nomme les membres des jurys d'histoire, de poésie et de beaux-ats, appelés à juger les nombreux travaux envoyés au concours de la fondation Andrevetan.

M. le Président communique une demande adressée par la Société botanique de Brandebourg, pour l'échange de nos publications.

M. le baron Raverat, membre correspondant à Lyon, adresse l'extrait suivant du testament d'Aymar de Torchefelan, écuyer, sieur de Mornas, capitaine d'une compagnie au régiment de Picardie; le testament a été fait à Vienne, le 29 décembre 1671: « .... item ie donne et legue a anne de Torchefelan ma tres chere sœur religieuse en labbaye de sainte caterine danecy en savoie ordre de citeaux la somme de cent vingt livres de pention viagere qui lui sera payé par mon heritier touts les ans pendant sa vie. » La famille du Torchefelan, ajoute M. Raverat, est une des plus illustres et des plus anciennes du Dauphiné. Ses démêlés avec les archevêques de Vienne sont assez connus; ils ensanglantèrent la province à différentes époques du moyen-âge

M. Ducis fait part à la Société d'une restauration archéologique digne de tous éloges: l'église de Mélan, fondée en 1292 par Béatrix de Savoie, avait eu ses fenêtres à lancette bouchées son style dénaturé en renaissance, au XVIe siècle, et avait été désorientée pendant l'occupation des PP. Jésuites de 1834 à 1848. Les missionnaires de SaintFrançois de Sales, qui tiennent aujourd'hui le collége, ont mis à jour les fenêtres antiques, ont replacé la porte à l'occident, le chevet à l'orient, et rétablissent l'église dans son style primitif avec une parfaite entente de l'art.

Le même donne lecture des inscriptions et armoiries qu'il a copiées à l'ancienne abbaye de Siz et sur plusieurs autres monuments anciens, qui feront l'objet d'articles spéciaux.

M. Revon présente un plat d'étain gravé, acquis par le musée. Forme ronde, diamètre 40 centimètres. Armoiries d'Annecy et de Rumilly, réunies sous une couronne murale surmontée de deux banderoles qui portent la devise:

Et vous tous, dont le nom n'aura d'autre mémoire
Qu'un cœur de fiancée ou l'amour d'une sœur,
Vous qui n'avez cherché ni l'éclat, ni la gloire
Pour combattre et mourir sur le champ de l'honneur,
Braves, salut à vous!... Là haut, dans la patrie,
Où l'humble d'ici bas devient resplendissant,
Votre âme aura conquis cette place bénie
Dont le Dieu des combats, en l'éternelle vie,
Fera le prix de votre sang!

Aujourd'hui, sur les lieux témoins de ce martyre Se dresse un mausolée où le regard peut lire :

(1) Le capitaine comte de Cordon.

(2) Le jeune aide-major du 1 bataillon de Savoie, tué glorieusement à Béthoncourt, était né dans le département de la Nièvre.

BULLETIN

Le 22 juillet vers midi, a eu lieu l'inauguration du gnomon polyorénome d'Annecy sur le quai du jardin public, en face de la statue de Berthollet. Le Père Arsène, capucin d'Annecy, auteur de cette œuvre remarquable, a enchanté l'assistance dans un exposé plein d'intérêt sur la composition de son œuvre et les sentiments patriotiques qui l'ont inspirée. C.-A. D.

Le manque de place nous oblige à renvoyer au prochain numéro la liste des dons et échanges.

Le Directeur-gérant, L. REVON.

THERMOMÈTRES

35,5

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N.-E id.

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O.-S.-O faible S.-S.-O id. O.-S.-0 id. S.-O assez fort S.-O S.-O id. S-O O.-S.-01 id S.-O S.-O id.

id.

beau Nuageux par moment, nuit très belle. Nuit claire.

0,850 14,8

0,850 13,8

couv.1/2 Couvert la nuit.

0,850 46,5

couvert Tonnerre après midi. Pluie inapréciable. id Id. couv.1/2 Pluie après midi, continue le soir.

0,850 17,8

id. par fort vent.

pluie id.

Id. le jour, couvert la nuit.

0,860 14

Id.,

id.,

id.

0,860 16,2

couv.1/2 Gros nuages après midi, nuit cl. [couv. la nuit. 0,790 17,2 id. 8 1/2 s. écl. et t., grde bourr. jusq. 9 1/2, pl. abte; 0,790 47,6 couvert Pl. par bourr. aps midi jusq. 5 h. Couv. 1/2 la nt. 0,800 18,5 id. Couvert de gros nuages, pluie par bourrasques. 0,810 18,6 couv 1/2 Tonn. et éclairs de 4 h. à 6 h. s., pluie par bourr. 0,820 18,3 pluie Pl. cesse après 9 h, reprd après midi. Faible la nt. 0,910 18,5 couvert Pluie légère avant 8 h. matin. Beau après midi. 0,910 18,3 beau Couvert après midi. Pluie légère à 11 h. soir. pluie Pluie par bourrasques le matin et à 6 h. soir. couvert Peu de pluie après midi. Beau à 11 h. soir.

0,920 17,9

0,900 17,9

0,890 18

La neutralité du nord de la Savoie (suite), par M. C.Flore de la Dent de Lanfon, par M. E. Picard. culture de la vigne et la vinification dans le Mâconnais (suite), par M. Tony Lacroix. Bibliographie Armorial et nobiliaire de Savoie, de M. le comte Amédée de Foras, par M. Jules Vuy. Dons et échanges. Bulletin. Observations météorologiques et hydrométriques faites au jardin public d'Annecy, par M. A. Mangé.

LA NEUTRALITÉ DU NORD DE LA SAVOIE

(Suite)

X

Il y avait en Savoie six provinces administratives et judiciaires, la Savoie proprement dite, la Maurienne, la Tarentaise, le Faucigny, le Chablais et le Genevois. Cette dernière devait son nom à une suite de circonstances qu'il est le cas de rappeler pour éviter tout quiproquo.

Le comté de Genève, qu'il ne faut pas confondre avec la cité romaine de Genève, plus étendue, encore moins avec l'ancien diocèse de Genève plus étendu encore, comprenait plusieurs fiefs répandus en Chablais, en Faucigny, en Genevois et sur la droite du Rhône.

Les comtes de Genève, dont les droits contestables avaient été attribués aux évêques de Genève par les empereurs germaniques et reconnus ainsi par le municipe de Genève, s'étaient retirés à Annecy, où un lac et le palais de l'Isle leur rappelaient en miniature ce qu'ils avaient laissé à Genève.

Mais de seconds qu'ils étaient dans cette ville impériale et épiscopale, ils étaient devenus les premiers à Annecy, où leur château, élevé contre la Tour de la Reine, ancien fief royal burgonde, dominait ce bassin pittoresque, auquel ils ont laissé le titre de comté de Genevois, en favorisant toutes les industries d'Annecy, en y fondant des établissements et en octroyant à ce bourg, fortifié et agrandi plusieurs fois, tous les priviléges et franchises des villes.

Au commencement du xve siècle, la maison de Savoie succéda à celle de Genève, continua son ceuvre à Annecy, dont elle fit, en 1564, le chef-lieu

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d'un duché avec le Faucigny et Beaufort, devenu l'apanage d'une de ses branches, les organisa en deux provinces, le Genevois et le Faucigny, en modifiant leurs confins, comme elle le fit aussi du Chablais, au commencement du XVIIIe siècle.

Les provinces avaient un intendant pour la partie administrative, un juge-mage pour la partie judiciaire. Les baillages de Ternier et de Gailliard avaient conservé l'organisation militaire à cause de leur situation frontière, mais avec un juge-mage comme les provinces.

Les troubles survenus à Genève, en 1738 et 1766, faisaient un devoir au gouvernement Sarde d'avoir l'œil sur toutes les tentatives ultérieures de la cité séparatiste.

Le dernier traité avait rendu à la Savoie toute la rive gauche de l'Arve. Le village de Carouge, simple bureau de douane en 1754, avait été pourvu d'écoles gratuites par Mgr Biord en 1770, gratifié de foires et marchés par le roi en 1776. Victor Amédée III voulut en faire un centre administratif et judiciaire. Il le détacha de la paroisse et commune de Lancy, y fit élever les édifices publics nécessaires à la destination qu'il lui donnait, et, par lettres patentes du 2 mai 1780, il créa l'Intendance de Carouge, composée d'Archamps-Collonges, Beaumont-Jussy et Châbles, Bernex-Confignon-Onex, Bossey, Cheinex, Compèsières, Feigères, Lancy, Neydens, Saint-Julien, Tairier, Valery, Vairier, Vers, Viry-AvusyHumilly du baillage de Ternier, d'Ambilly, Cholex, Collonges-sur-Bellerive, Foncenex, Juvigny, Mesny, Thonex et Chêne, Ville-la-Grand du baillage de Galliard, de Veigy pris au Chablais, d'Annemasse, Vétraz et Monthoux pris au Faucigny, d'Aire-laVille, Etrembières, Monnetier-Mornex et 35 autres prises à la province du Genevois, en tout 68 communes. Cette nouvelle province était confinée à l'est par le Salève jusqu'au Mont-Piton et de là par les Usses depuis Vovray jusqu'à Bassy.

La judicature-mage des baillages qui avait été installée à Saint-Julien dès leur restitution en 1566, fut transféré à Carouge avec le bureau de l'Insinuation.

Et, comme pour en faire une rivale de Genève, à laquelle la maison de Savoie avait renoncé, le roi lui octroya les priviléges des villes, y établit un collége, un hôpital, y favorisa toutes les industries, permit