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un cercle de plus à chaque tête, ce qui leur donne nullement. Le reproche de n'être pas un « directeur une garantie de plus. Enfin, avant d'employer les artiste a été si sensible à M. Halanzier, qu'un jour tonneaux, on les étuvera avec de l'eau bouillante, ce il s'est mis à plaider sa cause avec ardeur dans une qui fera reconnaître mieux les défauts qu'ils pour-lettre adressée à un journal. S'il avait le moindre raient avoir afin d'y porter remède. Ce qu'on dit droit au titre tant ambitionné, il ne se serait pas perdes tonneaux s'applique également aux feuillettes. mis de faire une assez mauvaise reprise du ProLa jauge uniforme pour le Mâconnais comme pour phète et de la faire en pleine canicule. Ce qui semble les vignobles circonvoisins est de 213 litres par ton- le rassurer pleinement, c'est qu'en vertu de son caneau qu'on appelle une pièce et de moitié pour les hier des charges et jusqu'à l'expiration de son privifeuillettes. On aura, en outre, quelques autres fùts lége, le gouvernement ne peut pas réduire la subvende moindre dimension; ces différentes proportions tion qu'il lui paie, sous peine de lui donner le droit sont appelées coquillons; cela facilitera les transva- de réduire le nombre des représentations. sements et fournira le moyen de ne laisser aucun fût qui ne soit plein.

Les propriétaires aisés feront bien d'avoir pour le vin rouge de grands vases appelés foudres. Cette première dépense une fois faite, ils n'auront plus à faire l'avance de l'achat des tonneaux pour chaque récolte, et à subir les fluctuations de leur prix qui s'accroit en raison de l'abondance de la récolte et devient quelquefois très onéreux par son élévation. De plus, ces foudres diminuent beaucoup la dépense de remplissage; ils sauvent aussi les frais de reliage, et la force de leurs douves est une garantie contre le coulage et la perte du vin. Il ne faut cependant pas que la contenance de ces foudres excède 20 à 25 tonneaux de jauge ordinaire, parce qu'autrement il deviendrait difficile de faire la distinction des différentes cuvées lors de la vente. Le marchand déduit du prix courant du vin celui des tonneaux évalués comme fùts vieux, par conséquent d'un moindre prix, attendu que le vin qui a passé l'hiver ne peut pas être envoyé dans des tonneaux neufs. (A suivre.)

TONY LACROIX.

CHRONIQUE MUSICALE

Paris, le 10 septembre 1876. Peut-être les représentations à Bayreuth sembleront elles l'événement capital de la saison, mais je commencerai par régler mon compte avec les théâtres français.

L'Opéra a donné un nouveau ballet, Sylvia, dont le défaut principal est d'avoir un sujet mythologique; on sait que les sujets de ce genre sont trop usés aujourd'hui. L'exécution est très bonne, surtout celle des principaux rôles parmi lesquels domine celui de Mile Sangalli; c'est pour cette artiste que l'ouvrage a été spécialement écrit. Dans la mise en scène, il faut signaler particulièrement la fidélité historique et le goût parfait avec lesquels ont été dessinés les costumes; le mérite en revient à M. Lacoste.

En guise de lever de rideau, on a repris le Freischütz qu'on ne sait ni bien interpréter à l'Opéra, ni laisser reposer; aussi n'y fait il jamais des apparitions de longue durée. L'intelligence de la musique et de la pièce manque à tout le monde dans ce théâtre; mais on a fait un décor superbe pour la Gorge aux loups, sans, d'ailleurs, se conformer beaucoup à la mise en scène indiquée dans la partition. En général, les décors et la magnificence de la mise en scène sont l'objet particulier des soins de M. Halanzier; il s'imagine que c'est ainsi que M. Perrin a gagné le titre de « directeur artiste, titre qu'à mes yeux il n'a mérité

L'Opéra-Comique n'est pas encore rouvert: M. Perrin l'a fermé brusquement au commencement de juin, en plein succès de Piccolino, des Amoureux de Catherine et de Philémon el Baucis. Les artistes ont été congédiés sans façon; ceux de l'orchestre et des choeurs dont les maigres appointements devraient être payés pendant la clôture du théâtre, ont vainement réclamé auprès du gouvernement; on les a payés en belles promesses. Après beaucoup d'hésitation on a nommé directeur M. Carvalho, quoique ses antécédents au Théâtre-Lyrique ne soient pas à l'abri de la critique; nous verrons comment il gérera l'OpéraComique. Pendant les quelques semaines que le théâtre-Lyrique est resté ouvert au printemps dernier, M. Vizentini a pu se convaincre qu'il lui faut avant tout une bonne troupe de chanteurs. La reprise du Sourd d'Ad. Adam n'a pas réussi; le Magnifique de M. Philippot a été une déception; on sait que cet ouvrage avait été couronné à la suite d'un concours, il y a environ sept ans, comme l'ont été la Coupe du roi de Thulé et le Florentin. L'idée de donner trois représentations des Erynnies avec le concours des artistes de l'Odéon était bizarre, malgré les circonstances atténuantes que peut motiver la partition de M. Massenet, considérablement augmentée pour là circonstance et digne d'éloges. La reprise d'Obéron a été plus heureuse; c'est aussi par des représentations de cet ouvrage et de Dimitri que le théâtre vient de faire sa réouverture; mais, jusqu'à présent, le personnel des chanteurs ne parait pas avoir beaucoup gagné. L'interprétation de l'opéra de M. Joncières est plus satisfaisante que celle de l'opéra de Weber.

La mort de Félicien David a donné lieu à des discussions regrettables, dont je n'ai pas à m'occuper; je ne citerai pas non plus les titres des principaux ouvrages de David et que tout le monde connaît; on les entendra d'ailleurs l'hiver prochain; je dirai seulement quelques mots sur sa personne. D'abord enfant de choeur dans une église d'Aix, puis successivement élève des jésuites, chef d'orchestre dans un Théâtre de vaudeville, petit clerc de notaire, maître de chapelle à l'église où il avait débuté dans la carrière musicale, sa seule et constante préoccupation fut la composition. Arrivé à Paris pour compléter ses études, il dut soutenir une longue lutte contre la misère. C'est dans cette pénible situation qu'il se lia avec les Saints-Simoniens dont les aspirations et les opinions devaient le séduire, en même temps qu'il trouva chez eux un accueil sympathique et l'occasion d'exercer son talent musical. Plus tard, il garda toujours les amis qu'il avait dans cette secte socialiste. L'isolement et la souffrance, joints à un naturel concentré, lui avaient donné des apparences de misan

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tifs n'en sont qu'une conséquence; la mélodie régulière, agréable à l'oreille et pouvant se détacher du texte, est la partie essentielle. La forme du drame doit être faite en vue de placer convenablement les différents genres de morceaux que comporte un opéra; le sujet lui-même doit être choisi en conséquence; lorsqu'il est historique, il n'en est que plus absurde, parce que la musique ne peut pas avoir un caractère historique comme les costumes et l'architecture; les magnificences de la mise en scène ne servent qu'à dé

En lisant les partitions du Vaisseau-Fantôme, de Tannhauser et de Lohengrin, on peut suivre les progrès que faisaient les idées de Wagner, jusqu'à ce que, les soumettant à des méditations approfondies, il en déduisit ce qu'on appelle sa troisième manière, et dont le produit le plus direct est l'Anneau du Nibelung. Cherchant l'union la plus rationnelle entre la musique et la poésie, Wagner a considéré que le premier de ces arts a une action directe et puissante sur le sentiment, action que la poésie ne possède point; tandis que celle-ci a une clarté et une précision qui manquent à la musique. Wagner a donc cherché le point où la poésie tend à devenir musique et éprouve, pour ainsi dire, le besoin de le devenir. Dans ce but, il a rejeté la rime et les règles en partie factices de la versification allemande, pour se fonder sur l'accentuation exacte des paroles et pour faire un emploi continuel et systématique des assonances et des alliterations usitées dans l'ancienne poésie. Mais les effets de ce genre disparaissent le plus souvent sous la musique et quelquefois deviennent gênants; aussi Wagner n'a-t-il pas rigoureusement suivi ses principes dans la suite; dans les Maîtres Chanteurs, il a même employé la rime.

Je viens de parler du Saint-Simonisme; je m'en
servirai pour une comparaison. L'agitation causée
par les théories socialistes s'est calmée depuis long-guiser ce non-sens.
temps, mais le Saint-Simonisme particulièrement a
compté dans son sein des hommes très distingués et
très connus; il a soulevé des problèmes qui continue-
ront à être discutés jusqu'à ce qu'on y trouve une so-
lution satisfaisante, si tant est qu'on en trouve jamais.
De même Wagner a montré les vices de la musique
dramatique actuelle; il a abordé des questions qu'a-
vant lui on n'avait guère songé à approfondir, et, si
la réponse qu'il y a faite reste matière à controverse,
ces questions ont fait un grand pas et ne sauraient
désormais être négligées. Un autre point que Wagner
a de commun avec les grands chefs socialistes, c'est la
foi en son œuvre, la fermeté et la persévérance avec les
quelles il en poursuit l'accomplissement, au risque de
dépasser son but. Ma comparaison ne va pas plus loin.
Quels que soient la violence et l'acharnement avec
lesquels beaucoup de gens attaquent Wagner et quoi
qu'ils puissent dire pour essayer de le discréditer, le
plus souvent en le connaissant fort mal, les repré-
sentations à Bayreuth sont un fait dont on ne saurait
nier l'importance. Wagner a trouvé la plus grande
partie des fonds nécessaires pour la construction du
théâtre par des souscriptions; il a choisi dans toute
l'Allemagne les chanteurs et les artistes de l'orches-
tre; quatre mille personnes au moins ont fait le
voyage tout exprès pour assister à une représenta-
tion de la tétralogie: l'Anneau du Nibelung, quoi-
qu'il fallut payer 375 fr. un billet pour les quatre
soirées, sans compter les autres frais inévitables;
encore les protestations n'ont elles pas manqué d'a-
vance, même en Allemagne, contre ce que l'on trai-
tait d'entreprise absurde ou inutile. Un homme
n'obtient pas des résultats pareils sans avoir une
valeur considérable. Je ne veux pas dire par là que
les représentations à Bayreuth aient produit le ré-
sultat que Wagner en attendait. Ce ne pouvaient
être des représentations-modèles, parce que l'ou-
vrage représenté offre largement matière à critique,
parce que l'exécution était loin d'être irréprochable
et parce qu'il n'y a pas de raisons sérieuses à imiter
la forme imaginée par Wagner pour son théâtre.

Wagner est parti d'idées fort justes. Dans l'opéra,
par la manière dont le texte est traité et par la façon
dont les chanteurs le prononcent, on comprend rare-
ment les paroles et l'on ne tient même guère à les
comprendre, pourvu que l'on connaisse le sujet de la
pièce et des diverses scènes : or, un texte inintelli-
gible n'a pas de raison d'être. Dans les choeurs et les
morceaux d'ensemble, ce défaut s'aggrave encore;
l'orchestre contribue de son mieux à étouffer les pa-
roles en doublant, triplant, quadruplant la mélodie
ou en renforçant la masse sonore jusqu'à l'excès.

La forme des morceaux est presque toujours conventionnelle; la disposition et les répétitions des mo

Séduit par les attraits et les avantages du merveilleux au théâtre, Wagner a oublié qu'il en faut user avec discrétion et surtout que les dieux, à quelque mythologie qu'ils appartiennent, se valent tous, puisqu'ils sont représentés par des acteurs humains, susceptibles de toutes les imperfections qu'un chanteur peut avoir. Cette remarque s'applique tout particulièrement aux trois premières parties de la tétralogie. D'un autre côté, on peut dire que la mélodie a une trop petite part dans les parties vocales, tandis que la déclamation mesurée domine. L'unité est rétablie par les développements symphoniques des motifs dans l'orchestre; mais bien des fois la symphonie prend plus d'importance que la partie vocale. Certes, dans l'opéra la mélodie vocale exerce une domination excessive; mais on peut demander si en voulant rétablir l'équilibre, Wagner ne l'a pas rompu en sens contraire, au profit des paroles et de l'orchestre. Il faut ajouter, enfin, que dans l'Anneau du Nibelung les passages à deux ou plusieurs voix sont de rares exceptions.

Je me contente d'avoir indiqué les principaux points sur lesquels la discussion doit porter; je me suis aperçu, avec plaisir, qu'en Allemagne, il y a des critiques qui l'ont déjà compris. Les fanatiques de Wagner sont presque aussi loin de la vérité que ses adversaires qui ne voient en lui qu'un homme de talent faisant des folies. JOHANNES WEBER.

Le Directeur-gérant, L. REVON.

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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES & HYDROMÉTRIQUES FAITES AU JARDIN PUBLIC D'ANNECY

Altitudes Du Jardin, 448 30. Du baromètre, 453 10. Du zéro de l'Echelle du Lac, 446 275 (Annecy par 45° 53' 597 de latitude et 3° 47' 33" de longitude E.)

THERMOMÈTRES

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EXPLICATIONS.

Le signe

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La lettre p signifie pluie inappréciable au pluviomètre; de même n signifie: quantité de neige inappréciable au pluviomètre. ainsi qu'à l'évaporation, représentent des millimètres. Le signe? indique qu'on n'a pas pu reconnaître la direction ou la force du vent. parenthèses qui suit le mot brouillard ou son abréviation, signifie que les objets cessent d'être perceptibles à cette distance.

0,373 20097

Les nombres relatifs aux hauteurs de pluie Enfin le chiffre entre marque un calme plat.

AUGUSTE MANGÉ, architecte de la Ville.

Annecy. Impr. Perrissin.

17

me

Année.

N° 10. Omnes omnium caritates patria una complexa est.

31 octobre 1876.

par

ON S'ABONNE

EN FRANCE

REVUE SAVOISIENNE

an bon postal à l'or- JOURNAL PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ FLORIMONTANE D'ANNECY

dre du Directeur;

A L'ÉTRANGER

Par un effet sur une maison d'Annecy.

La Revue rendra compte des ouvrages dont deux exemplaires lui auront été adressés.

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Sommes-nous en Italie, en Suisse ou en France?... Sommes-nous au pays des rêves ou sur le terre-àterre de la réalité?... Est-ce bien en pleines Alpes que Venise, l'Orient et les contes fantastiques des mille et une nuits peuvent entr'ouvrir à nos yeux charmés, à notre imagination ébahie leurs spectacles les plus imprévus et les plus féeriques?

La nuit a estompé les montagnes prochaines; mais du sein des ténèbres surgissent mille feux, les uns flambant immobiles et reflétant dans l'onde leurs sinistres clartés, les autres glissant comme des feux follets et dessinant à travers les ténèbres de capricieux méandres.

Là-bas, sur la rive, des villas étalent en lignes lumineuses la grâce de leur silhouette; plus haut, sur la montagne, des bûchers gigantesques projettent au loin leurs blåfardes lueurs; sur l'eau, des îles enchantées versent à flots pressés autour d'elles l'harmonie et la lumière; cent gondoles, mystérieusement éclairées, luttent d'adresse et d'élégance; et les deux vaisseaux amiral, illuminés avec une richesse inouïe, s'avancent majestueusement au milieu de la flottille, dont les barcantines téméraires viennent évoluer sous leurs flancs.

Nous étions là, dispersés sur le pont, muets d'admiration et de surprise, saisis par cet indéfinissable concert où le ciel, les hautes cimes, les grandes le murmure des et la cadence des barvagues

eaux,

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On ne reçoit que des abonnements annuels.

'Les communications de tout genre adressées à la Revue savoisienne doivent être affranchies.

carolles, les éclairs et les prodiges de la pyrotechnie, où la nature et l'art, en un mot, semblaient s'être donné la main pour le plaisir des oreilles et des yeux.

La ville, en s'éloignant, apparaissait comme un golfe dont les girandoles de feu traçaient les moelleux contours; de temps à autre, le vieux château des ducs de Nemours, avec ses créneaux menaçants et ses tours imposantes, surgissait dans les airs, tantôt d'une pâleur mortelle, tantôt d'un rouge éblouissant ou d'un vert d'émeraude, semblable à une ombre du moyen-âge; et l'élégante façade de la Préfecture, avec son style Louis XIII, comme pour tempérer l'effet grandiose de cette apparition, projetait snr les ombrages du Pâquier et d'Albigny ses riantes clartés.

<< Rien ne saurait, a dit avec raison M. Antony Régnier (1), donner une description de ce spectacle. Pour nous, nous n'oublierons jamais l'émotion que nous éprouvions quand, montés sur le bateau la Couronne de Savoie aux flancs garnis de girandoles multicolores, nous admirions cette longue ligne du Jardin public, des canaux, des monuments et des maisons tout illuminés se reflétant dans les eaux mystérieuses du lac, ces gondoles glissant à travers les ilots transformés en brillants météores, tandis que la silhouette de la ville et des vieilles tours apparaissait toute fantastique sous les feux de Bengale. On passait de l'effet terrible d'un vaste incendie à l'apparition blafarde d'une ville polaire, et l'on n'aurait pas été étonné par moment de voir des essaims des habitants des sombres régions et des groupes enlacés de farfadets et de djinns venir se jouer dans l'espace. Des feux allumés sur les montagnes en faisaient ressortir les pittoresques et sauvages dentelures et, pour donner encore plus de magie à ce féerique tableau, des éclairs sillonnaient l'horizon et lui ajoutaient un caractère de sublime grandeur. »

VIII

AU CONGRÈS

(14 août 1876.)

la réunion scientifique ! Après fêtes, banquets, toasts et féeries nocturnes,

(1) Journal de Marseille, 19 août 1876.

DANNECY

C'est dans l'ordre, puisque le Club Alpin se pique de tenir la balance égale entre la science et le plaisir. Nous sommes au lundi 14 août. Il est 8 heures et demie du matin.

Le théâtre, hier soir salle de festin, s'est trans

formé en académie. Les immortels trônent sur la scène; une table recouverte d'un tapis vert est au centre. La tribune aux harangues surmontée du verre d'eau sucrée traditionnel, - auquel personne ne touchera, - est installée à droite.

La salle contient les plus fervents adeptes de l'œuvre et, dans les loges, les dames aux fraiches

toilettes.

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(Seul avec guides: Jakob Anderegg, Gaspard Maurer.) << Le 20 juillet, je suis allé de Chamonix à Courmayeur par le col du Géant: chemin faisant, j'ai fait l'ascension d'un des sommets des Flambeaux, qui domine le col du Géant. Il est, je crois, coté 3,568 mètres sur la carte Mieulet.

<< Le 21, je suis allé coucher à Val-Grisanche; le lendemain, 22 juillet, j'ai passé entre les glaciers de Vaudet et du Fend, un col que j'appellerai col du Fend; remontant l'arête du sud du col et négligeant plusieurs sommités, je suis arrivé à celle qui est cotée 3,653 mètres sur la carte d'Etat-Major: elle se trouve voisine du plus haut sommet de la Sassure, je l'ai appelée Pointe de la Petite-Sassure; je suis descendu à Tignes, le même soir.

«Le 23 juillet, je suis allé de Tignes au col de la Vanoise et à Pralognan, en franchissant le col de la Grande-Mette à gauche du sommet de la GrandeMette. Ce col très facile offre une vue incomparable; il mérite d'être placé à côté du col du Mont-de-Lans (Dauphiné).

« Le 26 juillet, après avoir perdu deux jours à cause d'un orage, j'allai coucher dans les chalets près du col de la Vanoise. Le lendemain, 27 juillet, je fis l'ascension de la Grande-Casse ou Pointe des GrandsCouloirs. Cette ascension avait été faite, en 1860, par M. Mathews avec Michel Cry: mais la montagne

leur parut si difficile qu'ils s'arrêtèrent à une petite distance du sommet. J'eus donc l'honneur de poser le pied le premier, au nom du Club Alpin français, sur la plus haute sommité de la Grande-Casse. Je constatai en même temps que les cartes de l'EtatMajor, 3,788 mètres pour le Mont-Pourri, et 3,861 mètres pour la Grande-Casse, sont évidemment exactes, et que cette dernière montagne est en conséquence la plus haute de la Tarentaise.

« Le mème jour, 17 juillet, je repartis fort tard du col de la Vanoise et passai à gauche de la GrandeCasse, et qui me conduisit dans la vallée de ChampaCasse, un nouveau col que j'appelai col de la Grande

gny.

«Je dus à grand regret arrêter là ma campagne de Tarentaise, des engagements importants me rappelant à Chamonix. M. Louis Bérard, l'excellent président de la section de Tarentaise, me fit l'honneur de venir me voir à mon passage à Moutiers. Je lui signalai les nombreuses réformes qu'il y aurait à faire pour rendre la Tarentaise abordable aux voyageurs; je lui soumis en particulier la note excessive et ridicule que je dus payer à Pralognan, dans la nouvelle auberge de Favre, qui est plus que médiocre. M. Louis Bérard m'a paru animé des meilleures intentions et rempli des idées les plus pratiques: je ne saurais trop recommander aux sections savoisiennes du Club Alpin français, de l'aider et de le soutenir dans la tâche patriotique qu'il entreprend.

Chaine du Mont-Blanc.

(Avec MM. Thomas Meddlemore, et J. Oakteg Maunl, de l'Alpin Club. Guides: Jakob Anderegg, Johann Jaun, Andreas Maurer.)

« Le 31 juillet, nous fimes la première ascension de l'Aiguille-Verte par le glacier d'Argentière. Cette ascension nous présenta les plus excessives difficultés partis à une heure des chalets de la Seynant, nous n'arrivâmes au sommet qu'à 3 heures de l'aprèsmidi, et à 11 heures et demie du soir seulement, nous pouvions nous réfugier dans la hutte de Pierre à Béranger, poursuivis par un effroyable orage.

« Le 4 août, nous fimes la première ascension du sommet des Courtes 3,855 mètres, montant par le Talefre, en 20 heures et demie, depuis les chalets de glacier d'Argentière, descendant par le glacier de la Seynant jusqu'à Chamonix.

« Le 7 août, nous fimes la première ascension des Droites (4,030 mètres). L'ascension, qui nous prit 19 heures depuis la hutte de Pierre à Béranger jusqu'à Chamonix, fut très difficile, à tel point qu'à plusieurs reprises, nous fùmes sur le point de battre en retraite. A la descente, nous fùmes assaillis dans un large couloir par la plus terrible canonnade que j'aie jamais éprouvée dans les montagnes: ce ne fut que grâce à un hasard providentiel que mon ami Meddlemore et moi, presque ensevelis dans la neige, pùmes éviter un immense bloc de rochers qui nous rasa de très près. Johann Jaun et Andreas Maurer nous accompagnaient seuls dans cette dernière

course.

« HENRI CORDIER.

« Membre du Club Alpin français, section de Paris. ▸

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