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l'auteur de la Dame Blanche; il n'en a rien été. La fête en plusieurs journées donnée l'été dernier à Rouen a été piteusement manquée; celle de l'Opéra-Comique a été nulle. M. Du Locle n'étant pas encore de retour, le directeur intérimaire s'est borné à inviter le conseil municipal de Rouen, ce fut tout. On n'a pas même convié la presse, de peur d'amoindrir la recette, car la situation du théâtre est fort embarrassée. M. Du Locle récolte les fruits de ce qu'il a semé après avoir usé la vogue de Mme Carvalho, il s'est trouvé au dépourvu. Il lui faudrait un grand succès pour se remettre à flot; on ne prévoit pas comment il l'obtiendra. La reprise du Val d'Andorre a réussi; celle du Vaudeville, le Voyage en Chine, amuse le public pendant quelque temps, mais tout cela ne suffit pas. On nous promet Piccolino avec musique de M. Guiraud. Il y a quelques années nous avons vu un Piccolino au Théâtre Italien avec musique de Mme de Grandval. M. Sardou, dit-on, a refait sa pièce; elle en avait certes grand besoin. pour devenir bonne. D'après mes souvenirs, il paraît évident qu'on y a vu un rôle favorable à Mme GalliMarié; c'est le rôle que remplissait Mile Krauss. On espère sans doute que Mme Galli-Marié portera bonheur à Piccolino comme elle a porté bonheur à Mignon! Nous verrons.

Enfin, la question du Théâtre Lyrique paraît résolue, du moins en tant qu'il y a un directeur et une salle. MM. Arsène Houssaye et Campocasso avaient successivement cherché une salle sans pouvoir en trouver une dans des conditions convenables. Le ministère a donc accordé le privilége à M. Vizentini, directeur du théâtre de la Gaîté, qui avait déjà pris ses mesures pour monter Paul et Virginie de M. Victor Massé, que l'Opéra-Comique a toujours obstinément refusé. La première année M. Vizentini aura une subvention de près de 200,000 francs, parce qu'on lui a attribué le reliquat de la subvention de M. Bagier; celui-ci n'ayant donné que six représentations françaises, il n'a touché que 2,608 fr. 68 c.; il restait donc 97,391 fr. 32 c. qu'on a ajoutés à la subvention de 100,000 fr. votée pour le nouveau Théâtre Lyrique. M. Vizentini, après avoir remporté au conservatoire de Bruxelles le premier prix de violon, s'était fait connaître à Paris comme virtuose; il a composé une ou deux opérettes, il a même fait de la critique musicale; dans les derniers temps il était chef d'orchestre au théâtre de la Gaîté, dont la direction lui a été cédée par M. Offenbach. Les tribunaux auront à fixer l'indemnité due à l'ancien directeur, puisque, par la transformation du théâtre, une partie des clauses du contrat de cession est nécessairement annulée.

M. Vizentini est jeune et plein d'ardeur; reste à savoir quels chanteurs il engagera, quel succès il obtiendra, car la difficulté n'est pas de donner des ouvrages nouveaux, c'est d'éviter les chutes et d'obtenir mieux que des succês d'estime. Un avantage de la salle de la Gaîté c'est, en tout cas, d'être située près des boulevards.

Quant au Théâtre Italien, je pense avoir annoncé que M. Escudier le rouvrira au mois d'avril par Aïda de Verdi.

Les théâtres d'opérettes et d'opéras bouffes ne

chôment pas comme l'Opéra et l'Opéra-Comique: nous avons eu dans ces derniers mois, la Filleule du Roi, la Créole, la Cruche cassée, le Pompon, la Boulangère a des écus, la Belle Poule, la Petite mariée. Ces ouvrages ont plus ou moins réussi; le meilleur c'est la Petite mariée, parce que la donnée fondamentale est réellement comique. La pièce est de MM. Vanloo et Leterrier, la musique est de M. Lecocq.

Contrairement à l'habitude, le dernier concours pour le prix de Rome a produit une œuvre dont l'auteur est déjà mieux qu'un écolier et montre une certaine hardiesse de tendance vers le grand art; c'est M. Wormser, le titre de la cantate couronnée c'est Clytemnestre; l'auteur l'a fait publier (chez Lemoine).

Les concerts de musique classique ont été jusqu'à présent plus pauvres en œuvres nouvelles que de coutume. Ordinairement ils en donnent surtout pendant les premiers mois de la saison, en réservant les concertos et les virtuoses pour plus tard. Cette fois-ci on a trop recours aux virtuoses pour attirer la foule; je le regrette. Nous n'avons donc eu en fait d'ouvrages nouveaux dignes d'une mention que la Danse macabre, morceau pittoresque et bien fait de M. Saint-Saëns, une élégie (Lamento) pour orchestre sur la mort de Georges Bizet par M. Massenet, et le 4me concerto pour piano de M. Saint-Saëns; encore l'œuvre de M. Massenet n'a-t-elle été exécutée qu'une seule fois, sans nom d'auteur, quoiqu'elle soit mieux qu'une simple œuvre de circonstance.

Il existe néanmoins une certaine émulation qui n'est pas sans profit pour l'art. Les concerts du théâtre du Châtelet avaient donné l'hiver dernier une audition de l'Enfance du Christ de Berlioz; il y a quelques semaines ils en ont donné une de Roméo et Juliette du même compositeur; M. Pasdeloup, de son côté, a fait entendre dimanche dernier la symphonie d'Harold en Italie.

A la vérité, ces exécutions intégrales des grandes œuvres de Berlioz n'offrent pas un assez puissant attrait pour la masse du public, mais elles n'en sont pas moins méritoires, ni moins intéressantes, malgré des imperfections dans l'interprétation, difficiles à éviter.

Une nouvelle société de concerts s'est installée au cirque Fernando (boulevard Rochechouart); les concerts auront désormais lieu le jeudi soir et non plus le dimanche dans la journée. On ne peut dire jusqu'à présent quelle importance prendra cette entreprise.

JOHANNES WEBER.

SOCIÉTÉ FLORIMONTANE

Séance du 20 décembre 1875
PRÉSIDENCE DE M. C. DUNANT

M. le Président annonce la mort de M. Crettet, l'un des membres fondateurs de la Société, et de M. Croset-Mouchet, membre correspondant, né à Annecy en 1810.

M. le Président communique ensuite les lettres et programmes de concours adressés par l'Institut des provinces et par les Sociétés de Rouen et de Béziers.

M. BOUCHET, chef de bureau à la mairie, est nommé membre effectif.

M. Ducis donne lecture d'une lettre inédite d'Eustache Chapuys découverte par M. le Maire dans les archives de la ville. Dès 1548 Eustache Chapuys avait fondé le collège de Savoie à Louvain, et pour en faciliter l'accès aux Savoyards, il voulait fonder un collége à Annecy. Le Conseil de ville y prêta son concours avec reconnaissance, lui envoya l'avocat Guasch pour s'entendre sur les bases. C'est ensuite de ces préparatifs que l'ambassadeur de Charles-Quint écrit de Louvain aux Syndics et Conseillers d'Annecy, du 19 mai 1549, pour les presser d'acquérir un local propice à l'établissement qu'il a hâte de fonder, en s'entendant avec ses amis les chanoines Vincenti, de Monthoux et Guillet, et annonce qu'il destine, pour commencer, 2,000 écus d'or, à retirer par ces deux derniers à la banque de Lyon, à l'occasion de la foire d'août. Cette lettre, qui respire le patriotisme le plus dévoué, se termine par ces mots entièrement votre bon frère et combourgeois prest à vous complaire. Eust Chapuys.

M. Serand donne communication d'une lettre de M. Jumel, un mécanicien bien connu à Annecy, où il a résidé plusieurs années avec un emploi à la manufacture. Jumel est aussi le nom de l'introducteur de la culture du coton en Egypte et, à ce titre, il est entouré d'une juste célébrité. En 1816, notre Jumel dirigeait un atelier de construction de machines à Cluses, en Faucigny, lorsque des chagrins domestiques l'engagèrent à s'expatrier. En 1819 nous le retrouvons au Caire; c'est de là qu'il adresse à M. Louis Ruphy, architecte, cette lettre dont la Société Florimontane est redevable à M. Gustave Ruphy. Jumel y annonce que ses démarches auprès du vice-roi d'Egypte pour essayer son système de filature ont obtenu un plein succès, et qu'il vient d'être chargé de la construction d'un grand établissement d'après ce système. Chose curieuse, il y avait déjà à cette époque, au Caire, un enfant d'Annecy, M. Morel, qui s'occupait aussi de filatures de coton.

Y a-t-il eu deux Jumel? Cette question se présente à la lecture d'une autre lettre, communiquée par M. Tissot, ingénieur, où il est dit que l'introducteur du coton en Egypte, avant de venir dans ce pays, avait fait un séjour de quelques années à New-York. La lettre est d'un ancien consul des Etats-Unis au Caire; elle mérite donc d'être prise en considération. Or, comme toutes les personnes d'Annecy qui ont connu M. Jumel doutent qu'il ait jamais fait un voyage en Amérique, il y a lieu d'éclaircir ce point biographique. La Société Florimontane invite MM. Serand et Tissot à faire pour cela les recherches nécessaires.

tôles, les chaînes, le ciment, les bois, etc.; ils donnent une force de 100,000 kilos, et cependant un seul homme les fait fonctionner avec facilité. Les appareils d'essai sont adoptés déjà par plusieurs compagnies de chemins de fer, par les arsenaux, les forges et la plupart des aciéries.

En présentant les machines imaginées et construites par notre jeune concitoyen, M. Revon est heureux d'informer la Société qu'une grande médaille d'or vient d'être offerte à l'inventeur par le jury de l'exposition internationale de Paris.

La réunion vote des remerciements au généreux donateur et en adresse également à d'autres personnes qui montrent le même zèle pour enrichir nos collections publiques.

De ce nombre est M. Bernardin, professeur du cours de marchandises et conservateur des collections de Melle (Belgique). Ce membre correspondant fait hommage au Musée d'Annecy de séries intéressantes, comprenant des antiquités égyptiennes, des photographies de races humaines, des objets fabriqués au Japon, des végétaux de Mozambique, des produits industriels récemment inventés en Angleterre, et des curiosités historiques.

M. Reron apprend à la Société que M. le professeur Picard s'occupe depuis longtemps, avec un complet désintéressement, de reclasser et d'accroître nos herbiers. Celui de Savoie compte aujourd'hui ́ 1,870 espèces, dont 500 offertes par M. Picard; l'herbier génér....1 possède 2,072 espèces, représentées par un grand nombre d'échantillons, et sur lesquelles 1,200 proviennent du même donateur. La réunion fait adresser des remerciements à ce zélé travailleur, qui veut bien promettre de poursuivre l'œuvre commencée.

Un grand dessin original, mesurant près de trois mètres, est présenté au nom de M. Matout, peintre à Paris, qui en fait don au Musée. C'est le triple sujet de la vaste toile qui occupe le fond de l'amphithéâtre de l'école de médecine. Le sujet central représente Ambroise Paré opérant un gentilhomme sous les murs de Danvilliers: Je le pansay, et Dieu le guarist, » dit Paré dans son Apologie. Les sujets de gauche et de droite figurent l'enseignement médical de Lanfranc au XIIIe siècle et de Desault au XVIII.

M. le docteur Thonion, membre effectif, envoie les ossements qu'il a recueillis en 1873 dans la grotte de Mégevette. La plupart de ces débris appartiennent à la chèvre, au cochon, à un jeune cheval, et ne paraissent pas remonter à une époque très reculée. Ils n'étaient accompagnés d'aucun reste d'industrie.

M. Eugène Tissot présente un recueil d'airs populaires qu'il a notés pendant son séjour en Egypte, et demande à la Société de vouloir bien les faire examiner par une personne compétente. La Société, qui compte des musiciens parmi ses membres, charge l'un d'eux, M. Ritz, directeur de la Société chorale, de lui adresser un

Beaucoup d'autres de nos compatriotes sont allés s'illustrer dans la vallée du Nil, qui sont également fort peu connus dans leur propre pays, faute de renseignements biographiques suffisants: tels sont les Brun-Rollet, les Vaudray, les Poncet, les Savoy, pour ne citer que les plus célèbres. Une notice complète reste à faire. M. Tissot, qui a habité le même pays, promet de s'en occuper. Il a déjà recueilli d'in- rapport à ce sujet. téressants renseignements auprès de M. Deléglise, qui a connu personnellement quelques-uns d'entre eux, et il espère en obtenir de nouveaux par d'autres sources. Il compte aussi sur le bienveillant concours tat de ces informations fera l'objet d'une publication dans la Revue

savoisienne.

M. Thomasset, membre correspondant à Paris, envoie trois appareils de son invention, dont il fait cadeau au Musée. Le premier est ane presse dite sterhydraulique, offrant une ingénieuse application presse hydraulique, sous un petit volume et avec suppression

de la

des pompes et des clapets. Les grands modèles travaillent sur cent litres, avec une pression de cinquante mille kilogrammes. Le type offert à nos collections industrielles pèse 83 kilos, exerce sa puissance sur 5 litres de matière et atteint une pression de 10,000 kilos, mesurée par un manomètre à air libre et à mercure, gradué jusqu'à 200 atmosphères, et d'une sensibilité extrême.

Le troisième appareil sert à mesurer la résistance du papier, du fil et des étoffes, jusqu'à 60 kilogrammes. Il est établi sur le même principe que les plus grosses machines dont M. Thomasset envoie les dessins ces énormes engins, longs de 7 mètres et du poids de 5,000 kilos, marquent la résistance à la traction, à la compression, à la flexion; ils servent à essayer les fils de fer, les barres, les rails, les

M. Mangé annonce qu'il a reçu, de la Commission départementale de météorologie, une série complète d'instruments, qui fonctionneront à partir du 1er janvier prochain. Le tableau mensuel que publie la Revue devra être augmenté dans une notable mesure pour faire place à toutes les constatations des nouveaux appareils, qui ont été vérifiés par l'Observatoire de Paris, et qui donneront ainsi une idée fort exacte de notre climat.

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Du mois de mai la chaleur De tout l'an fait la valeur,

nous avons été vraiment favorisés sous ce point de vue. La moyenne température de mai a été plus élevée en 1875 que pendant les cinq dernières années; elle est montée à 16o 3/4, tandis qu'à partir de 1870, nous avons eu successivement 15° 3/4, 13°3/4, 13o, 12° 1/4 et 10'3/4. Le printemps de 1875 annonçait en effet des merveilles tant pour les récoltes des céréales que pour les vendanges; mais il a suffi de quelques tempêtes en juillet pour anéantir toutes ces belles promesses,

Habituellement, c'est dans le mois de juillet que se font sentir les plus grandes chaleurs. Cette année, le mois d'août a été plus chaud que son devancier, et le thermomètre a atteint son plus haut point, soit 34°, le 12 et le 16 de ce mois, à midi.

Baromètre. Les observations barométriques du Jardin public n'ont commencé qu'au mois d'avril. tombée. évaporée. D'après celles poursuivies à l'hôpital d'Annecy, par le chanoine Vaullet, la plus haute pression a eu lieu le 28 janvier, la plus basse s'est montrée le 14 octobre, où elle a atteint 698 millimètres à l'instrument de M. Mangé; l'écart total de l'année a été de 34 millimètres.

0,730 0,50 0,0170 4 0,731 0,50

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0,732 0,51 0,733 0,51 0,735

0,53

0,733 0,54 0,730 0,54

2 0,733 0,53

0,732 0,52

1 0,728 0,51 0,729

0,51

TOTAL....

0,0170

L'appareil n'a pas fonctionné.

Pluie très légère la nuit du 19-20, le matin de ce dernier jour; pluie la nuit du 20-21 et le 21.

AUGUSTE MANGÉ.

RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS DE 1875 Plus d'une étude sera consacrée par les météorologistes à caractériser cette année, singulière à tant de titres; nous nous bornerons pour ce qui nous concerne à résumer les observations auxquelles elle a donné lieu dans notre ville et à les comparer, quand il sera opportun, aux résultats des années précédentes.

Température. - L'hiver, qui s'annonçait rigoureux à la fin de 1874, a été, somme toute, assez clément. Les plus basses températures ont été observées en février, où le thermomètre est descendu une fois à 12 1/2 au-dessous de zéro. Le printemps a été remarquablement beau, et s'il est vrai, comme dit le proverbe, que

Pluie. Si le mois d'août a été le plus chaud de l'année, c'est le mois de juillet qui a été le plus humide, et probablement cette circonstance aura contribué à intervertir l'ordre des maxima thermométriques. Le mois de juillet a eu 17 jours de pluie donnant une épaisseur d'eau de 266 millimètres. Le total de l'eau tombée pendant l'année est de 1,427, et le nombre des jours pluvieux, de 105. Depuis six ans que des observations pluviométriques sont continuées à Annecy, ces chiffres n'ont été dépassés qu'une fois, c'est en 1872. Il y a eu, cette année-là, 116 jours de pluie, qui ont donné une épaisseur d'eau de 1m,464.

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Evaporation. Bien que l'instrument n'ait fonctionné d'une manière régulière que pendant neuf à dix mois, nous croyons pouvoir estimer à Om,74 la hauteur d'eau évaporée dans le cours de l'année 1875. Les observations ultérieures fixeront la moyenne que l'on doit adopter pour Annecy; il y a lieu de penser qu'elle sera un peu pius élevée, eu égard au caractère pluvieux de l'année que nous examinons. A Lyon, la moyenne annuelle est de Om,98, soit tout près d'un mètre; nous devons avoir à Annecy au moins 0m,80. Hauteur du lac. Lorsque nos stations pluviométriques du bassin d'Annecy auront fonctionné quelque temps, il sera intéressant d'étudier les relations du niveau du lac avec la hauteur d'eau tombée. Pour le moment, nous ne pouvons qu'enregistrer le maximum et le minimum de hauteur de l'année : le premier a eu lieu le 12 novembre; il a atteint à nos échelles une hauteur de 1m, 18. Le minimum s'est montré le 9 octobre, avec une hauteur de 0m,38. Remarquons qu'avant l'établissement des barrages régulateurs ce minimum n'a jamais été approché, et que, même en 1872 où les pluies furent plus abondantes que l'année dernière, le niveau du lac descendit à 0m, 10. E. TISSOT.

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REVUE SAVOISIENNE

JOURNAL PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ FLORIMONTANE D'ANNECY

PARAISSANT LE 15 de chaque moIS

Histoire Sciences Arts - Industrie-Littérature

La Société laisse à chaque auteur la responsabilité entière
des opinions qu'il émet.

SOMMAIRE. La neutralité du nord de la Savoie, par M. C.-A. Ducis. Les archives et les monnaies préhistoriques, par M. Bernardin. Les anoblis de Savoie sous le premier Empire (suite), par M. A. Albrier. Dans le bois (poésie), par M. Paul Labbé. Séance de la Société Florimontane. - Bulletin. Observations météorologiques et hydrométriques faites au jardin public d'Annecy, par M. A. Mangé.

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On ne peut méconnaître que la maison de Savoie, à cheval sur les Alpes dès le XIe siècle, n'ait essayé, à plusieurs reprises jusqu'à la fin du xvIe siècle, de reconstituer le royaume de Bourgogne, à la famille duquel elle se rattachait probablement. Mais, trop faible pour conquérir, en face des aspirations de la France, la ligne frontière de la Saône et du Rhône inférieur, elle dut céder successivement ses diverses acquisitions en Suisse, en Bresse, en Bugey, en Dauphiné, en Provence, trop peu reliées encore entre elles pour être gardées, et concentrer ses aspirations vers l'Italie. La cession du Dauphiné par Humbert II, dernier dauphin, à la France en 1354, et, l'année suivante, l'opposition de cette dernière au mariage d'Amédée VI avec Jeanne de Bourgogne, dont l'apanage aurait doublé ses Etats, furent les premiers avertissements pour la maison de Savoie d'avoir à changer son programme politique.

Elle ne le comprit d'abord qu'imparfaitement. Elle tenait, avant tout, au berceau de son principat, dont la fidélité lui était acquise, mais qui ne le mettait pas à l'abri des tentatives de la France.

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Déjà Louis-le-Gros, voyant son beau-frère, Amédée III, comte de Savoie, sans héritier, avait tenté d'escompter à main armée sa succession en 1137. La mort l'arrêta. Les dauphins de Vienne reprendront l'offensive dès 1140 et lègueront leurs prétentions à leurs successeurs les rois de France.

Une occasion solennelle se présenta en 1447 à la maison de Savoie d'acquérir l'héritage de celle des Visconti, le duché de Milan, dont les habitants s'étaient mis déjà sous son protectorat. La France lui cédait les droits de Valentine Visconti, femme de Louis Ier d'Orléans, dont la descendance aurait reçu, en échange, les provinces savoyennes en deçà des Alpes.

L'incapacité de Louis Ier et les travers de son épouse, Anne de Lusignan, firent échapper ce projet, et lui attirèrent en outre, en 1453, les menaces armées de Charles VII, dont le fils, le dauphin Louis, avait épousé, contre son aveu, Charlotte de Savoie.

Louis XI, devenu roi, oublia vite la protection, d'ailleurs imprudente, qu'il avait trouvée chez son beau-père. En 1468, il avait promis au duc de Milan de l'aider à prendre Verceil sur Amédée IX, et aux Suisses d'envahir, sur le même duc de Savoie, les deux rives du lac Léman aussitôt qu'ils seraient aux prises avec l'armée de Charles-le-Téméraire, qui avait reçu un renfort de Savoie. Il s'opposa au mariage de Philibert, fils d'Amédée IX, avec Marie de Bourgogne, unique héritière de Charles-le-Téméraire, et non content d'empêcher ainsi l'agrandissement de la maison de Savoie, il lui fit abandonner, en 1478, le bas Vallais, une partie du pays de Vaud, le protectorat de Berne et de Fribourg, et ne cessa de semer la division dans ses Etats pour y affermir sa puissance.

Ce fut dès cette époque que la politique jusqu'alors amicale de la Suisse à l'égard de la Savoie, se tourna vers la France contre nous, comme on le vit surtout en 1505, 1510, etc., lors de la révolte du Vallais et l'affaire de Jean Dufour.

Le duc de Savoie, en ménageant un traité d'alliance entre la France et la Suisse, le 30 novembre 1516, ne se doutait pas qu'il forgeait des fers contre mençait à poindre, saurait plus tard utiliser cette sa propre puissance, et que la Réforme, qui comentente dans les conflits de juridiction entre l'évêque-prince de Genève et le duc de Savoie, contre

les droits du premier et les prétentions du second. Mais, si la Suisse s'appuyait de la France pour se soustraire au duc de Savoie, elle redoutait encore plus de voir la Savoie française jusqu'à Saint-Gingolph. C'est ce qui motiva sa résistance énergique aux prétentions du roi de France sur la Savoie en 1518, et, comme nous le verrons plus loin, en 1704. François Ier n'avait reçu que des services signalés de la part de son oncle, Charles III, duc de Savoie, notamment en 1515, 1516, 1524, 1525 et 1526. Mais sa politique ne lui pardonnait pas d'être le neveu de l'empereur Maximilien, le cousin et le beaufrère de son successeur, Charles-Quint il ne lui rendit que des ingratitudes.

Bien que le duc de Savoie eût accordé à François Ier le passage à travers la Savoie pour aller en İtalie en 1535, et que le prétexte de cette guerre eût cessé dans l'année, le roi de France n'en fomenta pas moins la révolte de Genève, les invasions des Bernois et des Vallaisans dans le Chablais, et son armée, sous le commandement de l'amiral Chabot, traversa les Etats de Savoie en pays conquis. Le roi tenait, d'ailleurs, sous sa main la branche cadette de Savoie, apanagée du Genevois, du Faucigny et de Beaufort, à laquelle il avait donné le duché de Nemours.

Après les éclatantes victoires de Saint-Quentin et de Gravelines, Emmanuel-Philibert recouvra, en 1559, les Etats de Savoie tenus par la France dès 1535, et en 1564, la partie que tenaient les Bernois et les Vallaisans, qui gardèrent toutefois plusieurs territoires restés dès lors dans les confins actuels de la Suisse.

Mais, si petit que fût le territoire de Genève entre le dégorgement du lac Léman et l'embouchure de l'Arve, lors de sa révolte définitive en 1535, il ne tarda pas à poser comme un Etat dans un Etat dès le traité du 5 mai 1570, appuyé par la France et par Berne. En s'emparant des terres appartenant à l'évêché, au chapitre de Genève, au prieuré de SaintVictor, la cité révoltée portait ses prétentions hors du territoire de ses anciennes franchises municipales et ébréchait les provinces savoyennes sur les deux rives du Rhône.

Toutes les tentatives de la maison de Savoie pour réparer la brèche faite par la scission de Genève au centre de ses possessions, furent toujours paralysées par la France, notamment en 1581 par Henri III, qui démentait à Genève ce qu'il avait assuré au duc de Savoie; qui, en 1589, envoya des renforts aux Genevois pour envahir Gex, le Faucigny et le Chablais, et leur promit la souveraineté définitive des baillages de Ternier et Gaillard, etc., par le contour des Usses, et celle du Faucigny jusqu'à la fin de la guerre promesses ratifiées, en 1592, par Henri IV, qui gratifiait encore, en 1596, tout citoyen de Genève du droit de naturalité française, y faisait des recrues militaires, les invitait à courir à la démolition du fort de Sainte-Catherine en 1598.

L'administration d'Annecy dut même se précautionner contre les engraisseurs venus de Genève,

surtout en 1585.

Aussi le duc de Savoie dût-il, dès cette scission, distinguer ses vrais amis et faire avec les cantons

catholiques suisses, en 1577, une alliance spéciale, qui fut renouvelée en 1581, 1634 et 1651.

II

Déjà par le traité de Château-Cambrésis, en 1559, la meilleure partie du douaire de Marguerite de France, sœur de Henri II, avait été placée sur la Bresse, le Bugey et le Val-Romey, pour le cas de son veuvage d'Emmanuel-Philibert. C'était comme un regret de la restitution de ces provinces et un titre à leur reprise.

Le traité de Lyon de 1601 donna à la France la Bresse, le Bugey, le Val-Romey, le pays de Gex, en échange du marquisat de Saluces, et ne laissa à la maison de Savoie que le périmètre compris au flanc occidental des Alpes, entre le Rhône, le Guiers et la Breda.

Mais cette ligne même n'était pas intacte. La construction du fort de Barraux, destiné à relier les lignes du Guiers et de la Breda, ne profita qu'à la France, qui l'avait gardé dès la paix de Vervins, 1598.

Le fort de Montmélian était trop reculé et ne couvrait plus la vallée de La Rochette, porte dérobée de la Maurienne, depuis la démolition de ses chàteaux forts dans la dernière guerre.

Le plateau des Bauges, la citadelle naturelle de la Savoie, entre les bassins des lacs du Bourget, d'Annecy et de la vallée d'Isère, n'était pas fortifié, pas plus que les autres montagnes qui doublaient la nouvelle frontière du Guiers et du Rhône jusqu'à Genève.

D'ailleurs, la France s'était ménagé, par le traité de Lyon, plusieurs entrées en Savoie par la Balme: de-Pierre-Châtel, Chanaz, Seyssel, Arlod, Chancy, Avully et Aire-la-Ville. La souveraineté de ces trois dernières communes, disputée entre la Savoie et Genève, avait été cédée à la France, dont le passage devenait de plus en plus libre par la destruction du fort de Sainte-Catherine, à laquelle s'étaient acharnés les Genevois en 1598. Les communes de Léaz, Lancrans, Chésery et le pont de Gresin laissés au duc de Savoie par le traité de 1601, en compensation des passages abandonnés à la France, n'étaient pas assez importants pour lui donner la moindre. espérance de rentrer dans la possession de la Bresse, du Bugey et du Val-Romey.

Mais la brèche la plus considérable était celle de Genève. Précédemment, c'était une cité révoltée, entourée de tous côtés des Etats de son souverain. Par le traité de 1601, elle se trouvait sur la frontière de la France, sa protectrice, prête à lui ouvrir la porte à la première occasion.

Aussi conçoit-on facilement de la part de la maison de Savoie le projet de rétablir, de ce côté, sa frontière naturelle du Léman et du Rhône. L'entreprise de l'escalade en 1602, motivée par les hostilités de Genève depuis la paix de Vervins, fut manquée, parce qu'elle ne fut pas appuyée par une armée nationale au lieu de mercenaires espagnols.

Le dépit qu'en eut le duc de Savoie ne fut peutêtre pas sans influence sur le parti qu'il prit lors de la succession de Juliers, Clèves, Berg, etc, en 1609. Pour l'attirer chacune à son parti, l'Espagne lui of

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