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toire aussitôt que la sanction législative nécessaire Dar Abadima au sud. Cette division existe depuis aura été donnée par le Parlement.

VIII.

Le présent traité sera ratifié et les ratifications en seront échangées à Turin, dans le délai de dix jours, ou plus tôt si faire se peut.

Fait en double expédition, à Turin, le vingtquatrième jour du mois de mars, de l'an de grâce mil huit cent soixante. Talleyrand, Benedetti, Cavour, Farini, C.-A. DUCIS.

(A suivre).

LE DARFOUR

D'après les notes du docteur Biron.

Le Darfour est un vaste plateau situé à l'ouest du Nil, dont il est séparé par le territoire du Kordofan. Bien que n'ayant pas de limites déterminées, on peut dire cependant que le royaume du Darfour forme une sorte de quadrilatère, contenu d'une part entre le 12o et le 15° degrés de latitude, et de l'autre, entre le 25° et le 27 de longitude. Le plateau est dominé par de hautes montagnes qu'on appelle les monts Marra; leurs cimes sont constamment couvertes de nuages, et des pluies abondantes permettent aux cultures de se développer sur leurs flancs. Grâce à l'altitude, le blé lui-même y réussit parfaitement. Les pluies durent de septembre à décembre dans la plaine, mais autour des montagnes elles tombent presque toute l'année et alimentent une quantité de cours d'eau dont quelques-uns vont grossir les affluents du Nil Blanc au sud-est, tandis que la plupart des autres vont se perdre dans les déserts de l'ouest. Ces ruisseaux répandent la fertilité dans les campagnes et contribuent à faire du Darfour un pays productif et très peuplé. Les habitants appartiennent à la race nègre. Ils sont musulmans, et obéissent à un sultan, d'origine arabe, qui est indépendant de la Porte. Il n'y a pas fort longtemps, du reste, que cette souveraineté est établie.

Au xye siècle, le Darfour était encore gouverné par des princes indigènes qui appartenaient à une secte idolâtre appelée Dagou. Tingur et Kachifor furent les deux derniers rois idolâtres, et les seuls dont le nom se soit conservé. Ils régnaient vers l'an 850 de l'hégire, correspondant à 1446 de notre ère. A cette époque, Ahmed el Maagour, prince arabe descendant de la famille du prophète, réussit, à la tête de quelques tribus nomades, à s'emparer du Darfour et du Kordofan, et y établit l'islamisme après avoir chassé les chefs idolâtres (1). Vingt-quatre sultans issus de la mème souche ont occupé le trône du Darfour depuis 1446 jusqu'en 1830, et lors de la récente expédition dirigée par l'Egypte contre cet Etat, c'est encore un successeur d'Ahmed el Maagour qui vint conclure la paix avec le Khedive au Caire. Le Darfour est divisé en cinq grandes provinces qui sont: Dar Kebir el Facher à l'ouest, Dar el Takagnaoui au nord, Dar Abou Cheikh et Dar Abaouma à l'est,

(1) Cadalvène et Breuvery, Egypte et Nubie, Paris, 1841, Arthus Bertrand, éditeur.

trois siècles; elle fut établie par Ibrahim el Delil, quatrième sultan de la dynastie actuelle, dont le règne commença en 1507.

On arrive au Darfour par trois routes principales, celle du Kordofan, celle du Dongola et celle de Siout. La dernière est de beaucoup la plus importante. Chaque année, elle sert de passage à une grande caravane composée de deux à trois mille chameaux, qui apporte en Egypte les principales denrées commerciales du Darfour, notamment des plumes d'autruches, de la poudre d'or, de l'ivoire et des esclaves. La caravane arrive à Siout entre mars et avril, après un trajet qui varie d'un mois et demi à deux mois : dans cet intervalle elle a rencontré quelques puits, pour la plupart d'eau saumàtre; il y en a même un à dix journées de Sicut, dont l'eau est tellement amère qu'il a reçu le nom de Batn el mour ou ventre de l'amertume. Entre un puits et l'autre, la distance est en moyenne de deux à trois journées de marche; mais il paraît qu'en sortant du Darfour on s'engage tout d'abord dans un désert immense, dont la traversée dure près de quinze jours, sans qu'on y trouve une goutte d'eau. Plus d'une fois, dans les temps de simoun un peu prolongé, des caravanes entières sont mortes de soif dans ces affreux parages. Aussi évite-t-on d'y battre le nogara (grand tambour qui sert à donner les signaux), de peur d'éveiller les démons qui en ont fait leur séjour. On sait que les marchés aux esclaves ont été ostensiblement supprimés par le khédive Ismaïl pacha. A partir de ce moment, la caravane qui venait à Siout s'est beaucoup amoindrie; les denrées ont pris une autre direction et vont maintenant à Mourzouk, dans le Fezzan, et à Bengasi, dans la Tripolitaine.

La route du Dongola faisait jadis la prospérité de cette province, alors que la Nubie était indépendante; mais depuis que les Egyptiens en eurent pris possession, vers 1820, le sultan du Darfour, craignant de se voir lui-même envahi, fit combler tous les puits de cette route et défendit, sous peine de mort, à quiconque de ses sujets d'y repasser jamais.

Sur la route du Kordofan, qui se fait en huit jours, on renouvelle deux fois l'eau, avantage qui la rend assez fréquentée par les négociants du sud. C'est aussi par là que viennent les nombreux pélerins qui se rendent du Darfour à la Mecque; leur voyage s'effectue dans les délais suivants : du Darfour à El Obeïd, capitale du Kordofan, 8 jours; d'El Obeïd à Khartoum, 10 jours; de Khartoum à Berber, 8 jours ;enfin 10 jours de Berber au port de Souakim sur la mer Rouge, où les pèlerins s'embarquent pour Djeddah.

Les hommes de couleur sont seuls reçus au Darfour. Les quelques Européens qui ont essayé d'y pénétrer ont eu à se repentir de leur imprudence, malgré la grande connaissance qu'ils avaient de la langue et le soin qu'ils prenaient de se faire passer pour musulmans. Le docteur Cuny, gendre de LinantBey, y fut retenu prisonnier pendant des années; il fallut toutes sortes de démarches diplomatiques de la part du gouvernement égyptien et de riches présents pour lui faire rendre la liberté en 1858. Un marin anglais voulut aussi tenter l'aventure, sur l'invita

tion de la Société de géographie de Londres, qui lui avait donné pour mission de relever la carte du pays. Mais, sitôt qu'on lui vit sortir ses instruments, on le prit pour un enchanteur qui allait faire tarir les sources, arrêter les pluies et jeter le mauvais sort sur les habitants. Par ordre du sultan, il fut jeté dans un puits. Il y resta enfermé plusieurs années, recevant sa nourriture de la charité des indigè:.es, qui finirent, un beau jour, par le laisser évader. Au reste, leur prévention contre les blancs est générale ils ne tolèrent pas davantage la présence des négociants arabes ou mograbins; pour trafiquer avec eux, il faut être noir comme eux : c'est pourquoi presque tous les djellab ou marchands d'esclaves de cette partie de l'Afrique sont des Nubiens.

Un souverain qui se respecte ne se montre pas tous les jours à ses sujets. Le sultan du Darfour connaît ce principe, et dans les rares circonstances où il sort de son palais (?), il se couvre la figure d'un voile, afin d'inspirer plus de crainte sous cet appareil mystérieux; on dit également que c'est pour dérober sa royale personne aux influences des malé fices. Tout négociant qui vient au Darfour, s'il est un peu soucieux de sa tranquillité, doit aller rendre. hommage au sultan ou à ses ministres. Le palais du sultan consiste en un certain nombre de petites tours bâties en briques crues et surmontées de toitures en chaume, qui, à distance, font l'effet d'autant de petites coupoles. De là, sans doute, le nom de Koubbeh donné à la capitale du Darfour: Koubbeh en arabe signifie coupole. Le palais s'élève au milieu d'une vaste enceinte murée que garantit une triple haie de rhamnus, embellie par le majestueux asclepias gigantea. Cette enceinte est divisée en deux parties, l'une comprenant l'habitation des femmes, l'autre la demeure privée du sultan, qui y rend la justice et y reçoit les étrangers. Voici le cérémonial de ces réceptions: Arrivé à la porte de l'enceinte, le visiteur doit se mettre à genoux et se traîner jusqu'au palais dans cette position, en soulevant la poussière tout le long du chemin; en même temps il marmotte une formule qui veut dire en présence du soleil, en présence du Très-Haut, je ne suis qu'une indigne poussière.

Lorsqu'un étranger apporte des marchandises pour les vendre dans le pays, le sultan s'approprie celles qui lui conviennent, en échange d'un certain nombre d'esclaves ou de chameaux, et les remet à ses agents pour les faire réaliser. Le marchand est installé dans un des appartements du palais; il y est traité avec égards, et peut y attendre patiemment que les spéculations royales soient terminées. Si elles n'ont pas rapporté le bénéfice entrevu, les marchandises sont rendues à leur propriétaire, qui a dès lors la faculté de les vendre lui-même sur les marchés du pays. Si, au contraire, tout est bien allé, le marchand emmène ses chameaux et ses esclaves, et reprend sa liberté. On voit ainsi que le commerce du Darfour est exclusivement entre les mains du sultan; rien ne peut entrer ni sortir sans passer par son contrôle.

On importe au Darfour des toiles bleues, des toiles. blanches fines, du calicot, des indiennes à couleurs vives, du savon, des parfums de l'Arabie, tels que l'encens et la myrrhe, le maalep (extrait de santal), le girofle, la canelle, la noix muscade, le poivre; et

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parmi les comestibles, le riz, le sucre, le café. Toutes ces marchandises se consomment dans le pays, tandis que le commerce avec les montagnes se limite presque exclusivement à des verroteries de couleurs destinées à la parure des femmes; la consommation. en est évaluée par Biron à 200 quintaux par an. Comme dans tous les autres pays du Soudan, elles servent également de moyen d'échanges, ainsi que les toiles bleues, car les naturels n'acceptent aucune espèce de monnaies; entre négociants, l'ancien écu d'Espagne, connu sous le nom de colonnate, a cependant cours.

Aux articles d'exportation déjà mentionnés à propos de la caravane de Siout, c'est-à-dire l'ivoire, la poudre d'or, les plumes, les chameaux et les esclaves, il faut ajouter les eunuques, grande spécialité du Darfour; les chevaux, que l'on élève dans la vallée de Ouady Sounoud; le natron, le tamarin, et le miel dont les districts montagneux de Soula et de Gnaïré fournissent annuellement dix mille outres comme contributions (1). Ces pays sont situés dans la région occidentale du Darfour, ainsi que le district de Toba qui fait le commerce des queues de giraffes, cornes de rhinocéros, dents d'éléphants et d'hippopotames. Les seuls objets fabriqués que l'on exporte du Darfour sont des vases en bois et quelques paniers ou autres objets en paille fort bien travaillés.

Les indigènes, avons-nous dit, sont tous noirs. Ils ont la peau fine et luisante, toujours enduite de graisse parfumée. Les hommes ont la tête nue, les cheveux rassemblés en petites tresses qu'ils jettent derrière les oreilles. Ils portent un caleçon blanc, des sandales, une draperie en toile blanche bordée de rouge ou de bleu sur les épaules, et marchent avec une certaine solennité, toujours armés d'une ou plusieurs lances et d'un bouclier en peau d'hippopotame. Les femmes sortent voilées.

Trois races principales habitent le Darfour les Kondjaras, les Fertit et les Fellati. Les Kondjaras forment la caste militaire et aristocratique. Les Fertit ont cela de particulier que, dès l'âge de huit ans, ils s'aiguisent les dents et les teignent en rouge. Les Fellati sont, parmi les musulmans, les plus fanatiques et les plus superstitieux. C'est chez eux que se recrutent les prètres, les médecins, les magiciens et les diseurs de bonne aventure. Presque tous font le pélerinage de la Mecque. En fait de médecine, leurs connaissances se limitent à quelques simples, dont ils font des panacées universelles. Ils abordent ordinairement le malade en récitant des prières; puis ils lui imposent les mains, et après lui avoir administré le remède, ils soufflent et crachent sur sa tête à plusieurs reprises, comme pour chasser le malin esprit. D'autres se contentent d'écrire des formules cabalistiques sur des assiettes ou des planchettes de bois. Nous ne dirons pas qu'il règne une grande instruction dans le pays; toutefois les écoles primaires y sont en assez grand nombre, et il est peu de personnes, dans la classe aisée, qui ne sachent écrire l'arabe et lire le Coran.

Toutes les races du Darfour pratiquent la circoncision. L'esclavage y est à l'état d'institution so

(1) Tamarin est formé des deux mots arabes tamar hindi qui signifient fruit de l'Inde.

ciale chaque village est imposé pour un certain nombre d'esclaves qu'on lève dans les familles, au moyen de la force, s'il le faut, mais le plus souvent sans résistance. A une époque déterminée, tous ces individus sont groupés à Koubbeh; le sultan fait faire son choix par ses intendants, et le reste est embarqué sur la grande caravane pour être vendu sur les marchés du nord de l'Afrique.

En fait de nourriture, le pauvre comme le riche mangent le doura ou maïs et le dakrou ou sorgho, réduits en bouillie et assaisonnés d'un hachis de viande desséchée. Ces deux céréales représentent d'ailleurs la grande culture de la plaine, avec le tabac et la ouéka, qui est une plante tinctoriale. Le blé ne réussit que dans la région montagneuse.

Voici un curieux détail sur la provenance de cette chair desséchée. Elle est importée de la Mecque. Toutes les années, comme chacun sait, des milliers de brebis, de buffles et de chameaux sont immolés autour de la montagne Arafat, en commémoration du sacrifice d'Abraham. Les dépouilles de toutes ces victimes ne sont pas perdues : les pauvres de la localité, sans aucun doute, s'en approprient une bonne part; mais il en reste encore des quantités énormes qui, en vertu d'un privilége ancien, sont abandonnés aux pélerins du Darfour et des autres provinces du Soudan. Ceux-ci se livrent alors à un dépeçage énergique, laissant de côté les entrailles et les ossements, que la police de la Mecque fait enterrer sous la chaux vive, et après une complète dessication au soleil, ils emballent leurs provisions et vont les vendre dans leurs pays respectifs. E. TISSOT.

SOCIÉTÉ FLORIMONTANE

Séance du 20 janvier 1877

PRÉSIDENCE DE M. C. DUNANT

M. le Président annonce la mort d'un de nos plus anciens mem. bres correspondants, M. Buloz, directeur de la Revue des DeuxMondes, né en 1803 à Vulbens (Haute-Savoie). La Société avait perdu récemment trois autres membres: M. Francisque de Lachenal, conseiller à la cour de Casal; M. Dégerine, ingénieur, et M. Frédéric Lock, chef de bureau au ministère de l'instruction publique.

Le Secrétaire communique trois lettres de sociétés demandant l'échange de nos publications. Ces demandes sont agréées.

M. Eugène Tissot, en compulsant les notes du docteur Biron, a recueilli le nom indigène du sorgho dans l'intérieur de l'Afrique. Au Darfour le sorgho s'appelle dakrou. Or, il y a en Egypte, près du Caire, un village qui s'appelle Boulaq el Dakrou, c'est-à-dire limite du sorgho. Boulaq est, en effet, un mot copte qui signifie limite. Se fondant sur cette indication et sur le respect que les Egyptiens ont toujours professé pour les noms des localités qu'ils habitent, M. Tissot en vient à conclure qu'il y eut un temps où le sorgho n'était pas cultivé au nord du Caire, c'est-à-dire au-delà du trentième degré de lati. tude. Comment donc se fait-il qu'aujourd'hui cette culture réussisse dans presque tout le bassin de la Méditerranée, même en Piémont et dans le midi de la France? Cela proviendrait, suivant notre confrère, d'un changement de température résultant du soulèvement du Sahara, et de la substitution de ce désert de sable à l'immense nappe d'eau de mer qui en occupait l'étendue. Alors que la Tunisie, l'Algérie et le Maroc formaient une île, l'océan Atlantique pénétrait jusqu'aux confins de l'Egypte, et le climat du Caire était un climat marin; il avait des hivers plus doux et des étés moins chauds qu'aujourd'hui. Au lieu de 29 degrés, sa température moyenne actuelle,

cette dernière saison ne recevait pas plus de 21 à 22 degrés, comme c'est encore le cas pour l'île de Madère, par exemple; tandis qu'à Lucques, Perpignan, Montpellier, la chaleur des étés s'élève à 23 et 24 degrés; nous voyons que cela suffit au sorgho, mais il paraît qu'autrefois le nord de l'Egypte ne pouvait pas lui en offrir autant. Par contre, grâce aux hivers plus doux, on y cultivait des essences qui sont aujourd'hui reléguées dans le Haut-Nil, telles que l'ébénier, dont la tradition parle encore, et dont le calendrier de Memphis place l'époque de l'abattage au 10 phaophi (19 octobre). On y élevait des autruches, suivant des règles que le même recueil a conservées, bien qu'elles scient devenues depuis longtemps sans application. On y voyait des éléphants, témoin les noms de certains lieux, comme Birket el Fyl, Geziret el Fyl, qui rappellent le séjour de ce pachyderme autour du Caire. Alors enfin, les pluies périodiques, résultat du voisinage de l'océan, permettaient d'entretenir des lacs artificiels dans les grands domaines agricoles, et l'on s'expliquerait ainsi les curieuses scènes aquatiques figurées sur les tombeaux contemporains des pyramides. Plus tard on ne les retrouve plus; d'où il y aurait lieu de conjecturer que la disparition de la mer du Sahara remonterait à la deuxième moitié de l'ancien Empire, c'est-à-dire à l'intervalle compris entre la ve et la xie dynasties.

M. Constantin, avant de commencer à parler des réformes accomplies par Alexandre II et des progrès qu'a faits la Russie sous son règne, croit devoir entrer dans quelques détails sur les institutions et l'état social de ce pays sous Nicolas Ier, porr qu'on puisse mieux saisir l'étendue des progrès accomplis dans les vingt-deux dernières années. Il s'est surtout étendu sur cette fameuse institution introduite par Pierre le Grand, laquelle divise tout le personnel administratif en quatorze classes. Pour vaincre l'opposition que la plus grande partie de la noblesse faisait à ses projets de réforme, Pierre le Grand imagina de donner à tout fonctionnaire des titres et des rangs analogues à ceux de l'armée et d'attacher à chaque titre des priviléges particuliers; par exemple, la 9e classe donnait aux bourgeois la noblesse personnelle, et la 5o, la noblesse héréditaire. En entrant au service de l'Etat, le noble débutait par la 12e classe et le bourgeois par la 14. Pour encourager l'instruction, il établit que tout fonctionnaire, qui avait reçu une instruction supérieure, aurait un avancement plus rapide que les autres, et que le noble, en entrant au service, serait inscrit dans la 9e classe et le bourgeois dans la 11. Cinq ans passés au service de l'Etat donnaient le droit d'être promu à un grade supérieur; mais sur un rapport favorable de son chef immédiat, tout fonctionnaire pouvait avoir un avancement beaucoup plus rapide. Comme au commencement le tzar eut soin de signer de sa propre main les diplômes de promotion, toute la noblesse sollicita bientôt des emplois et s'empressa de s'instruire pour parvenir plus rapidement aux plus hautes dignités de l'empire. Les bourgeois, de leur côté, firent de même. C'est ainsi que Pierre le Grand parvint à ramener à ses idées la noblesse récalcitrante que sa main de fer n'avait pu faire plier.

Cette institution, bonne en elle-même pour l'époque qui la vit naître, n'a eu, comme tant d'autres, que le tort de vouloir s'éterniser. Ses funestes conséquences ne tardèrent pas à se manifester. A la fin du siècle passé, cette institution était déjà signalée comme la source du servilisme et de la corruption; mais ce fut surtout pendant la guerre de Crimée que se dévoilèrent tous les vices de cette organisation bureaucratique. Aussi les Russes lui attribuent-ils tous leurs désastres pendant cette campagne, qu'ils considèrent aujourd'hui comme une bonne et salutaire leçon. Il est vrai que les fonctionnaires, sous Nicolas Ier, ne pouvaient pas vivre honorablement avec leurs appointements seuls. Aussi une des premières réformes d'Alexandre II fut-elle d'épurer et de diminuer le personnel administratif, en même temps qu'il augmentait les appointements et qu'il édictait des mesures pour atténuer le mal découlant de cette institution, qu'il a laissé subsister. Grâce aux mesures de rigueur qu'il prit contre de hauts dignitaires prévaricateurs; grâce également à l'indignation publique qui dénonçait les employés concussionnaires, une transformation complète et rapide se fit dans l'administration, et il n'était pas rare, à cette époque (1855-1860), d'entendre de naïfs provinciaux, arrivés à Pétersbourg

pour affaires, se plaindre ouvertement de ce que les juges n'acceptaient plus de vziátki (pots de vin).

M. Doublet, membre correspondant à Bône, fait hommage de douze photographies représentant des vues et types de l'Algérie. M. Papier, membre correspondant à Bône, envoie en don, pour le Musée, une belle derbouka, instrument de musique arabe, divers autres objets algériens, et un vase arabe, en bois, orné de dessins en creux identiques aux motifs de décoration employés par les populations préhistoriques.

Un autre membre correspondant, M. Bernardin, à Melle, envoie pour nos collections technologiques un don important qu'il a obtenu de M. Saint-Paul de Sinçay, directeur de la Société de la VieilleMontagne : c'est une série complète du zinc, depuis le minerai brut, lavé, grillé, jusqu'aux plaques et aux oxydes pour la peinture.

M. Serand signale des lettres-patentes du mois de février 1657, par lesquelles Louis XIV a conféré à François De Laidevant, d'Annecy, le titre de noble décoré, avec transmission à tous ses héritiers et successeurs légitimes, en témoignage, dit le préambule de ces lettres, de ses honorables services, notamment pendant le siége

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G. Val

lier, Anthologie gnomonique du département de l'Isère, don du même. — Alvin, Saint Frunçois de Sales, apôtre de la liberté religieuse et de la raison, don de l'auteur. A. Constantin, La statistique aux prises avec les grammairiens, don de l'auteur. G. de Mortillet, Amulettes gauloises et gallo-romaines, don de l'auteur. Compendio della storia nazionale di Sardegna, don de M. le sénateur Spano. Ch. Besançon, Comédies, don de l'auteur. Bernardin, Classification de 250 fécules, don de l'auteur. C.-A. Ducis, L'auteur du traité de l'Imitation de JésusChrist, nouvelle édition, don de l'auteur. Carnet manuscrit de Jumel, don de M. Eugène Tissot. Alfredo Chavero, Calendario

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Revue de la poésie.

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azteca, ensayo arqueologico, don de l'auteur. Revue des Sociétés savantes. Romania · Journal des connaissances médicales. Revue archéologique. Association scientifique de France. · Le Tournoi. L'Educateur. Revue du Lyonnais. Bulletin de la Société de géographie de Paris. Revue suisse. Bulletin de la Société d'agriculture et sciences de Poligny. Courrier de Vaugelas.· Bulletin de la Société d'horticulture de la Côte-d'Or. - Société des arts de Genève. Société des lettrss et sciences de l'Aveyron. Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard. Institut des provinces de France. — Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest. Annuaire des Sociétés savantes. Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne. Bulletin de la Société des antiquaires de Ficardie. Annales de la Société d'agriculture de la Dordogne. Mémoires de la Société dunkerquoise. Le Globe, journal de la Société de géographie de Genève. Bulletin de la Société d'agriculture de la Savoie. — Revue bibliographique universelle. Annales de la Société d'émulation de l'Ain. vestigateur. Société archéologique du Limousin. de la Société des sciences industrielles de Lyon. Mémoires de la Société des antiquaires de France. — Association des médecins de la Savoie. Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles. Bulletin de l'Institut genevois. - Annales de la Société botanique de Lyon. Mémoires de l'Académie des sciences de Savoie. Bulletins de la Société des sciences naturelles de Neu

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Président, M. Camille Dunant;
1er vice-président, M. Ducis ;
2me
M. Constantin;

Secrétaire, M. Revon;

Secrétaire adjoint, M. Eugène Tissot;
Trésorier, M. Bouchet;
Archiviste, M. Mangé;
Bibliothécaire, M. Serand;

Directeur de la Revue, M. Revon;

Comité de rédaction, MM. Constantin, Ducis, E. Tissot, Revon. M. le Trésorier présente les comptes de 1876; sa gestion est approuvée. Recettes, fr. 3.209,40; dépenses, fr. 2.673,25; en caisse, fr. 536,15.

:

M. le Président donne lecture de la correspondance: 1o Circulaire ministérielle relative à la réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne séances du 4 au 6 avril ; séance générale le 7 avril. Les compagnies des chemins de fer accordent une réduction de 50 0/0; les bulletins de circulation sont valables du 26 mars au 11 avril. La liste des délégués doit être dressée avant le 17 mars.

2o Lettre de M. le Président de l'Académie de Savoie, invitant la Société à la séance publique du 12 février: distribution des prix d'histoire et de poésie. MM. Ducis et Gex ont représenté la Société Florimontane, et rendent compte de cette solennité.

3o Lettres d'auteurs envoyant des publications (voir aux dons et échanges).

4o Remerciements adressés par divers lauréats du concours fondé par M. Andrevetan.

M. Riondel, membre effectif, à Samoëns, fait hommage de 19 titres manuscrits des deux derniers siècles, parmi lesquels on remarque un inventaire des archives de l'abbaye d'Aulps, un état des revenus et diverses autres pièces intéressantes relatives à cette abbaye.

M. Constantin communique ses observations sur les mœurs russes. Sa causerie, qui a pour sujet les fêtes du nouvel an et du carnaval sera publiée dans un prochain numéro de la Revue.

M. l'Archiviste dépose les dons et échanges:

Jules Vay, Capitulation du fort de Sainte-Catherine, don de l'auteur. - De Caix de Saint-Aymour, Annuaire des sciences historiques, don de l'auteur. F. Descostes, Trois jours en Savoie (congrès des Clubs Alpins à Annecy), don de l'auteur.- Mme Douillon, Fables, dont de l'auteur. Justin Bellanger, Notes et paradoxes à propos de théâtre, don de l'auteur. Ménier, l'Impôt sur le capital, don de l'auteur.- Spano, deux publications sur la Sardaigne, don de l'auteur. 21 brochures: politique, cultes, travaux publics, instruction, etc., don de M. Jules Philippe.

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- Annales de la Société d'émulation de l'Ain.-Société des sciences naturelles de Cherbourg. Bulletin de la Société d'agriculture de la Savoie.- Bulletin de la Société d'émulation de la Seine-Inférieure. Société des sciences et arts de Vitry-le-Français. Bulletin de l'Académie d'Hippone. Bulletin de la Société d'archéologie de la Drôme.— L'Educateur. — Indicateur d'antiquités suisses Mémoires de la Société des antiquaires de Zurich. Revue suisse. - Bulletin de la Société de botanique de Belgique. Journaux de la Savoie et des départements voisins.

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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES & HYDROMÉTRIQUES FAITES AU JARDIN PUBLIC D'ANNECY

Altitudes Du Jardin, 448 30. Du baromètre, 453 10. Du zéro de l'Echelle du Lac, 446 275 (Annecy par 45° 53' 59" de latitude et 3° 47′ 33 de longitude E.)

BAROMETRE PLUIE Evapo- HUMIDITE

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4

2,5

726,8

57

3,8

31

14

S.-O

id.

Très belle nuit.

neige Neige par bourrasque, inappréc. depuis 9 h. mat. 0,480 beau

5,7

[1/2 couvert la nuit. 0,490

5,8

6,5

-2,4

728.5

70

3.5

28,2

12,5

N

29

6,3

-1

3,5

729,7

13

93

8

5,7

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S-O id. S.-O id.

pluie Pluie dès 1 h. m. jusq. 10h. Couv. ap. midi et nuit. 0,490 couvert Neige avant jour, pluie à 6 h. soir. Baisse baro- 0,470 id. Très beau à 11 h. soir. [métrique après midi. 0,490 5,7

6,5

201802020

5

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La lettre p signifie pluie inappréciable au pluviomètre; de même n signifie: quantité de neige inappréciable au pluviomètre. ainsi qu'à l'évaporation, représentent des millimètres. Le signe? indique qu'on n'a pas pu reconnaître la direction ou la force du vent. -Le signe parenthèses qui suit le mot brouillard ou son abréviation, signifie que les objets cessent d'être perceptibles à cette distance.

Les nombres relatifs aux hauteurs de pluie Enfin le chiffre entre marque un calme plat. AUGUSTE MANGE, architecte de la Ville.

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