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ÉTUDE PHILOLOGIQUE SUR LE MOT TSAR

(Suite)

II

ORIGINE DU MOT tsar ET DE SON ÉTRANGE ORTHOGRAPHE czar.

Selon quelques philologues, ce mot viendrait de l'assyrien sar, autorité, chef; selon d'autres, du bulgare tséçar qui dérive du mot César.

Ceux qui le font venir de l'assyrien se basent sur une certaine ressemblance de son et de signification: sar, chef; tsar, empereur. Je ne contesterai pas ces données, mais les partisans de cette étymologie montrent si peu de connaissance des lois fondamentales de la philologie, qu'involontairement on révoque en doute l'étymologie proposée. En effet, il faut savoir qu'en philologie, la ressemblance des voyelles ne compte pour rien, que celle des consonnes et même l'identité de signification n'ont pas une grande valeur, quand il n'est pas prouvé par l'histoire qu'il y a eu des rapports, ou du moins des emprunts faits entre deux peuples, quand les différentes formes et significations par lesquelles un mot a passé, ne viennent. pas justifier l'étymologie proposée, et enfin quand les altérations phonétiques qu'a subies ce mot en passant d'une langue dans une autre, ne sont pas conformes aux lois de transmutation des lettres, propres à cette langue.

Ainsi, pour établir solidement l'origine assyrienne de tsar, il faudrait d'abord prouver que les Russes ou les Slaves ont été en contact avec les Assyriens, qu'ils ont subi leur influence, ou du moins qu'ils leur ont emprunté quelques mots. Cela établi, il faudrait ensuite prouver que l'altération phonétique de sar en tsar est conforme au génie de la langue russe. Ces deux points étant bien prouvés, la question serait déjà très avancée, mais elle serait encore loin d'être résolue.

Quelques exemples pour plus de clarté : Vôte signifie en russe voici, voilà. Dans quelques-unes de nos localités, les campagnards disent aussi vote pour dire voici, voilà, vois-tu. Dans cet exemple, l'identité du son et de la signification est encore plus frappante qu'entre sar et tsar, cependant il ne viendra à personne l'idée de faire dériver notre côte du russe, ni le vôte russe de notre patois. Admettons que nous ayons eu de fréquents rapports avec les Russes, et que nous leur ayons emprunté plusieurs mots usuels, la question serait-elle résolue et l'étymologie proposée bien établie? Pas le moins du monde. Il faudrait encore rechercher les anciennes formes de notre vote, et à leur défaut, chercher si ce mot se prononce de même dans toutes nos localités, en d'autres termes,

s'il n'a pas de variantes. Du moment que je trouve dans certaines localités vey-te, et que je constate une tendance générale à changer toutes les voyelles en o dans le canton où l'on prononce vó-te, je dois chercher à l'expliquer par la langue du pays, avant de lui assigner une origine étrangère. Or, vey-te étant la forme régulière dans notre patois du français vois-tu, l'explication est toute trouvée.

Haut se dit en allemand hoch (pron. hôkh) et en

latin altus. Comme il est prouvé que la langue française a fait de nombreux emprunts à la langue allemande (1), il semble de prime abord qu'il est plus facile de faire venir haut de hoch que de altus. Mais d'un côté, l'historique du mot, et de l'autre, les lois de transmutation des lettres s'opposent formellement à une pareille dérivation. 1o Hoch n'a pas pu donner halte, ancienne forme (xIe siècle) de haut; 2o hoch aurait donné hoque ou hoche, hoquin, hochin et non hau-te, hau-tain. Ces raisons sont péremptoires. Avec la dérivation latine, tout s'explique facilement: altus serait devenu halte, avec une h initiale, ce qui s'explique facilement par la tendance générale qu'a eue le français d'ajouter cette lettre aux mots commençant par une voyelle huile, oleum; huître, ostreum; hurler, ululare. Quant au changement de al en au, c'est un fait normal et trop bien connu pour qu'il soit nécessaire d'en parler. Ainsi, dans cet exemple, l'historique du mot et les lois de transmutation des lettres nous font rejeter une étymologie qui semblait de prime abord très vraisemblable, et nous forcent à en

admettre une autre.

Encore un exemple qui montre l'importance de l'historique d'un mot pour en établir l'étymologie. Entre le mot larme et l'anglais tear (pron. tîr), il n'y a pas la moindre ressemblance phonétique, et il ne viendra à personne la pensée de les rattacher au grec dacru. Cependant tous les philologues reconnaissent que dacru, larme et tear sont des mots de la même famille. En effet, ils prouvent par une foule d'exemples que dacru a pu régulièrement donner au gothique le mot tagr, et que le changement de tagr en tear est parfaitement régulier; mais rattacher larme à dacru leur aurait été impossible, s'ils n'avaient pas découvert que le latin lacryma, d'où nous avons fait larme, avait été primitivement dacrima. Cela dit, revenons à l'étymologie de tsar. L'historique de ce mot nous montre qu'au x1° siècle (Annales de l'historien russe Nestor), on disait tseçar et tsar. D'un autre côté, l'histoire nous apprend que les Russes ont reçu ce mot du bulgare, autrement appelé slavon ecclésiastique. Or, dans cette langue au Ix siècle, on voit que keçar signifiait l'empereur romain et tseçar, un souverain quelconque, - roi ou empereur. Devant cette forme tseçar, l'étymologie assyrienne doit disparaître, parce que, selon toutes les lois de transmutation propres aux langues slaves, sar n'a pu donner tseçar.

Que la forme primitive soit venue directement du latin, ou par l'intermédiaire du grec kaïçar, la chose

importe peu à la question; le seul point important est de rechercher si keçar a pu donner tseçar, et, s'il est possible, de prouver que les nations slaves ont tiré leur nom d'empereur d'un nom propre; savoir, de César.

langue bulgare qu'à la langue russe. Ce seul fait Le changement de k en ts est plutôt propre à la suffirait déjà pour prouver que le russe a emprunté

(1) Au nombre des mots tirés de l'allemand ou de l'ancien haut allemand, nous en avons une quantité qui en disent plus qu ils ne sont longs: De Ross, noble et grand chevai, coursier, destrier, palefroi, nous avons fait une rosse; de Herr, seigneur, maître, nous avons fait un hère, un pauvre diable; de grim, furieux, colère, nous avons formé le mot grimace; de greipan (greifen), saisir, nous avons griffe, gripper, agripper, etc., etc.

ce mot, si l'histoire ne venait pas corroborer cette preuve par le fait que les Russes, nouvellement convertis au christianisme, se sont exclusivement servis dès le Ix siècle des Evangiles traduits en langue bulgare par saint Cyrille et saint Méthode. Pour prouver que César a pu devenir un nom commun, et qu'il a pris le sens d'empereur, il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur l'histoire. On dit encore les douze césars pour désigner Jules César et les onze empereurs qui régnèrent après lui, quoique les six derniers ne fussent pas de la famille de César. Dans les temps modernes, l'empereur du saint-empire s'appelait César. Le mot allemand kaiser (pron. kaëzr) vient également de César. D'ailleurs, il est parfaitement prouvé que, par un procédé analogue, le nom de Charlemagne, en allemand Karl, en latin Carolus, a donné naissance au russe Karol, roi, - au polonais Kroul, roi, au tchèque (bohémien) Kral, roi. Quant au changement de tseçar en tsar, il s'explique facilement par le déplacement de l'accent qui était primitivement sur la première syllabe. De la forme primitive il n'est resté en russe que deux mots: Tséçarévitch, le Grand-Duc héritier et tséçarevna, la Grand-Duchesse héritière, que le Journal (français) de Saint-Pétersbourg écrit césarévitch, césarevna et que l'Académie et Littré écrivent czarovitch, czarovna (!!!).

Arrivons maintenant à l'orthographe bizarre que les Français, les Anglais, les Allemands, etc., donnent généralement à ce mot.

Tous les savants sont unanimes à reconnaître que cette orthographe hétéroclite nous vient du polonais. Il est bien permis de contester l'assertion d'un savant, mais s'inscrire en faux contre la décision de tous les savants français, anglais, allemands, est chose malaisée. Aussi, me garderai-je bien de dire que tous ces messieurs ne savent probablement pas un mot de polonais, je laisserai la parole à des gens plus compétents. Adressez-vous au premier Polonais venu; posez-lui quelques questions dans le genre des suivantes, et vous verrez ce qu'il faut penser de cette unanimité d'assertions chez les savants.

- Comment se prononce cz en polonais? - Cz se prononce toujours comme tch français dans caoutchouc.

- Comment se prononce czar?

Comme je vous l'ai dit, cz se prononçant toujours comme ich, czar doit se prononcer tchar.

-

- Mais comment écririez-vous tsar en polonais? - Je remplacerais les lettres ts par la lettre c. Comment? c...a...r tout court, sans z? Certainement, car si vous ajoutiez un z après c, vous auriez tchar, et si vous écriviez carz, vous auriez tsâge.

Pour le coup, vous plaisantez.

Pas le moins du monde, car c en polonais se prononce toujours comme ts, cz comme tch et rz comme j français.

Mais l'orthographe polonaise n'aurait-elle pas varié dans le courant des siècles?

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Capitulation du fort Sainte-Catherine, publiée, avec une introduction historique, d'après le manuscrit original, par M. Jules Vuy, ancien président de la Cour de Cassation du canton de Genève, vice-président de l'Institut national Genevois, membre correspondant du Comité royal pour l'Histoire nationale d'Italie, etc.; Genève, imprimerie Ziegler, 1877, in-4o de 19 pages. (Extrait du tome XIII des Mémoires de l'Institut national Genevois).

Au moment où, au sujet du marquisat de Saluces, la guerre de 1589 allait semer la ruine et la désolation dans une notable partie de la Savoie du nord, la seigneurie de Genève concluait avec Henry III, roi de France et de Pologne, un traité d'alliance dont le texte a été inséré dans le recueil des Recez Fédéraux et dans l'Histoire de Genève de Spon. Cet acte, qui accordait officiellement à la République un assez grand accroissement de territoire, fut signé le 19 avril 1589 et ratifié plus tard (20 octobre 1592), à Saint-Denis, par le roi Henry IV. Les contrées dont la République espérait, aux termes de ce pacte, acquérir la souveraineté ne furent cependant que temporairement et en bien faible partie occupées par elle; les progrès du duc de Savoie dans les environs de Genève furent, en outre, à peu près constants et enfin le fort Sainte-Catherine- cette épine perpétuelle était toujours là aux portes de la ville aux mains des ducs. Aussi, lorsque éclata la guerre de 1600, la seigneurie de Genève se berça-t-elle des plus belles espérances et se disposa-t-elle à profiter largement des victoires du roi de France qui venait de s'emparer de la Savoie presque tout entière.

Les ambassades genevoises se succédèrent rapidement auprès d'Henry IV; elles suivirent ce prince à Annecy, à l'Eluiset, à Lyon, s'entretenant avec lui tantôt d'intérêts religieux, tantôt d'accroissement de territoire, tantôt du maintien du pays de Gex sous sa souveraineté, tantôt enfin de la démolition du fort Sainte-Catherine. Les députés de Genève supplièrent vivement le roi de s'emparer de ce fort, qui était toujours au pouvoir du duc, et de le raser à rez de chaussée: ce qui leur fut accordé. Les troupes françaises, en effet, cernèrent le fort qui dut bientôt capituler à des conditions assez honorables pour la garnison. C'est le texte de cette capitulation que vient de publier M. Jules Vuy d'après le manuscrit original signé par Henry IV et contresigné par le secrétaire d'Etat, M. de Neuville. Ce texte, collationné par M. Dufour, ancien êlève de l'école des Chartes, rectifie et compléte, à certains égards, les données des historiens sur un événement qui fit alors grand bruit.

Le 3 janvier 1601, Rosny écrivait à la seigneurie de Genève que le roi, cédant à des sollicitations légitimes, envoyait à Sainte-Catherine le lieutenant des gardes, M. de Vienne pour faire exécuter sa volonté; il demandait en conséquence à Genève, en vue de la démolition du fort, de fournir chevaux, bœufs, chars, charriots et hommes nécessaires. Deux jours après, le fort n'existait plus et l'allégresse était au comble dans la République. Bientôt cependant on s'aperçut que la médaille avait un revers. Le 17 janvier 1601, en effet, était signé à Lyon entre la France et la Savoie un traité de paix qui était loin d'être une victoire pour Genève. Malgré les efforts des députés genevois, Henry IV restituait à Charles-Emmanuel les contrées savoisiennes que le traité de 1589 abandonnait à Genève, et le pays de Gex était incorporé à tout jamais à la France. Ainsi, au moment même où tombait le fort Sainte-Catherine fort qu'Henry IV considérait pour sa politique de plus grande importance que la place de Montmélian, cette clef des Alpes la République la République subissait, en réalité, une défaite diplomatique complète, et la Savoie reprenait le cours de ses destinées sous la puissance de princes dont les descendants sont aujourd'hui roi d'Italie et chefs d'une des grandes puissances européennes.

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Le travail de M. Jules Vuy rectifie et complète, nous l'avons dit, à certains égards, les données des historiens sur un fait qui eut alors un grand retentissement en Suisse, en Savoie et en France; il donne des détails précis sur la marche d'Henry IV en Savoie et rend pleine justice à ce roi dont l'âme loyale savait facilement dans l'occasion, se montrer grande et généreuse. Nous remercions donc vivement l'honorable vice-président de l'Institut national Genevois de l'étude nouvelle qu'il vient de faire paraître. A. ALBRIER.

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L'ANNIVERSAIRE

C'est hier et déjà c'est presque de l'histoire!
Au grand soleil, voilà juste aujourd'hui vingt ans
Que, sous les fleurs, drapeaux au vent, tambours battants,
Ils rentraient dans Paris sacrés par la victoire.

Quel triomphe! indicible et pourtant illusoire! Hélas! on en a vu d'autres, depuis ce temps... Héros de la journée ou simples assistants, Combien de cette date ont gardé la mémoire?

Ah! toi, tu t'en souviens, toi, pauvre mère en deuil, Toi, dont l'unique enfant, ta joie et ton orgueil, Partit, mais sans retour, avec ses frères d'armes;

Toi qui, cherchant en vain dans les rangs glorieux L'absent dont une balle avait fermé les yeux, Fêtes l'anniversaire avec des flots de larmes!

ACHILLE MILLIEN.

SOCIÉTÉ FLORIMONTANE

Séance du 26 avril 1877.

PRÉSIDENCE DE M. C. DUNANT

M. le Président communique une circulaire de la Société française d'archéologie: la 44 session du Congrès archéologique de France s'ouvrira à Senlis (Oise) le 28 mai.

M. Ernest Chantre, membre correspondant à Lyon, fait hommage de son magnifique ouvrage intitulé: Etudes paléoethnologiques dans le bassin du Rhône; áge du bronze; recherches sur l'origine de la métallurgie en France. Ce vaste travail remplit trois volumes in-4o, accompagnés de cartes et de gravures; il a nécessité de nombreux voyages et des visites à la plupart des collections publiques et particulières, non seulement dans la région du Rhône, mais encore dans une grande partie de l'Europe, depuis le Nord jusqu'à la Grèce, car l'auteur tenait à multiplier les rapprochements et les comparaisons entre les antiquités de nos contrées et celles du reste de l'Europe. La Savoie est largement représentée: M. Perrin, conserrédigé une description complète des stations lacustres du lac du vateur du Musée de Chambéry et collaborateur de M. Chantre, a Bourget; pour le lac d'Annecy et le Léman, il a résumé les articles que nous avons publiés dans la Revue savoisienne. Les antiquités de Meythet, d'Albiez-le-Vieux, d'Albertville, de Drumettaz, de Douvaine, de la Madeleine, de Doussard, de Domancy, etc., sont aussi l'objet de descriptions accompagnées de figures. L'album in-folio contient 73 planches exécutées avec une rare perfection; nous y rencontrons maintes fois la signature de M. Blériot, un trappiste bien connu par son talent de dessinateur, et qui est venu demander au monastère de Tamié, en Savoie, le calme cher aux artistes et aux

penseurs.

roches de l'Auxois et du Calvados; des produits marins qu'il a reM. Miot, membre correspondant à Semur, envoie 65 fossiles et cueillis sur les bords de l'Océan; des ossements et brèches osseuses de Genay près Semur; et 30 silex taillés, poteries et ossements de la station du Camp-de-Chassey, appartenant à l'époque de la pierre polie.

M. Papier, membre correspondant à Bône, fait hommage d'une micaschiste qui s'avance dans le port de Bône et dont le profil offre la photographie du Rocher du Lion, curieuse masse de gneiss et de silhouette du seigneur à la grande crinière.

M. Bernardin, membre correspondant à Melle (Belgique), en voie un travail petit de format, mais gros de renseignements précieux, et qui donne une nouvelle preuve de l'érudition de notre zélé corresponcentrale L'auteur a lu tout ce qui a été imprimé sur ces contrées, audant: c'est une Etude sur les produits commerciaux de l'Afrique jourd'hui livrées à l'infâme trafic de la chair humaine, et destinées à fournir bientôt de riches moissons aux missionnaires de la science et de la religion et aux pionniers du commerce européen. En résumant les publications et en prenant note des produits collectionnés dans divers musées, M. Bernardin a dressé une très longue liste des richesses que la nature accumule dans l'Afrique centrale, depuis les animaux prêts à offrir leur dépouille, un peu à leur corps défendant, jusqu'aux minerais et aux plantes textiles, alimentaires, tannantes, tinctoriales, médicinales, etc.

Deux autres membres correspondants, M. de Mortillet et M. Raverat, envoient leurs nouvelles publications.

M. Gouville offre pour le Musée deux objets romains trouvés dans les Fins d'Annecy: une fibule en bronze, et un fragment de vase portant la marque MARTINVS inscrite en rond sous le fond.

M. Bouchet dépose la copie d'un diplôme de membre correspon

dant délivré au chimiste Berthollet (né à Talloires près d'Annecy) par la Société d'émulation établie à Anvers. L'original, appartenant aux archives municipales d'Annecy, est daté du 15 frimaire an XII.

M. Revon fait fonctionner un radiomètre à double moulinet, et cite les théories auxquelles ont donné lieu les expériences commencées en 1873 par M. William Crookes.

Le radiomètre de Crookes se compose d'un moulinet mobile autour d'an axe vertical, et enfermé dans un globe de verre où l'air a été très raréfié. Les ailettes verticales ont une face brillante et l'autre enduite de noir de fumée. Immobile dans l'obscurité, le moulinet tourne d'autant plus rapidement qu'il est exposé à une lumière plus vive. On s'est demandé si le mouvement est dû au choc direct de la lumière, comme le pensait d'abord M. Crookes, ou bien à une force développée à l'intérieur de l'instrument. Les expérimentateurs sont aujourd'hui d'accord pour admettre que la force motrice est due à la dilatation, à l'accroissement de pression, que l'air éprouve au contact de la face la plus chaude de chaque palette; cette force motrice prend son point d'appui sur le verre de l'enveloppe. Quant à l'action mécanique directe qu'exercerait la lumière, elle existe peut-être, mais le radiomètre a mis en évidence la difficulté qu'il y aurait à montrer cette action par l'expérience.

M. Philippe fait offrir à la Société un tronçon de carte, qu'il acquis chez un bouquiniste de Paris.

M. Ducis explique qu'elle représente la filiation des maisons de l'ordre de la Visitation, dont le centre primitif, Annecy, a produit d'autres centres, desquels un nouveau rayonnement s'étend dans des directions étonnantes. C'est ainsi que la maison de Cracovie, fille d'Annecy, a fondé celle du Puy en France, etc. Cette pièce, sans date, doit être placée entre 1631 et 1697, d'après les confins d'Etat relatifs à Pignerol.

Mgr Barbier de Montaut, qui a étudié longtemps les antiquités de Rome, a remis au R_ P. Tissot, d'Annecy, la copie de deux lettres autographes de saint François de Sales, conservées par les PP. Jésuites de Rome. La première, du 30 janvier 1603, en italien, recommande au cardinal Aldobrandino, protecteur de la Savoie, un gentilhomme de Lausanne, converti au catholicisme avec toute sa famille et pour cela privé de ses biens.

La seconde, du 24 janvier 1613, recommande à M. de Chatillon, plébain de Thonon, l'abbé Nicolas Bertolonio, pour la sainte maison de Thonon. M. Ducis donne un résumé de la vie de ce personnage, que saint François de Sales fit enfin recevoir au chapitre de Sion en Vallais.

La troisième copie, sur authentique, est celle du vœu d'obéissance dans la compagnie de Jésus, lorsqu'elle sera approuvée par le pape, signé à Rome, ad carceres, le 15 avril 1539 par Jean Codurz, Laynez, Salmeron, Bobadilla, Paschase Brouet, Pierre Favre, François Xavier, Ignace de Loyola, Simon Roderic et Claude Jay. On sait que l'Ordre fut approuvé le 3 septembre suivant. M. Ducis pense que le mot carceres indique le voisinage de l'église élevée sur la prison Mamertine.

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M. Ducis présente l'empreinte d'une plaque en plomb, de forme ovale comme les sceaux épiscopaux et conventuels du moyen âge trouvée à Boussy. On lit autour: IOAN ANGELVST.S· POTS ŘE PRESB CARD DE MEDI qu'il interprète ainsi : Joannes Angelus titulo sanctæ Potentianæ sanctæ romanæ ecclesiæ presbyter cardinalis de Medicis. Né le 31 mars 1499, créé cardinal du titre de Sainte-Pudentienne le 8 avril 1549, Jean Ange de Médicis fut élu pape le 26 décembre 1559 et couronné le 6 janvier 1560. Sa sœur fut mère de saint Charles Borromée.

Dans la moitié supérieure de cette plaque, on voit la figure en pied de sainte Pudentienne, pressant de la main droite un linge duquel tombent des gouttes de sang dans un vase.

Dans la partie inférieure sont les armes du cardinal: D'or à six boules de gueules en orle montées en chef d'un tourteau d'azur à trois fleurs de lys d'or; au chef d'une aigle éployée à deux tétes, dont on ne sait pas les couleurs, attendu que l'on ne trouve nulle part cette dernière partie dans les armes de ce pape, reproduites par

Ciaconnio.

Le même exhibe l'estampage d'une inscription de marbre, qui recouvrait la niche du corps de sainte Victorine, envoyé de Rome aux Carmélites de Chambéry: FONTEIAE VICTORINAE BENEMERENTI TECVSEF.C.

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Il ne voit dans le mot Técusé, interprété par d'autres en sigles, que le nom grec de l'esclave ou servante, qui a fait élever un modeste tombeau à sa maîtresse, faciendum curăvit.

Le même explique un passage de la vie de saint François de Sales

par Charles-Auguste son neveu, d'après lequel le jeune François, élève à Paris, était admis au salon de la reine Blanche. D'après Severt, ce nom était donné vulgairement à Louise de Lorraine-Mercœur, épouse d'Henri III, à cause de son costume. Comme elle était nièce de Jacques de Genevois-Nemonrs, qui régnait à Annecy, le jeune François a pu lui être recommandé comme le fils d'un des premiers vassaux de son oncle, qui devait cette reconnaissance au dévouement de la famille de Sales pour son service.

M. Constantin, reprenant le récit de ses impressions de voyage, a fait un tableau animé des divers incidents de la vie de Saint-Pé

tersbourg depuis le jour de la mort de Nicolas Ier jusqu'à la prise de Sevastopol.

Exhumant presque jour par jour les nouvelles à sensation et les bruits qui circulaient sur les intentions du nouveau gouvernement; dépeignant tour à tour les appréhensions des partisans de l'ancien régime et la joie contenue des partisans du nouveau; expliquant les motifs de l'animosité du peuple contre les Anglais et de sa sympathie pour les Français, de son irritation contre les chefs incapables et de son indignation contre les fonctionnaires prévaricateurs, cause de tant de désastres, le récit de M. Constantin donne de ce peuple une idée tout autre que celle qu'on s'en fait généralement en France. Il explique le changement si rapide qui se fit alors dans l'esprit de cette nation dont les forces vives avaient été si longtemps comprimées, et qui, avant la fin de la guerre, rejetait déjà les illusions dont elle s'était bercée, sortait du sommeil dans lequel elle était plongée, bénissait le coup de foudre qui l'avait frappée et réveillée, et entrait résolûment, modeste et recueillie, dans la voie des réformes et du progrès que le nouveau tsar inaugurait.

minages exécutés cet hiver dans les Fins d'Annecy, sur l'emplace M. Revon dépose les antiquités romaines mises au jour par les ment de la station de Bauta. Ce sont de nombreux contrepoids de tisserands (pondera), dont l'un offre un chrisme en relief, premier signe chrétien trouvé dans cette station; des stucs colorés qui revêtaient les parois des habitations; une figurine de Vénus en terre cuite; une fibule en bronze et des instruments en fer; une trentaine de monnaies impériales en argent, en billon et en bronze, parmi lesquelles on a rencontré une petite pièce d'argent des Allobroges à l'Hippocampe; du laitier de fer et des scories; un débris d'inscription en l'honneur de Mercure; enfin des poteries où l'on remarque un graffito tracé sur un morceau d'amphore, et les noms suivants: CASVLIM sur un fond samien. EVHODI

QVINTIM

OFLCVIRIL

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LQ S sur anse d'amphore.

SA..... sur contrepoids en terre.

Un cimetière burgonde, établi sur les ruines romaines, a fourni pour nos collections une douzaine de têtes osseuses, une hache en fer, des clous, des crochets, et un débris de vase en pierre ollaire.

Le même membre présente un plat d'étain gravé qu'il vient d'acheter à Rumilly pour le Musée: au centre l'écusson de Savoie sur aigle double, et au sommet la couronne ducale; au bas, une banderole où on lit: PRIX FRANC DE REMELY 1770.

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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES & HYDROMÉTRIQUES FAITES AU JARDIN PUBLIC D'ANNECY

:

Altitudes Du Jardin, 448 30. Du baromètre, 453 10. Du zéro de l'Echelle du Lac, 446 275. (Annecy par 45° 53′ 59′′ de latitude et 3° 47′ 33′′ de longitude E.,

THERMOMÈTRES

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beau

Couvert Bourrasque de neige, hauteur de la nuit Om,02. 0,700 507 Neige de la veille, hauteur 0m.03.

0,690 5

0

id.

couv. 1/2 Eclaircie, beau la nuit à 10 h.

0,670 5,5

E.-N.-E faible

couvert Pluie dès 2 h. s.

0,650 6,7

S

assezfort plaie Pluie tout le jour, neige le soir, h. 0,025.

0,645 6,4

0

S.-O

O.-S.-0

0.-S.-0

E S.-O

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OSSNSD)

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NO.-S.-O modéré

neige Neige presque tout le jour, beau à 10 h. s., h. de 0,650 6,8 couvert Bourrasque de neige le soir.

[neige Om,10. 0,650 5,8

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0,640 5,7

0,610 5,3

N.-E modéré

beau

Très beau la nuit.

0,600 5,5

id.

id.

Beau à 11 h. s.

0,600 4

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id. S.-O faible

pluie

beau Nuit très belle.

Pluie tout le jour et la nuit.

[neige Om,01. 0,560 5

0,600 5,9

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[nerres le soir, beau à 10 h. s. 0,720 6,5

Pluie par bourrasque après-midi, éclairs et ton- 0,760 6,5
Pluie dès 5 h. à 7 du soir, ensuite neige.

0,755 6,4
couv.1/2 Pl. et neige, h. 0m,05, éclcie de le jr, tr. b. à 10h. s. 0,750 6
couvert Neige mêlée de pluie avant 9 h. m., h. 0,03, 0,750 6
Pluie à 4 h. s., à 9 h. gr. pluie. [couv. la nuit. 0,720 6,4
Pluie à midi, couvert 1/2 la nuit.
couv.1/2 Pluie dans le jour, couvert la nuit.

couvert Pluie continuelle dès 3 h. s. très beau Beau la nuit.

0,720 6

0,710 6,2

0,700 6,9

0,710 9,7

0,710 8,2

0,750 7,8

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3094 717,20 119,0 29,0 82,5

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0,666 6°17

EXPLICATIONS. La lettre p signifie pluie inappréciable au pluviomètre ; de même n signifie: quantité de neige inappréciable au pluviomètre. Les nombres relatifs aux hauteurs de pluie ainsi qu'à l'évaporation, représentent des millimètres. Le signe? indique qu'on n'a pas pu reconnaître la direction ou la force du vent. parenthèses qui suit le mot brouillard ou son abréviation, signifie que les objets cessent d'être perceptibles à cette distance.

Annecy, — Impr. Perrissin.

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