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d'hui recouvertes de terre, où MM. Dépommier ont trouvé deux pièces de monnaie, vers 1840. L'une, frappée à Lyon, est d'Auguste, et l'autre, frappée à Rome, est de l'empereur Maximin.

Déjà en 1828, on y avait découvert 13 pièces frappées à Genève, entre 1300 et 1306, portant d'un côté l'effigie de saint Pierre avec la légende Sanctus Petrus et de l'autre une croix avec deux S placées diagonalement, chacune entre deux branches de la croix et avec la légende Civitas Geneva 1.

M. CONSTANTIN démontre ensuite comment, dans le siècle passé, s'est opéré le changement de plusieurs noms de localités de cette vallée, comment le nom des Clets (de Cletis) est devenu Les Clefs, celui de la vallée de Maurman est devenu Montremont, en passant par Manreman, Monromon, Mont roman et Montromant; comment celui de la montagne nommée Tosbran est devenu Montisbran.

Il signale en outre l'existence d'un mur en pierres sèches au pied du roc à pic de Morette, lequel semble faire suite à un chemin, aujourd'hui disparu par un effondrement. Ce mur doit incontestablement avoir sa raison d'être. La seule supposition admissible est qu'il y avait à gauche un sentier qui reliait le plateau inférieur du camp de Morette, à un chemin de 40 à 50 mètres qui existe encore à droite de ce mur.

M. SERAND présente une matrice de sceau en bronze, offerte par M. Dunant, à qui notre collection sigillographique sera redevable d'un de ses plus beaux spécimens. Cette matrice de sceau d'une conservation complète, de la forme dite Vesica piscis, a 75 millimètres sur 45. Elle représente, sous un dais d'architecture de la fin du XIVe siècle, la Sainte-Vierge, vue de face, debout, voilée et nimbée, en robe et manteau, tenant l'enfant Jésus sur le bras gauche. Elle est accostée à dextre et senestre de deux anges ailés, postés debout dans un porche d'assez joli travail, se faisant vis-à-vis, comme étant les gardiens de la souveraine des cieux. L'exergue contient cette légende en caractères gothiques :

SIGILLV CAPITVLI ECCE COLEGIATE BEATE : MARIE LETE; ANNESSIECI GEBEN DIOC. Sigillum Capituli Ecclesie Collegiate Beate Marie Lete Annessiencis Gebennensis dioecesis.

C'est donc le sceau de la collégiale de Notre-Dame de Liesse d'Annecy, fondée par l'anti-pape Clément VII, et dont la bulle d'érection fut publiée par Benoît XIII, le 31 août 1395. Nous n'avons aucune hésitation à croire que ce petit monument sigillographique a paru peu de temps après cette date. Mais ce qui nous étonne, c'est l'absence des armes du Chapitre qui sont: D'azur à une étoile à huit rais d'or, que nous retrouvons dans tous les autres sceaux connus, et déjà décrits dans la Revue.

M. C. DUNANT a offert également un cuivre gravé, signé J. F. Cars fils; c'est le portrait de Mme MarieMadeleine de Chaugy, supérieure du 1er monastère de la Visitation d'Annecy, décédée à Turin en 1680.

LE MÊME dépose un volume composé et offert par M. Du Bois-Melly. Il en sera rendu compte dans un prochain no de la Revue.

M. MELVILLE GLOVER, membre correspondant à

1 Voir dans les Mémoires de l'Académie de Savoie, 1828, la relation détaillée de cette découverte.

Lyon, fait hommage des Satires de Juvénal, avec commentaires en latin, petit in-folio imprimé à Turin en 1494. Ce volume faisait partie de la bibliothèque du monastère de Talloires.

Le même fait don d'un ouvrage imprimé en 1659 par Jacques Clerc à Annecy, intitulé: Les vies de VIII venerables veves religieuses de l'ordre de la Visitation, écrites par la R. Mere Françoise Madeleine de Chaugy.

Les dons et échanges sont déposés sur le bureau. Le Secrétaire, LOUIS REVON.

DONS ET ÉCHANGES

Mr Barbier de Montault, 47 volumes et brochures sur l'archéologie chrétienne, don de M. Jules Philippe. Archives de la commission scientifique du Mexique, 10 livraisons, don du Ministère de l'instruction publique. Romania, même donateur.

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· OEuvre Costa de

du vénérable de la Salle, don de M. Eugène Tissot. Beauregard, Un homme d'autrefois, achat. Gaudy-Le-Fort, Promenades historiques dans le canton de Genève, achat. G. Vallier, 10 Médailles et jetons dauphinois; 2° Numismatique inscription de la vallée d'Aspe, dons de l'auteur. des forteresses du Dauphiné; 3° Une inscription retrouvée; 4° Une Budget de la ville d'Annecy, don de M Pissard, A. Papier, 1o Histoire de 55 corailleurs italiens capturés à la Calle; 20 Histoire d'un Jules Vuy, soulèvement Kabyle en 1804, dons de l'auteur. 1o Nouveaux échos des bords de l'Arve; 2o Origine des idées politiques de Rousseau, dons de l'auteur." Réveillé de Beauregard, 1 Notice historique sur l'ile de Chypre; 2° L'émir Yussef bey Karam, dons de l'auteur. L. Viallet, 10 Aperçu sur les ambons ou les jubes; 2o Etudes sur la profession médicale; 3 Des réformes à opérer dans l'organisation des hôpitaux, dons de l'auteur. Justin Bellanger, Prose et vers, auteur. .Th. Dufour, Notes sur le couvent de Sainte-Claire à Genève, auteur. Société protectrice de l'enfance de Lyon, don du dr Dagand. J. Carret, Notice historique sur les eaux de La Boisse, auteur. A. Albrier, Les naturalisés de Savoie en France de 1814 à 1848, don de M. L. Rabut.-F. Descostes, Rapport sur le concours de poésie de l'Académie de Savoie, auteur. Le prieuré de Chamonix, vol. Ier des documents, don de M. André Perrin. Annales Société d'émulation de l'Ain; Société d'agriculture de la Dordogne; Société des sciences industrielles de Lyon; Observatoire royal de Bruxelles.

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Bulletins Société scientifique de la Corrèze; Société archéologique de Tarn-et-Garonne ; Société de Borda à Dax; Société archéologique du midi de la France; Société académique de Boulogne; Société d'agriculture de Poligny; Société de viticulture de Tarare; Société vaudoise des sciences naturelles; Société des antiquaires de l'Ouest; Société royale de botanique de Belgique; Société héraldique de France; Société des antiquaires de Picardie; Société linnéenne de la Charente-Inférieure; Société de géographie de Paris; Société d'horticulture de la Côte-d'Or; Société d'archéologie de la Drôme; Société d'agriculture de Douai; Société d'agriculture de la Savoie; Académie delphinale.

Journal des connaissances médicales; des savants.

Mémoires: Académie du Gard; Société des sciences naturelles de Cherbourg; Institut national genevois; Académie de Montpellier; Académie Salésienne; Société des sciences naturelles de Saône-etLoire; Société d'histoire et d'archéologie de Châlon-sur-Saône.

Revues Société littéraire de l'Ain; archéologique; des Sociétés savantes; de la poésie; du Lyonnais.

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Atti della Società italiana di scienze naturali. Recueil des Université royale de Christiania, 7 v. et brochures. Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne. Le Globe. L'Investigateur. Société départementale des médecins de la Savoie. - Société Murithienne du Valais Indicateur d'antiquités suisses.- Commission de météorologie de la HauteSavoie. L'Italia agricola.

Les Alpes. Industriel savoisien.

L'Echo du Salève.

L'Union savoisienne. -L'Allobroge. Petit savoisien. journal de Bône.

La Tribune de Genève.

Le Léman.

Le

La Seybouse,

Le Directeur-gérant: L. REVON.

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THERMOMÈTRES

OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES & HYDROMÉTRIQUES FAITES AU JARDIN PUBLIC D'ANNECY

Altitudes Du Jardin, 448 30. Du baromètre, 453 10. Du zéro de l'Echelle du Lac, 446 275. (Annecy par 45° 53' 59" de latitude et 3° 47′ 33′′/ de longitude E.)

BAROMETRE PLUIE Evapo- HUMIDITÉ

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couvert Beau à 10 h. soir.

0,30 10°

id.

pluie de 2 h. m. à 9 h s. Couvert à 10 h.

0,31

9,8

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couv.3/4 Très beau à 10 h. s.

0,37

8,6

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très beau

Id.

0,40

6,7

id.

très beau

Id.

0,41

5,6

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brouilla (300) disparaît à 9 h. m. Très beau à 10 h. s. 0,39 6.5

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de même n signifie: quantité de neige inappréciable au pluviomètre. Le signe? indique qu'on n'a pas pu reconnaître la direction ou la force du vent. parenthèses qui suit le mot brouillard ou son abréviation, signifie que les objets cessent d'être perceptibles à cette distance.

ainsi qu'à l'évaporation, représentent des millimètres.

Les nombres relatifs aux hauteurs de pluie marque un calme plat. Enfin le chiffre entre

Le signe AUGUSTE MANGÉ, architecte de la Ville.

0,368 6o11

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Omnes omnium caritates patria una complexa est. 31 décembre 1879.

ON S'ABONNE

REVUE SAVOISIENNE

Par un bon postal à l'or- JOURNAL PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ FLORIMONTANE D'ANNECY

dre du Directeur.

La Revue rendra compte des ouvrages dont deux exemplaires lui auront été adressés.

SOMMAIRE.

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Compte-rendu de la deuxième session du congrès des Sociétés savantes savoisiennes (suite): Conférence sur les mœurs du phylloxera vastatrix, sur les divers systèmes de préservation trouvés jusqu'à ce jour et sur les moyens pratiques de reconstituer à nouveau les vignes détruites, par M. Pierre Tochon; Conférence du dr Jules Carret sur la détérioration du climat de la Savoie ; La campagne de Louis XIII en Savoie, par M. C.-A. Ducis. Nouveau système orthographique à l'usage du savoyard et des patois de la langue d'oïl, par M. A. Constantin. - Bibliographie: Armorial et nobiliaire de Savoie, de M. le comte Amédée de Foras, par M. Jules Vuy. - Séance de la Société Florimontane. --Dons et échanges. Bulletin. Observations météorologiques et hydrométriques faites au jardin public d'Annecy, par M. A. Mangé.

COMPTE-RENDU

DE LA

DEUXIÈME SESSION

DU

CONGRES DES SOCIETES SAVANTES SAVOISIENNES

(Suite)

CONFERENCE

SUR LES MŒURS DU PHYLLOXÉRA VASTATRIX, SUR LES DIVERS SYSTÈMES DE PRÉSERVATION TROUVÉS JUSQU'A CE JOUR ET SUR LES MOYENS PRATIQUES DE RECONSTITUER A NOUVEAU LES VIGNES DÉTRUITES

Par M. Pierre Tochon

Président de la Société centrale d'agriculture de Chambéry.

Messieurs,

En nous rendant au Congrès des Sociétés savantes des deux Savoie, réuni à Annecy, notre première pensée a été de rechercher le but pratique que nous pourrions donner à notre séjour dans cette agréable cité, où nous comptons bon nombre de connaissances et d'amis.

Nous nous sommes demandé si nous ne servirions pas les intérêts de l'agriculture en réunissant les agriculteurs et les vignerons de ce riche pays, pour leur communiquer le résultat de nos études, de nos voyages et de notre vieille expérience.

Les organisateurs du Congrès à qui nous avons communiqué notre projet, ont été d'avis qu'une con

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Italie et Suisse. 7

Payable d'avance.

On ne reçoit que des abonnements annuels.

Les communications de tout genre adressées à la Revue savoisienne doivent être affranchies.

férence sur le phylloxéra vastatrix serait le sujet qui répondrait le mieux aux préoccupations du moment.

C'est donc du phylloxéra que nous allons vous entretenir; mais afin d'élargir ce triste sujet, déjà connu de la plupart d'entre vous, et de lui donner un regain de nouveauté, nous négligerons les détails trop techniques qui auraient de la peine à se fixer dans votre mémoire, afin de vous faire mieux suivre les évolutions multipliées de cet insecte qui est en train d'enlever à la France et au continent européen så plus grande source de richesse.

Ce chemin raccourci nous permettra de vous initier aux divers systèmes de préservation mis en pratique jusqu'à ce jour et aussi de vous faire voir le sujet que nous traitons sous un jour moins triste, en vous indiquant qu'il existe un moyen assuré de reconstituer nos vignes à mesure que le phylloxéra fera périr les cépages qui les garnissent aujourd'hui.

LE PHYLLOXÉRA

Statistique des vignes détruites ou attaquées en France et en Savoie. En consultant les communications officielles de l'Etat, la France qui compte 2,400,000 hectares de vignes basses, en aurait perdu jusqu'à ce jour 373 mille 443 hectares, et 343,038 hectares sont attaqués et mourants. Ces 716,481 hectares, qui en forment le total, représentent près du tiers de toutes les vignes

cultivées sur notre territoire.

Le département de la Savoie qui, au mois d'octobre 1878, ne se croyait pas attaqué, compte aujourd'hui 63 taches, occupant une surface totale de 26 hectares, disséminées sur les communes de Montmélian, Arbin, Les Marches, Chignin, Saint-Jeoire, Curienne, Chalesles-Eaux, Drumettaz, Clarafond, Serrières, Coise, La Croix-de-la-Rochette, Yenne, Saint-Jean-de-Chevelu, Saint-Paul et Saint-Pierre-de-Curtille.

En suivant l'invasion sur la carte du département de la Savoie, on trouve que ce sont les vallées de l'Isère inférieure, du Gellon, de Chambéry, du Rhône et d'Aix-les-Bains, c'est-à-dire à peu près tout l'arrondissement de Chambéry, qui se trouve attaqué. On remarquera encore que ce sont les vignes les mieux exposées, donnant les meilleurs crus de la Savoie, qui, les premières, ont été envahies par le phylloxéra.

L'étendue de l'invasion, l'imminence du danger que courent les 11,000 hectares de vignes basses du dé

partement, ont appelé l'attention du gouvernement, et au moment où nous faisons cette conférence, l'Etat fait traiter, à ses frais, toutes les taches que nous venons de signaler, et toutes celles qui seront découvertes, dès ce jour, le seront dans les mêmes conditions.

Maintenant que nous vous avons fait connaitre l'étendue du mal, nous allons essayer de vous initier aux mœurs de l'insecte qui le cause.

LE PHYLLOXÉRA

Si nous demandons aux naturalistes qui s'en sont plus spécialement occupés, l'histoire naturelle de l'insecte, ils nous apprennent que le phylloxéra de la vigne n'est pas toujours identique à lui-même : on y rencontre des individus ayant des modes d'existence très différents.

Les uns vivent sur les racines on les nomme radicoles; les autres vivent sur les feuilles on les nomme gallicoles. Comme nombre, les premiers forment pour ainsi dire toute la race. On ne trouve pas de mâles parmi eux; tous sont des femelles, ou plutôt des agames, ce qui veut dire qu'ils n'ont pas de sexe. Tous pondent, et tous les œufs sont bons. L'œuf éclôt en sept ou huit jours; après quoi, en quinze ou dix-huit jours, l'insecte qui en est sorti, change trois fois de peau, fait trois mues, et pond à son tour. Cette reproduction agame dure, en général chez nous, du 15 avril à la fin d'octobre.

Les hibernants. - Aux premiers froids la ponte s'arrête non brusquement, mais peu à peu. Les pondeuses meurent et disparaissent les unes après les autres. La première mue semble être alors un passage critique que l'insecte ne franchit plus. Ceux qui sont au-delà, achèvent leur existence, sans doute fort abrégée. Ceux qui sont en deçà, s'engourdissent fixés à une racine, ne se développent plus, et ne reprennent qu'au printemps suivant le cours interrompu de leur évolution. Les oeufs achèvent d'éclore; on n'en trouve plus en hiver. Malgré ce temps d'arrêt annuel et fort long, comme il n'est pas rare de trouver sur les racines des pondeuses qui donnent une centaine d'œufs et davantage, on conçoit que la descendance de quelques individus puisse suffire à peupler en peu de temps toutes les racines d'un cep.

Dégénérescence spéciale. Une circonstance heureuse réduit notablement la multiplication du phylloxéra la vie purement agame amène une dégénérescence dans les organes de la génération, et la fille est toujours moins féconde que ne l'était la mère. Ce fait, résultat d'observations suivies avec un grand soin, résulte, du reste, d'un fait physiologique facile à vérifier les œufs se forment dans une petite poche, un ovaire, situé au fond d'un conduit qu'on nomme tube ovigère. Quand un œuf est à point, il se détache, descend le long du tube, et est finalement évacué. Certains individus ont jusqu'à 24 de ces tubes. Isolant les générations successives, on a reconnu qu'en passant de l'une à l'autre, le nombre de ces tubes allait en diminuant, jusqu'à se réduire à deux ou trois, et en même temps que le nombre d'oeufs fourni par chacun d'eux, allait aussi en diminuant.

S'il n'y avait pas autre chose que cette reproduc

tion agame, le phylloxéra arriverait ainsi en quelques années à une stérilité complète, et disparaîtrait de luimême; malheureusement il n'en est pas ainsi.

La nymphe; l'ailé. Certaines pondeuses, lorsqu'elles sont arrivées à ne plus donner qu'un très petit nombre d'œufs, ont des filles qui viennent autrement que les autres; elles s'allongent davantage, et ont à la taille une petite tache de chaque côté : ce sont les nymphes. Elles montent à la surface du sol, y changent de nouveau de peau, comme on change de vêtement, et, à la place des petites taches noires, se trouvent tout à coup avoir des ailes : les voilà devenues des ailés. L'aile est la nymphe adulte, comme la nymphe est l'aile enfant; c'est un seul et même insecte, et nous le verrons bientôt devenir le plus malfaisant de toute la famille.

Comme sa mère restée sur les racines, l'ailé est toujours une femelle, et pond sur les parties aériennes du cep, sous les feuilles, le plus souvent sous les écorces en exfoliation, trois ou quatre ceufs, toujours bons. Mais ces œufs, différents de ceux qui sont pondus sur les racines, diffèrent aussi entre eux : les uns, plus gros, donneront naissance à des femelles; les autres, plus petits, donneront naissance à des måles. Les enfants de l'ailé sont la seule génération où l'on rencontre le mâle et la femelle; ce sont les seuls qui aient un sexe on les nomme les sexués.

Les sexués. - Ces petits êtres ne mangent pas, n'ayant pas de suçoirs. Leur vie dure huit à dix jours. Ils vivent d'amour et de leur propre substance. Sa mission accomplie, le mâle meurt; la femelle pond un œuf unique, emplissant tout son corps, et meurt toujours à côté. Cette fois, l'oeuf n'est bon que si la femelle a été fécondée par le mâle.

L'oeuf d'hiver. Cet œuf, ordinairement déposé sous les écorces du cep, a été trouvé dernièrement sous une petite motte de terre; on est fondé à croire qu'au lieu d'éclore en sept ou huit jours, comme il arrive pour tous les autres, il n'éclôt qu'au printemps suivant, vers le 15 avril, quel que soit le moment où il ait été pondu.

Les gallicoles. -La petite larve qui sort de l'œuf d'hiver, pondu par les sexués, a une fécondité beaucoup plus considérable que ses ascendants. La rencontre du måle et de la femelle a suffi pour rendre à une race près de s'éteindre toute sa merveilleuse fécondité. Puis, au lieu de vivre sur les racines, la fille des sexués vit sur les feuilles. Ses filles, ses petitesfilles, feront comme elle; toutes y forment parfois des galles sous les feuilles : d'où leur nom. Tous leurs descendants retourneront aux racines.

En résumé, la sortie des nymphes est successive du 15 juillet au 30 septembre. Les ailés et les sexués se montrent jusqu'à la mi-octobre; après quoi il n'existe plus jusqu'au 15 avril que l'œuf d'hiver; les trois mois qui suivent avril, sont occupés par deux ou trois générations de gallicoles conduisant aux individus qui retournent successivement aux racines.

Il est à remarquer que la nymphe de l'aile ne revient jamais dans les premières générations qui suivent l'œuf d'hiver. C'est après un très grand nombre de générations de radicoles qu'elle reparaît.

D'après M. de Lafitte, entre les ailés d'une année

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Dès ce moment le vignoble est perdu; ces insectes placés sous terre, à l'abri de tout danger, puisque l'on ne présume pas leur présence, ne s'occuperont plus que de la multiplication de leur famille et de Îa destruction de la vigne.

il faut la placer sous l'eau en octobre ou novembre pendant 45 à 50 jours. Les vignes des plaines, traversées par des canaux ou d'autres cours d'eau, peuvent seules utiliser cet insecticide. L'eau, dans ces conditions, tue la plus grande partie des insectes; ceux qui résistent à son action, ne sont pas assez nombreux pour préjudicier à la récolte; mais ils rendent nécessaire une immersion nouvelle.

Dans les terrains forts, le sol n'est pas délavé par l'eau; mais dans ceux à sous-sol perméable, l'engrais est entraîné dans les couches inférieures, et la vigne dépérirait si on ne lui donnait annuellement une fumure.

L'immersion occasionne des frais assez considérables pour préparer l'application de cet insecticide, mais il donne dans le midi des résultats assurés.

En Savoie, nous n'avons pas de vignes susceptibles d'être immergées; du reste, nous ne pensons pas que, sous notre climat, la vigne puisse supporter ce traitement l'humidité et le gel auraient bientôt entièrement détruit la vigne.

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suite dans la couche supérieure pour y atteindre les insectes qui s'y trouvent.

Le sulfure de carbone. Le sulfure de carbone est un gaz qui, injecté à une certaine profondeur du sol, descend de lui-même à une profondeur plus conAge d'une tache. - Il est bien difficile de déter-sidérable que celle où il a été injecté; il s'élève enminer avec précision l'àge d'une tache que l'on vient de découvrir; il faut, en effet, tenir compte de la nature du sol, de sa fécondité, de l'âge de la vigne, des variétés des cépages, des fumures et des soins de culture que l'on a donnés à la vigne. Ce sont, en effet, autant de causes qui accélèrent, ou retardent le dépérissement ou la mort des ceps attaqués.

Quoi qu'il en soit, après qu'une colonie préparée par l'aile est arrivée sur les racines, elle y étend peu à peu son domaine. Les racines d'un pied attaqué viennent se mêler aux racines des pieds voisins, et les insectes passent facilement des uns aux autres. En été, de véritables légions remontent le long des racines, et aussi par les crevasses du sol, viennent s'y répandre à la surface, et contribuent à agrandir les foyers primitifs. Cette émigration a lieu surtout lorsqu'un pied très affaibli n'offre plus à ses hôtes

une nourriture suffisante.

Le sulfure de carbone tue l'insecte partout où il se trouve en contact avec lui; à une dose modérée, il suspend momentanément la circulation de la sève sans tuer la vigne.

C'est au moyen du pal, inventé par M. Gustine, délégué de l'Etat dans notre région, que l'on injecte le sulfure de carbone à des doses qui varient selon le but que l'on se propose entre 25 et 150 grammes par mètre carré.

Il y a trois espèces de traitement :

1o Le traitement à haute dose ou d'extinction, destiné à tuer l'insecte et au besoin la vigne ellemême; c'est celui que l'on doit appliquer aux taches récentes, en pays indemnes, loin des grands centres d'invasion; les doses employées dans ce traitement peuvent varier de 70 à 150 grammes par mètre carré.

Après deux ans, les ailés apparaissent; une partie des essaims qui en résultent, reste à peu de distance du foyer primitif; le plus grand nombre se ré-grammes, en un seul traitement réitéré ou non cinq pand aux environs pour fonder de nouvelles colonies. C'est par ces essaimages, continués d'année en année, que les taches, d'abord éloignées, se rapprochent de plus en plus, jusqu'au moment où il ne restera pas un seul cep sain dans la vigne attaquée.

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2o Le traitement cultural à faible dose, 20 à 25 ou six jours après, destiné à diminuer autant que possible la multiplication de l'insecte, tout en ménades récoltes; il s'applique dans les régions entièregeant la végétation de la vigne en vue d'en obtenir ment phylloxérées.

3o Le traitement mixte ou cultural maxima de 40 à 60 grammes, appliqué en deux traitements réitérés; il s'administre lorsque l'ennemi est proche, que les taches sont nombreuses et trop anciennes, pour qu'on ait l'espoir d'arriver à l'extinction. Il a pour but de combattre le mal, sans tuer la vigne que l'on ne doit pas sacrifier, la préservation des vignobles voisins étant devenue impossible.

C'est ce genre de traitement que l'on a adopté pour la plupart des vignes de la Savoie, où il a été appliqué avec des doses variant entre 48 et 72 grammes, en deux opérations, à cinq ou six jours d'intervalle.

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