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les travaux du chalet « vaccam sterilem pro ipsorum cherragio et provisione domus. »

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1495, janvier 30. Dom Pierre de Bolo, prieur, alberge la montagne d'Agnes à des hommes du GrandBornand, pour 240 florins d'or p. p. d'introge, et la cense annuelle de 130 florins p. p. et d'un jour d'auciège, à payer à la saint Théodule (1).

La plupart de ces concessions d'Alpes étaient perpétuelles.

« Levator ipsius aucheagii nomine dicte domus Reposatorii in dicto monte anno quolibet infra dictam cameram intrare possit et debeat cum candelis et dignum fructum mutare, revertere et palpare, faciendo fenestras et spacia interfructum ipsum unam vel plures, ut fructus possit per ipsum levatorem clare et aperte videri teneri et palpari, et ad ejus libitum de melioribus et grossioribus ipsorum fructuum peciis levari usque ad summam dictorum La redevance annuelle, on vient de le voir, consis- duodecim dierum aucheagii cum benedictione astait principalement dans l'obligation de livrer à la sueta, faciendo sicut in aliis montibus solitum est Chartreuse une partie des produits fabriqués avec le | fieri. » lait des troupeaux nourris sur l'alpe albergée. Ces produits, appelés, dans les chartes, fructus, devaient être les fromages; ils étaient dûs pour un jour ou pour plusieurs jours. Car, vraisemblablement, à cette époque ancienne, les albergataires de ces pâturages, réunis au nombre de plusieurs particuliers pour une seule et même montagne, manipulaient le lait en commun, suivant le mode d'association connu, aujourd'hui, sous le nom de Fruitière.

C'était donc une rente payée en nature, et cette rente dérivait d'une coutume dont l'ancienneté est constatée par les titres précités. On l'appelait du nom obscur d'auchegium, auchiagium. Le sens littéral de ce mot, traduit ensuite en français par auchéage, ochéage, auciege, haut ciege, aussiège, n'est pas facile à déterminer. Il remonte, peut-être, sux Burgundes. Le droit d'auciège, qui de la coutume a passé dans les baux emphy téotiques rédigés par écrit, était d'un usage fréquent dans les montagnes du Faucigny. Au val du Giffre, il existait, pour l'alpe d'Erlionaz, en 1436; pour l'alpe de Rontine, en 1459; pour les grandes montagnes de Samoëns, en 1462 et en 1589; pour l'alpe de Gers, en 1476.

Nous n'avons pu vérifier, faute de documents, si cette espèce de redevance était aussi usitée dans les contrées voisines, et ailleurs.

Les albergements sus-énoncés, de 1372 et de 1433, donnent quelques détails sur le mode de perception de l'auciège, dans les alpes du Reposoir. A la fin de septembre, ou dans les premiers jours d'octobre, les envoyés ou valets du couvent se rendaient aux chalets. Là, ils étaient reçus par les débiteurs de la rente. A l'aide d'une lumière fournie par ceux-ci, ils entraient dans la chambre des fromages, les examinaient, les tournaient, y faisaient des trous pour s'assurer de la bonne qualité, et ils en emportaient autant de pièces que l'albergataire avait pu en fabriquer pendant le nombre de jours désignés au contrat.

Aux chalets de Cheranta, desservant, alors, les alpes de Brion et de Méry, les percepteurs ne pouvaient pas, pour l'auciège de deux jours et demi, entrer dans la chambre aux fromages, ni les palper: ils restaient sur le seuil d'où ils indiquaient, avec une baguette, les pièces qu'ils voulaient prendre : « Videlicet fructum duorum primorum dierum cum dimidio tenendo et levando per nuncios seu familiares dicti conventus unum pedem infra dictas cabanas et alium pedem extra ipsas cabanas et tunc ostendendo cum uno baculo quem fructum dicti nunciï accipere velint... »

Aux chalets d'Aufferant, on procédait ainsi : (1) Titres aux arch, municip. de Scionzier.

« Si les Religieux ou ceux qu'il commettront pour lever ledit hautciége ne voulaient se contenter dudit fromage ils pourront profiter du lait des vaches et chèvres qui seront en la dite montagne pendant autant de jours et en disposer à leur volonté, et, en ce cas, les dits communiers seront obligés de fournir à l'armallier des Religeux tout le sel qu'il faudra pour saler tout le fruict qu'il fera avec le dit lait, ainsi que de coutume (1). »

L'alpe d'Aufferant, située comme son non l'indique, dans les sommités, aux confins du Genevois et du Faucigny, contenait 80 vaches à lait « bonnes et capables. » Le contrat de 1433 renferme en outre certaines clauses, comme la prohibition à chacun des coutumiers « de vendre sa part à une personne ecclésiastique, noble, clerc, curial ni bourgeois, » et la disposition par laquelle le Rd père prieur, et les religieux étaient constitués juges sommaires des différents qui s'élèveraient entre les co-albergataires. Mais l'étude de chacune d'elles nous entraînerait trop loin, aux dépens de l'auciège. H. TAVERNIER.

FONDATION DU PRIEURE DE CHAMONIX.

Le prieuré de Chamonix a été fondé en faveur de Saint-Michel de la Clusa en Piémont, par le comte de Genevois, Aymon, qui régna de 1080 à 1128. Cet acte ne porte d'autre date que celle-ci: feria VII luna xxvII, Urbano papa regnante. Comme il s'agit évidemment du pape Urbain II, qui a régné du 12 mars 1088 au 29 juillet 1099, c'est dans cet espace de temps qu'il faut chercher la coïncidence du 27 jour de la lune avec le samedi. La note de M. Bonnefoy sur le travail de M. Montagnoux, publiée dans la Revue de 1877, page 103, donne pour première coïncidence le 20 mai 1088. Or, le premier jour de la lune avait été le 26 avril précédent, le 27e jour tombait au 22 mai, lundi. La conclusion de l'auteur est donc erronée. Il est possible qu'on n'ait pas calculé, outre les 12 heures qui font l'alternance des mois lunaires de 29 et 30 jours, les 44 minutes, 3 secondes, 10,48 dont l'addition forme plus de 8 heures par an et à la longue un jour à intercaler dans un mois appelé pour cela embolismique; ce qui se rencontre aux épactes XI. XII. XIV.XV.XVII.XVIII. Cette addition est en sus de celle des années bissextiles.

L'étude que j'en ai faite est basée sur les Tables chronologiques et le Calendrier des épactes et des nouvelles lunes, par Ducange, sur le tableau des nouvelles lunes dans l'ancienne édition de l'Art de véri

(1) Titre du 2 juillet 1661.

fier les dates, et le Calendrier lunaire de la dernière édition. Or voici le résultat. Le 27° jour de la lune s'est rencontré un samedi le 6 octobre 1089, le 2 mars, le 29 juin et le 23 novembre 1090, le 16 août 1091, le 10 janvier et le 8 mai 1092, le 29 janvier et le 22 octobre 1093, le 18 mars et le 9 décembre 1094, le 5 mai 1095, le 26 janvier et le 24 mai 1096, le 14 février et le 11 juillet 1097, le 3 avril, le 28 août et le 25 décembre 1098, le 21 mai 1099- soit 20 fois. Il n'y a pas de raison de fixer son choix sur l'une de ces dates plutôt que sur une autre avant de rencontrer un document plus explicatif. Tout au plus pourrait-on écarter les coïncidences du 29 juin 1090 et du 25 décembre 1098, à cause des fêtes solennelles de ces jours.

Celle du 8 mai 1092 ne serait pas à négliger, à cause du souvenir de l'apparition de Saint-Michel, bien que sa fête principale ne se célébrât qu'au 29 septembre. Car il devint le patron du prieuré et donna son nom au château féodal qui fermait l'entrée de cette vallée. L'usage s'est maintenu de dater d'un jour de fète les actes qui se rapportent au saint qui en fait l'objet. Mais c'est une simple conjecture. C.-A. DUCIS.

CHRONIQUE MUSICALE

Paris, le 20 janvier 1879.

On s'occupe beaucoup de musique et de théâtres à la Chambre des députés. L'année dernière on n'a réussi qu'à faire un Théâtre lyrique dans des conditions impossibles; cette année-ci sera-t-on plus heureux? Jusqu'à présent nous pouvons craindre le contraire. M. Bardoux a dit avec raison, dans sa lettre au Conseil municipal de Paris, qu'il faut persister dans les tentatives d'organiser le Théâtre lyrique dans des conditions durables jusqu'à ce qu'on ait réussi. Malheureusement, en terminant sa lettre, M. Bardoux a confondu la question du Théâtre lyrique avec celle d'un chimérique Opéra populaire. Or, le Conseil municipal de Paris qui devrait contribuer à la subvention des théâtres, comme cela se fait dans les villes de province, a toujours fait la sourde oreille sur ce sujet. Saisissant le prétexte que lui fournissait M. Bardoux, il a demandé un Opéra populaire dans des conditions telles que sa réponse avait tout l'air d'une fin de non recevoir et qu'on a cru inutile de discuter des propositions dérisoires.

La commission des théâtres a, de son côté, des projets assez bizarres; pour le Théâtre lyrique il parait y avoir de l'antagonisme entre elle et M. Bardoux; mais comme il est possible qu'au moment où ma chronique paraîtra, la discussion en séance publique de la Chambre ait amené une solution, je ne m'arrêterai pas plus longtemps sur ce sujet.

Quant à l'Opéra, nous ne savons pas encore si le privilége de M. Halanzier, qui expire fin octobre prochain, sera continué. Le mieux serait de le renouveler, mais d'être plus sévère qu'on ne l'a été jusqu'à présent sur l'exécution du cahier des charges. Quels que soient les reproches qu'on puisse faire à M. Halanzier, je ne vois pas que ceux qui prétendent le remplacer offrent des garanties meilleures, au contraire. Nous n'avons surtout pas assez oublié la gestion de M. Perrin pour désirer qu'il quitte la Comédie française et rentre à l'Opéra.

Nous avons eu dans les derniers mois deux opéras nouveaux, dont l'un a réussi à demi et l'autre n'a pas réussi du tout. Si Polyeucte, au lieu d'ètre de Gounod, avait été de M. Joncières, aurait-il eu un sort beaucoup plus brillant que la Reine Berthe? Jusqu'à présent aucun des ouvrages de M. Gounod donnés primitivement à l'Opéra, n'est resté au répertoire, ni Sapho, ni la Nonne sanglante, ni la Reine de Saba; je ne crois pas que Polyeucte soit plus heureux quoique l'on continue à le donner. La nouvelle tentative de M. Gounod était curieuse au point de vue esthétique; mais on pouvait d'avance douter de sa pleine réussite. MM. J. Barbier et Carré ont assez habilement arrangé le sujet emprunté à Corneille; ils n'ont pu en changer le fond peu musical; ils ont même dû terminer la pièce à la façon des opéras de Donizetti.

On comprend le fanatisme d'un Polyeucte à une époque comme celle des persécutions romaines; mais les idées dogmatiques, vraies ou fausses, y ont trop de part pour que ce fanatisme soit du domaine des sentiments simples et naturels, auxquels peut convenir l'expression musicale. C'est une aberration de l'intelligence plutôt qu'une exaltation d'un sentiment essentiel de la nature humaine. Que l'on partage mon avis ou non, il est certain que chaque fois qu'un compositeur a voulu rendre une extase religieuse ou autre, il a échoué parce qu'il ne pouvait se servir d'autres moyens que ceux par lesquels il rendait des sentiments nullement extatiques. L'air de la vision de Marcel au cinquième acte des Huguenots est un des morceaux les plus faibles de cet opéra. Les deux derniers actes de Polyeucte sont particulièrement curieux sous ce rapport; le futur martyr chante comme tout autre ténor d'opéra n'ayant pas la moindre envie de se faire dévorer par des bêtes fauves. En général les païens ne chantent pas autrement que les chrétiens. Ajoutons que le métier a trop de part dans la musique; M. Gounod affectionne certains moyens dont il se sert assez fréquemment au lieu de chercher une inspiration vivante et originale. Cependant on ne peut pas dire de Polyeucte comme de Cinq-Mars, que l'auteur y a consacré trop peu de temps; au contraire il a dù écrire Polyeucte avec toute la prédilection qu'on lui attribue pour les sujets religieux. Il en est résulté une partition contenant de bons morceaux, mais trop inégale pour prendre rang à côté de Faust.

Avant de porter Dimitri au Théâtre lyrique, M. Joncières l'avait présenté à l'Opéra. M. Halanzier n'osant pas courir les risques d'un ouvrage en cinq actes et ne voulant pas non plus répondre par un refus absolu, proposa à M. Joncières d'écrire la musique d'un opéra en deux actes; c'est sans doute M. Halanzier qui a choisi le poëme. Pour rendre la légende de la reine Berthe « au grand pied » intéressante au théȧtre, il faudrait la traiter tout autrement que n'a fait M. Barbier. Le premier soir la pièce parut peu intelligible; les personnages n'inspiraient guère d'intérêt; la scène finale prêtait au rire; la partition contenait des longueurs et surtout trop de récitatifs; il y régnait une teinte grise qui ne laissait en relief q petit nombre de morceaux. Il est possible aussi ue si le rôle de Berthe avait été dit par une chanteuse dramatique, à laquelle il eût mieux convenu qu'à Mile Daram, et si le rôle du roi n'avait pas été confié à un

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écolier assez maladroit tel que Vergnet, l'effet eût été meilleur. Après la première représentation l'on a fait des coupures considérables; mais la mauvaise impression était produite; l'ouvrage excite en définitive peu d'intérêt. La partition de M. Joncières contient quelques bons morceaux; c'est la seconde fois déjà qu'il lutte vainement contre un mauvais poëme; celui du Dernier jour de Pompéi ne valait pas mieux que celui de la Reine Berthe.

Le nouvel ouvrage de M. Joncières sert de lever de rideau à Yedda, ballet-pantomime sur une légende japonaise ayant des ressemblances avec des légendes européennes et que MM. Gills et Mortier ont arrangé habilement. Les danses et la mise en scène sont brillantes et dignes de l'Opéra ; on n'en peut dire autant de la musique. M. Métra doit sa réputation à la valse des Roses; il a écrit beaucoup d'autres valses et toute sorte de musique de danse; il en a même écrit pour des ballets aux Folies-Bergères. A l'Opéra il aurait dù se contenter d'être chef d'orchestre aux bals masqués.

opéras comiques; il suffirait d'atténuer quelques scènes bouffonnes, ou de simplifier l'action quand elle est trop compliquée; je ne parle bien entendu que des œuvres qui ont quelque valeur musicale. Quant aux partitions, elles doivent se renfermer dans des formes assez simples, d'abord parce qu'elles sont écrites pour des acteurs qui rarement ont fait des études spéciales et sérieuses de chant, ensuite parce que les pièces elles-mêmes s'accommodent mieux d'une musique simple que de développements qui ralentiraient trop l'action. On peut dire que dans l'opérette la musique est écrite pour la pièce, tandis que dans les opéras comiques, aujourd'hui du moins, la pièce est écrite, à certains égards, pour la musique. Une autre différence, c'est que l'opéra comique peut se rapprocher plus ou moins du grand opéra ou du mélodrame; l'opérette doit s'en abstenir.

au Petit-Duc. Les Folies-Dramatiques, de leur côté, viennent de donner Madame Favart, musique de M. Offenbach, après avoir épuisé le succès des Cloches de Corneville, succès qui avait pris des proportions inattendues et presque incroyables. La Camargo et Madame Favart rivalisent, sans se nuire réciproquement; le public va de l'une à l'autre, selon le goût de chacun. Il faut dire aussi que les ouvrages de ce genre sont, toute proportion gardée, mieux exécutés que ne le sont souvent les œuvres jouées au théâtre de l'Opéra-Comique.

De la transformation dont je viens de parler, dans. l'opérette, il est résulté que les ouvrages de ce genre portent maintenant le titre d'opéras comiques, pour les distinguer des bouffonneries ou d'autres pièces où L'Opéra-Comique aussi a eu sa mésaventure: les la musique a moins de part et se réduit presque uniNoces de Fernande, en trois actes, n'ont pas réussi, quement aux chansons et aux couplets. Le théâtre de par la faute de la pièce et davantage encore par celle la Renaissance est le plus heureux et son composide la musique. M. Sardou semble croire qu'un opérateur préféré est M. Lecocq. La Camargo a succédé comique a d'autant plus de chances de succès qu'il offre plus de variété; en d'autres mots, que la pièce doit être un mélange de comique, de bouffonnerie et de mélodrame. M. Deffès a écrit quelques opéras agréables; sa musique a de l'analogie avec celle de Grisar, sans en avoir toutes les qualités; aujourd'hui elle paraît fade et arriérée. C'est ce qu'on pourrait appeler le vieux jus. M. Paladilhe a été plus avisé; si j'ai un reproche à lui faire c'est de n'avoir pas assez franchement renoncé aux formes irrationnelles et usées. Il peut alléguer pour excuse les attaques que lui ont valu très indùment les Passants et l'Amour africain; ces deux petits ouvrages sont peu restés au théâtre, parce que les poëmes n'étaient pas viables; ce n'étaient même pas des poëmes d'opéras. Celui de Suzanne est bien un libretto d'opéra comique, dont l'action est simple, mais suffisamment amusante, pour qu'à l'aide de la musique l'ouvrage ait réussi. On ne contestera pas désormais à M. Paladilhe, ni le talent scénique, ni l'invention mélodique, ni la finesse et le charme de sa musique, quand elle a des qualités personnelles. Sous ce rapport le premier acte de Suzanne est incontestablement le meilleur.

La situation du Théâtre lyrique était tellement insoutenable que M. Escudier a donné sa démission au milieu du mois de septembre. Comme les Amants de Vérone étaient en répétition et que Capoul tenait à y jouer le rôle de Roméo, il a pris la direction du théâtre pour mener à bonne fin l'opéra de M. le marquis d'Ivry. Au bout de deux mois de représentation de cet ouvrage, le théâtre a fait sa clôture définitive. Quant à la partition des Amants de Vérone, c'est une œuvre fort estimable d'amateur, mais qui ne pouvait longtemps faire concurrence à Roméo et Juliette de M. Gounod, quoique cet opéra ne soit pas précisé ment un chef-d'œuvre.

L'opérette continue à fleurir; elle doit son succès à ce qu'elle s'est rapprochée le plus possible de l'opéra comique. Les pièces sont presque celles de véritables

Les Bouffes-Parisiens qui furent le berceau de l'opérette continuent à chercher une pièce à grand succès. Le Pont d'Avignon n'ayant pu durer beaucoup, on a repris la Grande duchesse de Gérolstein, empruntée, comme on sait, au théâtre des Variétés. Puis on a donné la Marocaine, opéra bouffe, avec musique de M. Offenbach. C'est encore ce qu'on peut appeler le vieux jus, quoiqu'au théâtre du passage Choiseul ce ne soit pas le même qu'à l'Opéra-Comique. Ni M. P. Ferrier ni M. Offenbach ne se sont mis en grands frais d'invention; je doute que la Marocaine vive plus que le temps nécessaire de la remplacer par une pièce nouvelle.

Les concerts du Trocadéro ont appelé l'attention sur la musique russe; cette musique cependant ne semble fournir d'autres contingents aux concerts Pasdeloup et Colonna que des ouvertures descriptives, imitations plus ou moins heureuses de la musique de Berlioz, mais avec moins de poésie et d'originalité. Le public d'ailleurs n'y prend pas trop de goût. Les virtuoses pianistes ou violonistes continuent à tenir trop de place aux concerts Pasdeloup. Les concerts du théâtre du Châtelet ont eu le privilège de faire entendre les deux œuvres couronnées au concours ouvert par la ville de Paris. Les tendances très différentes des œuvres expliquent pourquoi le jury n'a pu se mettre d'accord pour donner la préférence à l'une sur l'autre. La partition du Paradis perdu est écrite sagement,

mais un peu froidement; le sujet emprunté au poëme de Milton était au-dessus des forces de M. Dubois, sans compter que l'auteur des paroles l'a délayé d'une manière peu favorable à la composition musicale. M. Godard au contraire se pose en zélé imitateur de Berlioz, mais en imitateur de moyens matériels, d'effets descriptifs, au détriment de la couleur poétique et de l'expression de la mélodie vocale. Ce sont là des défauts graves; malgré le succès bruyant qu'on a fait à M. Godard, je préfère à son Tasse, un ouvrage qui a eu aux concerts Pasdeloup un accueil plus modeste: c'est Judith, de M. Ch. Lefebvre, œuvre de talent, écrite dans des tendances sérieuses, plus pures et plus élevées que celles de la musique descriptive.

Il est incontestable que cette musique est tant cultivée par les jeunes compositeurs, parce que les procédés matériels, d'une usage facile, donnent aisément le change sur la pauvreté des idées et l'absence d'originalité.

Deux mots seulement sur les festivals de l'Hippodrome: grâce au bruit qu'on en a fait dans les journaux ces concerts attirent la foule; la curiosité de voir les compositeurs eux-mêmes diriger l'exécution de leurs œuvres entre pour beaucoup dans cet empressement: mais le triste rôle joué au premier concert par l'andante de la symphonie en la de Beethoven suffirait à montrer qu'il ne faut pas exagérer la valeur musicale de ces festivals dont le nombre ne pourra d'ailleurs être que très limité, dans l'intérêt mème de

leur succès.

JOHANNES WEBER.

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RELATIONS TÉLÉGRAPHIQUES DE LA FRANCE
AVEC L'ALGÉRIE.

Je vois par vos bulletins que la Revue savoisienne prend toujours intérêt aux progrès de notre colonie. Eh bien, entretenez vos lecteurs du nombre des télégrammes expédiés entre nos contrées et la métropole en 1877. Ils verront que le service de la télégraphie se développe de plus en plus dans notre nouvelle France, et que depuis six ans le total des dépêches transmises dans les deux sens a presque triplé.

Le nombre des bureaux télégraphiques en Algérie s'élevait, au 31 décembre 1877, à 126. Il y a dix ans

à peine, on n'y comptait qu'une soixantaine de bureaux, qui expédiaient 298,171 dépêches.

En 1877 le nombre des dépêches privées expédiées par les 126 bureaux de l'Algérie (lignes de terre) s'est élevé à 650,440, savoir: à destination de l'Algérie, 547,143; de la Tunisie, 41,906; de la France, 50,512; de l'étranger, 10,879.

Le total des dépêches de 1877 dépasse de 23,850 celui des dépêches expédiées l'année précédente, et la recette nette a été de 827,453 fr.

Quant aux télégrammes privés transmis en 1877, par le cable d'Alger à Marseille, leur nombre s'élève à 51,301 et ceux reçus à 52,768.

Les 126 stations de l'Algérie sont réparties de la manière suivante: 48 dans la province d'Alger, 29 dans celle d'Oran, 37 dans celle de Constantine et 12 en Tunisie. A. PAPIER.

SOCIÉTÉ FLORIMONTANE

SÉANCE DU 30 JANVIER 1879

PRÉSIDENCE DE M. C. DUNANT, PRÉSIDENT

M. LE PRÉSIDENT invite la réunion à fixer l'époque du prochain congrès des Sociétés savantes savoisiennes. Le concours international d'orphéons et de musiques d'harmonie ayant lieu le 10 août, il est décidé que le congrès s'ouvrira le lundi 18 août, et que le banquet aura lieu le lendemain ou le surlendemain, sous les ombrages de l'antique abbaye de Talloires.

M. LE PRÉSIDENT communique une circulaire de la Société des sciences industrielles de Lyon, annonçant le décès de son vice-président, M. Alphonse Duvergier. Un candidat au titre de membre effectif est présenté. Son admission est inscrite à l'ordre du jour de la prochaine séance.

M. le docteur GROSS, de Neuveville, membre correspondant, fait hommage du magnifique album photographique exécuté sous sa direction: sur 12 planches in-folio, accompagnées d'un texte, sont représentés en demi-grandeur 400 objets recueillis dans les stations lacustres de Morigen et d'Auvernier. Les trouvailles faites dans les palafittes du Jura bernois offrent une ressemblance frappante avec les bronzes du lac du Bourget; la réunion témoigne avec empressement ses remerciements au donateur de ces précieux éléments de comparaison.

M. MANGÉ, auteur du plan général d'Annecy dressé en 1878 au 6,000, fait hommage de ce travail. La gravure a été exécutée par M. Erhard.

M. Ducis rappelle que la réforme du calendrier par Grégoire XIII fut mise en pratique à Annecy dès le jour même, ainsi qu'il conste par le minutaire de Gabriel Bouvard et les registres consulaires d'Annecy de 1582.

LE MÊME donne, en contradiction d'une note publiée dans la Revue de 1877, page 103, la liste des concordances du 27 jour de la lune avec le samedi, entre 1088 et 1099, pour fixer la date de la fondation du prieuré de Chamonix.

Ces deux communications paraîtront dans la Revue. M. DUCIS fait connaître le mode de transmission des protocoles et minutes des notaires, en résumant ce qui s'était passé en 1583 pour ceux de Jean Breysaz,

mort notaire au Villars de Beaufort, lesquels furent d'abord inventoriés par le châtelain, d'ordre du duc de Genevois, puis mis aux enchères à Beaufort trois dimanches consécutifs et deux jours de marchés, et enfin misés et adjugés par-devant la Chambre des Comptes du Genevois à Annecy, pour 40 écus d'or au soleil, aux deux fils du notaire défunt, à condition de n'être jamais déplacés du mandement de Beaufort pour l'utilité publique.

LE MÊME cite une note de Gabriel Bouvard, d'après laquelle les offices de notaires et secrétaires subissaient une suspense à la mort de chaque prince. « Mort de << Jaques de Savoye nostre duc en Genevoys et vive << Charles-Emmanuel de Savoye son fils nostre duc au «dit Genevoys avec heureuse augmentation d'Estats <«< comme fortune et longue vie. »

On sait que Jacques est mort à la Cassine de Châtillon près Turin le 18 juin 1585 (Revue, 1873, page 27). Puis après quelques actes on lit ceci :

« Le mardi premier jour d'octobre 1585 fut publie «Anessy à son de trompe la reformation des notayres «<et segretayres par le décès de feu monseigneur << Jaques de Savoye avec defense que passes quinze jours << apres nayant eu reception ne user de leurs estats <<< sans avoir prins confirmation. >>

<< Confirmé par lettre de monseigneur Charles-Em<< manuel de Savoye donnés au Lingot le IIII septem«<bre 1585 signée ainsy Charles-Emmanuel scellée et «< contresignée Pellot verifiées et enregistrées en la «Chambre des Comptes de Genevoys seant Annessy «<scellées et signées Nycollin le 29 doctobre an predit « 1585- Enregistrées en la ditte Chambre fol. LXI. » LE MÊME donne une nomenclature des accidents climatériques arrivés dans les XVIe et XVIIe siècles, extraite des registres de Beaufort et d'Annecy.

M. DUCIS a constaté à Saint-Jorioz une famille Alamand, possédant des fiefs nobles et alliée à celle de Duingt. Comme le nom de cette localité s'écrivait indifféremment Saint-Joyre, Saint-Jores, Saint-Joroz, et en latin de Sancto Georio, de Sancto Jorio, il pense qu'on a confondu avec Saint-Jeoire en Faucigny, et qu'il est bien plus naturel de voir à Saint-Jorioz en Genevois le berceau de la famille Alamand qui a produit les personnages suivants: Thomas, fondateur de l'hôpital de Talloires, en 1329, 1340; Aymon, également abbé de Talloires, en 1352; Ennemond, curé des Ollières, puis doyen d'Annecy, 1352; Guigonne et Prisque, abbesses de Sainte-Catherine, 1341 et 1365; et peut-être encore Aynarde, Hesynarda de Sancto Jorio, 1425, 1456.

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Une autre carte, en relief, représente les permutations de l's française qui, suivant les localités, se change tantôt en ch, tantôt en f, tantôt en c'h breton; dans une commune, s devient ts.

Enfin, une 3 carte représente les modifications de certaines voyelles. Ce dernier travail est encore incomplet; lorsqu'il sera terminé, M. Constantin le fera paraître dans la Revue.

M. REVON expose cinq études de fleurs à l'aquarelle signées de feu M. Félix Rassat, acquises par le musée, et un tableau de fleurs du même auteur, donné par Mme Marie Rassat. Cette charmante composition représente un groupe d'églantines et de roses doubles.

Né à Annecy, le 30 août 1820, Félix Rassat étudia la peinture à Turin, puis à Paris, où il suivit les leçons de Redouté. Il obtint une mention honorable à Paris, deux médailles d'argent à Nice en 1863 et 1865, une médaille de vermeil en Savoie, et une médaille d'argent à Florence, en 1874, à l'exposition qui s'ouvrit après son décès. Chargé par le gouvernement italien de reproduire à l'aquarelle toutes les variétés de raisins de I'Italie, il avait quitté Marseille, où il comptait de nombreux élèves, et s'était fixé à Florence; il mourut le 25 mai 1873. Le Secrétaire, L. REVON.

DONS ET ÉCHANGES

Th. Dufour, Notice bibliographique sur les livres imprimés à Genève de 1533 à 1540. auteur. A Favre, Sur une défense d'éléphant trouvée près de Genève, auteur. — Justin Bellanger, Entre deux spectacles, esquisses théâtrales, auteur. — Dian de la Jeanna, Le long de l'an, sansons, rime et fianfiourne, auteur. — F. Genin, Destruction du phylloxera, auteur. - OEuvre du vénérable de la Salle, don E. Tissot. Journal de Saint-Pétersbourg, 7 numéros contenant les traités de San Stefano et de Berlin, don A. Constantin. Almanach de la Suisse romande, don Institut genevois. Ménabréa, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, 1 vol., achat.

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Mémoires de la Société d'histoire de Beaune.
Annales de la Société botanique de Lyon.

Bulletins de la Société royale de botanique de Belgique; de la Société d'émulation de la Seine-Inférieure, et Catalogue du musée industriel de Rouen; de la Société archéologique du midi de la France; de la Société des antiquaires de Picardie; de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne; de la Société des antiquaires de l'Ouest; de l'arrondissement de Douai; de la Société industrielle et agricole d'Angers; de la Société d'agriculture de Poligny; de la Société de géographie de Paris; de la Société linnéenne de la Charente-Inférieure; de la Société d'horticulture de la Côte-d'Or ; de la Société d'archéologie de la Drôme; de la Société Vaudoise des sciences naturelles; de l'Association scientifique de France; de l'Académie delphinale; de la Société d'études d'Avallon; de la Société d'agriculture de la Savoie.

M. CONSTANTIN expose des cartes géographiques de nos deux départements, sur lesquelles les différences de prononciation du patois savoyard sont indiquées par des couleurs. Pour se mettre à la portée du plus grand nombre il a pris le français pour point de comparaison. Ainsi, sur une des cartes il a représenté les différents changements que subissent en patois les let-Ferrand; Répertoire des travaux de la Société de statistique de

tres françaises ch et j, ge, gi. Il n'en compte pas moins de sept. En effet ces lettres deviennent tour à tour, suivant les localités :

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Revue des Sociétés savantes; bibliographique; de la poésie; du Lyonnais; archéologique; de la Société littéraire de l'Ain. Société des sciences et arts de Vitry-le-François; Journal des teur; Indicateur d'antiques suisses: Romania; Journal des connaissances médicales; L'Investigateur; le Globe; l'Educasavants; L'Union; List of publications of the Smithsonian Institution; Compte-rendu des travaux de l'Académie de ClermondMarseille.

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