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de M. Constantin et l'autre de M. Revon. Le premier demandait que, si le Congrès limitait la durée des lectures, il accordât à chaque conférencier le droit de faire paraître son mémoire in extenso dans le Compterendu, avec tous les développements que son sujet pouvait comporter.

M. Revon, avec l'assentiment de la Société Florimontane, proposait de publier toutes les communications in extenso dans la Revue savoisienne, avant de les faire paraître en volume. Les auteurs, ayant euxmêmes revu les épreuves, posséderaient ainsi un texte corrigé qu'ils auraient encore le loisir de réviser avant le tirage à part.

Après un court échange d'idées, il est arrêté, à titre d'essai, que les communications qui ne dépassent pas cinq colonnes de la Revue, paraitront en entier, et que le comité de rédaction se réserve sa liberté d'action pour les mémoires plus étendus.

Les questions à l'ordre du jour étant épuisées, la séance a été levée à trois heures trois quarts, et les assistants se sont hâtés de gagner le bateau à vapeur qui devait les conduire à Talloires.

L'Allobroge fit de son mieux les honneurs du lac, son domaine: il prit les points de vue qui en faisaient le plus avantageusement ressortir les beautés et évolua devant le Roselet, le château de Duingt et dans la

baie de Talloires.

M. Poulet, maire de Talloires, reçut gracieusement le Congrès au débarcadère, et le conduisit à l'Abbaye où eut lieu le banquet, dans le réfectoire même des anciens Bénédictins. A la fin du diner, des toasts pleins de traits d'esprit et de cordiales aménités, furent successivement portés par M. L. Pillet - auquel répondit non moins spirituellement M. le sénateur Chaumontel — par MM. J. Vuy, P. Tochon, J. Carret, Loustau et le docteur Dénarié.

A huit heures et un quart, on quitta le réfectoire pour aller prendre le café sous la treille, doublement éclairée par la lune et les lanternes vénitiennes. Pendant ce temps, la Fanfare municipale qui avait bien voulu prêter son concours pour fêter nos hôtes, jouait, aux applaudissements de tous, les meilleurs morceaux de son répertoire.

A neuf heures et demie, l'Allobroge reprend ses passagers pour les ramener à Annecy. Les boîtes donnent le signal du départ, et la Fanfare répond aux acclamations venant de l'Abbaye. En ce moment, la baie de Talloires présentait un superbe coup d'œil: l'Abbaye et le château de Duingt étaient éclairés par des feux de bengale et par la lune à demi-voilée; sur le versant des collines restées dans l'ombre, des feux scintillaient de loin en loin.

L'entrée du pyroscaphe au port s'effectua presque dans les mêmes conditions que le départ de Talloires : feu de joie sur les rocs de La Puya, feux de bengale sur l'ile des Cygnes et musique à bord.

Ainsi se termina la première journée du Congrès.

Le lendemain, à huit heures, conférence publique de M. Tochon, sur le phylloxera.

De neuf heures à onze heures et demie, ont successivement pris la parole MM. Bouchage, J. Vuy, baron de Ponnat, Perrin et Ducis.

A la suite de la communication du baron de Ponnat,

quelques observations ont été présentées par MM. les abbés Ducis, Brand, Tremey et M. J. Vuy.

Avant de lever la séance, M. le Président propose de procéder à la désignation du lieu de la prochaine session. Il annonce en même temps que l'Académie de Savoie est toute disposée à recevoir le Congrès, l'année prochaine, si aucune autre Société ne revendique cet honneur.

M. Jules Carret dit que plusieurs des Sociétés de Chambéry seraient désireuses de recevoir à leur tour le congrès, mais qu'elles seraient, vu l'état de leurs finances, dans l'impossibilité de le faire convenablement après l'Académie de Savoie. Il propose, en conséquence, d'associer les cinq Sociétés chambériennes pour la réception de 1880.

Après une courte discussion, cette proposition est approuvée; Chambéry est désigné pour le lieu de réunion du prochain congrès, qui sera fixé, autant que possible, aux premiers jours d'août, avant la clôture du lycée.

Pour préparer la session, le Président propose de nommer un secrétaire général, assisté de quatre secrétaires adjoints choisis dans les quatre autres Sociétés. Mais M. Carret ayant opposé le texte du règlement et réclamé le scrutin secret pour l'élection d'un secrétaire unique, M. Perrin est élu secrétaire, pour le congrès de 1880, par 20 voix sur 25 votants.

Le Président explique que la résolution votée n'implique point que Chambéry ne recevra le congrès qu'une seule année, au nom de ses cinq Sociétés. Au contraire, le syndicat des Sociétés chambériennes pourra se reconstituer chaque fois qu'une de ces Sociétés sera appelée, par son tour de rôle, à recevoir le congrès. Ce sera, autant que possible, tous les deux ans, en conformité de la réforme proposée par l'Académie de la Val d'Isère. Mais rien n'est préjugé pour l'avenir; chaque année, le congrès statuera pour la session sui

vante.

A deux heures, séance publique. A cette séance prirent successivement la parole MM. Mottard, Florimond Truchet, J. Vuy, J. Philippe, Constantin, Duval, Pillet, Brasier, Tremey, Calligé et Brand.

M. Jules Vuy, en entendant M. Calligé lire des vers, se souvint que lui aussi était poète, et demanda à M. le Président la permission de lire une petite poésie. Ce que ce savant et sympathique vieillard a su mettre d'âme et de suaves nuances dans cette lecture, est chose impossible à dire. Aussi les applaudissements de la salle lui témoignèrent-ils combien il avait charmé et touché son auditoire.

La séance publique fut levée à cinq heures.

A huit heures du soir eut lieu la conférence de M. J. Carret, qui tint pendant une heure et demie un nombreux auditoire sous le charme de sa parole aussi claire que facile.

Pour le Secrétaire général du Congrès,
A. CONSTANTIN.

LISTE ALPHABETIQUE DES MEMBRES ET ADHÉRENTS DU CONGRÈS MM. BALLEYDIER, avocat, à Paris.

BIANCO, avocat, à Annecy.

BLANCHARD Claudius, docteur en droit, à Chambéry.

MM. BONNEFOY, notaire, à Sallanches.

BOUCHAGE, curé de Saint-Cassien (Savoie). BOUCHET, trésorier de la Société Florimontane, à Annecy.

BRACHET François, à Albertville.

BRAND, vicaire, à Annecy-le-Vieux.
BRASIER Vincent, chanoine, à Annecy.
CALLIGÉ Alphonse, à Faverges.

CARRET Joseph, docteur, chirurgien en chef de
l'Hôtel-Dieu de Chambéry.

CARRET Jules, docteur en médecine, à Chambéry.
CHATELAIN Maurice, à Faverges.
CHAUMONTEL, sénateur, à Annecy.
CHEVALIER Etienne, chanoine, à Annecy.
COCHE J.-M.-L., docteur en médecine, à Annecy.
CONSTANTIN Aimé, vice-président de la Société
Florimontane, à Annecy.

DAGAND, docteur en médecine, à Alby.
DÉNARIÉ Eugène, architecte, à Annecy.
DÉNARIÉ, docteur, président de la Société médi-
cale, à Chambéry.

DESPINES A., étudiant en médecine, Annecy.
DESPINES B., étudiant en médecine, Annecy.
DUCIS (l'abbé), vice-président de la Société Flo-
rimontane, à Annecy.

DUPARC Louis, avocat, à Annecy.
DUNANT Camille, président de la Société Flori-
montane, à Annecy.

DUVAL César, pharmacien, à Saint-Julien.
GIROD Louis, avocat, à Annecy.
HENRI Paul, pharmacien, à Annecy.
JUGEAT, avocat, à Grenoble.

LOCHE (Comte de), à Grésy-sur-Aix.
LOUSTAU, ingénieur, à Crépy-en-Valois (Oise).
MANGÉ, architecte de la ville d'Annecy.
MARESCHAL de Luciane (de), à Billième (Savoie).
MENN, Sculpteur, à Genève.

MERCIER, chanoine, curé de St-Maurice d'An-
necy.

MERMILLOD Francisque, garde-mines, à Annecy.
MORON Camille, ingénieur des ponts et chaus-
sées, à Annecy.

MOTTARD, docteur en médecine, président de la
Société d'histoire et d'archéologie de Saint-
Jean-de-Maurienne.

NANCHE Isidore, dentiste, à Annecy.
NEYRET, médecin, à Faverges.

PECCOUD Francis, à Annecy.
PERRIER DE LA BATHIE, professeur départe-
mental d'agriculture, à Albertville.
PERRIN André, libraire, à Chambéry.
PHILIPPE Jules, député, à Annecy.

MM. RUPHY Gustave, conseiller de préfecture, à An

necy.

SERAND Eloi, archiviste-adjoint, à Annecy.
THONION, médecin, à Annecy.

TISSOT Eugène, ingénieur, à Annecy.

TOCHON Pierre, président de la Société d'agriculture, à Chambéry.

TREMEY (l'abbé), à Moûtiers.

TRUCHET Florimond, pharmacien, à Saint-Jean-
de-Maurienne.

TRUCHET Saturnin, chanoine, à Saint-Jean-de-
Maurienne.

VULLIERMET, imprimeur, à Saint-Jean-de-Mau-
rienne.

VUY Jules, notaire, ancien président de la Cour de cassation du canton de Genève.

DISCOURS D'OUVERTURE PRONONCÉ PAR

M. CAMILLE DUNANT.

Messieurs,

Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue, au nom de la Société Florimontane. Des circonstances indépendantes de notre volonté nous ont obligés, à notre grand regret, de décliner l'honneur d'inaugurer le premier Congrès des sociétés savantes de la Savoie. L'Académie de l'antique et patriotique cité de SaintJean-de-Maurienne nous a remplacés avantageusement dans cette tâche honorable. Elle s'en est acquittée avec un zèle, un dévouement, qui a laissé les meilleurs souvenirs.

Vous voudrez bien, Messieurs, nous excuser si, nous écartant de la voie qui nous a été brillamment ouverte, nous vous recevons avec une simplicité préhistorique.

Il y a peu de jours, la ville d'Annecy était en liesse. Les derniers restes de ses vieilles fortifications ont failli s'écrouler, comme les murs de Jéricho, devant les fanfares de 3,000 musiciens. Nos yeux sont encore éblouis de l'éclat de leurs bannières couronnées de médailles d'or, des feux d'une illumination vénitienne embrasant de ses reflets mystérieux notre lac et ses rives.

Il nous était difficile après cette fête splendide, de vous en donner une qui fût digne de vous. Au reste, nous aimons à nous persuader que vous préférez à des manifestations trop bruyantes, un accueil calme et sympathique et la tranquillité qui convient aux travaux de l'esprit.

Est-ce à dire, Messieurs, que vous fuyez la publicité, et que vous pensez faire de vos séances un champ clos où les sociétaires seraient seuls admis aux joutes

PILLET Louis, vice-président de l'Académie de courtoises de l'intelligence? Non, Messieurs! Plus Savoie, à Chambéry.

PILLET Antoine, avocat, à Grenoble.
PONNAT (baron de), bibliothécaire de la Société
savoisienne d'histoire et d'archéologie, Cham-
béry.

POULET Baptistin, maire de Talloires.
RACT-MADOUX, ingénieur, à Annecy.
REVON Louis, conservateur du Musée d'Annecy.
RICHARD, avocat, à Annecy.

RITZ Jean, directeur de la Société chorale d'An

necy.

larges, plus étendues sont vos visées. Vous n'avez pas seulement voulu créer une noble émulation entre les diverses sociétés littéraires et scientifiques de la Savoie, vous avez aussi la généreuse ambition de travailler à répandre autour de vous le goût des arts, des lettres et des sciences.

De là ces assises que vous vous proposez de tenir, chaque année, sur divers points de la Savoie. De là vos séances publiques, gratuites, mais non obligatoires, dans lesquelles seront lues les études qui seront de nature à intéresser la généralité des auditeurs. De là ces con

férences faites par des hommes compétents, sur des questions pratiques et vitales pour le pays.

Jamais on n'a tant exalté la science. Bien des gens qui ne la connaissent guère que de réputation, l'adorent comme une divinité qui doit régénérer notre vieux monde, quelque peu délabré. Partout on proclame ses bienfaits et les immenses services qu'elle doit rendre prochainement à l'humanité, toujours un peu besoigneuse, toujours un peu souffrante en dépit de tous les docteurs qui ont tenté jusqu'à présent de la guérir de ses maux.

Si la science ne nous guérit pas de toutes nos infirmités, elle en diminue le nombre, elle les soulage, et nous console. Malheureusement elle manque d'apòtres pour propager son culte. Les vrais dévots scientifiques sont rares, les fidèles sont tièdes ou indifférents. On aime en général la science d'un amour tout platonique, et dans un âge avancé. Le torrent de la politique et des passions entraine les jeunes esprits loin des retraites paisibles où vous voudriez les attirer, et que l'étude réclame pour être féconde. Il est vrai que les hauts sommets des lettres et des sciences sont d'un accès difficile, qu'il n'est donné qu'à des natures d'élite de les affronter et de jouir des vastes horizons qu'elles présentent; mais les premières pentes sont plus accessibles, et les jouissances intimes réservées à ceux qui les gravissent sont grandes encore. Pourquoi faut-il que nous ne songions à faire cette charmante et utile excursion qu'au moment de notre dernière ascension vers un monde meilleur ?

Nous avons le bonheur de vivre dans une contrée privilégiée, sous bien des rapports. Il en est peu qui offrent des sujets d'étude plus variés, plus attrayants que notre chère patrie. Ils se succèdent comme les chaines de nos montagnes. Quelles riches moissons pour le peintre, le poète, le naturaliste, l'historien dans les différentes zones de nos Alpes, dans nos archives locales encore peu explorées! Nous devrions, ce semble, être possédés du désir de pénétrer les secrets du grand livre de la nature étalé sous nos yeux. La couverture est tellement belle qu'on se contente de la contempler, de l'admirer, sans chercher à lire les pages intéressantes qu'elle renferme. Et cependant, plus que les habitants des grandes villes, nous devrions demander à l'étude des distractions à la fois amusantes et sérieuses. Nous n'avons pas comme eux les ressources des grandes bibliothèques, des rapports journaliers avec des hommes instruits, des cours publics périodiques, l'échange des idées au contact du monde. Nous sommes souvent seuls en face de nousmêmes et de la nature. Mais nous avons le loisir de penser, de réfléchir, qui leur fait quelquefois défaut. Quel charme répandrait sur nos heures de solitude un travail littéraire ou scientifique entrepris avec amour et poursuivi avec persévérance! Nous serions ainsi utiles à nous-mêmes et à notre pays. Une province, comme une nation, ne compte, ne tient le rang qu'elle doit occuper que lorsqu'elle possède un certain nombre de citoyens honnêtes et éclairés.

Le passé nous a légué dans cet ordre d'idées de beaux exemples à suivre. N'est-il pas merveilleux de voir, dans une petite ville de la Savoie, deux hommes illustres devancer leur siècle, fonder en 1607 une Académie où l'on traitait les plus hautes questions

philosophiques et littéraires, où l'on donnait des cours populaires aux «braves maistres des arts honnestes, comme peintres, sculpteurs, menuisiers, architectes et semblables. »

Quel enseignement pour nous tous!

La ville d'Annecy n'a pas, Messieurs, de monuments vraiment dignes de ce nom à offrir à votre curiosité. Ses véritables monuments sont ses montagnes. Mais si les œuvres de l'homme sont chez nous simples de forme, pauvres d'ornements, elles sont riches de souvenirs. Il est bien peu de constructions de quelque importance qui n'aient été illustrées par une famille ou par un homme célèbre dans nos annales. Ainsi, ce vaste château sans faste dont les tours féodales s'élèvent au-dessus de notre cité, a été successivement habité par les comtes de Genève, dont la puissance balança un instant celle de la maison de Savoie et par les ducs de Savoie-Nemours, ce brillant rameau détaché de la tige de cette ancienne dynastie.

L'église de Saint-Maurice, qui était la nécropole de la noblesse du Genevois, a été fondée par le cardinal de Brogny, cardinal légat du pape au concile de Constance. Les voùtes de la Cathédrale ont retenti de la parole éloquente de saint François de Sales. Dans la maison forte des Monthoux du Barioz, devenue un asile pour la vieillesse, le président Favre a rendu ses oracles judiciaires. La tour du clocher de Notre-Dame, véritable tour de Babel pour les archéologues qui ne s'accordent ni sur son àge ni sur son style, a porté l'étendard des Grands pardons, et sonné les glas funèbres de quelques comtes du Genevois et de toute la famille des Nemours.

Il existe toutefois dans cet Hôtel de ville des collections dignes d'intérêt. Vous trouverez au Musée des poteries, des instruments exhumés de nos habitations lacustres, des restes de l'occupation romaine, des types des différentes races qui ont peuplé notre pays. A côté de la Bibliothèque publique est installée la Bibliothèque de la Société Florimontane, composée en grande partie de livres et de manuscrits relatifs à la Savoie. En présence de ces diverses collections vous pourrez constater, Messieurs, les résultats obtenus, en peu d'années, avec des ressources restreintes, par le concours de l'Administration et de la Société Florimontane, fécondé par le dévouement intelligent du Conservateur du Musée, que la maladie empêche malheureusement de prendre part à nos séances.

En terminant ce trop long entretien je fais des voeux, Messieurs, pour que l'oranger, emblème de la plus ancienne Académie de la Savoie, soit toujours verdoyant au sein de nos montagnes, qu'il soit un trait d'union entre toutes nos Sociétés, et qu'il donne, comme autrefois, des fleurs et des fruits: Flores fructusque perennes.

Académies, Sociétés archéologiques, Sociétés médicales, Sociétés d'agriculture, d'histoire naturelle, Société alpiniste, toutes si dignement représentées dans cette assemblée, serrons nos rangs sur le terrain neutralisé de la confraternité; unissons nos efforts, dans le noble but de concourir avec plus d'énergie et de succès à l'amélioration physique, intellectuelle et morale de notre pays. Etudions, divulguons ses richesses naturelles, ses titres historiques aussi beaux, aussi intéressants que ceux de beaucoup de peuples

plus considérables que le nôtre. Mieux nous connaîtrons notre pays, plus nous l'aimerons, et le ferons aimer et respecter.

L'amour s'élevant naturellement du sol natal à la grande patrie, aimer la Savoie, c'est aimer la France.

l'impression est déjà fort avancée : le volume VIII des mémoires, le volume III des documents, enfin le splendide catalogue du médailler de Chambéry, avec iconographies intercalées dans le texte. Ces travaux auront paru, à notre prochaine session, en 1880; il sera temps alors d'en rendre compte.

Outre les matériaux de ces six grands volumes, de

RAPPORT DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE DE SAVOIE, nombreuses communications ont été faites aux séances

PAR M. LOUIS PILLET.

Je suis chargé par l'Académie de Savoie de vous présenter un rapport sur ses travaux depuis la dernière session, en conformité de l'article 5 du Règlement de nos concours.

J'ose dire que je suis fier d'avoir à mettre sous vos yeux un ensemble aussi satisfaisant, pour la courte période qui s'est écoulée depuis notre dernier Congrès, à Saint-Jean-de-Maurienne, en 1878.

L'Académie de Savoie a publié d'abord deux gros volumes de mémoires, les tomes v. et vi de la 3e série. Le tome v contient une Etude historique sur la Révolution et l'Empire en Savoie : le général Dessaix, sa vie politique et militaire, ouvrage commencé par Joseph Dessaix et terminé ou plutôt refondu en entier par M. André Folliet, député de

Thonon.

Ce volume de plus de 800 pages fait passer sous nos yeux, avec la célèbre légion des Allobroges, toutes les campagnes, les nombreuses batailles auxquelles elle a pris une part glorieuse. Il a pour nous Savoisiens un autre intérêt nous y trouvons décrits pour la première fois les combats livrés en Savoie, les mouvements des armées dont nos anciens ne nous avaient transmis qu'un vague souvenir. Puisant aux archives de l'Etat, M. Folliet a pu suivre nos troupes jour par jour, et ouvrir ainsi tout un horizon nouveau à notre histoire nationale.

Le volume vi intitulé: Recherches historiques sur le Décanat de Saint-André et sur la ville de ce nom ensevelie au XIIIe siècle sous les éboulis du Mont-Grenier, par M. l'abbé Trepier, a un tout autre caractère. C'est un résumé de notre vieille histoire ecclésiastique, depuis le xie jusqu'au XVIe siècle, avec l'épisode dramatique de la chute du Mont-Grenier, en 1248, qui occupe le milieu du tableau.

Ayant vécu de longues années à Grenoble, M. Trepier a pu compulser les archives diocésaines et spécialement les visites pastorales des évèques de Grenoble, dans le Décanat de Saint-André. Il y avait là une mine inépuisable de documents inédits. M. Trepier l'a exploitée à fond; il a pu donner une monographie complète de chaque communauté et presque de chaque paroisse du diocèse. Ce sera un trésor précieux pour les monographies locales, pour les histoires à venir.

Un second volume (vol. vII), sous presse, conduira cette étude, du XVIe siècle jusqu'à nos jours, la còmplétera par une série de documents et pièces justificatives, dont plusieurs verront le jour pour la première fois, puis enfin par des tables alphabétiques très précieuses. Ce sont là des travaux d'érudition que doivent rechercher particulièrement les académies provinciales; ce sont les services qu'elles ont mission de rendre à l'histoire nationale.

Je ne parlerai pas de trois autres volumes dont

de l'Académie. Ainsi M. le Dr Carret, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Chambéry, nous a souvent rendu compte des opérations qu'il a tentées dans sa clinique. Il nous a entretenus spécialement, cette année, des vertus curatives des eaux de la Boisse et de l'histoire presque légendaire de cette source minérale. (V. Notice historique sur les eaux de la Boisse; Chambéry, Chatelain 1879).

M. Perrin nous a souvent entretenus des découvertes archéologiques et des dons faits au Musée. (V. Rapport au Conseil général, etc.)

L'Académie de Savoie est chargée de décerner plusieurs prix. Le concours de poésie, de la fondation Guy, clos en 1878, lui a valu une gerbe de dix-sept poèmes, dont plusieurs d'un vrai mérite. Il lui a valu surtout un rapport dû à la plume exercée de M. Descostes, travail de critique qui est lui-même une œuvre littéraire d'une haute valeur.

Elle avait à décerner, pour 1879, un prix de peinture de la même fondation Guy; mais les concurrents étaient peu nombreux, les œuvres exposées d'une valeur médiocre..., en conséquence l'Académie a dû se borner à formuler un jugement sans le motiver.

En 1880, nous aurons deux prix à distribuer : celui de 750 fr. de la fondation de Loche à une monographie historique en prose, et celui de 400 fr. de la fondation Guy à une composition poétique. Nous ferons appel à tous les concurrents nés, ou domiciliés dans nos deux départements de la Savoie. Plus ils seront nombreux, plus ils rendront difficile la fonction de juge dévolue à l'Académie de Savoie, plus nous serons heureux, sinon de les couronner tous, du moins d'encourager tous les efforts.

Le grand événement de l'année 1878 a été l'Exposition universelle, qui, au moment où nous nous réunissions à Saint-Jean-de-Maurienne, convoquait à Paris le monde entier, et dépassait toutes les espérances. L'Académie de Savoie ne devait pas y rester étrangère.

Elle y avait envoyé une collection de ses Mémoires, avec les beaux atlas qui les accompagnent. Elle a été récompensée par une médaille d'argent, distinction flatteuse qui n'a été accordée qu'à un petit nombre de Sociétés savantes.

Chargée de la direction du Musée départemental d'archéologie, l'Académie avait fait exposer aussi, dans les galeries spéciales de la section préhistorique, la collection de l'âge du bronze du lac du Bourget, l'une des plus complètes qui existent en France. Notre savant confrère et zélé conservateur du Musée, M. Perrin, a reçu à cette occasion les insignes d'officier d'Académie, juste récompense bien due à ses travaux et à son dévouement.

Cette Exposition de Paris a valu à notre Musée départemental d'autres bonnes fortunes. M. le duc de Chaulnes, l'un de nos membres correspondants, pos

sesseur d'une des plus belles séries lacustres qui aient été pêchées au lac du Bourget, a saisi cette occasion pour en faire cadeau au Musée de Chambéry. C'était le complément de nos collections, le couronnement qui achève l'œuvre.

La Commission départementale de l'Exposition a donné aussi à notre Musée les beaux pupazzi vêtus des costumes typiques de nos paysannes du Bourg-SaintMaurice, de Beaufort, de Saint-Colomban-des-Villards et de Bessans, qui avaient obtenu un grand succès à Paris. C'est le commencement de notre collection ethnologique.

En même temps, un jeune magistrat qui habite la Cochinchine, M. Vulliez, nous donnait une collection curieuse de costumes, d'armes, d'ustensiles, etc., de cette colonie. Elle venait à point pour enrichir ce musée naissant.

Comme les salles primitivement destinées à recevoir nos collections étaient devenues trop étroites pour les contenir toutes, l'Académie s'est adressée de nouveau au Conseil général, et a obtenu l'autorisation d'occuper encore un vaste appartement désert, au troisième étage, au-dessus du Musée actuel.

Dès cet hiver, elle en a profité pour y installer son concierge, qui est en même temps concierge du Musée départemental. Elle a affecté en outre une salle du même appartement à ses collections phrénologiques déjà importantes, qui promettent de s'enrichir prochainement d'un grand nombre de types nouveaux.

Une autre salle plus vaste y sera consacrée à la technologie; mais une Société amie, la Chambre syndicale des entrepreneurs du bâtiment avait demandé la faveur de diriger cette partie de nos musées, où elle sera bien plus compétente que nous pour juger le mérite des œuvres. L'Académie s'est empressée de souscrire à ce vœeu. La tâche est assez vaste; il y a place pour tous les ouvriers.

Si j'avais à présenter le tableau complet de notre Société, pendant l'année qui vient de s'écouler, ce serait pour moi un devoir et une douce satisfaction de vous parler d'un membre illustre que nous avons perdu, Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, membre de notre Compagnie. Je devrais aussi vous exposer les titres de deux nouveaux membres effectifs, M. le Dr Fusier, médecin-directeur de l'Asile des aliénés de Bassens, et M. le comte Du Verger de Saint-Thomas, ainsi que ceux d'un nouveau membre agrégé, M. le baron Eugène Perrier de la Båthie, professeur départemental d'agriculture.

Mais ce serait sortir des termes de l'article V de

notre Règlement, qui demande seulement à chaque Société un rapport succinct sur ses travaux depuis la dernière session. Ce serait surtout empiéter sur le Compte-rendu que le Secrétaire perpétuel doit présenter chaque année à notre Académie, et où il sera jaloux de rendre à chacun, mort ou vivant, la justice qui lui est due.

RAPPORT DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DE LA MAURIENNE, par M. Le DOCTEUR MOTTARD.

-

De tout temps on a écrit l'histoire des hommes et des choses; mais je ne sache pas qu'on l'ait jamais fait

avec autant d'ardeur et de patriotisme qu'aujourd'hui. Presque partout on rencontre des chercheurs, des investigateurs infatigables, heureux de fouiller dans les siècles passés pour mettre sous les yeux de la génération présente ce qu'ont été et ce qu'ont fait nos pères. Bien des documents et des travaux d'art ont été irrévocablement perdus par l'incurie, l'ignorance et par le besoin de détruire. Les archives très riches de ma province, ainsi que les peintures, ornements, ameublements, etc., de nos édifices religieux, de nos établissements publics et de bien des maisons particulières ont eu spécialement à souffrir du vandalisme des Sarrasins qui l'ont occupée pendant une partie des VIIIo et xo siècles, par les troupes mercenaires de Lesdiguières, par les nombreuses armées qui l'ont si souvent traversée pour aller en Italie ou venir en France, enfin pendant la triste Révolution française.

Malgré cela, les membres de la Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne cherchent avec persévérance et trouvent toujours çà ou là quelques épaves échappées à la destruction: témoins les vingt bulletins qu'elle a publiés, et ceux qu'elle publiera encore, il faut l'espérer, durant bien des années; témoin aussi le beau musée qu'un membre de notre Société, M. Vulliermet, a créé avec tant d'art, de patience et de frais, et que beaucoup d'entre vous ont visité.

Je vais, messieurs, ainsi que j'en ai pris l'engagement, vous donner l'intitulation des travaux imprimés dans nos bulletins, tout en regrettant de ne pouvoir en faire l'analyse; pour ce motif, j'ai adopté l'ordre alphabétique des auteurs.

Le château de Tournon sur l'Isère. Précis historique par le père Archange, capucin.

Lettres-patentes d'abolition du crime d'usure pour les étapes de Saint-Jean-de-Maurienne et de Modane, par le même.

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Vidimus de confirmation faite par Amédée, comte de Savoye, des franchises et libertés concédées par les Rds seigneurs évesques de Maurienne aux hommes nobles, bourgeois habitants et du pays de Saint-Jean et du détroit de toute la terre et évesché et église de Maurienne tant devant l'association que après suivant la coutume du dict pays mandant aux officiers corriers et autres qu'ils eussent à faire observer les dictes franchises. L'an 1407, par le même.

Notes sur l'invasion des troupes espagnoles en Savoie, par le même.

Mémoire inédit pour le chapitre de Maurienne. Annoté par le même.

Entrée et installation sur le siége épiscopal de Maurienne de Mgr Charles Joseph Filippa de Martiniana, le 11 septembre 1757. Extrait du livre journalier de noble et spectable Claude François de Rapin. Annoté par le même.

Notices historiques sur la commune de la Chapelle, canton de la Chambre, par M. Assier, propriétaire

rentier.

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