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C.-A. DUCIS.

avec une sollicitude paternelle et avec le même esprit d'Autriche-Este, nièce de l'infortunée Marie-Antoi de suite par divers princes. Ils forment un contraste frappant avec ce qui se passait ailleurs.

En 1763, Charles-Emmanuel s'écriait : « Voici le plus beau jour de ma vie, je viens de supprimer le dernier impôt extraordinaire. »

A la mème époque, son neveu Louis XV abandonnait les colonies françaises à l'Angleterre, laissait partager la Pologne, justement appelée la France du Nord, parce qu'elle était le boulevard de l'Europe contre les invasions des hordes septentrionales, et ce règne, qui avait commencé par la banqueroute Law, se terminait par ces paroles d'un monarque usé de débauches : « Après moi le déluge! »

Les esprits sérieux avaient le pressentiment d'une commotion politique plus ou moins lointaine, sans cependant s'attendre à l'effondrement social où devait aboutir la marche fiévreuse des idées, trop motivée, hélas! par les exemples d'en haut, et activée par des agissements dissimulés, auxquels le règne suivant était trop étranger pour en soupçonner l'importance et y opposer un dérivatif opportun et énergique.

Le roi de Sardaigne, bien placé, comme toujours, entre l'Allemagne et la France, pour apercevoir ce mouvement progressif, indéfini, avait essayé de conjurer l'orage en-deçà des Alpes par la transformation pacifique dont nous venons de rappeler les faits sommaires, qui se continuait au-delà des Alpes dans une autre province de langue française, le duché d'Aoste, de 1768 à 1784.

Malheureusement, les deux princes qui poursuivirent le programme de Victor-Amédée II arrivaient trop tard, non point par leur faute, ainsi qu'on l'a vu, mais à cause de l'occupation étrangère, qui aurait été évitée sans la persistance que la France avait mise jusqu'aux derniers traités à s'opposer à la reconnaissance, par les puissances européennes, de la neutralité militaire de la Savoie.

Et, néanmoins, à cette époque où l'on ne pouvait tout prévoir, on tàchait de vivre en harmonie endeçà et en-delà des Alpes.

Plusieurs mariages avaient resserré les liens de parenté des trois Maisons de Savoie et de Bourbon de France et d'Espagne. Victor-Amédée III, qui avait épousé, en 1751, Marie-Antoinette-Ferdinande, fille de Philippe V, avait succédé à Charles-Emmanuel III en 1773. La mème année, sa seconde fille, MarieThérèse, avait été unie au comte d'Artois, qui fut plus tard Charles X. Déjà son aînée, Marie-Joséphine-Louise, avait épousé, en 1771, le comte de Provence, qui fut Louis XVIII. En 1775, son fils, le prince de Piémont, qui lui succéda sous le nom de Charles-Emmanuel IV, épousa Marie-Clotilde, sœur de Louis XVI et des précédents.

Ces alliances semblaient devoir être le gage d'une paix durable. Mais elles furent blâmées en Piémont, où l'on n'avait pas oublié la mort prématurée, en 1714, de Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, première femme de Philippe V, et. la mort subite de sa sœur, Marie-Adélaïde, mère de Louis XV, empoisonnée. avec son mari, le duc de Bourgogne, en 1712.

Aussi, pour satisfaire l'opinion publique, lors du mariage du second fils du roi, qui fut plus tard Victor-Emmanuel Ier, on dut penser à Marie-Thérèse

nette, 1789.

(A continuer.)

LES SAVOYARDS EN ÉGYPTE

I

JEAN-FRANÇOIS MOREL

Dans le groupe, déjà nombreux, des enfants de la Savoie qui se sont acquis une réputation en Egypte, les noms des Berthollet, des Magnin, des Perret, des Monge, sont suffisamment connus pour qu'il soit utile d'y revenir ici. Des études biographiques leur ont été, d'ailleurs, consacrées en leur temps, et c'est uniquement pour mémoire que nous en résumons les principaux points dans la note ci-dessous (1).

Après ces noms honorés, le plus ancien que nous rencontrions dans la vallée du Nil est celui de M. Morel, d'Annecy.

Fils d'Antoine Morel et de Claudine Duffrêne, Jean-François Morel naquit à Annecy le 29 septembre 1770. Nous relevons ce renseignement dans un extrait de naissance, qui lui fut délivré probablement sur sa demande, car il porte la date du 22 prairial an II, de la République une, indivisible et démocratique. Le jeune Morel avait donc près de vingt-trois ans, et se disposait sans doute à partir pour un voyage.

Comme il avait de l'aptitude pour la mécanique, il est permis de présumer qu'il prit de l'emploi dans quelque filature du nord de la France, et que peutêtre même il fit un séjour à Paris, pour y étudier les modèles du Conservatoire des arts et métiers, car nous en trouvons la mention dans un de ses carnets.

Quoi qu'il en soit, il était à Annecy en 1804 et 、 travaillait à l'installation de la manufacture que M. Duport venait de fonder (2). Il en demeura ensuite la cheville ouvrière jusqu'en 1809, époque où un riche propriétaire de Gènes, M. Bagnasco, lui fit des offres pour venir prendre la direction d'un établissement semblable qu'il se proposait de créer.

M. Morel accepta, et après avoir mis en train la

(1) Jean-Jacques Perret, né à Aix, le 25 janvier 1762, était parti dės 1795 pour l'Egypte, où il s'occupait d'histoire naturelle et de langues orientales, lorsque, trois ans après, il y vit débarquer, avec l'armée de Bonaparte, deux de ses plus chers compatriotes: c'étaient Berthollet, le chef de la commission scientifique d'exploration, et Magnin, attaché à l'intendance des vivres. Perret prit lui-même du service dans l'armée d'Egypte, comme interprète, et revint avec elle en 1801. 11 mourut dans sa ville natale le 24 mars 1836.

Magnin était aussi d'Aix-les-Bains; c'est là qu'il finit ses jours en 1849, à l'âge de 82 ans. (Voyez Annales de l'Association Florimontane, vol. de 1852.)

Gaspard Monge, président de l'Institut d'Egypte, fondateur des écoles normale et polytechnique, inventeur de la géométrie descriptive, était petit-fils de Claude Monge, laboureur à Saint-Jeoire en Faucigny, et de Jacqueline Quet, de la même commune. Il naquit à Beaune (Côte-d'Or), le 10 mai 1746, et mourut à Paris le 28 juillet 1818. (Revue savoisienne de 1873, page 98.)

Claude-Louis Berthollet est né, comme on sait, à Talloires, le 9 décembre 1748; il est mort à Arcueil, près Paris, le 6 novembre 1822.

(2) Jean-Pierre Duport, né à Termignon le 2 janvier 1749, mort à Lyon le 4 décembre 1820, fonda la filature d'Annecy dans l'ancien couvent de Sainte-Claire, en 1804. Ce fut lui aussi qui éleva, dans le local de l'ancienne abbaye de Bonlieu, la fabrique pour le tissage des étoffes de coton.

fabrique projetée, il alla lui-même en fonder une pour son compte à Sestri-Ponente. Pour cette opération, il s'était associé à deux négociants de Gènes, dont l'un est mentionné dans sa correspondance de famille sous le nom de De Albertis.

La filature de Sestri était en pleine prospérité lorsque de nouvelles offres vinrent tenter son habile directeur. Il s'agissait, cette fois, de partir pour le Caire et de se mettre aux ordres de Méhémet-Ali, dont on vantait les grands projets de restauration industrielle de l'Egypte. Devant une perspective aussi séduisante, l'hésitation n'était pas permise. L'usine de Sestri fut laissée aux mains des deux associés, et M. Morel s'embarqua avec sa famille.

C'était la belle saison, les vents étaient propices, la traversée ne fut pas trop longue. Au mois d'août 1817, notre compatriote arrivait au Caire et prenait possession de son service. Rien n'existait en fait de fabriques ou de manufactures quelconques. L'Egypte était un pays exclusivement agricole, sans aucune industrie. Mais le vice-roi se croyait assez puissant pour transformer les cultivateurs en ouvriers, et les mettre à même, dans un prochain avenir, de pourvoir à tous les besoins, sans qu'il fût désormais nécessaire de recourir aux productions de l'étranger.

M. Morel fut chargé de l'installation des filatures. La première qu'il construisit fut celle du quartier de Koroumfich, au Caire. Elle existe encore à l'état de bâtiment, mais il y a longtemps qu'elle a cessé de fonctionner, de même que la plupart des autres créations analogues, ordonnées par le génie trop exclusif

de Méhémet-Ali.

Après

l'usine de Koroumfich, il érigea celle de Mansourah, puis celle de Mahallet el Kebir et, enfin, celle de Rosette. Il donna aussi les plans de la filature de Damanhour, mais ce n'est pas lui qui la fit exé

cuter.

senal !

Pendant que ces travaux se poursuivaient, le Pacha, reconnaissant en M. Morel non seulement un habile mécanicien, mais encore un architecte expérimenté, dont le coup-d'œil et l'activité pourvoyaient à tout, S'imagina de lui confier la direction d'un arOn ne doit pas être surpris de pareils rapprochements d'idées chez les souverains orientaux; le classement des professions, des spécialités, leur est inconnu, et tel Européen qui sait faire une montre, par exemple, doit être, suivant eux, capable aussi une machine à vapeur.

de faire

étaient trop en minorité pour conserver leur vêtement national. Mlle Morel trouva un ingénieux moyen d'échapper au voile de l'Orient. Elle se déguisa en mamelouk.

On donne ce nom à de jeunes esclaves circassiens qui étaient autrefois attachés à la personne des beys et des riches particuliers. Ils avaient le droit de sortir armés, car la sécurité publique était alors moins grande qu'à présent. Mlle Morel voyageait donc sur le Nil, armée d'un sabre et d'une petite carabine, qui a probablement fait plus de mal aux tourterelles du rivage qu'aux bachi-bozouk et aux Bédouins, dont nul, à coup sûr, n'eût osé s'attaquer àsi gentil g uerrier.

Le séjour de M. Morel en Egypte fut de huit ans, dont la plus grande partie au Caire. Les dernières années, cependant, il s'installa auprès de sa fabrique de Rosette, lieu enchanteur et salubre où il demeura jusqu'à son retour en Europe. En même temps qu'il veillait aux intérêts du vice-roi dans cette localité, il y remplissait les fonctions d'agent consulaire de France et d'Autriche; fonctions purement honorifiques, mais non exemptes de travail, eu égard à l'importance de la colonie groupée autour de l'usine.

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Entre autres incidents, il reçut, un jour, une pétition française demandant que l'on chantât le Domine salvum à l'office du dimanche. La petite église de Rosette était desservie par des religieux italiens, dits Pères de Terre-Sainte, qui ne voyaient pas très clairement ce qu'ils devaient à la France, bien qu'elle passat, alors surtout, pour la protectrice des chré tiens de l'Orient. En homme pieux et avisé, M. Morel déféra la question au prieur de Jérusalem et à M. Drovetti, consul général de France à Alexandrie, qui la firent promptement aboutir.

C'est en 1825 que M. Morel et sa famille rentrèrent en Europe. L'année d'avant déjà, il y avait été précédé par Mme Maffi, sa fille aînée. Il ne lui restait plus alors que sa femme et sa seconde fille, devenue ensuite Mme d'Orlyé. M. Antoine Maffi était un négociant de Plaisance, qui tenait un commerce au

Caire lors de l'arrivée de la famille Morel. Son mariage eut lieu le 25 novembre 1817. De retour, en 1824, dans sa ville natale, il y mourut huit mois après, le 28 mai 1825. M. Morel apprit l'événement à Gênes, où il achevait de liquider son usine de Sestri. Décidé à rentrer à Annecy, il invita sa fille à l'accompagner, et ils firent ensemble le voyage depuis

Connaissant cette tournure d'esprit, notre Anné- Turin.

cien ne

Se laissa pas déconcerter par la proposition qui venait de lui être faite. Il jugea imprudent de s'y soustraire, étudia de son mieux la question, et mit résolument la main au travail. Ainsi fut fondé l'ar

senal de

la citadelle du Caire, où l'on construit en

core aujourd'hui des affûts de canon et des trains

d'artillerie.

M. Morel vécut encore une dizaine d'années, tantôt à Annecy, tantôt dans une propriété qu'il avait à Balmont et où il avait installé une scierie. C'est

qu'il termina ses jours, le 7 février 1835, l'année dite de la grande battue des loups. Il avait pris part à cette expédition, dont le résultat pour lui fut une pleurésie qui le conduisit au tombeau. Il était

En terminant cette notice, nous sommes heureux

Du Caire, dont il avait fait sa résidence, M. Morel âgé de 65 ans. était obligé de se transporter fréquemment auprès

Il mon tait alors dans sa dahabieh, sorte d'embarca

des usines qu'il avait établies dans la Basse-Egypte. de présenter nos remerciments à Mme d'Orlyé pour

ses précieux renseignements, ainsi qu'à M. Maffi, re

cabines et divans, et se faisait accompagner par l'une notre compatriote.

tion particulière au Nil, fort commode, avec salon, lieur, pour les notes qu'il nous a remises au sujet de

de ses filles. L'usage veut, en Egypte, que les femmes

sortent

voilées, et à cette époque, les Européennes

E. TISSOT.

LES ANOBLIS DE SAVOIE SOUS LE PREMIER EMPIRE

NOTES HERALDIQUES

(Suite) (1)

2015 juin 1812. Lettres-patentes conférant le titre de chevalier de l'Empire à Louis-Marie PILLET, colonel d'infanterie légère, né à Chambéry le 18 avril 1775, mort au même lieu le 8 mars 1830.

Engagé dans la légion des Allobroges, Pillet servit de 1793 à 1802 dans les armées des Pyrénées-Orientales, d'Italie et des Grisons, se distingua dans diverses affaires et fut successivement sous-lieutenant, lieutenant et capitaine. Nommé chef de bataillon par le général Championnet le 24 thermidor an VII, il enleva, le 2 floréal suivant, à la baïonnette, à la tête de son bataillon, le village de Gravières, dans la vallée de Suse, en chassa l'ennemi qui s'y trouvait en nombre bien supérieur, lui fit deux cents prisonniers et s'empara de trois pièces de canon. Le 17 prairial

an VIII, avec cinquante chasseurs seulement, il enfonça un corps de cavalerie ennemie. Major du 10 d'infanterie légère le 30 frimaire an XII, Pillet reçut la croix de la Légion d'honneur, prit part aux campagnes de Russie et de Pologne (1806-1807), fut fait colonel du 1er régiment d'infanterie légère (5 fait colonel du 1er régiment d'infanterie légère (5 mai 1812), se distingua aux combats d'Yecla, de Villena, de Castella et de Barja et fut cité à l'ordre du jour de l'armée. Admis à la retraite en 1814, il se fit naturaliser français le 26 août 1816 et se fixa à Chapareillan (Isère). M. Philippe lui a consacré quelques lignes dans Les Gloires de la Savoie. (Annecy 1863, in-8°, p. 98).

Le colonel Pillet appartenait à une famille de Chambéry qui a produit plus d'un esprit éminent. Barthélemy Pillet, son aïeul, épousa Louise Georges et en eut: 1o Jeanne-Marie, mariée à Joseph Borrel; 2o Pierre-Louis, qui suit; 3° Claude-Louis, sénateur au souverain Sénat de Savoie, décédé au mois d'avril 1825; 4o Amédée qui fit branche.

Pierre-Louis Pillet, mort avant l'année 1817, s'unit à Marie-Françoise Despine et laissa: 1o Joséphine, morte en 1846, épouse de M. Thiollier; 2o JeanLouis, qui suit; 3o Claude-Marie, né à Chambéry le 17 mai 1771, collaborateur assidu de la Biographie

Michaud (2), mort à Paris le 5 février 1826 en léguant sa bibliothèque aux Jésuites de sa ville natale. Jean-Louis Pillet, avocat du barreau de Chambéry, s'allia à Françoise Gariod, décédée en 1849, fille d'un notaire de Grésy-sur-Aix (V. Le comte de Loche, Histoire de Grésy-sur-Aix; Chambéry, A. Bottero, 1874, in-8°, p. 208). De ce mariage vinrent 1° Antoine, ingénieur civil, mort jeune; 2o Pierre-Victor, chevalier des saints Maurice et

Lazare, avocat à la cour d'appel de Chambéry, époux d'Amélie Besson et père de A. Céline, femme en 1863 de M. Dénarié; B. Charles, avocat; C. Albert, pretre; D. Valérie; E. Claudius, ingénieur, époux de

(1) V. Revue savoisienne, février 1876.

(2) Joseph-François Michaud et Louis-Gabriel Michaud, éditeurs de La Biographie universelle, étaient eux aussi originaires de la Savoie et portaient d'azur à un pin d'or le pied du fat fiché d'azur en cœur de même et accompagné en chef de deux étoiles d'argent et en pointe de deux croissants d'or.

Mile Turelle; - 30 Humbert, né à la Trinité le 30 septembre. 1812, élève du collége des Jésuites de Chambéry et du grand-séminaire de ce diocèse, docteur en théologie de l'Université de Turin, prêtre en 1835, secrétaire particulier de Mer Martinet, professeur d'écriture sainte et de théologie au grand-séminaire, membre de l'Académie de Savoie, chanoine et official métropolitain en 1845, vicaire général en 1847, précepteur des princes de Savoie en 1850, mort à Grésy le 11 octobre 1852; 4° Maurice, avocat Marie Laracine, morte elle-mème en 1870 en laisfiscal près le tribunal de Moûtiers, décédé époux de sant: (a) Françoise, mariée en 1870 à Claudius Blanchard, docteur en droit, juge de paix du canton de la Motte-Servolex, membre de l'Académie de Savoie; (b) Antoine; (c) Louise; 5o Pierre-Louis, avocat à la cour de Chambéry, chevalier des saints Maurice et Lazare d'Italie, président en 1874-1875 de l'Académie de Savoie, officier d'Académie, auteur de traGo Françoise, religieuse de Saint-Joseph; -7° Mavaux appréciés, né à Chambéry le 4 juin 1817; — rie-Louise, morte le 15 février 1871 religieuse de Saint-Joseph; -8° Louise, non mariée; çoise, épouse de M. Gariod.

9o Fran

Amédée Pillet, frère de Pierre-Louis Pillet-Deset en eut : 1° Maurice-Barthélemy, prévôt de la mépine, docteur en médecine, s'unit à Gasparde Pommel tropole de Chambéry, mort le 10 décembre 1859; 2o Marguerite, mariée d'abord à Octave Ménabréa (1) puis, le 4 août 1844, à Joseph de Mouxy de Loche, bréa, docteur en droit en 1827, conseiller à la cour colonel d'infanterie, d'où: (a) Léon-Camille Ménade Chambéry en 1851, né à Bassens le 12 avril 1802, mort à Chambéry le 24 mai 1857; (b) Elisa Ménabréa, bréa, comte du royaume d'Italie, marquis de Valdora, mariée au comte Brunet; (c) Louis-Frédéric Ménalieutenant général du génie, sénateur, etc., né à Chambéry le 4 septembre 1809; -3° Louis-Marie, de cujus, chevalier de l'Empire le 15 juin 1812, père de (a) Emilie, non mariée, (b) Hortense, épouse, le 18 octobre 1844, de Joseph-Marie Dessaix, chevalier des saints Maurice et Lazare, président de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, né aux Allinges, près Thonon, le 7 mai 1817, mort à Evianles-Bains le 30 octobre 1870, fils de Jean-François Dessaix, sous-intendant du Chablais, et d'AnneMarie-Sophie-Roch; -40 Pierre-Louis, capitaine d'infanterie, né à Chambéry le 4 mai 1785, naturalisé français le 4 juin 1817, mort avant 1823 en laissant un fils, Fortunat.

Armes Parti de sinople et d'or; le sinople, au coq d'argent tenant dans sa patte sénestre trois flèches du même croisées en sautoir; l'or, à l'épée haute en pal de sable; champagne de gueules du tiers de l'écu chargée du signe des chevaliers légionnaires (2).

le titre de baron de l'Empire à Pierre-Louis-Aimé 21. 17 mars 1808. Lettres patentes concédant CHASTEL, alors colonel de cavalerie, né à Veigy

(1) La famille Ménabréa, alliée à la maison Bella, porte: Parti d'or et de gueules à deux étoiles rangées en pal de l'un en l'autre, une au point du chef et l'autre en cœur, celle-ci accostée de deux autres étoiles de l'un en l'autre. Nous devons communicatien de ces armoiries à M. F. Rabut.

(2) Lettre de M. A. Georgel, 14 mars 1876.

Foncenex, canton de Douvaine (Hte-Savoie), le 29
avril 1774, mort à Genève le 16 octobre 1826.

Chastel fit ses premières armes dans la légion des
Allobroges, prit part à la campagne du Midi et, après
la prise de Toulon, passa à l'armée des Pyrénées-
Orientales et revient ensuite dans les Alpes. Il fit
partie de l'armée d'Italie, combattit glorieusement
à Dego, à Mondovi et au passage du Tagliamento
où il reçut une blessure très grave. Capitaine à la
suite de cette campagne, il fut appelé à l'armée d'E-
gypte, se couvrit de gloire à Canope et trouva ce fa-
meux odiaque de Denderah qui fut ensuite trans-
porté en France.

Chastel revint en Europe avec le grade de commandant, servit sur les côtes et au camp de Boulogne, entra en Allemagne avec la grande armée, et, à la de la bataille d'Austerlitz, passa dans la garde avec le grade de major en second des grenadiers à cheval ce fut à cette époque qu'il fit les campagnes de Prusse et de Pologne pendant lesquelles il conquit le grade de colonel. Il fut ensuite appelé en Espagne où son intrépidité lui valut d'être nommé général de brigade (11 août 1811); il rejoignit alors la grande armée et prit part à toutes les luttes de cette période mémorable. Le 26 août 1812 il devint général de division de cavalerie, assista aux batailles de la Moskowa et de Goerlitz et disputa le terrain pied à pied à l'ennemi. En 1815, enfin, il se trouva à Waterloo avec le 2e corps.

En 1856, le commerce d'exportation des beurres français ne dépassait pas 5,500,000 kilogrammes qui, au prix maximum de 2 fr. le kilogr., représentait une valeur de 11 millions de francs.

En 1861, c'est-à-dire pendant l'année qui suivit celle de la signature des traités de commerce avec l'Angleterre, la Belgique, la Suisse, etc., la valeur de nos beurres exportés atteignait près de 31 millions de francs. Depuis cette époque, sauf pendant les années néfastes de 1870 et 1871, cette valeur s'est encore accrue dans des proportions considérables, comme le démontrent les chiffres renfermés dans le tableau suivant:

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1872 11,4
1873 11,8
1874 10,6
1875 11,3

par an.

EXPORTATION

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Beurres exportés

de France.

...30,9 mill. de fr.

.66,0

D

.71,3

D

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49,3

D

.45,1

D

.56,2

.73,1

.84,6

.82,9

Notre commerce d'exportation des beurres se décompose comme il suit pour les années 1874 et 1875 :

A la seconde Restauration, il abandonna la carrière militaire, se fixa à Ferney (Ain), et se livra exclusivement à la littérature et aux beaux-arts: Il résulte également des chiffres ci-dessus que deil fut néanmoins accusé, en 1820, d'avoir voulu en- puis 1869 la valeur de l'importation des beurres en lever le duc d'Angoulême à son passage près Lons-le-France se maintient entre 10 et 11 millions de francs Saulnier. Sorti victorieux de cette épreuve, le baron Chastel attaqua Le Drapeau-Blanc et fit condamner ce journal par la justice. Le général, qui a laissé des notes sur la stratégie militaire et qui possédait de riches collections artistiques et littéraires, a légué à la ville de Genève, sa patrie d'adoption, ses tableaux évalués à plus de 100,000 francs. Il était commandeur de la Légion d'honneur depuis le 13 septembre et chevalier de Saint-Louis depuis le 20 août 1814. M. Dufoy a résumé sa vie dans la Revue de la Société littéraire, historique et archéologique de l'Ain, j uillet-août 1875, p. 194.

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cette industrie constitue-t-elle une des branches de de telle sorte que dans la valeur totale de nos ex

commerce les plus importantes pour notre pays; on peut en juger par les chiffres suivants :

portations en beurre, en 1874 et 1875, la part afférente à l'Angleterre est la suivante :

30

1874 1875

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82

D

9..

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Après l'Angleterre, les débouchés les plus importants pour nos beurres salés, sont :

Le Brésil, la Belgique, l'Amérique du sud, la Martinique et la Guadeloupe, la Norwége, etc.

Quant aux beurres importés en France, les beurres frais ont seuls une importance réelle, se traduisant, comme nous l'avons vu plus haut, par une valeur moyenne annuelle d'environ 10 millions de francs.

Nos deux principaux fournisseurs sont :

La Belgique, qui nous envoie annuellement 2 millions de kilog. de beurres lavés à l'eau légèrement salée.

L'Italie, dont le commerce d'importation s'accroît chaque année en France et dépasse actuellement 1 million de kilogrammes, tandis qu'en 1868 il n'était que de 1/2 million.

Vient ensuite la Suisse, qui ne nous envoie guère plus de 100,000 kilogrammes de beurre par an.

En ce qui concerne la Belgique, il y a plutôt échange de beurres frais entre les deux pays, notre commerce d'importation et d'exportation s'étant traduit, en 1874 et 1875, par une somme équivalente d'environ 2 millions de francs.

IMPORTANCE DE LA CONSOMMATION DU BEURRE A PARIS

Le beurre est une des denrées alimentaires dont la consommation a fait le plus de progrès à Paris. depuis 25 ans; en voici la preuve :

1850..... 6 mill.

QUANTITÉS (1)

TOTAUX.

Kilos.

9 mill.

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1859...

8

D

....3 mill. ....3

.....

D

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1869.....11,5

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.4,1

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1873.....10,2

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D

....3,8

D

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1874.....10,3
1875.....10,6
Les chiffres de la seconde colonne nous sont four-

nis par l'administration de l'octroi et représentent
les quantités de beurres qui, expédiées directement
aux particuliers ou aux marchands, ne passent pas
par la halle et sont soumises seulement aux droits
d'octroi, élevés, depuis le 30 novembre 1872, de 12 fr.
à 20 fr. 40 c. par 100 kilos.

Le produit de la vente des beurres aux halles de

Paris s'est traduit, en 1874 et 1875, par les chiffres suivants :

1874

1875

Quantités.

10,349,429 kilogr. 10,677,207

Produits de la vente.

32,954,657 fr.
33,576,029,

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Beurre Petits beurres en mottes. Gomnay. en 1/2 kilog. 1850.....2 12.....lf 78..... 1f 49.....lf 18 1859..... ...2 90.....2 44...........2 14. 1869.....3 48.....2 99.....2 68.....2 36 1872.....3 51.. ...2 98.....2 69.....2 28 1873... .3 68.....3 13.....2 77.....2 45 .3 32.....2 98.....2 55 1874.....3 88. 92.....2 32 1875.....3 93.....3 31.....2 92.

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D'où il résulte que depuis 25 ans le prix du kilog de beurre aux halles de Paris a presque doublé.

Cette hausse successive du prix du beurre à Paris tient surtout à l'accroissement si considérable de notre commerce d'exportation.

La consommation du beurre à Paris ayant été de 14,400,000 kilog. en 1875, si l'on divise ce nombre par le chiffre total de la population parisienne, 1,851,000 habitants, on trouve pour valeur de la consommation individuelle 7,7, tandis que celle en fromage ne dépasse pas 6 kilogs.

Malgré l'accroissement dans la consommation du beurre à Paris, on doit remarquer cependant que celle-ci n'est pas encore revenue à ce qu'elle était en 1869, 15 millions 600,000 kilogrammes, mais nous les chiffres officiels aux énormes quantités de beurre pensons qu'il faut attribuer la diminution accusée par factice dit Margarine Mouriès, beurre oléine, etc., qu'un certain nombre d'usines établies autour de Paris livrent actuellement à la consommation et au prix de 1 fr. à 1 fr. 10 le 1/2 kilog, inférieur à celui des plus petits beurres.

Ce beurre factice n'est soumis à aucun droit de vente ou d'octroi, et fait par suite une sérieuse concurrence aux petits beurres.

La production de cette margarine a pris un tel dẻveloppement que dans les documents statistiques publiés par l'administration des douanes en 1875, ce produit figure, au chapitre des marchandises exportées, pour un total de:

243,494 kilogs et une valeur de 365,241 francs. D'autre part, la Société d'Alimentation concessionnaire du brevet Mège-Mouriès et qui vient de gagner le procès intenté à tous les fabricants de produits similaires de la margarine, évalue à 6 millions de kilog. la production annuelle de cette denrée, et prétend que sur ce total il n'y a que 3 millions de

est vendu pour du beurre réel.

kilog. déclarés comme margarine et que le surplus

Le produit désigné sous le nom de Margarine rend, comme aliment, des services réels à la classe pauvre, surtout en hiver, saison pendant laquelle le beurre est si cher, mais il n'en est pas moins regrettable que cette denrée soit employée aujourA. POURIAU, Si la consommation du beurre à Paris a considéra-d'hui, sur une grande échelle, pour falsifier les beurProfesseur à l'Ecole d'agriculture de Grignon. blement augmenté depuis 25 ans, le prix du kilogramme a toujours été en progressant, comme on peut le voir ci-après :

(1) Pour plus de détails, voir notre ouvrage La Laiterie, etc., 2e édition, chez Niclaus et Cie, 8, rue Garancière, Paris.

res véritables.

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