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THERMOMÈTRES A MIDI

VENTS A 9 HEURES DU M.

THERMOMÈTRES

OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES & HYDROMÉTRIQUES FAITES AU JARDIN PUBLIC D'ANNECY

Altitudes Du Jardin, 448 30. Du baromètre, 453 10. Du zéro de l'Echelle du Lac, 446 275 (Annecy par 45° 53' 59" de latitude et 3° 47' 33" de longitude E.)

BAROMETRE PLUIE Evapo- HUMIDITE

ÉTAT DU CIEL

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TOMBEE ration
en 24
9 h. m. heures.

en 24 heures.

relative
de 1
à 100 l'ombre.

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HAUTEUR DU LAC

à 9 h. du matin.

TEMPERATURE

de l'eau à 9 h. m.

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S.-O S.-O faible
id.
id.

9

15,5

10

15

41,5

27

14

34,5

27,5

11

20

14

11

19

14

73 13,8

19

15

12,5

20,5

15

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couvert Vent du nord supérieur fort, éclaircie le soir, pluie 0,830 8,5

id.

id.

Couvert tout le jour.

[la nuit. 0,780 7,5

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0.-S.-0

id.

id.

Pluie légère 10 h. soir.

0,760 8,9

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O.-S.-O modéré

id.

Couvert tout le jour, rares éclaircies.

0,750 8,5

id.

id.

Id..

id.

0,750 8,4

fort

pluie

Pluie par ondées tout le jour, couvert soir.

0,770 8,1

id

couv.1/2 Eclaircie à midi, très beau 10 h. soir.

0,790 8,5

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beau id.

Beau tout le jour et la nuit.

0,800 8,7

Id., couv.1/4 Eclaircie, nuit claire.

Id.

0,810 9,1

0,810 9,4

0 faible

beau

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Couvert 10 h. soir, pluie la nuit.
couv.1/2 Eclaircie dans le jour, beau 10 h. soir.
couvert Id. à midi, vent très fort O. et N.-O., très 0,850 10,2
Très beau 10 h. soir. [beau dans la nuit. 0,820 9,2
Id., id.
0,805 11,5
Vent très violent vers 9 h. soir, éclairs, tonnerres, 0,790 12,5
très faib. couvert Pluie légère, 10 h. soir. [pluie dans la nuit. 0,810 13,2
id.
id.
Eclaircie à midi, pluie dès 6 h. soir.
0,820 13,4
modéré. pluie Pluie jusqu'à 11 h. m., couv. ensuite, clair 10 h. s. 0.840 12,9
couvert Orage à 11 h. 1/2 m, averse et grêle, pluie légère 0,850 13
id. Pluie légère de 6 à 8 h. m. [de 3 h. s. jusqu'à 5. 0,900 13
couv.1/2 Eclaircie dans le jour, clair 10 h. soir.
0,840 13,4
beau
0,820 13,2

0,810 10,2

0,840 11,1

très beau Quelques gros nuages apparaissent dans le jour. 0,810 13,7 id.

0,820 14,2

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La lettre p signifie pluie inappréciable au pluviomètre; de même n signifie: quantité de neige inappréciable au pluviomètre. ainsi qu'à l'évaporation, représentent des millimètres. Le signe Le signe? indique qu'on n'a pas pu reconnaître la direction ou la force du vent. parenthèses qui suit le mot brouillard ou son abréviation, signifie que les objets cessent d'être perceptibles à cette distance.

Annecy. Imp. Ferrissin.

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Les nombres relatifs aux hauteurs de pluie marque un calme plat. — Enfin le chiffre entre AUGUSTE MANGÉ, architecte de la Ville.

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La paix n'avait jamais été bien sincère entre Genève et la Savoie depuis le xvre siècle. La cité séparatiste, appuyée par la France et par Berne, n'avait pas pris à cœur de respecter le traité de 1569, notamment en 1589 et 1598, ni celui de 1603, surtout en 1666 et 1730.

La cession au canton de Genève par la France de quelques communes qu'elle aurait dù garder en neutralité d'après le traité de 1601, avait ajouté aux griefs précédents.

Le roi de Sardaigne, une fois assuré de ses positions en Italie par le traité de 1752, voulut mettre ordre à la frontière de Genève. Mais les influences habituelles faussèrent le résultat de cette tractation. Par le traité de Turin du 3 juin, ratifié le 15 juin 1754, la limite, partant des bords de l'Arve, remontait au nord le ruisseau de la Seime jusqu'au pont Bochet, suivait par le chemin de Miolans à Pressy vers le lac Léman entre Collonges et Vesenaz. Genève gardait l'enclave de Jussy avec Gy et Sionnet par le ruisseau de Chambotton, et cédait GrangeVeigy et les Etoles par le ruisseau de Tuernant.

Au sud, le roi de Sardaigne cédait la rive gauche de l'Arve depuis Carouge jusqu'au Rhône par une limite suivant le chemin du Crêt-des-Morts jusqu'entre Saint-Georges et la Bathie.

Plus bas, Genève gardait la Petite-Grave, Cartigny, Avully, Epeisse, Passeiry et Chancy jusqu'à la route et le nant de Chalon. La Savoie retenait Avusy, Attenaz, Bernex, Onex, Lancy, Carouge, Loëx et Aire-la-Ville.

Les routes et les cours d'eaux servant de limites demeuraient au roi de Sardaigne.

La bizarrerie de ces découpures de territoires attestait que rien n'avait changé à Genève depuis le XVIe siècle. Aucune idée large et magistrale n'avait surgi de cette révolution. On tenait à garder les prises principales faites sur les terres de l'évêché, du chapitre et du prieuré de Saint-Victor. C'étaient des chicanes d'enclaves, sans aucune grande vue d'intérêt public. Et les cantons de Berne et de Zurich étaient les seuls patrons officiels d'un traité obtenu par le commérage de quelques puissances, qui n'osèrent pas figurer publiquement dans un acte aussi ridicule.

Par déférence pour ces puissances médiatrices, quoique innommées dans le traité, Charles-Emmanuel III s'accommoda à ces mesquineries. Mais il exigea 50,000 écus de plus-value dans cet échange de territoires, dont il donna 25,000 livres à Mgr Biord, évêque de Genève, résidant à Annecy, pour racheter les rentes de quelques terres ecclésiastiques que Genève avait cédées, et qu'il avait fait mettre en vente en 1755 et 1757. Le roi se montrait ainsi le généreux intermédiaire d'une restitution à la mense épiscopale d'une partie des biens qu'elle avait perdus en 1535.

Il n'avait pas été moins généreux à l'égard de ses anciens sujets, en leur garantissant la liberté du commerce et du transit, ainsi que l'exemption de la douane et des logements militaires pour les maisons provenant de l'ancien dénombrement féodal de Savoie, et dont les propriétaires étaient genevois.

Mais les familles protestantes qui, par ce traité, se trouvaient sur la Savoie, ne devaient y conserver l'exercice de leur culte que pendant 25 ans, et encore sans prosélytisme, et 4 ans seulement pour Chêne. On comprend la justice de cette réserve, d'ailleurs modérée, contre un ordre d'idées qui était venu semer la division et déchaîner le fléau de la guerre dans ces provinces, et qui était, en définitive, la cause de la brèche de Genève dans les Etats de Savoie.

En lui donnant le droit de cité, le roi de Sardaigne aurait maintenu un brandon de discorde et préparé de nouvelles brèches.

On se rappelle que, par le traité de 1601, la France et la Savoie avaient conservé des passages sur les rives opposées du Rhône, au point que, si ce

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traité avait été qualifié de « paix de marchands » pour le roi de France et paix de prince » pour le duc de Savoie, le règlement des limites pouvait être appelé « un accord de contrebandiers. » L'arrestation de Mandrin par les troupes françaises sur le territoire de Savoie, en 1755, donna lieu à des discussions diplomatiques, ensuite desquelles intervint le traité de Turin du 24 mars 1760.

regards par-delà les hautes montagnes de la Maurienne, et voyageait en imagination.

Un tour de France lui souriait à peine; il lui fallait l'imprévu, les régions inexplorées, les déserts et les forêts immenses. Ainsi, l'Afrique répondait à ses aspirations. C'était vraiment là son rève, son objectif. Mais comment faire une semblable révélation à sa mère, pauvre veuve dont il était l'unique espoir! Le laisserait-elle jamais partir pour aller si loin?

Sachant, sans doute, à quoi s'en tenir à cet égard, il met un de ses amis dans la confidence de ses secrets et le prie de se faire délivrer un passeport pour l'E

Le Rhône devenait l'unique frontière entre les deux Etats depuis la banlieue de Genève jusqu'au confluent du Guiers, qui continuait la limite en remontant à la source du Guiers-Vif; de là elle contournait les deux Entremont par les crêtes de l'Al-gypte. L'ami se nommait Antoine Rollet. Une fois pette et du Grenier jusqu'à la croix du Col-du-Frène, d'où elle descendait par le ruisseau de Glandon, qui la continuait jusqu'à l'Isère.

De la rive gauche de ce fleuve la limite laissait à la France tout le territoire de Chapareillan jusque vers le pont de Gorges, où elle remontait la Bréda par la Combe de Saint-Hugon jusqu'au Pic-duFrène. De là on maintenait la ligne frontière arrêtée au traité d'Utrecht et à la convention de 1718.

La navigation sur le Rhône devenait libre aux deux Etats, et les droits des nationaux respectifs étaient mis sur le pied de la plus parfaite égalité.

Comme tout le décanat d'Aubonne, soit le pays de Gex, depuis l'Aubonne jusqu'à Dorches, en face de Bassy, sur la droite du Léman et du Rhône, ressortait de l'évêché de Genève, les hautes parties contractantes convinrent qu'à la vacance de l'abbaye de Chésery, elle serait unie à la mense de l'évèque de Genève, qui résidait alors à Annecy.

le titre en ses mains, Brun écrit Jacques avant Antoine et Brun avant Rollet, d'où Brun-Rollet.

Il arrive à Marseille et s'embarque sur le premier navire en partance pour Alexandrie. L'inconnu l'attire. Pourtant l'Egypte le laisse froid. Cette terre des miracles, comme on l'appelle encore, qui, à toute époque, a séduit les voyageurs et les a retenus sous son ciel hospitalier, l'Egypte n'est pour lui qu'une étape: il a hâte de s'élancer vers des pays plus agrestes, moins décrits, moins battus.

Précisément, une occasion favorable se présente. C'est un négociant français qui revient du Kordofan et qui repart pour l'Abyssinie. Prendre place dans la caravane, pour affronter les dangers d'une course de 800 lieues à travers les déserts ne l'épouvante en aucune façon. Il signe son petit traité et s'emploie gaiement aux préparatifs : recrutement de serviteurs, achat ou location d'une vingtaine de chameaux et du matériel de campement nécessaire,

tions, sans oublier l'indispensable pacotille de fil d'archal, verroteries, madapolam et une provision de quinine. Ces soins occupent nos deux voyageurs pendant plusieurs semaines. Enfin, au commencement d'octobre 1831, tout est en ordre et la caravane quitte le Caire.

Ce fut encore un mode de réparation par revire-approvisionnement de vivres, d'eau douce, de muniment, que le roi de Sardaigne fit consentir à son neveu, le roi de France, en compensation des accointements de Henri III et de Henri IV pour Genève. Après toutes ces rectifications de limites, CharlesEmmanuel fit continuer l'opération du cadastre dans les communes qui lui étaient restituées et dans celles qui, déjà cadastrées, avaient eu leurs territoires morcelés ou augmentés par les traités de 1748, 1754 C.-A. DUCIS. et 1760.

(A suivre).

LES SAVOYARDS EN EGYPTE

(Suite)

II

BRUN-ROLLET

Lorsqu'il s'embarqua pour l'Egypte, en 1830, Jacques-Antoine Brun avait à peine vingt-trois ans. Quel puissant motif l'obligeait donc à s'expatrier si jeune? Nul autre qu'un caractère aventureux, un goût prononcé pour les lointaines expéditions, et non point, quoi qu'il en dise, la peur de se voir « affublé d'une soutane, » s'il fût demeuré chez lui.

Dès son temps de collégien, notre héros trouvait déjà l'horizon de son pays trop borné. Il n'y voyait pas d'avenir, pas de profession en rapport avec son tempérament actif et studieux, ni surtout avec son amour passionné d'indépendance. Il portait alors ses

Chemin faisant, Brun-Rollet écoute avidement les récits de son compagnon sur le Kordofan et les régions du haut Nil. Il le questionne à son tour sur les produits, les moyens d'échange, et apprend ainsi que le commerce de la gomme est en voie d'acquérir une importance considérable. Utile renseignement dont il saura plus tard tirer profit. On lui parle également des expéditions que Méhémet-Ali vient d'envoyer dans l'intérieur du Soudan; les lettres parvenues en tracent des tableaux décevants qui enflamment encore son ardeur. Il se sent de taille, lui aussi, à porter le jalon du pionnier dans ces lointains parages; l'Abyssinie ne lui suffit déjà plus, c'est au cœur de l'Ethiopie, aux sources du Nil Blanc, qu'il veut dresser sa tente, dùt-il succomber à la lutte et voir son nom s'ajouter au long martyrologe des explorateurs africains.

La traversée qu'il effectue en ce moment est, à la vérité, laborieuse et entourée de quelques périls; ce n'est pas en moins de six mois qu'il en verra_le terme, et ces vastes solitudes sont hantées par des bandes de nomades avec lesquelles la caravane aura plus d'une fois à compter. Mais, dans l'Afrique centrale, c'est le pays tout entier qui est hostile aux blancs, non moins le climat que les indigènes, et

plus que tout cela peut-être, les semblants de fonctionnaires que l'Egypte y a établis.

Quoi qu'il en soit, il s'agit pour le moment de se conformer à l'itinéraire convenu. Le 21 mars 1832, l'expédition arrive à Guellabat, sur les confins de l'Abyssinie. C'est un pays accidenté et productif: des cours d'eau l'alimentent, il y pleut en été, toutes les cultures y prospèrent, entre autres le coton Jumel, qui en est originaire.

Les principales denrées commerciales sont la cire blanche et rouge, la poudre d'or, la gomme, l'ivoire, le café, les peaux tannées et teintes, les chevaux et les mules, ces dernières très estimées. Parcourir les marchés, troquer leurs verroteries contre ces marchandises et les expédier à l'un des ports de la mer Rouge, pour les réaliser en argent, telles sont les opérations qui occupent Brun-Rollet et son compagnon pendant plusieurs années. En même temps, notre compatriote se familiarise avec la langue arabe et les dialectes du Soudan; il pousse des pointes dans l'intérieur, sans toutefois dépasser les limites du 13° degré de latitude, et fait son instruction de voyageur, tout en ajoutant chaque année de nouveaux profits aux anciens.

Quand il se voit à la tête de quelques avances, il revient au Caire et achète deux barques pour entreprendre à son compte une expédition sur le fleuve Blanc. Muni d'un firman en règle signé par le viceroi, il remonte le Nil avec ses barques, facilement d'abord tant qu'il navigue dans les eaux de l'Egypte, mais avec les plus grandes difficultés du moment qu'il parvient à la région des cataractes. Il en a vingt-six à franchir, et pour chacune d'elles, il ne faut pas moins d'un jour ou deux de travail de la part des équipages des deux barques attelés à des cordes et assistés d'une trentaine de riverains.

Après avoir fait l'ascension de la dernière cataracte, car c'est le nom qu'on peut donner à de pareilles manœuvres, il ne se trouve plus qu'à une petite distance de Khartoum, capitale du Soudan égyptien, dont il veut faire le centre de ses opérations. Khartoum est par 15o,35' de latitude nord, à une distance de 2,800 kilomètres du Caire en suivant le cours du fleuve. D'une population de trente mille âmes, son importance est suffisamment expliquée par sa situation au confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu, soit de toutes les vallées qui descendent de l'Abyssinie et du Soudan. A toute époque, cette importance fut plus ou moins considérable. Mais en 1771 une invasion de Schellouk y porta un terrible coup. Ils entrèrent de nuit dans la ville, en massacrèrent les habitants et la rasèrent. Lorsque les soldats de Méhémet-Ali en firent la conquête en 1820, ils n'y trouvèrent que trois huttes et un grand cimetière. Par la suite, Khartoum reprit son ancien éclat, depuis surtout qu'elle fut assignée comme résidence au gouverneur général du Soudan.

Les voyageurs, trafiquants ou chasseurs, qui ont à remonter le Nil Blanc depuis Khartoum, mettent ordinairement à la voile dans les premiers jours de novembre, époque à laquelle les vents du nord commencent à se fixer; le retour a lieu cinq mois après, en avril, terme de la saison sèche. Les barques ont une chambre à l'arrière et une petite cuisine en plein

vent. Leur tonnage est d'environ 300 quintaux. II offre un espace suffisant pour recevoir vingt matelots ou domestiques et leurs provisions de bouche de quatre ou cinq mois. Tous ces hommes savent se servir d'armes à feu. Celles que Brun-Rollet mettait à leur disposition se composaient d'une douzaine de fusils à deux coups et d'un petit canon pouvant courir de babord à tribord, selon le besoin.

Chaque année, à partir de 1843, fut pour notre héros l'occasion d'une expédition nouvelle dans un pays nouveau. C'était bien là son rêve d'autrefois ; il pourra dorénavant en savourer les émouvantes péripéties, sous la forme quelquefois gracieuse, mais plus souvent brutale, de la réalité.

Il fait ainsi connaissance avec des tribus dont les couleurs diffèrent autant que les mœurs, la religion et le langage. Les Hassanieh sont hospitaliers, et leurs femmes, qui sont fort jolies, souhaitent la bienvenue aux étrangers par des danses de caractère. Les Bakkara élèvent des bestiaux dont le laitage et la viande sont distribués largement pour quelques grains de verroteries. Beau pays, d'ailleurs, avec de frais ombrages, des cultures suivies et des pâturages luxuriants.

Mais voici venir les Schellouk, dont le nom a été déjà prononcé, race belliqueuse et pillarde. Leurs incursions visent tout d'abord les parcs à troupeaux des Bakkara leurs voisins, auxquels ils rendent la vie dure. Ils ont aussi des façons beaucoup moins hospitalières. Pour gagner leurs bonnes grâces, BrunRollet leur distribue des toiles, du tabac et des ognons; cela lui permet de circuler dans leur territoire, et d'apprécier la valeur des immenses forêts de gommiers qui le couvrent. A son retour, il chargera ses barques de leurs riches produits.

Un peu plus loin, ce sont les Arabes d'Abou-Rof qui font la guerre avec les Denka, grande peuplade nègre, au confluent du Nil et de la Sobat, sous le 9e degré de latitude. Il a maille à partir avec eux pour des cargaisons d'esclaves qu'il veut délivrer, et se voit obligé de faire le coup de fusil. Le petit canon lui-même intervient comme dernier arbitre.

Dans une autre circonstance, plus grave peut-être, bien que l'on n'y ait pas brûlé de poudre, il fut attaqué par une escouade de soldats du gouvernement égyptien. Cela se passait au mois de décembre 1845. Les soldats, leur officier en tète, voulaient interdire à notre compatriote de vendre ou d'acheter le long du Nil Blanc, disant que la route n'avait pas été ouverte pour les Chrétiens et le menaçant de confisquer tout l'ivoire qu'ils trouveraient à bord de ses bateaux. Devant cet acte de violence, que la présentation d'un firman en bonne forme ne réussit point à arrêter, Brun-Rollet conserva une attitude pleine d'énergie dont le résultat fut, entre autres, d'épargner à son équipage les mauvais traitements. Toutefois, il fut obligé de rebrousser chemin et de s'abstenir de toute opération commerciale pendant cette campagne. Il ne fallut rien moins que l'intervention des consuls résidant à Khartoum et un ordre sévère de Méhémet Ali, pour rétablir ensuite la liberté de la navigation et des échanges sur le haut Nil.

Tout ce qui est arabe en Afrique est musulman; il y a aussi beaucoup de tribus nègres qui profes

sent cette religion; mais les Schellouk et les Denka ne sont pas de ce nombre. Les derniers, cependant, croient à une autre vie; il n'en est pas de même des Schellouk: ils reconnaissent seulement un esprit invisible, créateur de toutes choses, qui daigne quelquefois visiter le lieu sacré, dit Niécama, sous la forme d'un lézard ou d'un oiseau. Ce lieu vénéré est ordinairement un grand arbre ou un bois, qui sert d'asile au jongleur que le peuple va consulter sur ses affaires. Chaque visite ou consultation est naturellement accompagnée d'un présent, qui forme le revenu de cet industriel.

Avec les Abou-Rof comme avec les Denka, BrunRollet trouve encore moyen de faire des échanges fructueux de ses verroteries contre de la poudre d'or, de l'ivoire, des plumes d'autruche et des lanières d'hippopotame. Le montagnard de la Maurienne se montre ainsi doublé d'un adroit négociant, ce dont personne assurément ne paraitra surpris; mais cela n'empêche que, de temps à autre, le tempérament du chasseur reprend le dessus, et alors nous le voyons s'aventurer dans l'intérieur avec trois ou quatre fidèles, s'embusquer dans les taillis et, au bout de quelques jours, rapporter comme butin des peaux de léopard ou de lionceau, et par douzaines les pintades et les francolins.

Nous avons laissé notre Savoyard sous le 9e degré de latitude: c'est une de ses premières étapes depuis qu'il est venu s'établir à Khartoum. Plus tard, en 1847, il pousse jusqu'au 6e degré et demi, dans le pays des Djour; puis, en 1851, il vient jeter l'ancre dans les eaux de Gondokoro, latitude 4o,54', et y fonde un comptoir, qui deviendra désormais un point de ravitaillement pour toutes les expéditions européennes aux sources du Nil. Deux ans après, il put déjà y recevoir les Révérends Pères de la mission catholique autrichienne, qui étaient venus prècher l'évangile dans ces parages: noble tentative, qui échoua devant l'ignorance et la brutalité de la population. Après y avoir passé toute l'année 1853, les missionnaires durent quitter le pays, exténués, malades, et se replier sur Khartoum, où les attendaient le reste de leurs compagnons.

le Bulletin de la Société de géographie, entre autres
des observations de température faites sous le 9o de-
gré de latitude, et sur lesquelles nous aurons l'oc-
casion de revenir.
E. TISSOT.

BIBLIOGRAPHIE SAVOISIENNE

Travaux de la Société d'histoire et d'ar、 chéologie de la Maurienne (Savoie), Saint-Jean-de-Maurienne, imprimerie Vulliermet, 1875-1876; in-8o, III vol., 3 et 4e bulletins.

La Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne poursuit le cours de ses travaux avec un zèle et un dévouement qu'on ne saurait trop louer : ainsi elle vient de publier, à quelques mois d'intervalle, deux nouveaux fascicules de ses Mémoires qui ne manquent point d'intérêt et sur lesquels nous désirons appeler tout particulièrement l'attention des érudits savoisiens.

Le troisième bulletin s'ouvre par les précieuses recherches de M. le général Auguste Dufour, notre collègue à la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, sur Les Franc ises de Bessans, en Maurienne, franchises octroyées, selon la tradition, en 1319, par les abbés de Saint-Michel de la Cluse et confirmées, en 1567, par le duc Emmanuel-Philibert. Avant d'aborder l'examen de cette véritable charte communale, retrouvée récemment aux archives du royaume, à Turin, M. Dufour nous montre les abbés de Saint-Michel acquérant, en 1333 seulement, des princes de Savoie, les château, ville, territoire et mandement de Tournon-en-Tarentaise et échangeant, en 1357, ces possessions contre la paroisse de Lans-le-Villard, en Maurienne, le fief de Coazze, en Piémont, et les terres de Bessans et de Boczesel, en Savoie, puis il ajoute : « Les documents que je viens de citer ne permettent pas d'admettre pour la concession de leurs franchises, la date de 1319 réclamée par les habitants de Bessans; il faut tout au moins la ramener après 1357. » Ces franchises ont un cachet spécial qui les distingue de celles publiées jusqu'alors: ainsi, nul de Bessans ne peut vendre son bien à des étrangers, s'il n'a fait au préalable trois criées pendant trois jours; l'acheteur, s'il s'en présente un de Bessans, aura la préférence sur l'étranger; l'arbitrage est admis dans les différends qui peuvent surgir entre particuliers ou dans les discussions auxquelles peut donner lieu l'interprétation des coutumes du lieu; quatre prud'hommes sont chargés de visiter les chemins et de pourvoir à la réparation des routes; le châtelain est élu pour trois ans, le métral pour un an; nul officier n'est rééligible qu'après un intervalle de six ans; les habitants enfin peuvent tester par devant tel notaire qu'ils voudront et non plus seulement par devant le greffier ou curial. Les renseignements donnés par M. Dufour sont, Brun-Rollet a écrit un livre fort intéressant inti- on le voit, du plus haut intérêt pour l'histoire comtulé Le Nil Blanc et le Soudan (L. Maison, li-munale: aussi ne saurions-nous trop engager le gébraire-éditeur, rue de Tournon, 17, Paris 1855), récit vivant de ses aventures et résumé de ses découvertes géographiques. Il a publié aussi quelques articles dans

Il faut, d'ailleurs, convenir qu'aucun climat n'est plus funeste aux Européens que celui de cette portion de l'Afrique : les fièvres, la dyssenterie, l'énervement produit par d'intolérables chaleurs, abattent les constitutions les plus robustes. Si Brun-Rollet put y résister pendant près de vingt-six ans, il le dut à une vigueur exceptionnelle, et à quelques séjours qu'il fit en Europe pour se retremper. Néanmoins, la mort le surprit à un àge peu avancé, au moment où, rassasié d'inconnu, il songeait à revenir dans son pays natal pour y jouir de sa petite fortune. Il mourut à Khartoum le 25 septembre 1858, entouré de quelques Européens et de ses deux compatriotes, les frères Poncet. Il était né à Saint-Jean-deMaurienne le 25 juillet 1807, et n'avait donc pas plus de cinquante et un ans.

néral à publier souvent de pareils documents.

L'étude sur Le château de Tournon-sur-Isère en Savoie qui vient ensuite et qui est due à la plume du

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