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que celles qui en forment les flancs du côté de la Meuse ou de l'Eifel.

Le phyllade pailleté de Vieil-Salm (Brongn.), le steaschiste diallogique (Brongn.) d'Ottré et le phyllade porphyroïde (Brongn.) de Deville et Laifour, près de Monthermé sur la Meuse, ont été considérés comme des roches primitives; tandis que M. de Raumer a soutenu qu'à cause de l'inclinaison générale des couches vers le midi, il fallait admettre que les couches septentrionales étaient inférieures aux couches qui leur succèdent vers le midi; de sorte que le terrain schisteux des Ardennes serait d'une formation postérieure et superposée au terrain houillier de la Sambre et de la Meuse. Jusqu'ici des observations directes n'ont peutêtre pas suffisamment réfuté la conjecture de M. de Raumer.

D'après M. Steiniger, on peut seulement indiquer dans le terrain schisteux de la Meuse trois systèmes de couches différens, mais intimement liés entre eux par la nature des roches et par la concordance de leur gise

ment.

Le premier système est inférieur au calcaire de transition et se compose de schiste argileux et d'ardoise (thonschiefer), de quartzite (quartzfels et hornfels), de phyllade pailleté et quartzeux (grauwackenschiefer), de psammite schistoïde et sablonneux (schiefrige und feinkoernige kiselige grauwacke, ou grauwacke schisteuse et grauwacke siliceuse à grains très-fins) et de poudingue psammitique (kieselkonglomerat, conglomérat siliceux.

C'est ce système qui compose les Ardennes entre Spa et Prum, et entre Bure et Diekirch. On pourrait croire que dans ce terrain les ardoises forment une chaîne qui passe par Montjoie, Vieil-Salm, Herbeumont, et entre Rocroy et Fumay; car non-seulement il y a des ardoisières très-importantes auprès de ces endroits, mais on admet aussi communément que la direction principale des couches des Ardennes, comme de tous les terrains schisteux de l'Europe, va de S. O. vers N. E.; et justement la ligne tirée par Montjoie, Vieil-Salm et Herbemont, prend à peu près cette direction. Il est vrai que le terrain ardoisier de Fumay et de Rocroy ne se trouve plus sur la même ligne; mais comme la direction des couches d'Herbeumont est O 124 S. O., et que les couches d'ardoises de Monthermé sur la Meuse ont un pendage vers le N., qu'elles sont conséquemment dirigées vers l'O., on pourrait croire que la chaîne ardoisière de Montjoie et de Vieil-Salm s'infléchit vers l'O. dans les parties méridionales des Ardennes. Après avoir bien réfléchi sur la structure de ces montagnes, M. Steiniger était même tenté d'admettre comme une loi générale, que toutes les couches des Ardennes prennent une direction plus occidentale à mesure que l'on avance vers le S., et que toutes les bandes des différens terrains y forment de grands arcs, dont les bras méridionaux seraient dirigés d'abord vers l'O. et ensuite vers le N. O., pendant que les bras septentrionaux se dirigeraient vers le N. E; M. Steiniger croyait encore trouver une nouvelle preuve de cette loi dans la direction de la bande calcaire de transition qui passe par Theux, Dur

buy, Marche, Bure, Tellin et Tavingne à l'E. de Givet, parallèlement à la bande ardoisière.

pas

Cependant, en parcourant les Ardennes, la boussole à la main, le même géologue a reconnu que ce premier entièrement confirmé par une n'était aperçu observation exacte, et qu'il faut distinguer entre l'allure d'une bande de terrain et la direction de ses couches. On voit, par exemple, que la direction des couches est la même à Bihain que dans les ardoisières d'Herbeumont, ou dans le terrain calcaire de Durbuy et de Rochefort; mais la direction de la bande calcaire qui, depuis Rochefort jusqu'à Durbuy, va presque du S. au N., en est très-différente. Il ne faut donc pas toujours chercher la continuation d'un terrain dans la direction de ses couches.

Le terrain qui forme les environs de Vieil-Salm et d'Ottré, est d'une très-petite étendue, et ne se rencontre nulle part ailleurs dans les Ardennes; même à peu de distance, et sur le prolongement de la direction de ses couches, on trouve des roches minéralogiques trèsdifférentes, dont le terrain d'Ottré est de toute part entouré. Le phyllade pailleté (thonschiefer) de VieilSalm et d'Ottré, a la couleur bleu rougeâtre, et une tendance à se diviser en grandes masses plutôt qu'en feuilles; de sorte qu'on en retire des pierres assez grandes pour servir de trumeaux. Il se compose de schiste (Brongn.) presque compact, mêlé de petites paillettes de mica; et les ardoises des mêmes endroits ne s'en distinguent que par l'absence de ces paillettes, et par la structure fissile ou lamellaire qui s'observe même

dans leurs couches les plus minces. En outre, il faut remarquer que les ardoises d'Ottré et le phyllade pailleté de Recht et de Vieil-Salm, contiennent quantité de petits points plus durs que la masse principale, ce que M. Steininger regarde comme diallage métalloïde, d'autant plus que cette substance (1) se trouve mêlée au stéaschiste gris (talkschiefer) qui forme une couche de plusieurs mètres d'épaisseur entre les couches de phyllade pailleté et d'ardoises, et dont la direction est la même que celle de ces dernières roches.

Le phyllade pailleté de Vieil-Salm, d'Osart, de la Comté, d'Ottré et de Bihain, est traversé de veines de coticule (pierre à rasoir) jaune, à bords translucides que l'on exploite aux endroits nommés, et dont on fait le commerce dans presque toute l'Europe. Ces veines, dont on connaît à Ottré jusqu'à vingt-quatre, ont paru à M. Steininger avoir presque la même direction le que phyllade dans les carrières près de Bihain; mais elles avaient un pendage plus fort que celui des couches de phyllade vers S. E. L'épaisseur de ces veines peut aller jusqu'à deux pouces, et elles adhèrent au phyllade de telle manière qu'elles sont régulièrement traversées

(1) Le minéral en petites lames d'un noir brillant (qui est mêlé au stéaschiste d'Ottré ) appartient à la variété de diallage, appelée par M. Hauy, métalloïde (schillerstein de M. Werner); d'autres l'ont nommé schillerspath. La gangue est un talc schisteux auquel le mélange du diallage paraît avoir communiqué une certaine âpreté. On trouve dans les États-Unis une roche entièrement semblable à celle-ci, qui contient la même variété de diallage; mais cette dernière est en lames plus étendues, ce qui a permis à M. Hauy d'en extraire la forme primitive à l'aide de la division mécanique. Telle est l'opinion de M. Hauy.

Vus par la loupe, les petits points mêlés au phyllade pailleté et aux ardoises de Werlemont et d'Ottré, ont absolument le même aspect que les lames de diallage qu'on observe dans le stéaschiste. Au reste, l'opinion d'Hauy est regardée comme douteuse par M. Brongniard.

par

les plans de stratification qui séparent les couches de phyllade; on entaille les pierres à rasoir de sorte qu'une couche de coticule jaune adhère à une couche de phyllade, et en soit en quelque sorte supportée.

Le stéaschiste diallagique dont on peut observer un rocher à l'O. d'Ottré et au N. de Bihain, contient aussi de la coticule bleuâtre; et M. Steininger croit que cette circonstance démontre la liaison intime qui existe entre le steaschiste et le phyllade environnant; de sorte qu'il faut ranger tout ce terrain entre les terrains primitifs, le stéaschiste ou schiste talgueux, étant ordinairement subordonné à ces derniers.

Les ardoises d'Herbeumont sont bleues, et ne présentent aucun des accidens dont on vient de parler; mais le terrain qui entoure les ardoisières d'Herbeumont est le même que celui qui environne celles de Vieil-Salm et d'Ottré. On a commencé récemment à exploiter des ardoisières à Wolflingen, près de Martelange, qui se trouvent dans la direction des couches d'Herbeumont; mais entre Herbeumont et Ottré, il n'y a nulle part des ardoisières, et on ne trouve dans les environs de Neufchâteau et de Bastogne que du schiste argileux bleuâtre ou rougeâtre, et du phyllade pailleté et quartzeux, traversés de filons de quartz blanc qui ont souvent plusieurs pieds d'épaisseur. Dans les bois entre Bende et Champlon, il y a une chaîne de quartzite semblable à celles qui couvrent si souvent de leurs débris les flancs des montagnes de Hundsruck; il paraît qu'elle passe entre Bonnerue et St.-Hubert, et entre Bertrix et Palizeul.

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