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ROIS ANS

1-22-27

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Le 1er septembre 1852, à midi, le Humbold, ce géant des mers, qui deux ans plus tard devait s'abîmer sur les rochers d'Halifax, passait majestueux devant la jetée du Havre, saluant de son artillerie les rives de la France. Sa poupe hardie fendait les ondes rebelles et courait de toute la force de ses huit cents chevaux de vapeur vers les immenses étendues de l'Océan, sa tempétueuse patrie.

Nous étions sur le pont, suivant d'un regard ému les derniers promontoires que, par gradation, l'horizon cachait à nos yeux.

Le lendemain au matin, quand nous nous éveillâmes, la terre avait disparu, la lame était plus forte, et le monstre marin qui nous portait en rugissant, roulait avec effort

sur les montagnes liquides qui le soulevaient avec grâce. Nous étions en pleine mer.

La vie à bord des steamers transatlantiques est assurément fort douce pour ceux des passagers de première classe qui n'ont pas le mal de mer. On sert le thé à six heures du matin pour les personnes matinales; à huit heures on déjeune à la fourchette ; à midi on prend le lunch; à quatre heures on dîne, mais sans vin ni café; à sept heures on prend le thé; enfin à minuit on peut se faire servir à souper. Ajoutons que la cuisine est généralement bonne et très-variée. Les dandys trouvent à bord des barbiers américains qui les rasent et les frisent dans toutes les règles de l'art. Un bar-room des mieux montés offre aux buveurs des vins et des liqueurs de choix. Enfin, la société est généralement agréable, et l'on passe assez bien ainsi les treize ou quatorze jours qui séparent l'Europe de l'Amérique.

Ce fut le treizième jour de notre départ que nous arrivâmes à New-York. New-York, admirablement situé entre les rivières de l'Est et de l'Hudson, est, on le sait, une des plus grandes, des plus belles et des plus commerçantes villes du monde. Sa population au dernier recensement présentait le chiffre considérable de huit cent mille âmes, sans compter les villes avoisinantes de Brooklin et de Hoboken, à peine séparées de New-York par la largeur des deux rivières, et qui, on peut le dire, ne forment qu'une seule et même ville de près d'un million cinq cent mille habitants.

En débarquant à New-York, le voyageur est vraiment étonné du mouvement considérable que présente le port.

Ce ne sont que bateaux à vapeur d'une forme étrange, à deux ou trois étages, ressemblant plus à de vastes maisons flottantes qu'à des bateaux ordinaires, et qui se croisent en tous sens dans la baie avec des remorqueurs, des yachts, des schooners et des navires de tous tonnages et de toutes nations.

Au premier coup d'œil il est facile de juger du génie actif de ce peuple, laborieux jusqu'à l'excès, qui travaille pour vivre et ne vit que pour travailler, dont le commerce est à la fois le moyen et le but, et ne sait gagner de l'argent que pour en gagner davantage encore.

Au premier coup d'œil aussi, il est aisé de voir dans ce peuple essentiellement démocrate le sentiment inné de la liberté.

L'habit noir est le costume de tous aux Etats-Unis, et les hommes officieux qui se pressent à bord des navires pour vous offrir des adresses d'hôtels, aussi bien que les charretiers et les cochers qui s'offrent à porter vos bagages, ont pour l'étranger l'apparence de parfaits gentlemen, un peu râpés, voilà tout. Quand vous avez opté pour tel ou tel hôtel, un énorme carrosse à douze places, de la forme de nos anciens carrosses français, s'avance lourdement, charge vos malles sur son impériale et vous conduit à destination.

On sait ce que sont les hôtels en Amérique des maisons immenses, meublées avec le plus grand luxe et desservies par des régiments de nègres et par des bataillons de jeunes Irlandaises, fraîches et accortes, auxquelles échoit le service des chambres. Des milliers de voyageurs qu'emmènent et ramènent de tous les côtés de l'Union les

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