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l'âge de 47 ans d'un rhumatisme chronique. Elle venait me consulter, parce que depuis 3 mois il lui était poussé à plusieurs reprises (10 à 12 fois) sur la peau du front de petites grosseurs, indolentes même au toucher, qui venaient tout d'un coup et disparaissaient en 24 heures. Elle affirmait qu'elle voyait aussi quelquefois des grosseurs pareilles se montrer sur la face dorsale des mains et disparaître de même avec une grande rapidité.

Chez cette dernière malade l'arthritis était évident.

De ces trois faits, il semble résulter qu'il se produit souvent chez certains sujets, et particulièrement chez ceux qui sont atteints de la diathèse arthritique, des sortes de fluxions passagères, donnant lieu à des nodosités cutanées, analogues pour l'aspect à des gommes, mais qui en diffèrent absolument par la rapidité de leur disparition.

Il est bien singulier qu'aucun de nos auteurs classiques n'ait fait mention de cette petite lésion qui réalise à coup sûr de la manière la plus évidente et la plus tangible le phénomène de la fluxion rhumatismale. Et s'il est vrai, comme je le suppose, que les migraineux soient spécialement disposés à ce genre de fluxion cutanée, il est assez étonnant que le fait n'ait pas encore été signalé. Peut-être cela tient-il à sa bénignité, à sa fugacité. Il sera facile de vérifier le fait en y regardant d'un peu plus près.

Toutefois, s'il est vrai que je n'ai rencontré aucun fait semblable à ceux que je rapporte, il en existe au moins d'analogues dans le rhumatisme articulaire aigu. Frerichs et Virchow ont décrit, comme un phénomène rare d'ailleurs, dans le rhumatisme articulaire aigu, la production de nodosités dans le tissu conjonctif. Et on conçoit par parenthèse combien cette notion vient encore ajouter de difficultés au diagnostic différentiel de la goutte et du rhumatisme.

Et je trouve, dans le numéro du 5 décembre 1875 du Lyon médical, une observation fort intéressante de M. le Dr P. Meynet, médecin de la Charité, observation intitulée ainsi qu'il suit : Rhumatisme articulaire subaigu avec production de tumeurs multiples dans les tissus fibreux périarticulaires et sur le périoste d'un grand nombre d'os. Il s'agit dans ce cas, d'un jeune homme de 14 ans atteint d'un rhumatisme à frigore à répétitions; dans le cours de la dernière attaque il se manifesta une foule de nodosités fibreuses; on en trouvait sur le dos des mains, le long des tendons où elles formaient des chapelets; ces nodosités étaient dures au toucher, mais non douloureuses, et adhéraient intimement aux tendons; elles variaient de la grosseur d'un pois à celle d'une lentille. Tout autour des articulations digitales on trouvait de ces petites tumeurs affectant la forme et le siége des tophus, mais mobiles et glissant sous la pression. De même aux coudes, autour des genoux, aux orteils, le

long de la colonne vertébrale. La tête en présente un grand nombre : le malade a de la peine à se peigner, bien que ces petites tumeurs soient indolentes; mais elles gênent l'action du peigne; enfin, sur le front, six de ces productions nouvelles dessinent un croissant à concavité supérieure très-saillant et dont l'ouverture est de 3 à 4 centimètres. Ces tumeurs très-nombreuses, de date toute récente, disparurent avec une grande rapidité; nous en avons vu naître sous nos yeux, dit M. Meynet, pour ainsi dire du jour au lendemain et nous les avons vues s'éteindre de même. Le malade prit bien, il est vrai, de l'iodure de potassium à la dose de 0,50 par jour; mais avant même qu'il en prît, le malade dit avoir vu une grande quantité de ces tumeurs disparaître spontanément.

Assurément ce cas n'est pas absolument semblable à ceux que j'ai rapportés. L'auteur, en attribuant d'ailleurs au rhumatisme la genèse de ces nodositės indolentes et passagères, en place le siége dans le tissu fibreux, dans le périoste. Il m'a semblé, quant à moi, que les nodositės que j'ai observées siégeaient dans l'épaisseur de la peau, à sa face profonde, et peut-être même plutôt dans le tissu cellulaire sous-cutané; on eût dit un œdème local, œdème dur, circonscrit, quelque chose de trèsanalogue à l'érythème noueux, mais sans érythème, sans rougeur. Plusieurs fois même, j'ai observé un fait qui paraissait bien en conformité avec cette interprétation. La nodosité se déplaçait en quelques heures; si j'avais constaté sa présence le matin dans le voisinage de la racine des cheveux, le soir elle avait un peu descendu vers le milieu du front.

Quoi qu'il en soit, de la différence du siége entre les lésions décrites par M. Meynet et celles que j'ai observées, on ne peut qu'être frappé de l'analogie qu'elles présentent au point de vue de leur évolution, et de leur rapidité à se montrer comme à disparaître. C'est bien là le caractère typique et fondamental de la fluxion rhumatismale.

Si je ne me suis pas trompé dans l'observation des faits et leur interprétation, il y aurait donc à ajouter aux formes déjà décrites de la fluxion rhumatismale sur la peau, telles que l'érythème, la miliaire, le purpura, etc., une forme nouvelle que j'ai tâché de caractériser de mon mieux, en lui donnant le nom de nodosité éphémère de la peau.

DISCUSSION.

M. OLIVE appuie les conclusions de M. Féréol d'uu fait qu'il a observé chez une personne de sa famille.

M. PETIT demande quel est le siége anatomique de ces nodosités.

M. FÉRÉOL reste un peu indécis sur le siége de la lésion, mais pense qu'elle réside dans la couche profonde du derme, mais non dans les glandes de la peau; peut-être dans le tissu cellulaire sous-cutané.

M. TEISSIER a observé des faits analogues, soit en ville, soit à l'hôpital. On crut un moment à des gommes syphilitiques, il ne s'agissait fluxions rhumatismales cutanées.

que de

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1o Le nombre des pères ne souffrant que de syphilis latente, quel que soit le traitement qu'ils aient suivi, et ne communiquant aucune infection directe à la mère a été de 50; celui de leurs enfants de 120.

2o Les enfants sont tous venus à terme, bien portants, et sont restés exempts de symptômes spécifiques.

3o Les mères au nombre de 51 n'ont jamais eu à souffrir de la syphilis; les enfants qu'elles ont eus plus tard ont été sains également. Il n'y a donc pas eu d'infection << par conception », par « choc en retour », ni par << the foetal fluids >> ou par d'autres voies fantastiques et théoriques.

4o La syphilis héréditaire supposé, exige donc toujours une infection de la mère, et ne doit son origine qu'à cette seule source. La position de M. Ewre, qui voit habituellement tous ces malades, comme médecin de famille, donne une grande exactitude à ces résultats, et par conséquent une grande importance à cette conclusion.

Quelques auteurs ont prétendu établir la participation du père à la syphilis de l'enfant en démontrant que lorsque les deux géniteurs sont infectés, il se fait une sorte d'accumulation sur leur rejeton dont la maladie serait plus grave. Cette question a préoccupé M. Ewre et voici, sur ce point, le résultat de ses recherches.

Les observations ont porté sur sept couples. Chez deux d'entre eux, la progéniture, loin d'être frappée plus sévèrement, est restée saine.

Dans un cas, l'enfant naquit cinq semaines avant l'expiration des neuf mois, s'il faut en croire la mère; c'est le 27 décembre 1874 qu'il vint au monde : le traitement des parents remontait au mois de janvier de la même année, peu après que la mère avait été contagionnée par le père, atteint d'un chancre en voie de cicatrisation. Le père fut traité par l'expectation, l'usage des bains chauds, combiné avec l'usage des astringents et des caustiques; en mai il eut une iritis, dont l'atropine et les antiphlogistiques locaux eurent si vite raison, qu'il ne fut même pas forcé d'interrompre son travail de for

geron. En février 1877, il eut, sur le même œil, une récidive de la même affection, et ne guérit qu'au bout d'un mois.

Chez la mère, la maladie s'accusa par des troubles internes (insomnie, fièvre, anorexie,) des éruptions ulcéreuses sur la muqueuse buccale, enfin la chute des cheveux. En juin, la plupart de ces symptômes ayant disparu, cette femme apprit à M. Ewre qu'elle était enceinte depuis le mois d'avril. Un avortement était à redouter dans de pareilles conditions; néanmoins l'enfant vint au monde sans présenter aucune trace de syphilis, et si excellent fut l'état de santé de la petite, que la mère ayant déjà eu avant l'infection quatre enfants, a toujours considéré le dernier comme le plus robuste.

Les seuls accidents dont la mère eut à souffrir, à la suite de ce dernier accouchement, furent quelques plaques muqueuses. Le 28 avril 1877, elle donnait à terme naissance à une autre fille de très bonne santé. En août, cette enfant eut, il est vrai, une excoriation superficielle sur le bord de la lèvre inférieure; forme et grandeur d'une fève, fond couvert de mucosité sale; au coin gauche de la bouche, une petite écorchure avec croûte brunâtre; sur les grandes lèvres de la vulve, quatre ou cinq élevures violacées, mais pas de rhagades buccales, ni anales, pas de coryza, pas d'éruption sur la peau, état général excellent. Ces lésions qui disparurent bientôt sous la seule influence des soins de propreté furent jugées non spécifiques par M. Ewre.

Dans le second cas, la mère avait été soumise au traitement depuis le 30 janvier 1871. Cette femme avait présenté un chancre de la lèvre très-induré, qui avait persisté plus de trois mois et avait été suivi d'adénites cervicales, et de rétinite. Le père était traité depuis 1868, mais il menait une vie de débauche et souffrit successivement d'accidents d'alcoolisme chronique, puis d'une encéphalopathie accompagnée d'une diminution notable de la némoire, de l'intelligence et de la motilité. Une petite fille naquit à terme le 5 décembre 1875 d'une première grossesse de la mère; elle était en très-bonne santé. En janvier 1877, elle succomba à une scarlatine suivie de diphtérie et de néphrite. A cette époque le père renonça à ses habitudes de débauche. Au mois d'octobre, la mère se déclara enceinte, et le 16 mai 1878 elle accouchait d'une fille robuste et saine venue à terme (1).

Ces cas ne paraissent guère venir en aide à l'idée de la transmission de la syphilis par le père, ni à celle de l'accumulation. Dans un autre travail, l'auteur en développera d'autres qui sont très-peu favorables à cette théorie également. Dira-t-on que la maladie se présentera plus tard sous une forme tardive? M. Ewre ne reconnaît comme syphilis héréditaire que celle qui se développe dans les trois ou quatre premiers mois qui suivent la naissance. La lues congéniale tardive est toujours douteuse; le microscope même ne saurait prononcer à son égard d'une façon décisive.

Dira-t-on que ces heureux résultats sont l'effet du traitement? M. ŒEwre répond qu'il n'existe pas d'antidote de la syphilis et que ses malades n'ont pas pris un grain de mercure.

1) Cet enfant n'a pas eu besoin d'assistance médicale et elle se trouva toujours bien portante ors de la dernière visite de M. Ewre, le 27 mai 1879.

Une circonstance sur laquelle M. Ewre insiste, c'est sur la surveillance incessante qu'il a pu faire de tous ses malades à leur domicile. Aussi ses résultats lui semblent-ils autrement plus véridiques que ceux qui sont recueillis dans les policliniques, les dispensaires, les hôpitaux d'enfants trouvés, les maisons d'accouchement, avec leur matériel passager, incontrôlable et mensonger.

M. DUNOYER

Externe des hôpitaux.

SUR UNE NOUVELLE BOURSE SÉREUSE PROFESSIONNELLE.

Séance du 29 août 1878.

Nous avons eu l'occasion d'observer à l'hôpital de la Pitié deux exemples de bourses séreuses professionnelles de l'épaule qui, croyons-nous, n'ont pas encore été signalées. De ces deux exemples, l'un s'est présenté dans le service de M. Polaillon, qui a bien voulu nous en laisser prendre l'observation; l'autre dans le service de notre maître, M. le professeur Verneuil, qui a attiré notre attention sur ce sujet.

Beaucoup de travaux ont été écrits sur les bourses séreuses professionnelles; aucun n'en signale sur le milieu de l'épaule.

Béclard, dans son Anatomie générale, Cruveilher, Malgaigne et les auteurs classiques récents ne décrivent pas de bourse professionnelle en cette région.

Patissier, en 1822, dans un ouvrage qui traite spécialement des maladies des artisans, garde le même silence.

Plus tard, Padieu dans une thèse inaugurale, présente un tableau très-complet des bourses séreuses professionnelles. Ce tableau est reproduit sans changement par Marschall, dans sa thèse d'agrégation de la même année, et depuis par la plupart des auteurs. Il ne referme aucun fait analogue à celui que nous exposerons.

Enfin, parmi les auteurs les plus récents, M. Proust, dans son Traité d'hygiène de 1877, présente un long et remarquable travail sur les maladies professionnelles; il cite les éruptions érythémateuses des ouvriers raffineurs, mais ne signale chez eux aucune autre particularité.

Ces ouvriers présentent, cependant, une lésion qui paraît leur être propre.

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