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que la première application pratique du principe de la circulation fut faite à un aquarium important, ce fut celui du zoological Garden, de Londres, qui doit être regardé comme le type originel de ce système. Il fut ouvert au public en 1853, et fut bâti par le secrétaire d'alors du jardin, M. D. W. Mitchell. La circulation de l'eau était effectuée au moyen de deux réservoirs accessoires et d'une pompe à main; l'eau était pompée, de temps à autre, du réservoir d'en bas dans celui d'en haut et, de là, elle coulait doucement dans les bacs d'où elle retournait dans le réservoir d'en bas, et, sous l'action de la pompe, reprenait sa même

course.

Quoiqu'on puisse certainement reconnaître dans cette disposition le type adopté aujourd'hui aux colossales constructions actuelles, l'ensemble a fait des progrès. L'aquarium de Régent's-Park est encore entretenu d'air par le même système mécanique inventé lors de son ouverture, il y a vingt-trois ans; mais il est très-probable que d'ici à peu de temps il sera remplacé par une installation plus en rapport avec les progrès actuels. Lorsque cette nouvelle construction sera inaugurée dans Régent's-Park, nul doute qu'un grand progrès sur les aquariums maintenant existants ne s'accomplisse, tout comme il s'en est produit entre ceux que l'on a construits dernièrement et ceux qui ont été établis en 1853. Ce progrès se manifestera de lui-même, surtout par les procédés et les précautions adoptés pour l'importation et la conservation des types aquatiques venus des climats exotiques et tropicaux. Au lieu de s'en tenir aux espèces si limitées qui habitent nos eaux douces et salées, espèces qui, à peu d'exceptions près, occupent seules aujourd'hui nos aquariums, nous pourrons devenir plus riches en empruntant aux pays étrangers une partie de leur faune si intéressante.

Les excellents résultats obtenus à Regent's-Park amenèrent, en 1859, l'établissement, sur les mêmes principes, mais sur une échelle déjà plus grande, de l'aquarium du Jardin d'Acclimatation de Paris. La machinerie installée pour maintenir l'eau en état de circulation intermittente, fut la première employée; c'était un grand pas, et le succès fut si grand, tant au point de vue financier que théorique, que beaucoup d'autres aquariums semblables furent immédiatement projetés, tant au travers de la France que de la Belgique et de l'Allemagne. Ici se doit placer cependant une remarque frappante, c'est qu'un point d'arrêt se manifesta; on se croyait arrivé, et aucun progrès dans le mouvement intérieur des aquariums ne s'opéra en Angleterre jusqu'à l'ouverture du Palais de Cristal en 1871.

Non-seulement cet aquarium était la plus grande entreprise de cette espèce qu'on eût encore essayée en Angleterre, quoiqu'elle soit largement dépassée aujourd'hui, — mais il était remarquable par la grandeur

du récipient que l'on consacrait à une réserve d'eau tenue à part dans une citerne obscure et non habitée par les animaux, citerne qui correspondait à la citerne de réserve déjà employée dans l'aménagement de l'aquarium de Regent's-Park. Les dimensions seules étaient différentes, car ces réservoirs ou citernes d'épargne furent construits pour contenir au moins cinq fois la quantité d'eau qui, dans les bacs, était habitée par les poissons. La masse entière de cette eau fut mise en circulation continuelle par de puissantes pompes à vapeur, et la série entière des bacs, qui comprend non-seulement ceux destinés à la vue, mais ceux destinés à l'emmagasinement ou acclimatation des sujets ou spécimens doubles en réserve, contient près de 100 mètres cubes d'eau. Le plus grand bac de tous, de six mètres de long, renferme près de 30 m. c., c'était énorme pour l'époque. En proportion de ces chiffres, les réservoirs furent construits pour ne pas contenir moins de 450 m. c., ce qui, ajouté au contenu des bacs, formait un total déjà très-respectable de 540 m. c.

Quelque grandes que paraissent ces proportions en comparaison de celles qu'on avait employées jusqu'alors, elles sont bien médiocres auprès du magnifique aquarium de Brighton qui vient d'être achevé en 1873. Dans cette immense construction, les bacs sont installés pour contenir 1,350 mètres cubes d'eau, et le plus grand de ces bacs, d'une longueur de 100 pieds anglais, pourrait fournir une place suffisante aux marsouins, aux esturgeons de première taille et aux autres monstres des eaux profondes dont les évolutions n'avaient jamais pu être présentées jusque-là au public, faute de place. Cet aquarium est surtout remarquable parce qu'il présente l'application franchement adoptée du système d'aération, c'està-dire l'injection dans l'eau de jets d'air sous sa forme simple. A l'exception du bel aquarium que l'on bâtit à Scarborough, qui va être muni du même système, tous les autres aquariums construits en Angleterre étaient établis sur le système de la circulation essayée pour la première fois à Regent's-Park, ainsi que nous venons de le voir.

Sans nier l'efficacité du système de circulation, nous sommes persuadés que le perfectionnement le plus réel auquel les aquariums de l'avenir devront une sécurité complète, est celui dans lequel l'aération mécani– quement conduite, sera combinée à une circulation suffisante et aussi active que possible. Ainsi qu'il était présumable, en présence des résultats favorables obtenus par les grandes réserves d'eau disponible, l'exagération s'en mêla; on crut faire meilleur parce qu'on faisait plus grand. A Westminster, où la quantité d'eau est rassemblée dans des bacs énormes qui ressemblent à trois tunnels de chemins de fer placés l'un à côté de l'autre, on a fini par réfléchir que, à un penny par galon, c'est-à-dire deux centimes et demi par litre, le prix de l'eau de mer qui remplirait ces réservoirs montera à 62,800 francs!...

Il est évident qu'il y a exagération dans le cas actuel; il est non moins évident, depuis ces expériences, que l'excellence d'un aquarium est en raison directe du cube d'eau qu'il renferme; la limpidité, l'homogénéité de température et de composition militent victorieusement en faveur des réservoirs de dimensions analogues à ceux de Westminster ou de Sydenham, - qui, dernièrement, ont été portés à 4,500 mètres cubes; - mais, assurément, il y a une limite, même à la transparence de l'eau, et quand celle-ci est atteinte, un pareil argument deviendrait simplement une reductio ad absurdum, entraînant une lamentable perte de temps et d'argent. Il faut insister sur les réservoirs et sur la masse d'eau que les appareils actuels doivent renfermer; mais, au-delà de ce qui est démontré nécessaire pour les besoins qu'ils sont appelés à satisfaire, le reste est inutile et même nuisible. L'expérience, d'ailleurs a démontré à Manchester, que l'on peut obtenir d'excellents résultats avec une quantité d'eau dans les réservoirs beaucoup moins considérable, en augmentant le pouvoir des pompes; on semble même être arrivé à cette conclusion, qu'en accélérant la circulation, on pourrait supprimer absolument les réservoirs et leur substituer un simple puits ou citerne pour la réception de l'eau des bacs et l'alimentation des pompes. Ainsi donc la quantité de mouvement suppléerait à la quantité d'eau.

Ces expériences ont été faites à Westminster pendant des réparations nécessitées par la grandeur incommode des réservoirs, grandeur qui obligeait l'eau à un circuit de 4,800 mètres, avant qu'elle revint à son point de départ. A cette dimension, si l'on joint la difficulté de rendre étanches d'aussi énormes réservoirs, on se rend compte de l'économie qu'il sera facile de réaliser et qui, diminuant de moitié au moins le prix des aquariums actuels, en rendra la vulgarisation bien plus facile. Ajoutons que la rapidité de la circulation augmentée permettra de maintenir en confinement nombre d'espèces qui déjouaient jusqu'à présent tous essais de conservation artificielle. Qu'il nous soit permis de citer rapidement quelques noms. Au premier rang peut se placer l'étrange Lump (Cyclopterus Lumpus). C'est une espèce assez commune sur nos côtes pendant les mois du printemps où elle vient faire sa ponte, mais qui est particulièrement abondante dans les fjords rocheux de la Norwége. Elle a été importée dernièrement en quantité considérable dans l'aquarium de Manchester, en compagnie de la magnifique Vielle rouge et blanche (Labrus mixtus). Je m'informais auprès des pêcheurs, des conditions particulières dans lesquelles ils prenaient ces Lumps impossibles à conserver; ils m'expliquèrent qu'ils les prenaient invariablement dans les chemins de marée, au milieu des rochers, adhérents par leur remarquables disques suceurs, juste aux endroits où le courant était le plus rapide. Il est évident, d'après cela, que l'aquarium qui possédera un

DE L'OXYGÈNE DANS LES AQUARIUMS 1031 courant suffisant, permettra au Lump de s'accommoder de son empri

sonnement.

Il en est absolument de même pour l'acclimatation des plantes de la mer. Aucun succès n'a été constaté encore dans la conservation des algues qui couvrent si luxurieusement nos côtes rocheuses. Dès qu'on les introduit dans un aquarium, ces superbes végétaux commencent à se délabrer et à mourir. Feraient-ils donc invariablement ainsi, s'il ne manquait quelque chaînon important dans la série des conditions auxquelles ils sont soumis ?... Ne voyons-nous pas que ces espèces, depuis les fucus les plus grossiers jusqu'aux plus délicats, ont besoin d'être exposés périodiquement à l'air atmosphérique; au lieu de cela, certaines variétés au rouge brillant, les rhodospermes, ne poussent bien que lorsque la lumière leur est presque totalement enlevée... Ainsi donc, il nous est facile de constater, dès à présent, que pour les algues, une condition de leur existence est partout invariablement connue. C'est leur exposition intermittente ou courante à l'action des vagues, ou leur exposition aux plus vifs courants de l'Océan.

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Or, comparée avec les courants naturels de l'Océan, la plus rapide circulation qui ait été jamais jusqu'à présent introduite dans les aquariums, est absolument insignifiante, et jusqu'à ce que la vitesse et le volume de cette circulation soient considérablement augmentés que nous n'avons jamais cessé de demander pour les aquariums que nous avions sous notre direction on ne pourra jamais espérer raisonnablement des progrès réels dans la culture des plantes de la mer, e dans l'observation de la majeure partie des animaux qui y vivent. Ce traitement à courant accéléré a cependant fait ses preuves pendant quelque temps, il fut établi dans l'aquarium de Manchester, alors que l'on faisait les réparations aux citernes. On ne tarda pas à reconnaître que les plantes, sans exception, vivaient plus longtemps et mieux dans les bacs dans lesquels on faisait passer un courant plus considérable et plus vite. L'une d'elles, le carageen d'Irlande (chondrus crispus), paraît montrer, par exception, une inclination spéciale à se plier à la domestication: celui-là même, sous l'influence du courant rapide, reprit de la vigueur qu'il perdait, depuis un an, dans un bac tranquille.

Il ne faut pas oublier, non plus, que la tendance qu'ont de très-petits végétaux soyeux ou algues confervoïdes, à se développer d'elles-mêmes sur les objets immergés, jusqu'à ce que, de même que les mycélium de certains champignons parasites, ils aient traîtreusement tout envahi, étouffant e détruisant les plantes à formes plus élevées. Il est évident qu'un pareil antagonisme ne doit pas se rencontrer dans les conditions ordinaires de leur existence; si nous scrutons avec soin les circonstances de chaque jour, nous en trouverons aisément l'explication. Ces conferves, en effet, ne

doivent pas, dans la nature, pousser en compagnie des espèces plus hautement organisées dont nous essayons la culture, elles poussent plutôt dans ces endroits où la marée est lente, plus spécialement dans les mares, où elles ne sont pas dérangées par les vagues, excepté seulement dans les plus hautes malines.

Il apparaît donc déjà que là où prévaudra un vigoureux courant, les algues les plus élevées en organisme auront une végétation luxuriante, et que les conferves seront incapables de prendre le dessus. Depuis l'ouverture de l'aquarium de Yarmouth, les courants rapides y sont installés, et la culture des plantes marines est spécialement et victorieusement étudiée. Espérons que des progrès analogues seront désormais réalisés dans la construction de tous les aquariums, et qu'il nous sera donné de voir ces grandioses instruments devenir des réservoirs de la nature vivante et non des cimetières, sans cesse alimentés à grands frais, de créatures pour lesquelles les conditions vitales n'existent pas.

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M. BRAME lit une étude sur le vin; il étudie l'action de l'oxygène et du chauffage, ainsi que l'influence des engrais odorants sur le bouquet du vin.

MM. ROUSSILLE et MOURRET

SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA MATIÈRE GRASSE DANS L'OLIVIER.
(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

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M. ROUSSILLE présente, en son nom et en celui de son collaborateur M. Mourret, un travail sur le développement de la matière grasse dans l'olivier; les auteurs sont arrivés aux conclusions suivantes : la proportion de matière soluble dans l'éther n'augmente pas dans les feuilles, du mois de mai

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