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des actions et des réactions soit également intense en tous les points : La mise en assiette a déterminé dans l'ouvrage des lignes de travail maximum, qui cheminent par les points les plus résistants et les contacts les plus intimes des matériaux. Ces cheminements ne sont pas déterminables dans les applications, attendu qu'ils sont la conséquence, nonseulement de la figure et de la charge des ouvrages, mais aussi de la constitution des matériaux et du soin apporté dans l'exécution des appareils, choses infiniment variables. Toutefois, on peut se rendre compte des tendances fondamentales auxquelles ces cheminements sont soumis. 2o Dans une construction maçonnée au-dessus d'un vide, voûte droite ou voûte biaise, les tassements qui ont suivi l'achèvement de l'appareil et qui en ont déterminé l'assiette, comportent toujours certaines défigurations de l'ouvrage; et ces défigurations sont toujours des minimums. C'est-à-dire que les matériaux font le voyage minimum pour se caler et s'établir en position fixe. En conséquence, dans une voûte droite ou biaise, les lignes de maximum de fatigue tendent toujours à se placer sur le chemin le plus court entre les bases réputées invariables, soit dans les plans normaux aux piédroits. C'est la loi (*). Quand cette direction. n'est pas suivie, c'est qu'il se rencontre sur le trajet, des insuffisances de matière ou de résistance qui la rompent. C'est notamment ce qui se passe au voisinage des têtes biaises.

3o Dans un ouvrage maçonné quelconque, aussitôt qu'on supprime une quelconque des forces qui le contraignent extérieurement, l'économie des cheminements des pressions se transforme instantanément et le phénomène qu'on produit est incapable de révéler directement le moindre trait caractéristique du travail intérieur qui maintenait la stabilité. C'est exactement la condition dans laquelle M. de la Gournerie a placé sa voûte.

4o Je crois que l'appareil ingénieux et très-soigneusement établi de M. de la Gournerie restera muet devant les questions qui lui ont été posées jusqu'à présent. Mais il me semble qu'il prendrait de l'éloquence si on l'interrogeait sur la tenue ou la permanence de la ligne PQ, qui a été tracée sur la figure. On pourrait peut-être aussi entreprendre une série d'expériences en vue de déterminer dans quel ordre relatif il faudrait abaisser les piédroits des deux côtés pour obtenir la ruine la plus prompte de la voûte. Au lieu de s'en tenir à l'abaissement exclusif des supports situés parallèlement aux têtes, il faudrait encore procéder par voie d'abaissement dans des plans normaux aux piédroits. Mais dans les deux cas, on devrait mesurer l'abaissement correspondant à la chute.

1) L'étude des constructions malades qui combattent si longtemps et qui franchissent de si nombreuses étapes dans la ruine avant de chuter, généralisent tout à fait cette loi.

La disposition qui conduirait à la chute avec le minimum d'abaissement des supports serait vraisemblablement celle qui attaquerait le cheminement des pressions les plus efficaces. On éclairerait ainsi la question par voie indirecte.

DISCUSSION

M. DURAND-CLAYE est d'accord avec M. Trélat sur les conclusions à tirer de l'expérience en question; mais il pense que, théoriquement, si l'on considère une voûte biaise comme composée d'un nombre infini d'anneaux infiniment petits, parallèles aux têtes, les pressions doivent se répartir suivant des plans parallèles à ces anneaux, ce qui conduit au tracé bien connu des joints suivant des cylindres normaux aux têtes et ayant pour bases des trajectoires orthogonales des sections de l'intrados parallèles aux plans de tête.

M. TRÉLAT.— La considération théorique présentée par M. Durand-Claye est parfaitement exacte. Mais, en pratique, des anneaux indépendants juxtaposés ne restent pas indépendants. Ils se déversent, s'appuient les uns sur les autres, frottent entre eux et deviennent solidaires. D'ailleurs, je n'ai eu à traiter que des voûtes à appareils enchevêtrés, puisque le modèle de M. de la Gournerie est tel.

M. CAMÉRÉ

Ingénieur des ponts et chaussées à Vernon.

NOTE SUR LE NOUVEAU TYPE DE BARRAGE MOBILE QUI VA ÊTRE EXÉCUTÉ
SUR LA SEINE A POSES.

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Par une loi en date du 6 avril dernier, l'amélioration de la navigation de la Seine entre Paris et Rouen, avec tirant d'eau de 3m, a été déclarée d'utilité publique.

Or, ce tirant d'eau ne pouvant être obtenu sans multiplier outre mesure le nombre des biefs avec des barrages présentant moins de quatre mètres de retenue, hauteur à laquelle on arriverait difficilement avec les types connus, l'obligation d'en créer un nouveau s'imposait par là même aux ingénieurs de la basse Seine.

Après des études basées sur des essais en grand, dans le détail desquelles il serait trop long d'entrer ici, nous avons été assez heureux pour arriver à l'établissement d'un nouveau type de barrage donnant une solution suffisamment pratique des problèmes à résoudre, pour que,

par décision de M. le Ministre des Travaux publics (*), l'application avec retenue de 5m de hauteur, en ait été autorisée sur la Seine, près du village de Poses.

Ce barrage présente les caratères distinctifs suivants :

1° Emploi de ponts fixes, placés transversalement et à un niveau convenable au-dessus de la rivière, pour servir de point d'appui concurremment avec le radier, aux engins du barrage proprement dit, et faciliter la manœuvre de ces engins et leur emmagasinement au-dessus des eaux pendant l'ouverture des barrages;

2o Emploi d'un système particulier de vannage pour la fermeture du barrage.

L'idée d'avoir recours à des ponts fixes pour appuyer et manœuvrer les barrages est certes fort ancienne, puisqu'elle se trouve réalisée au pont de Meuse, construit par Vauban à Sedan vers 1680.

En remontant moins loin dans le passé, nous pouvons encore citer les anciens pertuis de l'Yonne, exécutés à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci; puis le barrage de Belombre, sur la même rivière, ouvrage qui date de 1836.

Cette même idée avait également séduit M. Frimot, un des premiers ingénieurs qui se soient occupés d'améliorer la Seine, car dans un mémoire en date de 1827, relatif à l'établissement d'une navigation à grand tirant d'eau entre Paris et Rouen, cet ingénieur préconise précisément l'emploi d'un système de barrage de ce genre.

Nous pourrions encore citer beaucoup d'autres exemples de l'application de cette idée, soit à des ouvrages existants, soit à des projets ; mais les précédents suffisent pour montrer que depuis longtemps les recherches des ingénieurs ont été tournées de ce côté, et nous terminerons cet historique rapide en rappelant un projet dressé par M. Tavernier lorsqu'il était ingénieur en chef de la navigation du Rhône et que nous ne saurions passer sous silence, attendu que nos études sur l'emploi de ponts métalliques dans la construction des barrages mobiles, commencées bien avant d'avoir eu connaissance de ce projet, nous ont conduit à adopter en fin de compte quelques dispositions semblables à celles admises par cet ingénieur.

La disposition absolument caractéristique du nouveau type de barrage, dont l'application va avoir lieu à Poses, consistant surtout dans son mode de vannage, nous allons commencer par la description de ce système de fermeture, en vue de l'application duquel ont, du reste, été spécialement étudiées toutes les autres parties de ce type.

(*) Le projet du barrage de Poses a été dressé par M. Caméré, comme ingénieur ordinaire présenté par M. l'Ingénieur en chef de Lagrené, et approuvé par décision ministérielle du 3 juillet 1878.

Supposons que, sur des montants verticaux ou légèrement inclinés, disposés au-dessus d'un radier de barrage, on vienne, en partant de ce radier et en s'arrêtant au niveau de la retenue, disposer horizontalement une série de lames en bois ou en métal de faible hauteur, dont les abouts reposent sur des feuillures ménagées sur ces montants.

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Fig. 40. A. Montants; B. Rideaux déroulés; C. Rideaux enroulés; D. Rideaux
enroulés à la hauteur du pont de service; E. Rideaux enlevés avec le chassis
roulant; e. Châssis roulant; F. Rideau et châssis roulant accrochés à la passerelle
d'aval; G. Passerelle articulée pour la manœuvre des rideaux; H. Chariot rou-
lant pour la manœuvre des rideaux; I. Chariot-treuil pour le relevage des
montants; J. Chariot-treuil pour le relevage des châssis et des rideaux; K. Pas-
serelle d'amont; L. Passerelle d'aval; M. Pile.

Supposons de plus que, sur la face amont de ce vannage, on vienne relier toutes ces lames par des articulations, et que la lame supérieure du rideau articulé ainsi constitué, soit suspendue à deux chaînes prenant leur point d'attache sur une traverse horizontale reliant les montants audessus de la retenue.

Supposons enfin, qu'à la lame inférieure de ce rideau, lame à section rectangulaire, on en fixe une à section arrondie, autour de laquelle passe une chaîne sans fin, dont les deux brins s'élevant, l'un à l'amont l'autre à l'aval du rideau, viennent s'engager sur les roues à empreintes d'un treuil de construction particulière, placé sur un pont de service dépendant des montants.

Si, le rideau se trouvant ainsi disposé, ce qui correspond à la retenue fermée, on vient à manœuvrer le treuil, de manière à raccourcir la portion de chaîne qui se trouve à l'amont du rideau, le rouleau inférieur remonte en prenant un mouvement de rotation et provoque l'enroulement autour de lui de tout ou partie du rideau, en démasquant une plus ou moins grande portion de la travée considérée.

La manœuvre inverse produit, par contre, le développement du rideau et la fermeture plus ou moins complète de la travée.

Les principes sur lesque's reposent la construction et la manœuvre du vannage en question se trouvant ainsi établis, nous passons maintenant à la description de la structure du barrage proprement dit.

Sur un radier à surface pour ainsi dire unie, et qui règne sur toute la largeur de la rivière, s'élèvent des piles et des culées qui partagent le débouché du barrage en un certain nombre de passes.

Sur ces piles et culées, et à une hauteur convenable, est jetée une poutre en treillis, à laquelle se trouvent suspendus, sur la face amont, des montants également espacés, venant s'appuyer par leur extrémité inférieure sur une série de bornes encastrées dans le radier.

Ces montants portent, à 1 mètre au-dessus du niveau de la retenue projetée, des éléments de plancher, dont l'ensemble constitue un pont de service continu, tout le long du barrage.

C'est sur ce pont de service que circulent les treuils destinés à la manœuvre des rideaux, lesquels viennent former vannage entre les montants, en prenant sur eux leur point d'appui.

Telles sont les dispositions essentielles au point de vue de la fermeture du barrage et de sa manœuvre pendant les eaux ordinaires; quant aux dispositions prévues pour la période des crues et des eaux navigables par les passes du barrage, voici en quoi elles consistent :

Entre chaque montant et au niveau de la passerelle, se trouvent disposés des cadres verticaux, portant de chaque côté des galets engagés dans des coulisses ménagées sur les faces latérales des montants entre leurs extrémités supérieures et le pont de service.

Sur ces cadres, sont disposécs des poulies de renvoi pour les chaines de manœuvre des rideaux, des arrêts pour ces chaînes, une caisse en tôle pour les recevoir, enfin des logements pour les rideaux, une fois leur relèvement complétement opéré.

Dans ces conditions, on comprend facilement que tout le matériel relatif à la fermeture d'une travée, au moment où la rivière doit être rendue à elle-même, se trouvant réuni sur ce cadre, il suffit, pour se débarrasser de ce matériel, de hisser ledit caire entre les montants qui lui servent de guides, jusque sur la face amont de la poutre en treillis,

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