Mme LA BARONNE DE PAGES rappelle les principaux mérites, comme inventeur, de Philippe de Girard, mort, il y a trente-trois ans, dans la misère, après avoir doté son pays d'un grand nombre d'inventions utiles : l'expansion de la vapeur (1806), la chaudière tubulaire (1817), les mitrailleuses à vapeur (1813), les machines à tourner les projectiles, à forer les canons, à fabriquer les bois de fusil, etc. Son invention capitale est la machine à filer le lin, à laquelle il ajouta toutes les préparations du lin, depuis les machines à battre et à peigner jusqu'au filage des étoupes. Il avait inventé un système de greniers à blé à silos suspendus, qui n'a pas encore été complétement imité et dont l'orateur expose les avantages et les ingénieuses dispositions. Récemment, justice trop tardive, une statue vient d'être élevée à la mémoire de ce bienfaiteur de l'humanité. M. Raoul BALGUERIE Consul ottoman à Bordeaux. CRÉATION D'UN CANAL DE NAVIGATION, D'IRRIGATION ET DE COLMATAGE M. BALGUERIE propose la création d'un canal de navigation, d'irrigation et de colmatage, traversant les départements de la Gironde et des Landes; le développement du tracé serait de 283 kilomètres. Il fait ressortir les avantages de ce projet, surtout au point de vue de l'agriculture des Landes, et les nombreuses approbations qu'il a obtenues, et montre le peu de fondement des objections qu'on y a faites. Ce projet, présenté en 1821 par Deschamps, a été repris en 1873 par M. Krantz, et comporte un canal de jonction de la Garonne à l'Adour, alimenté par une série de réservoirs et de rigoles amenant les eaux des Pyrénées. Le travail serait exécuté par l'industrie privée, avec garantie d'intérêts par l'État. M. Marcel DEPREZ Ingénieur civil. LE WAGON D'EXPÉRIENCES DE LA COMPAGNIE DE L'EST M. MARCEL DEPREZ décrit le wagon d'expériences construit par la compagnie de l'Est pour étudier les lois du mouvement des trains et des locomotives. Il s'attache spécialement à l'appareil destiné à relever les diagrammes des pressions sur les pistons. Le système est renfermé dans un wagon attelé derrière la machine. Il comporte les organes suivants : 1o Pour donner le mouvement à la plaque noircie qui doit recevoir les inscriptions, un plateau, tournant synchroniquement aux roues de la machine, agit, par l'intermédiaire de manivelles et bielles, sur un coulisseau horizontal, dont les mouvements sont ainsi proportionnels et synchrones à ceux du piston. La rotation est imprimée par une transmission prise sur les roues du wagon, et corrigée, en vitesse et en direction, par un système de trains différentiels; le synchronisme est vérifié au moyen d'un tube de Geissler fixé au plateau; l'étincelle jaillit quand la manivelle de la locomotive passe par la verticale; le synchronisme existe quand l'étincelle éclate vis-à-vis un repère établi sur la verticale de l'axe du plateau. 2o La pression est enregistrée comme il suit une pompe refoule l'air dans une conduite comportant une petite ouverture qui permet d'y maintenir une pression arbitraire; cette pression se transmet, d'une part, à un indicateur de Watt portant un électro-aimant constitué de manière à supprimer les temps perdus, de l'autre, à une membrane métallique, prise, avec jeu, entre deux plaques perforées, et recevant, sur d'autre face, la pression de la vapeur dans le cylindre; chaque fois que la pression dans le cylindre passe par l'égalité avec celle de l'air comprimé, cette membrane rompt, par son mouvement, un courant électrique, et fait marquer un point sur l'enregistreur; en quelques secondes, en faisant varier progressivement la pression de l'air comprimé, on obtient un diagramme complet. (*) Voir Bulletins de la Société des ingénieurs civils, 1878. Le problème d'utiliser le vent (la force la plus répandue dans la nature et la plus inconstante) afin de lui faire monter l'eau sur les points les plus élevés, pour les besoins de l'agriculture, me fait chercher depuis dix années une solution pratique. Le moulin exposé Classe 54 répond à cette solution puisqu'il peut, sans surveillance, à un prix de revient très-réduit, monter une grande quantité d'eau dans tous les cas possibles. DESCRIPTION SOMMAIRE DU SYSTÈME Le problème se subdivise en deux problèmes très-différents : 1o Faire un moulin qui puisse, sans surveillance, supporter tous les vents possibles et en accumuler le travail; 2o Créer un appareil hydraulique qui puisse, même à de grandes distances, utiliser ce travail. PLACE DU MOULIN A VENT La place à occuper par le moulin est évidemment le point le plus élevé de la propriété; c'est également celle où il faudra conduire l'eau pour avoir la possibilité de l'utiliser partout naturellement. Lorsque la position du moulin permettra l'aspiration directe, il suffira de lui faire actionner une pompe aspirante et foulante. Lorsqu'au contraire cette position est à une altitude ne permettant pas l'aspiration directe, comme 50 mètres par exemple et 500 mètres de distance de la source, il faudra une transmission entre le moulin et l'appareil chargé d'élever l'eau. Dans tous les cas, le moulin doit pouvoir supporter tous les temps possibles, être simple et facilement réparable. MOULIN L'arbre du moulin, monté sur un système de plaque tournante placé à l'extrémité de quatre pièces de charpente, porte six ailes fixées par de fortes charnières en cuivre placées en dehors de l'axe de figure de chaque aile pour leur permettre de prendre des positions angulaires variables. Ces angles sont limités, réglés par des ressorts de porte en acier assez longs de tige pour que l'élasticité naturelle qu'ils ont à supporter dans leur torsion ne soit pas dépassée. Sur le milieu de l'arbre, dans l'axe d'orientation est placé un excentrique qui actionne par une longue barre d'excentrique une pompe alimentaire dans laquelle le piston tourne avec l'orientation. Cette pompe alimentaire de petite dimension doit pouvoir fonctionner très-bien même à de grandes vitesses. Elle refoule l'eau dans un récipient ou cloche résistante remplie d'air; l'eau accumulée dans cette cloche à chaque tour du moulin comprime l'air suivant la loi de Mariotte et en réalité cette cloche emmagasine le travail moteur du moulin en eau et air comprimés; elle est munie d'une soupape de sûreté. Du bas de cette cloche part une conduite qui va rejoindre, sous le sol, un appareil spécial hydraulique placé près de l'eau disponible le plus bas possible, pour faciliter l'aspiration. APPAREIL HYDRAULIQUE D'EN BAS La conduite d'eau comprimée débouche dans une boîte à tiroir, en tout point semblable à un tiroir de machine à vapeur, où l'eau comprimée dirigée alternativement sur les faces d'un piston, lui communique un mouvement de va et vient auquel est attelé une pompe utile qui aspire et refoule l'eau utile au volume de laquelle vient s'ajouter le volume de l'eau motrice qui s'échappe, après le travail, comme le ferait la vapeur dans une machine à vapeur. Le mouvement du tiroir est produit par une crémaillère ayant le mouvement des pistons, actionnant par un secteur denté un levier à contrepoids qui décrit un arc de cercle et tombe de lui-même lorsqu'il a passé la verticale en entraînant brusquement le tiroir dans les trente derniers degrés de sa course, c'est-à-dire, lorsque le contre-poids a acquis une puissance vive suffisante pour mouvoir brusquement le tiroir. L'eau motrice venant du moulin dans la conduite où elle est comprimée et son retour au moulin avec l'eau utile refoulée joue le rôle d'une courroie (d'eau) très-tendue du moulin à l'appareil hydraulique, et molle très-peu tendue dans son retour de l'appareil au moulin, c'est une véritable transmission tournant dans le même sens d'une manière continue sans arrêt autre que le déplacement du tiroir, très-rapide, produit par la chute d'un corps, aussi il n'existe aucun coup de marteau d'eau. La pompe utile, très-simple, très-facile à visiter et à entretenir, est munie d'un réservoir d'air au refoulement et d'un réservoir d'air à l'aspiration afin d'éviter les causes de destruction dues aux chocs d'eau. Les rapports des diamètres et des courses des pistons du moulin, du piston moteur et du piston utile de l'appareil hydraulique sont calculés pour que l'appareil fonctionne à des pressions modérées comme 7 et 8 atmosphères et pour que l'appareil du bas aille très-lentement. Je lui fais donner un coup par dix tours du moulin pour que le moulin puisse prendre toutes les vitesses sans inconvénient pour l'appareil hydraulique du bas. PRIX DE REVIENT DE L'EAU MONTÉE Ce prix de revient variera avec la quantité d'eau montée dans l'année, variable avec la quantité de vent annuelle. Il sera formé par l'intérêt du premier établissement, l'entretien et l'amortissement. Il diminuera beaucoup, en doublant le volume d'eau, ce qui est facile en augmentant seulement d'un tiers le coût de premier établissement, c'est-à-dire en établissant un deuxième moulin doublant la quantité d'eau comprimée dans la cloche; l'appareil hydraulique, les conduites n'auront pas à changer, le tout fonctionnera à une vitesse double; de même on peut multiplier le nombre des moulins et augmenter ainsi le volume d'eau montée. Il n'y a pas, pour ainsi dire, de limites pour la quantité d'eau, la hauteur, la distance. Quelles que soient les difficultés, on pourra toujours réussir à utiliser cette force motrice, le vent, qui ne coûte rien. Voilà le service que je voudrais rendre à l'agriculture. M. ORIOLLE Ingénieur constructeur à Nantes, ancien Élève de l'École centrale. MÉMOIRE SUR LES CHAUDIÈRES DU SYSTÈME BREVETÉ ORIOLLE. Séance du 29 août 1878. Depuis l'emploi de la vapeur la préoccupation la plus sérieuse de tous les ingénieurs, constructeurs, propriétaires, a été le choix des chaudières à employer. Les recherches ont eu pour objectifs principaux : 4° L'absence du danger (évité autant que possible par les règlements administratifs); 2o Le rendement ; 3o La facilité d'entretien et de réparation; 4o Le prix de revient. Aussi ces recherches ont-elles conduit à une multiplicité incroyable |