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de médecine, que la politique n'avait pas pu ravir à la science, dont le culte est héréditaire dans la famille. Vous avez entendu au Puy-de-Dôme sa parole vibrante; c'était un cœur ardent, dévoué au progrès et aux intérêts scientifiques, dont il était au Parlement l'un des défenseurs les plus convaincus.

Enfin Claude Bernard, le plus illustre physiologiste de notre siècle, une des gloires scientifiques de notre patrie. La France s'est honorée et grandie ellemême en accordant le témoignage public de ses regrets à celui qui avait si bien mérité de la science et de la patrie, et en lui rendant les honneurs funèbres réservés d'habitude aux grands capitaines et aux grands politiques.

Vous l'avez tous connu, il était l'un des fondateurs de notre Association; c'était un homme bienveillant et sympathique à tous; tout attirait vers lui et le faisait aimer. Chaque année, il prenait une part active à vos travaux et vous vous souvenez encore avec quel charme et quelle lucidité il nous a montré à Clermont-Ferrand que les plantes possèdent, comme les animaux, la sensi. bilité qui est un des attributs essentiels de la vie. C'est la dernière fois qu'il a pris la parole et que nous l'avons vu au Congrès. L'état de sa santé déjà compromise ne lui permit pas de venir au Havre. Nous ne le verrons plus parmi nous; et sa mort nous laisse un grand vide, des regrets profonds et comme le sentiment d'une perte irréparable.

Les morts célèbres se sont succédé, cette année, en France avec une attristante rapidité. Avec Claude Bernard, la science française a perdu trois autres de ses membres les plus illustres: Becquerel, Regnault et Le Verrier, que nous devons saluer au passage, bien qu'ils ne fissent pas partie de notre Association, comme un dernier hommage de notre admiration et de nos regrets.

M. Le Verrier était le fondateur de l'Association scientifique qu'il considérait à juste titre, comme son œuvre personnelle et qui poursuit, mais avec des moyens différents, le même but que l'Association française. Beaucoup de bons esprits avaient pensé, dans ces dernières années, qu'il serait préférable dans l'intérêt scientifique de la France, de fondre les deux Associations en une seule. Des pourparlers avaient été engagés à cet effet, mais sans résultat, du vivant même de M. Le Verrier, et, plus récemment, ils ont été repris sur la demande de M. Milne-Edwards, président de l'Association scientifique. Mais, cette fois encore, les délégués des deux Associations se sont séparés sans avoir pu arriver à une entente définitive sur les conditions de la fusion projetée. Votre conseil reste néanmoins tout disposé à accueillir et à vous soumettre les propositions nouvelles qui lui seraient adressées et qu'il jugerait compatibles, dans une mesure acceptable, avec le programme, les règlements et la prospérité financière de notre Association.

Tel est, messieurs, l'historique rapide des événements qui ont intéressé l'Association pendant l'année qui vient de finir.

C'est Paris aujourd'hui qui nous offre l'hospitalité, et la session actuelle s'annonce sous les meilleurs auspices.

Elle est placée sous le patronage bienveillant et éclairé de M. le ministre de l'instruction publique, que les travaux du conseil général du Puy-de-Dôme ont empêché, à son grand regret, d'assister à notre séance d'inauguration. MM. les ministres de l'agriculture et de la guerre, M. le préfet de la Seine se sont

empressés de vous autoriser à visiter l'École de Grignon, la poudrerie de Sevran, les égouts et les catacombes, tous les établissements scolaires et hospitaliers de la capitale. M. le vice-recteur de l'Académie de Paris vous offre les bâtiments du lycée Saint-Louis pour vos séances de section et, pour vos conférences, le glorieux amphitéâtre de la Sorbonne, où vous entendrez traiter les sujets les plus élevés et les plus intéressants, par MM. Janssen, Marey et le docteur Trélat. Le conseil municipal de Paris, où siègent plusieurs de nos collègues et dont vous connaissez la libéralité pour tout ce qui touche au développement des institutions scientifiques de notre pays, vous souhaite la bienvenue en votant pour l'Association une subvention de 30,000 francs. Les savants étrangers ont répondu en grand nombre à notre appel ainsi que les savants français. Tout semble donc présager au Congrès de Paris une activité féconde et un éclat inaccoutumé. Nous avons tenu, d'ailleurs, à conserver nos habitudes et à modifier le moins possible le caractère ordinaire de nos sessions. Et si nous avons ajouté quelque chose à notre programme officiel, j'estime que vous n'aurez pas lieu de le regretter.

Nous avons pensé qu'en dehors des séances de section, les distances pourraient être, à Paris, un grand obstacle à l'échange réciproque de vos sentiments, de vos pensées et de vos travaux, et nous avons cherché à les supprimer en vous réunissant, par l'attrait de réunions spéciales.

C'est afin de vous rapprocher les uns des autres que nous avons organisé, pour le 27 août, une soirée scientifique dont le programme est plein de promesses et qui aura lieu dans les salles du Conservatoire des arts et métiers, gracieusement mises à notre disposition par M. le général Morin. Vous pourrez vous réunir encore dans un banquet que M. le ministre de l'instruction publique a promis d'honorer de sa présence. Enfin M. le ministre se propose de vous réunir dans ses salons pour s'entretenir avec vous des besoins de la science et vous dire tout l'intérêt qu'il attache au succès croissant de notre Association. C'est par exception, vous le savez, que nous nous réunissons cette fois à Paris. L'esprit même de notre Association nous porte à nous réunir de préférence en province, afin de provoquer aux travaux scientifiques sur tous les points de notre territoire; mais il n'était guère possible de nous réunir ailleurs qu'à Paris, dans cette année mémorable où l'Exposition universelle attire à Paris les artistes, les philosophes, les industriels et les savants de tous les pays.

L'Association a été bien inspirée en pensant qu'elle devait à l'occasion même de cette Exposition qui accroît encore la grandeur et le prestige de la France marquer son alliance intime avec les progrès de l'industrie moderne.

Aujourd'hui en effet la théorie et la pratique sont inséparablement unies, et tous les progrès réalisés dérivent de cette union féconde.

Les hommes de science iront à l'Exposition constater les progrès merveiljeux de l'industrie, progrès dont l'idée première leur appartient souvent. En venant assister à vos réunions, les industriels se retremperont à la science pure qui est la source de tout progrès, car aujourd'hui la science est sortie de ces asiles discrets, souvent impénétrables, où s'élaborait autrefois la théorie pure, pour devenir, comme l'a dit Bacon il y a plus de deux siècles, productrice d'utilité publique.

Et maintenant, messieurs, soyez les bienvenus à Paris, et selon le mot de ralliement de notre premier président M. de Quatrefages à l'œuvre pour le congrès de Paris, à l'œuvre par la science, pour la patrie!

M. G. MASSON

Trésorier de l'Association.

LES FINANCES DE L'ASSOCIATION

Mesdames, Messieurs.

Les recettes annuelles de l'Association française, pendant l'exercice 1877, se sont élevées à 58,013 fr. 44 c., dont voici le détail :

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Les dépenses, pendant cette même période, ont été de 53,223 fr. 85 c., savoir:

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Cours pratique d'histoire naturelle fait à l'École normale de Toulouse. . .

Fr.

100

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Société de géographie commerciale de Bordeaux pour faciliter diverses publications scientifiques.

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300

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M. Angot, professeur au lycée Fontanes: pour lui permettre de continuer ses recherches sur la photographie. . M. Bourdet, du Havre pour compléter une carte préhistorique de Normandie. . .

M. de Nansouty (le général): pour contribuer à l'achèvement de son observatoire du Pic du Midi..

M. de Wismes pour aider à la continuation des fouilles près Pornic..

M. Tatin pour continuer ses recherches sur le vol des oiseaux.

Société géologique de Normandie: pour contribuer à la publication d'un ouvrage relatif à l'exposition faite par ses soins pendant le Congrès du Havre . .

M. Deslongchamps, professeur à la Faculté des sciences de Caen pour venir en aide à la publication d'un ouvrage sur le Jura normand. .

800

200

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500

200

200

500

M. Serullas, chimiste pour continuer ses recherches sur la vanilline

400

M. Besnou, d'Avranches: comme encouragement pour ses diverses publications.

50

200

500

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300

300

Association internationale africaine: souscription. M. Chantre, sous-directeur du Muséum d'histoire naturelle de Lyon : pour aider à ses recherches dans les Alpes. M. le docteur Pommerol : pour continuer ses fouilles dans les cités en pierres sèches d'Auvergne. .

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M. Giard, professeur à la Faculté des sciences de Lille : pour contribuer aux dépenses d'entretien du laboratoire de recherches de Wimereux.

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M. Millardet: pour aider à la publication de son ouvrage sur les vignes américaines.

1.000

300

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M. Rames, d'Aurillac: pour aider à la publication de sa carte du Cantal et pour fouilles dans les cendres des volcans.

300

M. de Lacaze-Duthiers, membre de l'Institut pour contribuer aux dépenses d'entretien du laboratoire maritime de recherches de Roscof....

1.500

M. Mouchot: pour permettre la construction d'un appareil d'utilisation de la chaleur solaire destiné à l'Exposition. Bourses de session: pour compléter la somme nécessaire à trois de ces bourses ..

5.200

500

M. Monnier pour continuer ses recherches sur les vers intestinaux.

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D'autre part, le capital de l'Association, qui était au 31 décembre 1876 de

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Le nombre total des membres de l'Association était au 31 décembre dernier, jour où s'arrête ce compte rendu financier, de 2,384. Il s'est, pendant l'année 1878, sensiblement accru.

En 1872, lors du premier compte rendu qui vous était présenté, nos revenus annuels s'élevaient à 15,600 francs, notre capital était de 136,464 francs, et le nombre total des membres ne dépassait pas 827. Enfin 1,300 francs seulement avaient pu être consacrés à des subventions.

Ainsi un capital accru de près de 100,000 francs, un revenu presque quadruplé, un nombre d'adhérents à peu près triplé, le fonds des encouragements scientifiques décuplé, tel est le bilan à coup sûr satisfaisant de six années d'existence.

Vous me pardonnerez ce retour en arrière, parce qu'il nous permet d'affirmer une prospérité matérielle qui est votre œuvre et qui n'est que l'indice et l'instrument d'une activité scientifique chaque jour plus féconde.

Nous devons, en outre, proclamer bien haut que si une somme relativement élevée a pu dès cette année être mise au service des travaux et des entreprises scientifiques, que votre conseil a jugé le plus digne d'être encouragés, le mérite en revient en grande partie à la générosité de quelques-uns de nos collègues qui ont confié à l'Association française le soin honorable d'être l'intermédiaire et la dispensatrice de leurs dons.

Les noms de MM. Bischoffsheim, d'Eichthal, Menier, qui contribuent chaque

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